« Ja, det var dengang
« Da man sværmed' på den gamle
vold
« Med krinoline på og
solskinsparasol
« Og hele verden kendte ikke
spor til nag og nid
« Det
var en yndig tid »
Oui,
c’était lorsque vous alliez faire la cour sur les vieilles rives avec des
crinolines et des ombrelles, et le monde ne connaissait ni la rancune ni la
malice, c’était un temps charmant…
Loin
de moi l’idée rétrograde de vous asséner une fois encore ma sempiternelle
rengaine du « cétémieuavan », mais force est de constater que ce
n’est pas un sentiment récemment éclos au sein du vaste monde… Déjà en 1960, on
se prenait à regretter, en chanson, le bon vieux temps, qui était forcément
nettement meilleur que l’époque actuelle.
Et
pour vous en convaincre, ou tout du moins tenter de charmer les jurys européens
qui suivaient la finale du Concours Eurovision 1960, la danoise Katy Bødtger
n’avait lésiné ni sur la voix éthérée ni sur la robe à crinoline et ombrelle
assortie ; autant vous dire que cela faisait bien démodé déjà l’époque…
C’était
un temps charmant, ce temps révolu où l’on pouvait fumer comme des pompiers
partout et en toutes circonstances, boire comme des trous avec parfois même
l’assentiment des autorités médicales, forniquer à couilles rabattues sans
craindre autre chose qu’une bonne chtouille et une bouche de plus à nourrir
neuf mois plus tard…
C’était
un temps charmant, cette époque où il était possible de déambuler le soir dans
les rues sans avoir la peur au ventre de se retrouver en mauvaise compagnie et
en slip sur le trottoir… où il était plus facile de parler du téléphone que de
parler au téléphone… où l’on devait se contenter de deux chaînes de télé en
noir et blanc… où l’on ne mangeait pas forcément de la viande à tous les repas
et où le poulet pouvait faire office de mets de choix…
C’était
un temps charmant, ces années lointaines où la notion de respect était encore
quelque chose de concret et non un vague souvenir, où l’on avait la courtoisie
de ne pas étaler à longueur de colonnes les vicissitudes des uns et des autres,
où l’on savait ce que le mot « solidarité » signifiait…
Passéiste ?
Rétrograde ? Peut-être sur certains points, je le conçois aisément… Mais
pensez-vous qu’il soit plus agréable de voir ce qu’on entend et de lire ce
qu’on voit de nos jours dans les gazettes ?
Un
temps plus agréable, cette décennie où l’on vire une professeur d’art
dramatique d’un prestigieux lycée jésuite canadien parce qu’elle a tourné voici
cinquante ans un film érotique ? Attention, même pas un film cochon, où
l’on aurait vu l’asperge turgescente coulisser dans l’abricot avant de lâcher
la mousseline, le duo de magasins à lait concentré effectuer une cravate de
notaire, non ! Juste un film qui ne collerait même plus une demi-molle
exploitable à un puceau de 15 ans, un truc qui serait diffusable à une heure de
grande écoute sans faire de vagues… Faucuterie, quand tu nous tiens…
Une
époque plus joyeuse, lorsque l’on entend le Gouvernement et des ex-ministres
s’écharper à propos de broutilles insignifiantes, alors que le pays court au
devant d’un merdier sans nom avec la grâce et la nonchalance d’une voiture de
crash-test lancée à 90 km/h en direction d’un mur de béton ? On se chie
dans les bottes au Parti Socialiste, on s’envoie dans la binette des noms
d’oiseaux choisis rue de Solférino, on sodomise à sec les diptères alors que
tous les jours, des tonnes de français peinent à boucler le mois, avec des
revenus sans cesse plus grignotés par les impôts, les taxes et les prélèvements
plus ou moins obligatoires… Belle image de la France, en vérité…
Un
siècle plus détendu du gland, quand on assiste impuissant et dépité à la
guéguerre stérile que tentent de se livrer sénateurs et dépités de tous bords
sur la nouvelle carte des régions ? On fait et défait les unions, les
fusions, les mariages plus ou moins forcés dans une frénésie technocrate que ne
renierait pas Franz Kafka… Il est vrai que la situation actuelle en France
impose de faire mumuse avec un découpage qui s’apparente de plus en plus à un
charcutage semblable au découpage de la dinde de Noël avec ce fichu couteau à
découper qu’on devait mener depuis six mois chez le coutelier pour le faire
aiguiser…
Un
moment plus charmant, ces années où le climat se déglingue tellement que l’on
est encore en tee shirt et tongs en plein mois d’octobre et où, du jour au
lendemain, on enfile incontinent les moon-boots pour parer aux premières chutes
de neige ? Après plus d’une décade de pluies diluviennes et un week-end
quasi-estival où les capagathois ont pu à loisir dévorer de la moule rôtie et
de la merguez juteuse à point dans les dunes, on se fade des vents à décorner
tous les cocus de la création avec des températures qui rappellent aisément
l’ambiance délicieuse d’un congélateur déréglé…
Heureusement,
dans ce concert de nouvelles lamentables qui vous donneraient incontinent envie
d’ouvrir le gaz de votre cuisinière électrique, surnagent des petites futilités
qui motivent pour allumer la télé sur BFM et se régaler de vannes bien senties
et de petites phrases assassines… Michel Rocard, toujours vert malgré ses
quatre-vingt-quatre printemps aux prunes muscades et jamais avare d’une
vacherie sur ses comparses socialistes, déconseille à Pépère de se représenter
en 2017 et balance dans la même veine plusieurs vérités sur la dérive de notre
pays… C’est qu’il en deviendrait presque éminemment sympatoche, notre
« Anaha Big bang » si malmené par Tonton qui lui avait fait bouffer
des ronds de chapeaux…
Le
23 octobre 1966, Jimi Hendrix enregistre le fameux « Hey Joe », que
Johnny Hallyday aura la mauvaise idée d’adapter en français…
Et
le 23 octobre 1970, sort sur les écrans « Le Cercle rouge », un film
franco-italien offrant un dernier succès posthume à Bourvil, décédé le 23
septembre précédent. Il y incarne, aux côtés d’Alain Delon et de Gian Maria
Volonte, le commissaire Mattei, un rôle sombre pour ce touchant fantaisiste qui
a tant su nous faire rire… C’était encore l’époque où l’on pouvait aborder tous
les registres en conservant l’adhésion du public… Ah oui, c’était vraiment un
temps charmant…
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