lundi 9 janvier 2017

Brèves du 09 Janvier 2017

Le prochain qui me cause de la météo, du temps qu’il fait ou qu’il fera, et que ah la la la, mais c’est pas vrai de voir un temps pareil mais que c’est normal avec tout ce qu’il nous envoient dans la lune comme dirait Beaugrand…

Le premier qui me bloque dans les escaliers limite crasseux de la Lopez du cinquième pour me déblatérer pendant quinze minutes sur ses états d’âme forcément capitaux sur les fluctuations du mercure et les errements de sa grenouille sur l’échelle…

Le prochain qui me tient le membre inférieur, alors que les meilleurs morceaux de bifteck se font la malle sur l’étal, pour me causer de sa fichue arthrite qu’est réactivée par l’humidité et le redoux qu’y font, de son œil de perdrix qu’a au moins doublé depuis qu’on est obligé de remettre les bottes de neige parce que c’est pas normal un temps pareil…

Le premier qui me défèque dans les chaussants inférieurs avec la grâce et la légèreté ethérée du trente-huit tonnes lancé à quatre-vingt à l’heure sur les pavés du Nord un jour de fort verglas qui collisionne de plein fouet la 2cv délabrée sur les aléas météorologiques actuels et sur le fait positivement fascinant qu’en plein mois de janvier, il tombe des flocons de neige et que les rues puissent se transformer par moins cinq en Holiday on Ice géant…

Le prochain qui ululera avec la grâce d’une Nadine Morano sous inhalateur d’hydrogène concentré sur les incertaineries du ciel qui persiste à nous réserver des tours de vaches et sur les jolies étendues nivales d’hier ou d’avant-hier quand il avait vingt ans, du poil aux pattes et de la raideur dans le slip…

Comment dire… Comment exposer à toutes ces petites pâquerettes chétives au moral si tanguant ces choses d’une manière suffisamment lénitives et parfaitement vaselinées afin qu’elles ne créent pas d’irrémédiables et abominaffreuses déchirures anales dans le cheminement abscons et souvent tari de votre réflexion ?

Ben... Tout simplement, avec les mots de tous les jours, ces mots qui figurent dans les dictionnaires de référence de la langue française, le Petit Robert et le Gros Nibard, ces substantifs qui ne sont hélas pas à la portée de chacun et qui font souvent défaut à tous les décérébrés télévisuels qui courent la cacheton au sein de programmes de haute volée tels que le « Retour de la vengeance des Ch’tis consanguins (pléonasme) chez les Concons de Cancun » ou « Enquête d’action exclusive sur la Zone Interdite de l’envoyé spécial »…

Je vous emmerde jusqu’à la soixante-quinzième génération de vos trisaïeuls, je vous chie dans la bouche un quadruple salmanazar de merde purulente, je vous pratique une coloscopie à la pelleteuse et au gravier, je vous balance un quarante-trois fillette dans les roustons capable de vous les faire jongler en quadruple Lutz piqué à trois mètres au-dessus du brushing…

Navré d’être peut-être quelque peu excessif dans ma réaction somme toute proportionnée face à l’étendue supra-galactique de la connerie vacuitaire intégrale de ces remarques météo, mais bien que je sois parmi les culbutos les mieux pondérés de la place aux quatre coins de l’Hexagone, je fais montre d’une once d’iota d’agacerie qui me pousse à ne plus correctionner mais à dissoudre, disperser, ventiler façon puzzle…

Faut-il quand même être rigoureusement con, parfaitement karchérisé de la comprenotte, complètement vidangé des synapses, voire électeur de Jean-Luc Mélenchon, pour continuer à débiter des banalités débiles à bouffer de la bite par paquet de douze…

Oui, oui, oui, en hiver, il doit faire froid, il neige (et généralement autant sur les routes que sur les prés), on doit se couvrir pour ne pas choper la crève… Ce sont des observations de bon sens, des réflexes naturels, qu’apparemment nos contemporains ont perdu, victime d’un progrès social qui va de la connexion Internet partout même sur votre soutif jusqu’au dernier bouquin de Lorant Deutsch en passant par l’intégrale de Christophe Willem en 78-tours et un concert de Vincent Niclo, sa voix de faux ténor qui veut se la péter mais qui ne fait que nous péter les tympans.

Non, non, non, pas la peine de faire l’ouverture du Journal des Non-Comprenants et des Crétins Avinés sur deux routes verglacées, trois arbres enneigés et une Clio bordeaux sur le toit après que le conducteur se soit pris pour le Fangio moderne façon Reine des Neiges.

Qu’auriez-vous fait, messieurs les journalistes, scribouillards et autres pisseurs de copie qui se gèlent les coucougnettes et les réservoirs d’encre à théoriser sur le réchauffement climatique qui refroidit, si un hiver façon 1956 s’abattait sur nous, avec des moine quinze à moins vingt partout pendant plus d’un mois, plus d’un mètre cinquante de neige dans le midi et des oliviers centenaires qui gelaient comme des piroulis de tapette ?

Et si on se réveillait comme en février 1986, avec moins treize au mercure dans la cité des Césars, les chiottes de l’école qui explosent sous l’effet du gel et un mistral à pas mettre un partisan de Montebourg dehors à poil ?

C’est l’hiver, il fait froid, un froid normal et logique en plein mois de janvier ! Alors, bitte, next ! On remercie le reporter qui se pèle les miches à Saint-Ploumenerac’h-sous-Chouchen pour dire à la morue en plateau qu’il fait froid et qu’il vente à en décorner les champs de crêpes suzette, et on passe à autre chose !

Tiens, on peut passer à l’ouverture prochaine des soldes (où on va essayer de nous fourguer des trucs inutiles à des prix prétendument baissés de moitié après une hausse du double) ; au débat de la primaire des Mickeys, où le Pétillant se la ferait mettre profond par le redressé productif au second tour ; au décès de Zacharie Noah, qui s’était rendu au moins aussi célèbre que son rejeton en foulant en larmes et en vitesse la terre battue de Rolland-Garros en 1983 ; ou à tout autre information qui ne soit absolument pas en rapport avec le violon dingue de Catherine Laborde…

N’importe quelle information qui permette de nous aérer les neurones, qui nous fasse partir ne serait-ce qu’un instant dans le bleu du ciel bleu où l’on pourrait voler… Et célébrer la naissance, le 9 janvier 1928, de Domenico Modugno, le créateur de cet immarescible tube planétaire, vainqueur du Festival de San Remo 1958 et médaille de bronze à l’Eurovision la même année : « Nel blu dipinto di blu ». Il récidivera à l’Eurovision par deux fois en 1959 avec le presque aussi tubesque « Piove (ciao ciao bambina) » et en 1966 avec « Dio come ti amo » qui se mangera la dernière place avec un zéro pointé. Pas vraiment le genre de chanson à écouter un matin brumeux ou neigeux… Tiens, la météo, y avait longtemps…

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