mercredi 29 octobre 2014

Brèves du 29 octobre 2014



- Mais enfin quoi M’âme Jeanssen, je vous vois ici très étonné
Dans la pieuse lecture d’un magazine profondément plongée
Et depuis dix minutes que je vous observe, pas un mot proféré
Seriez-vous à ce point captivée, ou tout simplement enrouée ?

- Non mais qu’est-ce qu’il me roucoule, le chroniqueur versificateur ?
Prenant le risque de m’interrompre, ignorant son futur grand malheur
On ne me cause point, mon joli coco, quand je parcours mon évangile
Que vous traitez à tort de torche-cul au prétexte de trop d’articles faciles.

- N’en prenez point ombrage, ô vénérable aînée à la robe chasuble fleurie
Ne croyez pas que je vous agresse, que de vos nobles lectures je me ris
Car il en faut des comme vous pour que cette presse puisse imprimer
Sur ce papier glacé que l‘on garde généralement pour les commodités.

- Je vous préviens, en y mettant pour le moment les formes, jeune goujat
Cessez incontinent de persifler, de médire et de jacasser sans raison
Ne venez pas dans mes louables lectures mettre tout de go le boxon
Cessez donc de me titiller les castagnettes, sinon va y avoir corrida.

- A vous voir prestement changée en matador en habit moule-chouquettes
Ma verve se brise net, nulle envie aujourd’hui de vous prendre la tête
A vous voir assise là, répandue, sur le fauteuil usé de votre figaro
Je me tais donc, et cesse incontinent sur le baudet de crier haro

- Vous faites bien, vous, de la presse à sensation jeune et ignare profane
Si vous ne voulez demain des carottes simplement sucer les fanes
A cause d’un dentier édenté fortement amoché par mes coups répétés
De mon sac à main en imitation de vrai cuir de vinyle entièrement réalisé.

- Ne soyez pas vache, même si vous en avez les confortables dimensions
Et prêtez-moi donc ce magazine sans aucune autre forme de précautions
Que je puisse sur le champ me délecter avec une moue gourmande,
De tous ces articles croquignolets qui sont à mes yeux autant d’offrandes.

Mais qu’y lis-je ? C’est inattendu, c’est encore plus chaud qu’au mois d’août
Raymond Domenech tacle à tout va dans son livre, le dico passionné du foot
D’Anelka à Zahia, sans manquer une passe, tout y passe, tout y trépasse
Surtout Ribéry qui, de Zahia, a su assurément apprécier toutes les passes.

- Ah ça, évidemment, si vous vous prenez à aimer la belle littérature
Ne lisez pas Rimbaud, Verlaine ou Modiano, ce serait une torture
Faites comme Fleur Pellerin, adoptez ce genre de saine lecture
Qui vous vide bien l’esprit, et ne risque pas de vous triturer la hure.

- Suivant vos conseils avisés, je vais dans le Canard Enchaîné me plonger
Pour découvrir ébaubi les exorbitants frais de rénovation engagés
Pour l’appartement de Thierry Lepaon, profiteur il faut bien l’admettre
Réglés par son syndicat, encore une fois, CGT l’argent par les fenêtres.

Et nullement gêné par le lièvre, par le Canard prestement levé
Lepaon noyant le poisson, et glissant comme une vive anguille
Aux journalistes du coin-coin effarés a ensuite clairement indiqué
Qu’il briguerait un second mandat, frais et pur comme une jonquille.

Ne vous méprenez pas sur les louables intentions du dirigeant
Qui souvent à ses adhérents, raconte du vent et vend du flan
Ce n’est pas par goût de la lutte qu’il compte encore une fois rempiler
Mais parce que sa maison de campagne il doit toujours plus rénover.

- Je ne voudrais pas médire inutilement et encore plus me méprendre
Il me semble que tous ces magouilleurs, vous voulez les faire pendre
Ce serait justice, après tout, avouez, et cela ne cesserait de me surprendre
Qu’au final, tout ces sous, il soit bien obligé jusqu’au dernier de les rendre.

- Il n’y faut point compter, vous le savez bien, au fond de vous, allez
Malgré vos vitupérations amères, il est vain que vous vous indigniez
Avec leurs malversations véreuses, ils nous feront encore bien chier
Insensibles à nos cris, leur caravane passe pendant que vous râlez.

Et à force d’aboyer violemment sur tout et surtout sur les immigrés
A la Celle-Saint-Cloud hier, Marine Le Pen a eu ce qu’elle méritait
Alors que sur un parking de supermarché, sa voiture était sagement garée
En repartant prestement, de grosses pierres, elle fut largement caillassée.

- Mais ce n’est que rançon de la gloire, je ne le vois pas autrement
Ce n’est en fait que le prix à payer pour ses nombreux égarements
Cabossée, elle l’était déjà, la blonde dirigeante au cœur de pierre
Et si quelqu’un pense différemment, qu’il me jette la première pierre.

- M’âme Jeanssen, croyez-le ou non, mais rimailler, c’est dur, ayez pitié
Et ne soyez point interloquée, ébahie, je vous en prie, je vous en conjure
Quand de Jean-Philippe Smet, je vous confierai le mot, vrai, je vous le jure
Qui le plus sérieusement a déclaré :« être Johnny Hallyday, c’est un métier ».

On s’était habitué aux déclarations fracassantes de notre impayable idole
Qui font qu’à chaque fois, de haut en bas, violemment on se gondole
En affirmant cette fois que malgré son âge, il joue toujours du rock fort
Il nous offre une perle encore plus goûteuse qu’une tranche de roquefort.

Restons dans la musique car le 29 octobre 1966, qu’on l’ait oublié ou pas,
C’était à l’Olympia les irrémédiables et poignants adieux de l’immense Brel
Que le bruyant et nombreux public chaviré, loin de le prendre pour une brêle
Applaudit longtemps en murmurant tout bas « Non, Jacques, ne me quitte pas »…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire