jeudi 23 octobre 2014

Brèves du 23 octobre 2014

« Ja, det var dengang
« Da man sværmed' på den gamle vold
« Med krinoline på og solskinsparasol
« Og hele verden kendte ikke spor til nag og nid
« Det var en yndig tid »

Oui, c’était lorsque vous alliez faire la cour sur les vieilles rives avec des crinolines et des ombrelles, et le monde ne connaissait ni la rancune ni la malice, c’était un temps charmant…

Loin de moi l’idée rétrograde de vous asséner une fois encore ma sempiternelle rengaine du « cétémieuavan », mais force est de constater que ce n’est pas un sentiment récemment éclos au sein du vaste monde… Déjà en 1960, on se prenait à regretter, en chanson, le bon vieux temps, qui était forcément nettement meilleur que l’époque actuelle.

Et pour vous en convaincre, ou tout du moins tenter de charmer les jurys européens qui suivaient la finale du Concours Eurovision 1960, la danoise Katy Bødtger n’avait lésiné ni sur la voix éthérée ni sur la robe à crinoline et ombrelle assortie ; autant vous dire que cela faisait bien démodé déjà l’époque…

C’était un temps charmant, ce temps révolu où l’on pouvait fumer comme des pompiers partout et en toutes circonstances, boire comme des trous avec parfois même l’assentiment des autorités médicales, forniquer à couilles rabattues sans craindre autre chose qu’une bonne chtouille et une bouche de plus à nourrir neuf mois plus tard…

C’était un temps charmant, cette époque où il était possible de déambuler le soir dans les rues sans avoir la peur au ventre de se retrouver en mauvaise compagnie et en slip sur le trottoir… où il était plus facile de parler du téléphone que de parler au téléphone… où l’on devait se contenter de deux chaînes de télé en noir et blanc… où l’on ne mangeait pas forcément de la viande à tous les repas et où le poulet pouvait faire office de mets de choix…

C’était un temps charmant, ces années lointaines où la notion de respect était encore quelque chose de concret et non un vague souvenir, où l’on avait la courtoisie de ne pas étaler à longueur de colonnes les vicissitudes des uns et des autres, où l’on savait ce que le mot « solidarité » signifiait…

Passéiste ? Rétrograde ? Peut-être sur certains points, je le conçois aisément… Mais pensez-vous qu’il soit plus agréable de voir ce qu’on entend et de lire ce qu’on voit de nos jours dans les gazettes ?

Un temps plus agréable, cette décennie où l’on vire une professeur d’art dramatique d’un prestigieux lycée jésuite canadien parce qu’elle a tourné voici cinquante ans un film érotique ? Attention, même pas un film cochon, où l’on aurait vu l’asperge turgescente coulisser dans l’abricot avant de lâcher la mousseline, le duo de magasins à lait concentré effectuer une cravate de notaire, non ! Juste un film qui ne collerait même plus une demi-molle exploitable à un puceau de 15 ans, un truc qui serait diffusable à une heure de grande écoute sans faire de vagues… Faucuterie, quand tu nous tiens…

Une époque plus joyeuse, lorsque l’on entend le Gouvernement et des ex-ministres s’écharper à propos de broutilles insignifiantes, alors que le pays court au devant d’un merdier sans nom avec la grâce et la nonchalance d’une voiture de crash-test lancée à 90 km/h en direction d’un mur de béton ? On se chie dans les bottes au Parti Socialiste, on s’envoie dans la binette des noms d’oiseaux choisis rue de Solférino, on sodomise à sec les diptères alors que tous les jours, des tonnes de français peinent à boucler le mois, avec des revenus sans cesse plus grignotés par les impôts, les taxes et les prélèvements plus ou moins obligatoires… Belle image de la France, en vérité…

Un siècle plus détendu du gland, quand on assiste impuissant et dépité à la guéguerre stérile que tentent de se livrer sénateurs et dépités de tous bords sur la nouvelle carte des régions ? On fait et défait les unions, les fusions, les mariages plus ou moins forcés dans une frénésie technocrate que ne renierait pas Franz Kafka… Il est vrai que la situation actuelle en France impose de faire mumuse avec un découpage qui s’apparente de plus en plus à un charcutage semblable au découpage de la dinde de Noël avec ce fichu couteau à découper qu’on devait mener depuis six mois chez le coutelier pour le faire aiguiser…

Un moment plus charmant, ces années où le climat se déglingue tellement que l’on est encore en tee shirt et tongs en plein mois d’octobre et où, du jour au lendemain, on enfile incontinent les moon-boots pour parer aux premières chutes de neige ? Après plus d’une décade de pluies diluviennes et un week-end quasi-estival où les capagathois ont pu à loisir dévorer de la moule rôtie et de la merguez juteuse à point dans les dunes, on se fade des vents à décorner tous les cocus de la création avec des températures qui rappellent aisément l’ambiance délicieuse d’un congélateur déréglé…

Heureusement, dans ce concert de nouvelles lamentables qui vous donneraient incontinent envie d’ouvrir le gaz de votre cuisinière électrique, surnagent des petites futilités qui motivent pour allumer la télé sur BFM et se régaler de vannes bien senties et de petites phrases assassines… Michel Rocard, toujours vert malgré ses quatre-vingt-quatre printemps aux prunes muscades et jamais avare d’une vacherie sur ses comparses socialistes, déconseille à Pépère de se représenter en 2017 et balance dans la même veine plusieurs vérités sur la dérive de notre pays… C’est qu’il en deviendrait presque éminemment sympatoche, notre « Anaha Big bang » si malmené par Tonton qui lui avait fait bouffer des ronds de chapeaux…

Le 23 octobre 1966, Jimi Hendrix enregistre le fameux « Hey Joe », que Johnny Hallyday aura la mauvaise idée d’adapter en français…

Et le 23 octobre 1970, sort sur les écrans « Le Cercle rouge », un film franco-italien offrant un dernier succès posthume à Bourvil, décédé le 23 septembre précédent. Il y incarne, aux côtés d’Alain Delon et de Gian Maria Volonte, le commissaire Mattei, un rôle sombre pour ce touchant fantaisiste qui a tant su nous faire rire… C’était encore l’époque où l’on pouvait aborder tous les registres en conservant l’adhésion du public… Ah oui, c’était vraiment un temps charmant…

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