mardi 17 novembre 2015

Brèves du 17 Novembre 2015

Et si…

Et si l’on essayait de se sortir la tête du sac, comme après une jolie soirée bien arrosée dans les volutes de fumée et les miettes de tartines de bonne chère où l’on se sent pousser les cheveux de l’intérieur et que le crissement de l’herbe qui pousse sur la pelouse du square à deux cent mètres nous est insupportable ?

Et si l’envie soudaine nous prenait de ne plus se regarder bêtement le nombril, vissé sur les écrans de nos smartphones qui vampirisent nos vies et nos relations humaines, et de faire comme naguère, des rencontres, des partages, des conversations de vive voix ?

Et si l’on se réveillait après ce putain de vendredi treize qui n’a jamais autant mérité sa réputation d’une léthargie molle et doucereuse où la société nous avait plongé, comme dans un bain tiède et accueillant, et que l’on se rende enfin compte que nous ne vivons pas dans le monde des Bisounours ?

Et si ce monde de Bisounours méritait un bon coup de balai en des lieux où les barbes sont d’autant plus longues que les idées sont courtes, mais également en des endroits où c’est le priapisme du bras droit qui prime, ce monde de Bisounours où l’obscurantisme le plus opaque veut prendre appui sur notre bon vieil hexagone en fauchant des victimes innocentes ?

Et si les media, ces fameux mass-merdias qui nous enfouissent les oreilles, nous remplissent les mirettes et nous enfournent dans les synapses des quantités phénoménales d’informations qui, au-delà du superflu, sont intégralement anxiogènes, arrêtaient une bonne fois pour toutes de nous rabâcher que les victimes de la barbarie humaine étaient innocentes ; puisqu’on a rarement vu des victimes coupables ?

Et si notre Flamby national se révélait, dans l’adversité de ces évènements tragiques et face à une menace qu’il ne faut surtout pas sous-estimer, être un vrai Président de la République, voire un chef de guerre qui saura exterminer la vermine qui a cru qu’on pouvait s’en prendre impunément aux chiens d’infidèles hexagonaux ?

Et si les chiens d’infidèles que nous sommes, nous tous qui aimons boire des chopines fraîches en racontant des blagues chaudes, engloutir des quantités industrielles de charcutaille bien grasse, fumer comme des pompiers, baiser à couilles rabattues, siffler les jolies femmes, et profiter de la vie en grugeant les impôts ; si les chiens d’infidèles honnis allions pisser des tonnes de mitraille et de métal en fusion sur les djellabahs moisies de rétrogrades décérébrés ?

Et si le Tout Mou pouvait agir, plutôt que de faire à n’en plus finir des discours, certes empreints d’une certaine gravité qui sied à l’instant ; on ne l’aurait pas véritablement apprécié en costume de clown et nez écarlate assorti raconter des histoires de Toto devant le Congrès ; agir vite et fort ?

Et si l’on savait, au moins pour un moment, puisque le grand cirque politique reprendra tôt ou tard ses droits et sa place, mettre ses guéguerres intestines sous le tapis, ranger ses rancœurs pré ou postélectorales dans le placard pour former cette putain d’unité nationale dont nous avons absolument besoin actuellement ?

Et si certain ex-locataire de l’Elysée voulait bien fermer un instant son intarissable robinet à conneries et s’arrêter de s’opposer bêtement aux propositions présidentielles pour qu’on puisse avancer de manière constructive sur le difficile chemin de demain, semé de kamikazes et de morts, hélas ?

Et si l’on essayait déjà d’agir efficacement avec l’arsenal législatif actuel, pour ne pas se perdre en vaines querelles politocardes qui brassent de l’air à n’en plus finir et qui provoquent des dégâts proctologiques irrémédiables chez les diptères ?

Et si l’on applaudissait, pour certains du bout des doigts, parce que je sais que c’est toujours douloureux de jouer du banjo avec une râpe à carottes, Alain Juppé qui a eu les couilles décidément au cul, bien accrochées et suffisamment grosses, pour admettre que la droite a eu tort de supprimer des postes dans la sécurité ?

Et si l’on tentait tout de même, parce que ça se fait en société, de s’étonner assez naturellement de l’annonce par le Kremlin de ce que l’explosion du gros navion dans le Sinaï était un attentat commandité par Daesh ?

Et si l’on remerciait à l’avance le Kremlin, et son si jovial Poutine qu’on risque d’apprécier de plus en plus s’il bombarde de manière plus intense des positions en Syrie qui risquent de ne plus être celles des opposants au régime ?

Et si l’on se replongeait dans nos bouquins d’histoire qui enseignent que les joyeux soldats de la Wermacht qui avaient mis à bas la moitié de l’Europe en quelques semaines et en 1940 étaient shootés comme des jet-setters mondains ; et que l’on fasse le lien avec les seringues retrouvées dans les chambres d’hôtel des terroristes ?

Et si l’on s’indignait à juste titre de ce que des connards terminaux au bourrichon montés par des connards encore plus intégraux se droguent afin de se sentir invulnérables et tout-puissants, avant d’aller sulfater à la kalachnikov la bonne nouvelle du prophète qui doit faire des loopings dans sa tombe d’avoir engendré autant d’imbécilité pure ?

Et si l’on essayait, tout simplement, de revenir à des choses plus terre-à-terre, plus en phase et en prise directe avec notre quotidien routinier au train-train pas si désagréable parfois ?

Et si je tentais de me translater tout doucement vers des rivages plus sarcastiques, où les envolées d’antan, les piques acérées comme des rasoirs coupe-chou, les vannes vachardes et les remarques acides vous laissent comme l’impression de croquer dans un malossol saupoudré de piment concentré avec une gingivite aiguë ?

Et si j’étais assez tenté de répondre tout-à-trac que j’ai tiré la chasse et que tout est parti avec un petit pipi et un gros caca, bien que je sente que vous avez le reproche aux lèvres, l’œil enkhôlé assombri de noires remontrances et le bras vengeur et séculier terminé d’un doigt fièrement dressé et remuant, comme un prélude à un toucher rectal chez le proctologue ?

Et si l’on rendait tout simplement un dernier hommage à Dora Doll, 93 ans aux pruneaux du bataclan nouveaux, qui a rendu son dernier souffle dimanche, dans le Gard après soixante-dix ns de carrière, plus de cent cinquante films et des amants comme Jean Gabin ou Marlon Brando ?

Et si l’on se souvenait que le 17 novembre 1966, les Easybeats (ce qui ne veut pas dite « bite facile » en français) sortent leur « Friday on my mind », tube qui sera adapté en français sous l’improbable titre « vendredi m’obsède »… ? Triste prémonition, en fait…

Et si… Et si… Avec des si, on mettrait Paris en bouteille… Une bouteille qui flotte, mais ne coule pas !

 

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