« Ah ! la belle
époque, la belle que voila,
« La belle époque qu’on
a… »
Si Andrée Simons était
encore de ce bas monde, elle serait à n’en pas douter parfaitement éberlufiée de
la belle époque actuelle, notre belle époque… Alors que d’une voix espiègle,
elle énumérait cocassement les traits marquants du début des années 1970 ( on
se telstarise, on se pantymousse, on se téléphone ses petits malheurs, on s’eurovisionne
même en couleurs, et le fameux « on pilulise un peu la vertu » qui a
dû braquer les jurés de la finale belge pour le Concours Eurovision), l’entêtant
refrain simpliste revient en tête comme le tiers provisionnel, les régimes
pré-estivaux et les bouffées de chaleur de la belle-doche ménopausée…
Ah oui, vraiment, quelle
belle époque… Une époque où l’on va accorder une importance démesurée à un
personnage public qui a force de tremper supposément les mains dans le pot de
confiote se voit mis en examen par un duo de juges qu’il prend par la suite
pour des serviettes…
Une époque où l’on en vient
à se questionner sur la possibilité ou non pour les magistrats de se syndiquer…
Quand on vous dit que le syndicat est la pire peste que le monde du travail a
créé…
Une belle époque où l’on
vient à vitupérer publiquement sur l’institution judiciaire… Ah ! il est
bien loin, le temps où la Justice faisait peur, était crainte, et où l’on ne
badinait pas avec les délinquants…
Quelle époque où l’on ne
peut éclairer la radio ou la télé sans tomber immanquablement sur les mêmes
sujets… Dites voir, mis à part le feuilleton judiciaire du Nain et les tirages
de plan sur la comète du Mundial, avez-vous eu des nouvelles diverses et
variées ces jours derniers ?
Non, hein… Que dalle !
Peau de balle ! On veut nous lobotomiser le cervelet avec un gavage insupportable d’informations
orientées et ciblées pour leur vacuité finale… C’est vrai quoi ! Au final,
quelles répercussions pratiques sur notre vie quotidienne des embrouillaminis
de l’Ex ou des exploits espérés de nos connasses en short ? Pas la moindre !
On continuera à manger, boire, fumer, faire l’amour, vivre, mourir…
Ah quelle époque que la
nôtre, droguée à cet opium moderne du sport… Ce soir, grand messe médiatique à
partir de dix-huit heures… La France joue face à l’Allemagne, un match qui a
des relents de poussière, de vert de gris et de mandale teutonne dans la gueule…
Si certains se perdent en conjectures sur l’issue de ce quart de finale, d’autres
rappellent à juste titre le terrible face à face franco-schleux de 1982… Certes,
c’est du passé… Mais les faits sont têtus, et les Bleus ne partent pas favoris
face aux teutons…
Bah, je pourrais être saligaud,
et dire que ce serait tant mieux, et qu’au moins, ça éviterait que nos
connasses en short se chopent d’avantage de MST à aller tremper leurs nouilles
dans les saladiers de carapinha, qu’au moins, on serait libéré de ces
andouilles avinées qui gueulent dans la rue et klaxonnent à tire-larigot… Je
peux comprendre que les Bleus de 1982 n’aient pas eu la niaque… être soutenus
en chanson par Denise Fabre qui braille « Allez la France », faut être
mentalement préparé… Mais j’ai malgré tout envie de dire « Allez les Bleus »…
Je vous préviens, ne me
demandez pas de détails techniques sur le match de ce soir, je ne regarderai
une retransmission du Mundial que si la France arrive en finale… Donc, à bon
entendeur…
Ah la belle époque que nous
vivons ! L’actualité ressemble à s’y méprendre à une partie de ping-pong… On
avance une nouvelle ? Les autorités compétentes (et encore plus souvent
cons-pétantes) s’empressent de démentir… La dernière reprise de volée est à mettre
au compteur (électrique, vraisemblablement) de Ségolène Royal, qui dément avec
toute la forcitude de sa ministritude que les tarifs électriques n’augmenteront
pas… Ben tant mieux pour elle, parce que vu qu’elle met continuellement les
doigts dans la prise, elle risque de douiller question factures…
Epoque bénie puisque nous
sommes enfin rassurés… La ministre de la culture n’est pas complètement inutile
dans le panorama gouvernemental actuel… Aurélie Filipetti a assuré comprendre l’inquiétude
des intermittents du spectacle et la grève votée qui risque de compromettre l’ouverture
du Festival d’Avignon… Mais on te demande pas de comprendre, bécasse ! On
te demande d’agir ! Ah, on en vient décidément à regretter Jack Lang, ses
cols Mao, ses brushings dantesques et le Régécolor brou de noix, et son lifting
« je me suis fait un sac de voyage avec les chutes » !
Mais finalement, ces
remarques aigries sur cette putain d’époque de merde que nous subissons ne
manqueront pas de s’effacer instantanément suite à cet instantané de vie capté
sur le vif, fenêtre ouverte, au bureau, il y a quelques instants…
Vous savez qu’aujourd’hui,
les résultats du bac sont proclamés, et que cette proclamation va présider à
tout un cortège de larmes, de joie ou de dépit… On évitera de dire aux lauréats
que c’est maintenant que la merde commence, il ne faut pas démotiver une
jeunesse française qu’il l’est suffisamment d’elle-même…
« Eh Madame ! J’ai
eu mon bac ! » lança d’une voix encore quelque peu éraillée par les
montées d’hormones, le tarpé d’hier soir et ses supposés dix-huit printemps, à
une passante étonnée mais contente de sa félicité, un jeune homme dont je n’ai
même pas eu l’occasion d’apercevoir la silhouette… Cette spontanéité, cette
fraicheur, cette capacité d’émerveillement… Finalement, ça ferait presque chaud
au cœur et ça permet presque de dire que oui, la belle époque que voila, la
belle époque qu’on a !
Et le 4 juillet 1967, la chanson
« San Francisco » de Scott McKenzie devient un succès international
immédiat… Symbole du flower power, cette chanson symboliserait presque l’insouciance
des vacances, des fleurs dans les cheveux… C’étypacoul, ça ?
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