« Non,
non, rien n’a changé,
« Tout,
tout a continué, hey, hey ! »
Non, non,
rien n’a changé… A toutes celles et tous ceux qui croyaient, espéraient,
souhaitaient, que dimanche dernier, une fois les concerts de klaxons, cornes de
brume, pétards, feux d’artifice, chanson de Whitney Houston, et autres dispositifs
assourdissants terminés, le monde allait changer subitement et se transformer
en royaume des Bisounours ; j’ai le regret d’annoncer qu’ils se sont
fourré l’index dans le globe oculaire au point de non-retour.
Non, non,
rien n’a changé… Et si vous vous étiez couchés samedi soir un peu concons,
voire franchement lobotomisés après le tsunami de programmes merdico-indigents
dont la télévision nous a abreuvés, il y a à peu près autant de chances que de
trouver des bridés à Pékin que vous vous soyez réveillés aussi concons dimanche
matin.
Non, non,
rien n’a changé… Votre tour de taille Bibendum, votre partenaire qui poursuit
une carrière de mannequin chez Olida, votre découvert bancaire écarlate cramoisi,
votre belledoche qui embaume la naphtaline et la savonnette Bien-Être à cinq
lieues à la ronde, vos moutards mal élevés ; tout ce barnum ne s’est pas
mué en tablettes de chocolat, bombasse sexuelle carénée chez Pirelli, compte en
Suisse façon Cahuzac, belle-maman que vous jambonneriez volontiers dans la
remise et surdoués promis à l’élite de la Nation.
Non, non,
rien n’a changé… Le monde de 2016 est resté tel quel pour affronter les
premières heures de 2017…
Tout, tout a
continué… Hélas ! Ça a continué à faire boum badaboum En Turquie et en
Irak, avec le lot habituel d’images insoutenables de corps désertés par l’étincelle
vitale, de blessés évacués à la hâte, de sirènes hurlantes et de gyrophares
étincelants, de bandes vidéos de surveillance floues, de matraquage médiatique…
Tout, tout a
continué… Et les enturbannés ont clairement signifié qu’ils n’avaient plus de
limites géographiques et que la Turquie, jusque là épargnée par leurs exactions
sanguinaires, rentrait dans la ligne de mire…
Non, non,
rien n’a changé… Toujours à se farcir en musique de fond l’indémodable concert
du Nouvel An, une indéboulonnable transmission en Eurovision depuis Vienne qui
permet d’être fatigué de la musique classique pour l’année, alors que vous
écoutez pousser vos cheveux à l’intérieur en priant Saint Alka-Seltzer.
Non, non,
rien n’a changé… Toujours à se tartiner les vœux du Président de la République
en Francovision sur six chaînes, dix minutes de pipeau de haute volée,
oscillant entre l’autosatisfaction tendance branlette narcissique et la sodomie
profonde en milieu urbain, campagnard et médiatique en termes d’espoir et de
promesses pour les douze mois à venir.
Non, non,
rien n’a changé… Et pourtant, c’étaient les derniers vœux du boudiné à cravate
de traviole, des vœux en forme d’allégorie à son bilan, dix minutes de
politique-fiction balancées d’un ton à la fois insipide et quelque part
agressif par le Tout-Mou à moumoutte baranisée qui a fini à moitié avachi sur
le pupitre.
Non, non,
rien n’a changé… Notre culbuto élyséen ne pouvait pas changer pour la nouvelle
année, les occasions de se marrer sont désormais trop rares… Et il n’a pas
dérogé à sa règle implacable de rétropédalage en graciant Jacqueline Sauvage à
qui l’on peut trouver toutes les circonstances atténuantes mais qui reste
néanmoins une meurtrière. Le gras et la grâce…
Non, non,
rien n’a changé… Ou si peu ! L’hiver, il fait froid, il neige, il y a du
verglas… Etonnement généralisé dans les médias face aux températures qui
redeviennent normales pour une fin décembre et un début janvier, aux voitures
couvertes de givre, aux monts enneigés et aux trottoirs transformés en
patinettes… En l’espace de deux heures et demie, à Lille, on a dénombré plus de
deux cent cinquante fractures dues au verglas. C’est vrai que c’est la première
fois que ça arrivé, ce genre de situation, dans ch’Nord…
Non, non,
rien n’a changé…Et pourtant… La météo, ce rendez-vous irremplaçable où des
millions de français écoutent, la langue entre les dents et les mirettes
écarquillées, le temps qu’il a fait et qu’il fera comme si leur vie en
dépendait, ne sera plus tout à fait la même sur la première chaîne. Le squelette
ambulant, toujours catastrophé par les prévisions, prend sa retraite et nous a
asséné hier soir pour la dernière fois ses banalités météorologiques. Bon vent,
Catherine Laborde !
Non, non,
rien n’a changé… Et pourtant, ils sont partis… Partis avant d’avoir tout dit,
tout fait ou tout compris… La fin d’année a été le théâtre d’une hécatombe de
personnalités impressionnante, à un point tel qu’on se demandait s’ils
devaient, là-haut, atteindre leur quota avant le 31 décembre… Jean-Claude
Brialy, la Mère Lachaise, en aurait eu des crampes à son goupillon !
Adieu au
regard envoutant de Michèle Morgan partie rejoindre son Corniaud et Gabin sur
le Quai des Brumes éternelles ! Adieu au créateur de l’œuf Kinder,
promoteur infatigable du gadget en plastoc parodiant les notices Ikéa ! Ciao
à Ferdi Kubler, roi de la petite reine, parti pédaler sur d’autres routes à l’âge
respectable de 97 ans ! Arrivederci à George Michael, cramé à 53 ans,
vraisemblablement alléché par la réplique de l’Exorciste indiquant que l’on
pouvait fellationner à tout-va chez Belzébuth… Au revoir à la Princesse Leïa, passée
du côté obscur de la farce après seulement six décennies, et à sa maman, Debbie
Reynolds, partie deux jours plus tard chanter sous la pluie céleste !
Auf wiederseh’n
à Michel Déon, académicien plus très vert mais connu pour sa règle de grammaire
(l'accord Déon) et à Pierre Barouh, inventeur du chabadabada et du GPS pour
enrhumés (c'est Barouh ? C'est bar la) ! Adios à Josepha Cruchot, Edmée de
Tartas, ma biche, l’immense Claude Gensac, l’inamovible épouse fofolle et
cinématographique de Louis de Funès ! Addio à François Chérèque et son défaut
de langue qui ne l’a pas empêché de démontrer que tous les syndicalistes n’étaient
pas forcément des connards bas du béret !
Après une
telle bérézina, on ne sait décidément plus à quel saint se vouer pour tenter de
traverser l’année, et la rue, sans risques de sentir le sapin et de brouter les
dent-de-lion par les rhizomes dans les plus brefs délais… Le mieux serait peut-être
d’imiter le pape Paul VI qui, à compter du 2 janvier 1964, effectua un pèlerinage
en Terre Sainte qui marqua l’époque et les esprits. Alors qu’il s’agissait
simplement du VRP qui rendait visite à la Maison Mère…
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