« Überall,
wo ma hinschaut
« Machen
die Leit Musik
« Oft
wird's verkauft als des, was gar net is
« Dann aber wird's schee einpackt
« Mit
Liachter obendrauf
« Und
wird verschickt als Flucht ins Paradies »
Ach !
Österreich ! Seine majestätischen Wälder, seine bukolischen Landschaften,
sein Kaffee des Bahnhofes, sein Bordell der Große Salopen Straße, ihrer
Hautunterhosen, seine Eurovisions beitrages !
L’Autriche, l’autre
pays du yodel, avec ses chansons eurovisuelles si diverses qu’on pourrait
presque y consacrer un temps nettement plus important que si l’on s’y intéressait
moins que pas du tout… Souvent boudé, à juste titre, par les jurés, l’Autriche n’en
est pas moins un creuset de l’expérimentation eurovisuelle, un têt de la
chanson Eurovision qui va bien, pas terriblement ou franchement pas du tout,
genre combinaison latex en léopard fluo orangé sur une réplique distendue de
Maïté.
Après des
débuts en 1957 avec une chanson vaguement Far-West, le pays de la famille
Strauss (Günther et Ingeborg Strauss, qui descendaient des Sam-Hovar par l’escalier
de service et la corde à nœuds) s’était voluptueusement vautré dans la
canzonetta évoquant les valses viennoises, avec en 1962 une péteuse de Pyrex à
la voix en ultrasons qui fit péter tous les pare-brises à deux lieues à la
ronde. Après un petit sursaut avec quelques chansons sans concessions, l’Autriche
avait schussé dans les classements avec des merdouilles politocardes mal
assumées et des pièces de schlager que même les ringards de l’Oktoberfest auraient
trouvé douteux.
Avec comme
point d’orgue évidemment les trois somnifères pianistiques d’Udo Jürgens au
sommet desquels surnage l’imbitable « Merci Chérie » et l’insupportable
« Rise like a phoenix » qui avait apporté la gloire et des chevilles
comme des poteaux de pont à Josiane Saucisse… Alors, quand l’Autriche vous
cause musique, y a intérêt à l’esgourder velu, surtout lorsque c’est par la
voix gueularde de Marianne Mendt qui glapissait en 1971 et en patois viennois sur
une orchestration lourdasse façon Wagner exécuté par un Karajan sourdingue sous
acide, un « Musik » fort peu digestible auditivement.
« Partout
les gens font de la musique, et c’est parfois vendu pour ce que ce n’est pas,
et on l’emballe joliment avec des loupiottes sur le dessus et c’est soldé pour
un échappatoire pour le paradis… »
Mais non,
mais non, l’Eurovision en 1971 n’avait pas encore la préconscience des
Victoires de la Musique ! Cette imbitable soirée interminable, avec son
défilé ininterrompu de couineuses à larynx en corne de brume, d’invertis pur
sucre avec leur gode dans le derche qui les aide à faire péter le pyrex à
proximité, de groupes improbables qui seraient mieux en clinique de
désintoxication, et de remerciements mal appris par cœur pour être réellement
sincères et surpris…
Eh
oui, encore un soir, il a fallu se tartiner Zaz, ses cheveux graisseux et sa
voix de vidangeuse de fosse septique… Kendji Girac qui aura beau se faire
pousser une barbe de sapeur mais ne fera pas plus virile pour autant… Benjamin Biolay
qui a tout piqué à Gainsbourg, sauf le talent…Et l’incontournable zébulon sur
ressort, Christophe Maé qu’on va tenter comme chaque année de dégommer comme au
ball-trap…
Toujours
le même parterre d’inutiles couteux qui bouffent avec nos impôts, toujours les
mêmes catégories sans queue ni tête avec les mêmes nominés qu’on ne voit que là
et qui disparaissent des ondes pendant les douze mois suivants…
Et
c’est comme ça qu’on se fade Radio Elvis (et pourquoi pas TSF Régine tant qu’à
faire ?) avec son « album révélation » de l’année ;
Vianney, sa micro-guitare, son air niaiseux et sa mèche grasse à la Giscard,
pour la chanson de l’année « Je m’en vais » (mais casse-toi, on ne te
retient pas…) ; Benjamain Biolay et sa tête à cloque ravagé par le guêpes
pour un album de chansons de l’année alors qu’il n’affole jamais ni le haut ni
le bas des hit-parades…
Sans
compter le trophée d’artiste de l’année (vu son état, on ne sait pas si ce sera
celui de l’année prochaine) remis à Renaud (ou ce qu’il en restait), qui en a profité pour terminer l’alcool
à 90 de l’infirmerie mobile…
Et si vous
n’étiez pas complètement abasourdi par autant de beaufitude, de sentiments
frelatés et de mamours factices (la galoche télécommandée de Bruno Guillon à Thomas
Thouroude), vous pouviez toucher le fond du fond façon Pierre Frolla en combi
mouleburnes à la fosse de plongée Y-40 avec, samedi soir, la finale du Festival
de San Remo, qui inspira le Concours de l’Euromachinchose.
Et comme au
bon vieux temps de l’Algérie et des colonies, au bon vieux temps où l’on
rigolait des Bamboula sans se prendre des cocktails Molotov sur le bavoir, le
gagnant du Festival serait le candidat italien à l’Eurovision… Et c’est à
Francesco Gabbani que revient l’honneur d’aller subir les derniers outrages des
fans à Kiev, avec « Occidentali’s karma » un titre très sympatoche qui
pourrait cartonner le 13 mai, surtout s’il porte à nouveau son mohair orange
copié sur la moumoutte à Trump et si le gorille intervient dans la chorégraphie
dézinguée…
Autant dire
que question musique, la rengaine du Con de l’Alma va faire pâle figure si ça n’est
pas remixé à la sauce worcestershire concentrée. Ça n’est pas aussi mauvais qu’une
rengaine de Lisa Angell ou que l’entière discographie de Sandrine Kiberlain,
mais la désagréable impression d’ersatz resucé de « J’ai youhouhou cherché »
qui s’en dégage laisse dubitatif. Bah, il passera de l’eau sous le Pont de l’Alma
d’ici mai…
Il en passera
de l’eau sous le pont avant la grande cacophonie présidentielle, à un point tel
qu’on ne sait pas qui brandira la baguette du chef d’orchestre. Saint Fillion
de Misse Penny-Money ? Marinette et la Première Dauphine ? Hamon avis
et madame ? A propos, sait-on encore s’il y a un chef d’orchestre ?
Pour certains
condidats, en tous cas, il serait bon de prendre le fameux téléski des Bronzés
font du ski, diffusé pour la soixante-quatorzième fois hier soir, avec la
fameuse scène du planter du bâton, la préférée de nombre de téléspectateurs. Au
Commissariat d’Aulnay, aussi…
Et le 13
février 1973 se faisait entendre pour la première fois, au Théâtre du Palais Royal
à Paris, dans « La Cage aux Folles », une pièce qui sera jouée plus
de mille neuf cent fois, excusez du pneu, par Michel Serrault et Jean Poiret,
la fameuse musique de la biscotte. A l’instar de certaines autres musiques qui,
tout pareillement, nous les brisent…
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