- Mais enfin quoi
M’âme Jeanssen, je vous vois ici très étonné
Dans la pieuse
lecture d’un magazine profondément plongée
Et depuis dix minutes
que je vous observe, pas un mot proféré
Seriez-vous à ce
point captivée, ou tout simplement enrouée ?
- Non mais qu’est-ce
qu’il me roucoule, le chroniqueur versificateur ?
Prenant le risque de
m’interrompre, ignorant son futur grand malheur
On ne me cause point,
mon joli coco, quand je parcours mon évangile
Que vous traitez à
tort de torche-cul au prétexte de trop d’articles faciles.
- N’en prenez point
ombrage, ô vénérable aînée à la robe chasuble fleurie
Ne croyez pas que je
vous agresse, que de vos nobles lectures je me ris
Car il en faut des
comme vous pour que cette presse puisse imprimer
Sur ce papier glacé que
l‘on garde généralement pour les commodités.
- Je vous préviens,
en y mettant pour le moment les formes, jeune goujat
Cessez incontinent de
persifler, de médire et de jacasser sans raison
Ne venez pas dans mes
louables lectures mettre tout de go le boxon
Cessez donc de me
titiller les castagnettes, sinon va y avoir corrida.
- A vous voir
prestement changée en matador en habit moule-chouquettes
Ma verve se brise
net, nulle envie aujourd’hui de vous prendre la tête
A vous voir assise
là, répandue, sur le fauteuil usé de votre figaro
Je me tais donc, et
cesse incontinent sur le baudet de crier haro
- Vous faites bien,
vous, de la presse à sensation jeune et ignare profane
Si vous ne voulez
demain des carottes simplement sucer les fanes
A cause d’un dentier
édenté fortement amoché par mes coups répétés
De mon sac à main en
imitation de vrai cuir de vinyle entièrement réalisé.
- Ne soyez pas vache,
même si vous en avez les confortables dimensions
Et prêtez-moi donc ce
magazine sans aucune autre forme de précautions
Que je puisse sur le
champ me délecter avec une moue gourmande,
De tous ces articles
croquignolets qui sont à mes yeux autant d’offrandes.
Mais qu’y
lis-je ? C’est inattendu, c’est encore plus chaud qu’au mois d’août
Raymond Domenech
tacle à tout va dans son livre, le dico passionné du foot
D’Anelka à Zahia,
sans manquer une passe, tout y passe, tout y trépasse
Surtout Ribéry qui,
de Zahia, a su assurément apprécier toutes les passes.
- Ah ça, évidemment,
si vous vous prenez à aimer la belle littérature
Ne lisez pas Rimbaud,
Verlaine ou Modiano, ce serait une torture
Faites comme Fleur
Pellerin, adoptez ce genre de saine lecture
Qui vous vide bien
l’esprit, et ne risque pas de vous triturer la hure.
- Suivant vos
conseils avisés, je vais dans le Canard Enchaîné me plonger
Pour découvrir ébaubi
les exorbitants frais de rénovation engagés
Pour l’appartement de
Thierry Lepaon, profiteur il faut bien l’admettre
Réglés par son
syndicat, encore une fois, CGT l’argent par les fenêtres.
Et nullement gêné par
le lièvre, par le Canard prestement levé
Lepaon noyant le
poisson, et glissant comme une vive anguille
Aux journalistes du
coin-coin effarés a ensuite clairement indiqué
Qu’il briguerait un
second mandat, frais et pur comme une jonquille.
Ne vous méprenez pas
sur les louables intentions du dirigeant
Qui souvent à ses
adhérents, raconte du vent et vend du flan
Ce n’est pas par goût
de la lutte qu’il compte encore une fois rempiler
Mais parce que sa
maison de campagne il doit toujours plus rénover.
- Je ne voudrais pas
médire inutilement et encore plus me méprendre
Il me semble que tous
ces magouilleurs, vous voulez les faire pendre
Ce serait justice,
après tout, avouez, et cela ne cesserait de me surprendre
Qu’au final, tout ces
sous, il soit bien obligé jusqu’au dernier de les rendre.
- Il n’y faut point
compter, vous le savez bien, au fond de vous, allez
Malgré vos
vitupérations amères, il est vain que vous vous indigniez
Avec leurs
malversations véreuses, ils nous feront encore bien chier
Insensibles à nos
cris, leur caravane passe pendant que vous râlez.
Et à force d’aboyer
violemment sur tout et surtout sur les immigrés
A la
Celle-Saint-Cloud hier, Marine Le Pen a eu ce qu’elle méritait
Alors que sur un
parking de supermarché, sa voiture était sagement garée
En repartant
prestement, de grosses pierres, elle fut largement caillassée.
- Mais ce n’est que
rançon de la gloire, je ne le vois pas autrement
Ce n’est en fait que
le prix à payer pour ses nombreux égarements
Cabossée, elle
l’était déjà, la blonde dirigeante au cœur de pierre
Et si quelqu’un pense
différemment, qu’il me jette la première pierre.
- M’âme Jeanssen,
croyez-le ou non, mais rimailler, c’est dur, ayez pitié
Et ne soyez point
interloquée, ébahie, je vous en prie, je vous en conjure
Quand de
Jean-Philippe Smet, je vous confierai le mot, vrai, je vous le jure
Qui le plus
sérieusement a déclaré :« être Johnny Hallyday, c’est un
métier ».
On s’était habitué
aux déclarations fracassantes de notre impayable idole
Qui font qu’à chaque
fois, de haut en bas, violemment on se gondole
En affirmant cette
fois que malgré son âge, il joue toujours du rock fort
Il nous offre une
perle encore plus goûteuse qu’une tranche de roquefort.
Restons dans la
musique car le 29 octobre 1966, qu’on l’ait oublié ou pas,
C’était à l’Olympia
les irrémédiables et poignants adieux de l’immense Brel
Que le bruyant et
nombreux public chaviré, loin de le prendre pour une brêle
Applaudit longtemps
en murmurant tout bas « Non, Jacques, ne me quitte pas »…
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