vendredi 28 février 2014

Brèves du 28 Février 2014

- Dites voir, M’âme Badrignard, au lieu de tâter les melons comme si c’étaient les réservoirs à semence de vot’ pauv’ Raymond, vous savez ce qu’on raconte ?
- Ah ben voui !…
- Ah non, si vous commencez comme ça, moi je ne joue plus hein !
- Alors, non… non, non, ch’ais pas M’âme Jeanssen ce qu’on raconte…
- Ouais, ben j’préfère comme ça… Non mais des fois !

Reniflement de goutte au nez bien sonore et grattage de bas à varice qui vrille sur la charentaise à la propreté douteuse, puis plus bas, sur le ton de la confidence que personne ne doit entendre comme lorsque l’on glisse mezzo voce à sa voisine de prie-Dieu « j’vais aller communier juste pour voir si la jupe plissée de la crémière, c’est bien du jersey mercerisé… parce que la semaine dernière, l’hostie du curé, elle était pas fraîche, j’en ai mangé tout mon dimanche » :

- Eh bien figurez-vous que d’après ce que j’ai entendu de la bouche de M’âme Pichet qui le tenait d’une relation de la concierge du chauffeur de l’aide de cabinet du sous-secrétaire d’état aux placards à porte KZ, il paraîtrait à c’qui paraît que Ségolène Royal serait dans les coulisses en position intéressante pour rentrer dans le Gouvernement…
- Pas possible ! Elle qui est toujours bien coiffée qu’on dirait qu’elle a fait un décollement de racines avec une coupe au carré qui a raccourci la nuque en gardant toute la longueur bien laquée par la Cadonett Maxi-tenue… Elle serait bientôt introduite en haut lieu ?
- Ecoutez voir, elle s’est déjà faite introduire par le Président dans ses Pays-Bas, alors vous savez, sur le coup d’une colère saine, elle peut rentrer à l’intérieur… Vous me direz que ça vaut mieux, déjà qu’on a honte de la sortir de peur qu’elle lâche une insanité…
- Vous croyez qu’elle a des vents incontrôlés ?
- Mais non ! Qu’elle est cruche celle-ci ! Son entourage craint toujours qu’elle balance une idiotie de la carrure de sa bravitude sur la Grande Clôture…

Hochement de tête entendu de M’âme Badrignard qui finit de tâter mollement la cagette de melons déjà bien blets…

- Donc on sortirait Valls de l’Intérieur pour qu’il prenne l’air…
- Ben voyons ! Déjà qu’il brasse de l’air, le petit hargneux, s’il prend l’air, il va faire de l’aérophagie et va nous rejouer l’évasion de Gambetta en ballon !

M’âme Badrignard part d’un petit rire nerveux qui fait craindre soudainement pour l’intégrité de son dentier pourtant solidement arrimé par la colle à dentier Polident vanté par Jackie Sardou qu’elle aime tant…

- Ah, vous alors, M’âme Jeanssen, vous avez toujours le mot pour rire, on croirait entendre les Grosses Têtes de Philippe Bavard sur Radio Luxembourg… Ah moi j’aime bien cette émission, on ne se culture jamais assez, on rit beaucoup quand Sim raconte l’histoire de la pute à la jambe de bois, et puis j’aime bien la voix de Léon Zitrone, on croirait toujours qu’il va eurovisionner depuis l’Abbaye de Westminster…
- C’est ça, comme ça, ça vous humidifie la gaine Sloggi… plus besoin de prélavage !

- Oh dites, M’âme Jeanssen, j’ai lu dans Ici France Dimanche qu’une jeune mère de famille est partie aux sports d’hiver avec deux enfants et qu’elle en est revenue avec un troisième…
- Comment ça ? Elle en a kidnappé un, c’te écervelée amatrice de téléréalité, ou alors elle a couché avec une photocopieuse ?
- Non, non, elle ne savait pas qu’elle était en état d’espérance… elle avait attribué son gros ventre à une crise d’aérophagie…
- Vous plaisantez ou vous rigolez ? Si maintenant, les jeunesses d’aujourd’hui ne savent plus différencier de l’air dans le bide qu’on élimine en pétant un bon coup d’un polichinelle dans le tiroir ; eh ben alors, on est pas près de revoir jouer le miracle de l’Annonciation, avec l’Immatriculée Contraception dans le rôle principal !

Glissement de terrain, M’âme Badrignard jaugeant désormais de la dureté et de la verdeur du poireau du primeur…

- Non mais vous avez pas fini de lui faire reluire le poireau à M’sieur Serpentin ? Vous trouvez pas que ses visites nocturnes à M’âme Goureau lui ruinent suffisamment la santé ? Déjà qu’il a une langue tellement chargée qu’on dirait un rôti de veau pour huit avec les câpres en prime…
- Oh ben vous savez, il me dirait oui que je ne lui dirais pas non…
- C’est ça ! Pour que ça se sache dans le quartier, et que ça jase, comme la fois qu’on a appris que le Président allait tremper son croissant dans le four à pain de l’actrice déviante ?
- Pourquoi vous la traitez de déviante, M’âme Jeanssen ?
- Parce que vous trouvez qu’une demi-vedette qui est obligée de se coller une serpillière entre les jambes pour pas saloper son lino dès qu’elle voit un type avec un casque de scooter, c’est normal, vous ?
- Ah ben non, vu comme ça, forcément…

Cachant son trouble, M’âme Badrignard s’emploie alors à ne pas lâcher la grappe de Monsieur Serpentin, histoire de se donner une contenance, parce que le raisin, il paraît que ça a un effet vitrifiant, d’après les conseils beauté de Brigitte Lahaie dans le dernier numéro de « Votre beauté, Madame »…

- Oh dites, vous avez entendu à la radio qu’à ce qu’il paraît, la cigarette électronique ferait un tabac…
- Ben évidemment ! C’est ce que me disait toujours mon pauv’ Léon quand il voulait que je lui pratique une fantaisie buccale avec la bouche… Ah la la ! Quel cochon cui-la ! Toujours à me la faire bouffer crue le samedi soir, pendant vingt-cinq ans, alors qu’il fallait que je reste à jeune pour communier le dimanche !
- Et qu’est-ce que vous faisiez alors ?
- C’te question ! Une fois qu’il m’avait collé sa limace tiède sous le bridge que j’ai fait refaire en ’76, j’allais me rincer la bouche dans le bocal à poissons rouges…
- Ah, alors c’est pour ça qu’il disait toujours : le tabac tue, mais la pipe détend…
- N’empêche qu’une fois mort, je la lui ai coupé avant que les croque-morts le mettent en bière… J’l’ai mise dans mon pot-au-feu, pour voir le goût qu’elle avait une fois cuite…
- Ah c’était donc ça, l’arrière-goût de roquefort…

Pour le coup, c’est M’âme Jeanssen qui perd sa contenance, et vire au jaune bistre, une faute de goût quand on sait qu’elle porte sa robe chasuble marron et son sous-pull acrylique orange…

- Oué, ben en tous cas, ça détend p’tet mais toujours est-il que c’est à force de pipes qu’il est mort, le Quentin Elias…
- Qui c’est, Quentin Elias ?
- Mais ma pauv’ M’âme Badrignard, sortez un peu le dimanche au lieu de vous infliger la discographie complète de Georgette Plana en 78-tours ! Quentin Elias, c’est un ancien membre du boïss-bande Alliage… Ma petite nièce Déborah avait tous leurs disques-compacts quand elle a eu sa puberté…
- Ah oui, ça y est ! Je me souviens, le beau petit gars avec des muscles bien saillants qui chantait toujours en se tenant les parties de peur qu’elles tombent….
- Ouais, ben sachez pour votre gouvernail qu’elles ne sont pas tombées, ses parties puisqu’il s’est vu par la suite profondément introduit dans le milieu du cinéma cochon pour messieurs… Ah ça, on peut dire qu’il a percé !

Écarquillement d’yeux magnifique de M’âme Badrignard, ce qui la fait ressembler à s’y méprendre à un Berliet plein phares ou à Marisol Touraine après une cigarette qui fait rire…

 - Vous voulez dire qu’il a fait de la cinématographie obscène et homosexuelle avec des hommes ? Mais qui vous a dit ça ?
- Eh ben, le fils de M’âme Pichet, le jeune Guy-Louis, celui qui se promène toujours avec sa jaquette bien flottante… Et si vous voulez mon avis, même si vous le voulez pas, vous l’aurez pour le même prix : il se dit que ses films pêchaient gravement par le manque de dialogue…
- Ah voui ?
- Ben tiens ! Répéter pendant une heure et demie à tire l’haricot à qui veut bien l’entendre « oh oui oh oui oh oui, vas-y mets-moi-là toute » (un peu comme M’âme Bertholet du cinquième qui ouvre sa porte à tous les représentants qui z’y viennent pas que pour représenter mais pour lui montrer le Napoléon d’Abel Gance sur trois écrans et son stéréophonique et lui offrir la ménagère complète en quarante-huit pièces et le légumier en prime)… Ben vous me direz ce que vous voulez, mais ça, c’est pas du cinéma de premier plan, divertissant comme il faut pour les familles…
- Ah oui évidemment, avec de telles lacunes, pas étonnant qu’après, tout le monde s’en branle…

M’âme Jeanssen secoue la tête d’un air entendu, au péril de sa mise en plis, avant de lâcher dépitée :

- Que voulez-vous, c’est quand même honorable de donner du travail aux gens, déjà qu’avec ce qu’on nous dit dans le poste que la courbe du chômage sera retournée que dans un an et que c’est la faute au Premier Sinistre s’ils ont annoncé ça déjà l’année dernière qu’ils se sont mis le doigt dans l’œil jusqu’au coude… Mais franchement, à leur faire tourner de telles bêtises, pas étonnant que plus un acteur ne veuille plus se casser le cul au travail…
- A qui le dites-vous, ma pauv’ M’âme Jeanssen…
- Mais à vous, triple buse !

Regard penaud de M’âme Badrignard sur son cabas, ce qui lui permet de reluquer le dernier « Confidences », et de trouver un dérivatif :

- Dites, M’âme Jeanssen, vous avez vu qu’aujourd’hui, 28 février, on fête l’anniversaire de l’assassinat par meurtre en 1986 du Premier ministre suédois Olof Palme, abattu à bout portant par un inconnu alors qu'il sortait paisiblement d'un cinéma de Stockholm, au bras de son épouse Lisbet.
- C’est bien fait ! Ils l’ont encore dit chez Julien Courbet l’autre jour, c’est très mauvais l’huile de palme…Non mais !

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