Je vous parle
d’un temps que les moins de vingt dents ne peuvent pas connaître…
Mais de quel
temps, m’interrogerez-vous de votre dentier bringuebalant, mobilisant les
dernières forces vaillantes de la semaine.
Du temps béni
des colonies qui faisait bander tellement Michel Sardou qu’il en perdait
parfois ce légendaire faciès accueillant qui n’aurait pas déparé comme pierre
tombale ?
Du bon vieux
temps du swing où déjà Sylvie Vartan usée jusqu’à la corde et toujours en
play-back laissait la bouche ouverte pour faire aérer le neurone ?
Du temps des
cerises que les antiques gloires du gramophone glorifiaient à l’époque du
78-tours rayé et grésillant ?
Rajoutez à peine
quinze ans et vous aurez approximativement la date du premier concert de Line
Renaud, en direct depuis la grotte Chauvet…
A tous ceux
qui me prendraient pour la réincarnation du trisaïeul de la grand-mère à Alice
Sapritch, allez dare-dare vous faire cuire un œuf doré sur tranche !
Je souhaitais
juste vous entretenir de ce temps pas si éloigné où la France avait encore un
Président supposé socialiste et un Premier Sinistre de droite.. Et où mes
bavasseries quasi-quotidiennes étaient brèves, concises et tenaient dans la
main d’un honnête homme…
Vous ne vous
en souvenez pas ?
Mais je m’en
vais vous faire voir comment que c’était…
C’était au
temps où la gauche savait encore se déchirer en silence, comme le drap housse
qui craque sous des étreintes trop étroites… Alors qu’aujourd’hui, Chorizo et
Moule-à-gaufre se balancent les mandales en public, malgré leur air de ne pas y
toucher tout en y touchant…
C’était du
temps où les politocards palpaient autant de black pour assouvir leur soif de
népotisme mais où les secrets étaient relativement bien gardés…
C’était un
temps où Fi(ll)on aurait mieux fait de garder Miss Penny-Money au chaud dans sa
gentilhommière pour qu’elle s’occupe de moucher les morveux et décrotter les
bourrins… Car depuis la fuite du Canard
Enchaîné, c’est tout schuss dans les sondages. Et pas moyen de s’accrocher aux
branches, toutes sciées au ras du tronc.
C’était le
temps où Marinette ne se prenait pas encore pour le sauveur incontournable de
la France en sentant monter vers elle un tsunami de voix dégoutées des
malversations politiciennes. Et où elle n’avait pas chopé un melon de la taille
de l’Atomium de Bruxelles. Se targuant désormais d’avoir inspiré Donald Trump,
le Connard à l’Orange, la bouledogue blond va bientôt affirmer avoir construit
d’une main et en huit jours la Grande Muraille de Chine…
C’était le
temps où la télé rediffusait encore les vieilles séries américaines policières
avec des mecs en costard maronnasse à pattes d’eph’ et des donzelles déguisées
en rideaux de salle à manger et surmontées de casques de cheveux choucroutés
par trois litres de laque. C’était le temps de la gloire de Mike Connors, l’impérissable
Joe Mannix, qui vient de déquiller à l’âge de 91 ans. On a beau dire, mais plus
ça ira et moins on rencontrera de gens qui auront connu Michel Drucker jeune…
C’était le
temps où l’on prenait le temps… Le temps de faire bonne impression, le temps de
développer calmement les choses, le temps où l’on se révélait au fur et à
mesure, dans un bain tranquille et progressif…
C’était en
effet le 27 janvier 1891que le Docteur Momme Andresen déposait le brevet du
Rodinal, révélateur pour films photographiques noir et blanc, produit par la
suite par Agfa Photo. C’est aujourd’hui le révélateur le plus ancien au monde à
être encore en vente. Quand on voit une
telle carrière, on se dit qu’on a pas encore fini de se fader Line Renaud…

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire