Le prochain
qui me cause de la météo, du temps qu’il fait ou qu’il fera, et que ah la la
la, mais c’est pas vrai de voir un temps pareil mais que c’est normal avec tout
ce qu’il nous envoient dans la lune comme dirait Beaugrand…
Le premier
qui me bloque dans les escaliers limite crasseux de la Lopez du cinquième pour
me déblatérer pendant quinze minutes sur ses états d’âme forcément capitaux sur
les fluctuations du mercure et les errements de sa grenouille sur l’échelle…
Le prochain
qui me tient le membre inférieur, alors que les meilleurs morceaux de bifteck
se font la malle sur l’étal, pour me causer de sa fichue arthrite qu’est
réactivée par l’humidité et le redoux qu’y font, de son œil de perdrix qu’a au
moins doublé depuis qu’on est obligé de remettre les bottes de neige parce que
c’est pas normal un temps pareil…
Le premier
qui me défèque dans les chaussants inférieurs avec la grâce et la légèreté ethérée
du trente-huit tonnes lancé à quatre-vingt à l’heure sur les pavés du Nord un
jour de fort verglas qui collisionne de plein fouet la 2cv délabrée sur les
aléas météorologiques actuels et sur le fait positivement fascinant qu’en plein
mois de janvier, il tombe des flocons de neige et que les rues puissent se transformer
par moins cinq en Holiday on Ice géant…
Le prochain
qui ululera avec la grâce d’une Nadine Morano sous inhalateur d’hydrogène
concentré sur les incertaineries du ciel qui persiste à nous réserver des tours
de vaches et sur les jolies étendues nivales d’hier ou d’avant-hier quand il
avait vingt ans, du poil aux pattes et de la raideur dans le slip…
Comment dire…
Comment exposer à toutes ces petites pâquerettes chétives au moral si tanguant
ces choses d’une manière suffisamment lénitives et parfaitement vaselinées afin
qu’elles ne créent pas d’irrémédiables et abominaffreuses déchirures anales
dans le cheminement abscons et souvent tari de votre réflexion ?
Ben... Tout
simplement, avec les mots de tous les jours, ces mots qui figurent dans les
dictionnaires de référence de la langue française, le Petit Robert et le Gros
Nibard, ces substantifs qui ne sont hélas pas à la portée de chacun et qui font
souvent défaut à tous les décérébrés télévisuels qui courent la cacheton au
sein de programmes de haute volée tels que le « Retour de la vengeance des
Ch’tis consanguins (pléonasme) chez les Concons de Cancun » ou « Enquête
d’action exclusive sur la Zone Interdite de l’envoyé spécial »…
Je vous emmerde
jusqu’à la soixante-quinzième génération de vos trisaïeuls, je vous chie dans
la bouche un quadruple salmanazar de merde purulente, je vous pratique une
coloscopie à la pelleteuse et au gravier, je vous balance un quarante-trois
fillette dans les roustons capable de vous les faire jongler en quadruple Lutz
piqué à trois mètres au-dessus du brushing…
Navré d’être
peut-être quelque peu excessif dans ma réaction somme toute proportionnée face
à l’étendue supra-galactique de la connerie vacuitaire intégrale de ces
remarques météo, mais bien que je sois parmi les culbutos les mieux pondérés de
la place aux quatre coins de l’Hexagone, je fais montre d’une once d’iota d’agacerie
qui me pousse à ne plus correctionner mais à dissoudre, disperser, ventiler
façon puzzle…
Faut-il quand
même être rigoureusement con, parfaitement karchérisé de la comprenotte,
complètement vidangé des synapses, voire électeur de Jean-Luc Mélenchon, pour
continuer à débiter des banalités débiles à bouffer de la bite par paquet de
douze…
Oui, oui,
oui, en hiver, il doit faire froid, il neige (et généralement autant sur les
routes que sur les prés), on doit se couvrir pour ne pas choper la crève… Ce
sont des observations de bon sens, des réflexes naturels, qu’apparemment nos
contemporains ont perdu, victime d’un progrès social qui va de la connexion
Internet partout même sur votre soutif jusqu’au dernier bouquin de Lorant
Deutsch en passant par l’intégrale de Christophe Willem en 78-tours et un
concert de Vincent Niclo, sa voix de faux ténor qui veut se la péter mais qui ne
fait que nous péter les tympans.
Non, non,
non, pas la peine de faire l’ouverture du Journal des Non-Comprenants et des
Crétins Avinés sur deux routes verglacées, trois arbres enneigés et une Clio
bordeaux sur le toit après que le conducteur se soit pris pour le Fangio
moderne façon Reine des Neiges.
Qu’auriez-vous
fait, messieurs les journalistes, scribouillards et autres pisseurs de copie
qui se gèlent les coucougnettes et les réservoirs d’encre à théoriser sur le
réchauffement climatique qui refroidit, si un hiver façon 1956 s’abattait sur
nous, avec des moine quinze à moins vingt partout pendant plus d’un mois, plus
d’un mètre cinquante de neige dans le midi et des oliviers centenaires qui
gelaient comme des piroulis de tapette ?
Et si on se
réveillait comme en février 1986, avec moins treize au mercure dans la cité des
Césars, les chiottes de l’école qui explosent sous l’effet du gel et un mistral
à pas mettre un partisan de Montebourg dehors à poil ?
C’est l’hiver,
il fait froid, un froid normal et logique en plein mois de janvier ! Alors,
bitte, next ! On remercie le reporter qui se pèle les miches à
Saint-Ploumenerac’h-sous-Chouchen pour dire à la morue en plateau qu’il fait
froid et qu’il vente à en décorner les champs de crêpes suzette, et on passe à
autre chose !
Tiens, on
peut passer à l’ouverture prochaine des soldes (où on va essayer de nous
fourguer des trucs inutiles à des prix prétendument baissés de moitié après une
hausse du double) ; au débat de la primaire des Mickeys, où le Pétillant
se la ferait mettre profond par le redressé productif au second tour ; au
décès de Zacharie Noah, qui s’était rendu au moins aussi célèbre que son
rejeton en foulant en larmes et en vitesse la terre battue de Rolland-Garros en
1983 ; ou à tout autre information qui ne soit absolument pas en rapport
avec le violon dingue de Catherine Laborde…
N’importe quelle
information qui permette de nous aérer les neurones, qui nous fasse partir ne
serait-ce qu’un instant dans le bleu du ciel bleu où l’on pourrait voler… Et
célébrer la naissance, le 9 janvier 1928, de Domenico Modugno, le créateur de
cet immarescible tube planétaire, vainqueur du Festival de San Remo 1958 et
médaille de bronze à l’Eurovision la même année : « Nel blu dipinto
di blu ». Il récidivera à l’Eurovision par deux fois en 1959 avec le
presque aussi tubesque « Piove (ciao ciao bambina) » et en 1966 avec « Dio
come ti amo » qui se mangera la dernière place avec un zéro pointé. Pas
vraiment le genre de chanson à écouter un matin brumeux ou neigeux… Tiens, la
météo, y avait longtemps…
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