Et vous voulez que j’aie la
foi en l’être humain ?
Et vous voulez que je sois
la fleur au fusil, l’œillet à la boutonnière, la pâquerette aux dents et la
rose au poing ?
Et vous voulez que j’ai le
sourire façon banana split, les yeux pétillants de malice et de joie, les
pensées en preux étendard du positivisme ?
Et vous voulez que j’aie la
foi en l’être humain, quand je compulse des dossiers où j’interviendrai comme
avocat commis d’office, lors de débats en vue d’un éventuel réaménagement de
peine de détenus à la prison biterroise ?
Et vous voulez que j’aie la
foi en l’être humain quand je vois les casiers judiciaires imiter des
catalogues de La Redoute appartiennent à de jeunes adultes, j’hésite presque à
dire des gamins ?
Et vous voulez que j’aie la
foi en l’être humain quand ces petites bites (c’est une expression, je ne suis
pas allé les mesurer) ont à vingt, vingt-deux, vingt-quatre ans pour le plus
âgé de mes commissions d’office, des peines de dix à quinze ans de taule à
faire ?
Et vous voulez que j’aie la
foi en l’être humain quand je lis ces rapports décrivant des personnes en
apparence inoxydables mais que la prison a déjà bien cabossé ?
Et vous voulez que j’aie la
foi en l’être humain quand me rends compte que le seul à présenter un dossier
défendable, c’est un pépère de quarante-six balais avec des enfants dehors, qui
a fait amende honorable et a filé doux durant l’incarcération ?
Ah évidemment, il se
trouvera toujours une psychologue de mes deux pour me dire que c’est l’interaction
cognitive de son subconscient démotivé en conflit avec le surmoi désinhibé en
proie à la figure de l’autorité qui l’a modelé.. Ouais, et ton tarpé d’afghane
suractivée, tu l’as fumé en moins d’un quart d’heure ce matin ?
Et vous voulez que j’aie la
foi en l’être humain quand je lis la détresse des hospitalisés d’office en hôpital
psychiatrique, le rapport glaçant de leurs troubles, conséquence d’un pétage de
plombs récent, ou originel ?
Et vous voulez que j’aie la
foi en l’être humain quand je vois qu’un rien, voire un moins que rien ou une
ordure terminale, peut faire basculer une personne dans une dimension d’où le
sens commun et la raison sont absents ?
Pourquoi et comment ce
déclic qui fait donner des claques ? Inconfortable moments avec ces
personnes qui vous débitent leur discours, sans qu’ils aient toujours bien
conscience de ce qu’ils vous racontent, alternant tout, son contraire, la
réciproque du corollaire et inversement…
Et vous voulez que j’aie la
foi en l’être humain quand j’entends que Dash sans bouillir serait sur le point
d’attaquer à nouveau la France et la Belgique ? Enfin, accorder à ces
raclures de résidus de bidet souillés la qualification d’être humain est en
effet quelque chose d’hasardeux…
Et vous voulez que j’aie la
foi en l’être humain quand je frissonne encore aux cinquante morts d’Orlando ?
Mais me monte à la bouche un rictus sardonique… Le dézingueur fou, Omar ou
Salem, ou Merguez, serait gay, puisqu’il était client régulier du Pulse, et qu’il
aurait fait des avances à un autre homme… Ah bravo, une tafiole qui en dégomme
cinq dizaines, et les enturbannés qui revendiquent fièrement la chose… Dans l’Etat
Islamique, tout comme au FN, surtout pas de tarlouzes… Enfin, vous irez dire ça
à Florian Philippot…
Et vous voulez que j’aie la
foi en l’être humain quand j’entends le Premier Sinistre, Chorizo Incandescent,
balancer sur Inter de sa voix de gros fumeur d’outre-tombe que la guerre contre
le terrorisme est l’affaire d’une génération et que d’autres innocents perdront
leur vie ? Plutôt l’envie soudaine d’ouvrir le gaz de la cuisinière
électrique et de me jeter par la fenêtre du rez-de-chaussée…
Et vous voulez que j’aie la
foi en l’être humain quand je pense à ce petit Mathieu, starifié par certains
éditos radio, et porté au pinacle par des mater dolorosa de circonstance ?
C’est abominable de voir un siphoné du bulbe massacrer sa mère, certes… Mais
est-ce plus traumatisant de voir un siphoné du bulbe radicalisé massacrer sa
mère parce qu’il lui reproche Dieu sait quel pêché ; ou de voir ses
parents rester dans la carcasse de la voiture familiale heurtée par un
chauffard aviné, qui lui ne reprochait rien ni au père ni à la mère du petiot ?
Et vous voulez que j’aie la
foi en l’être humain quand je pense à ce garçonnet qui se promenait avec ses
parents et ses frères sur le rivage d'un lac artificiel jouxtant les hôtels du
parc Disney World, à Orlando, et qui s’est fait emporter par un alligator ?
Au moins aura-t-il évité de se faire mettre une cartouche dans un club louche
dix-huit ans plus tard…
Et vous voulez que j’aie la
foi en l’être humain quand je vois qu’un hôpital pour enfants malades est
vandalisé par des ersatz de rebuts de sous-merdes ? Tiens, ça ferait un
beau sujet de philo ça : vandaliser un hôpital pour gniards fait-il de moi
une merde, une sous-merde ou un nouvel Einstein ? Vous avez trois heures…
Et vous voulez que j’aie la
foi en l’être humain ? Hein, vous voulez vraiment que j’essaie d’avoir une
once de commencement de début d’iota de poussière de croyance en nos semblables ?
Ben oui, tout bêtement parce
que le petit voisin va vous dire bonjour avec un sourire trognon, parce qu’un
client va vous remercier sincèrement de votre action dans un dossier… Et parce
que c’est la vie, merde !
Et le 21 juin 1969, c’et
Georges Pompidou qui accède à la Présidence de la République. Fin lettré, pas
révolutionnaire pour deux sous, il sera un Président effacé mais efficace, que
la maladie privera d’accomplir un mandat complet. C’est d’ailleurs sa mort, le
2 avril 1974, en cours de mandat, qui empêchera la France de concourir à l’Eurovision
de la Chanson… Et vous voulez que j’aie la foi en l’être humain ?
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