Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!
Ce cri
strident qui ferait passer les vocalises de Christophe Willem pour une vulgaire
sonnette d’alarme fatiguée, c’est un cri de guerre. Un cri de guerre qui
retentit comme autant d’antivols au passage du portique plusieurs fois l’an. Un
cri de guerre qui marque indubitablement le début d’une période faste au
commerce de détail :les soldes d’hiver.
Et j’ai l’envie
quasi-irrépressible, un peu comme quand on voit les seins de Claire Chazal et
qu’on sprinte vitesse grand V, accélération gamma petit p plus petit q, se
ramoner les boyaux dans le caniveau tant le spectacle est insoutenable, de
jouer à l’ethnologue, de parodier Claude Rika-Lewis-Chopin, ou Levi’s-Strauss,
je ne sais plus, de singer l’immortel Christian Zuber et sa caméra au poing, et
de vous emmener à la découverte d’une communauté méconnue bien que largement
répandue : les amateurs des soldes.
Pas besoin de
vous accoutrer d’un bermuda façon Tintin au Congo, un bitos des temps bénis de
la Coloniale et des pataugas qui ont dû écraser plus de merdes que Marc Lévy a
pu en écrire dans toute sa carrière. Les amateurs de soldes crèchent partout :
à Paris (un vrai nid), à Londres, à San Feliu de Guixols, à Sainte Ménéhoulde de
Moncu-sur-Lacommode, sur votre palier ou dans le gourbi du coin de la Rue des
Onanistes En Rut…
Les amateurs
de soldes aiment à se faire appeler fashionistas, hystériques du falbalas,
folles tordues de la réduction de la mort qui tue, idolatres au dernier degré
des grandes brésiliennes qui roucoulent du « Ma chéééérie, magnifaïque »
à tout bout de champ, et des tafioles de concours qui prétendent, en une heure
d’émission, relooker un boudin mongoloïde attifé de leggins léopard rose et d’un
top à dentelle mordoré fluo en un top-model d’un mètre quatre-vingt et caréné
comme un Riva de compétition.
Généralement
griffés de la racine des cheveux patiemment permanentés chez les sœurs Carita,
les madones des cuirs chevelus friqués jusqu’au bout renforcé de leur
Burlington grand siècle, les amateurs de soldes s’en vont courir le pavé des centres-villes
et des centres commerciaux dès potron-minet le jour d’ouverture des soldes. Pas
question de louper, ne serait-ce que de quelques nanosecondes, l’ouverture plus
matutinale qu’à l’habitude des Galeries Farfouillette et de ne pouvoir se mettre
sur les arêtes ce splendide ensemble en chintz d’ottoman moiré couleur diarrhée
de nourrisson asthmatique avec ce drapé bouffant qui retombe sur la
passementerie en jabot à clochettes !
Peu importe
de savoir s’ils devront se contenter de pâtes à l’eau tiède pour le restant de
l’année, tant à cause de la carte bleue qui a viré cramoisi écarlate que des
rondeurs qui obligent au recours d’un chausse-pieds et d’un bidon de vaseline
pour enfiler le dit-ensemble susmentionné ! Ils le veulent, et ils l’auront !
Peu leur
chaut que l’article convoité coute l’équivalent du PIB bisannuel des Iles
Vanuatu, qu’il ne soit plus disponible qu’en taille 36 alors qu’on n’arrive qu’avec
de grands efforts et des apnées prolongées à s’enquiller dans du 44 rectifié, ou
qu’il soit miraculeusement réchappé de la collection Dormeuil Pépère 1957. Il
est EN SOLDES !
Et c’est
justement ce qui le rend si désirable, qu’il le leur faut, absolument,
décidément, définitivement !
Qu’importe que
le commerçant ait multiplié le prix par deux pour offrir royalement quarante
pour cent de remise ! L’article est soldé !
Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!!
Des soldes !
Non content
de bourrer comme une vulgaire starlette de porno hongroise son dressing
croulant sous les inratables bonnes affaires des soldes précédents qui finiront
dans trois ans bouffés aux mites malgré les quarante boules de naphtaline et la
douzaine de plaquettes Vapona, l’amateur de soldes moyen s’exprime.
Ce n’est ni
du Voltaire, ni du Verlaine (qui avait le rein beau et la gâchette
chatouilleuse), non. A peine du Barbelivien et le plus souvent c’est d’un
niveau inférieur à la moyenne des meilleurs textes de la Gitane sans filtre. C’est
plutôt une collection de cris de guerre, d’incantations bellicistes et de
gargouillis belliqueux qui arriverait presque à vous faire faire dans le froc…
Du classique « J’en-veux-un-poussez-vous-je-l’ai-vu-la-première-j’étais-avant-vous
! » au venimeux « C’est-le-mien-dégage-tes-pattes-de-là-pétasse-ou-j’te-pète-les-seins »,
le vocabulaire de l’amateur de soldes peut se faire presque intelligible et
vous pourrez, au gré de vos pérégrinations saisir des « M’enfin Kévina, tu
vas pas acheter un tee-shirt qui te cache les seines ! », des « Vous
êtes sur que ça va donner ? Assurément, le polychlorure de vinyle
imitation simili-cuir donne toujours après dix-huit kilomètres de marché forcée »,
des « J’les prends tous les quatre, tu comprends, c’est pas que j’en aie
besoin, mais ça emmerde Charles-Hugues » ou des « Tu trouves pas que
ça me boudine un peu ? Nan, mais tu pourras postuler chez Olida ».
Les soldes,
période où l’on se rend compte que soit la taille 42 n’est plus ce qu’elle
était, et votre armoire rétrécit effectivement tous vos vêtements
subrepticement, soit vous êtes amenés à caresser le commencement de l’idée
qu’éventuellement vous auriez pris quelques grammes et qu’un régime devrait
peut-être mis en place dans un avenir aussi proche que la ligne d’horizon…
Les soldes, où
ces dames, demoiselles messieurs, demi-vierges folles, échaudées de la carte
bleue, folles tordues hystériques du falbalas se pâment devant les rabais en
faisant montre d’une excitation au moins aussi élevée que celle d’un roumain au
Salon International de la Caravane…
Les soldes,
où Barack Obama a fait un discours d’adieu qui n’était pas soldé question
émotion, où l’on appris que Donald Trump était adepte de golden showers (d’où
la couleur de sa moumoutte vraisemblablement), où le lapinou gouvernemental sous
ecstasy concentré, Marifolle Touteraide a annoncé que le bilan grippal serait
probablement lourd (économie dans les retraites) et qu’elle voulait imposer le
vaccin (tiens, une adepte de Roselyne Bachelot), où la mère de la petite Fiona
reste introduite en prison (parce que les années de dure, ça ne se solde pas)…
Et le 11
janvier 1923 naissait Jacqueline Maillan, future reine du Boulevard parisien, une
nature dont le potentiel comique n’était jamais soldé, heureusement…
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