« Ein
Lied kann eine Brücke sein
« Und
jeder Ton ist wie ein Stein
« Er
macht sie stark und fest
« Du
kannst darüber gehen
« Andere
verstehen »
Ah ça !
Ça, ça fait partie de mes pêchés mignons, de mes petits plaisirs coupables, de
mes voluptés nanométriques qui font mon bonheur intime et le désespoir auditif
de mes proches…
Ah ! Joy
Fleming, avec ses faux airs de Jacqueline Maillan, rebondie en diable et
particulièrement enjouée, défendant avec un punch débordant « Ein Lied
kann eine Brücke sein », un titre vif et teinté rock, honteusement
sous-noté à l’Eurovision 1975 et redoutablement efficace avec un inoubliable et
pétulant final en anglais ; en un mot, un dopant garanti 100% naturel pour
les lundis matins chafouins et les lendemains de libations démesurées aux têtes
enfouies dans le derche fourrés au pâté…
Ah ! Ces
paroles d’un optimisme débordant d’une joie de vivre typiquement
ouest-allemande (eh oui, il y avait zwei Deutschland à l’époque) fleurant bon
la bière tiède et les sandales en chaussettes de nylon : Une chanson peut
être un pont, et chaque son est comme une pierre. Si on le fait fort et stable,
on peut y marcher, comprendre les autres.
Ah oui, même
de l’autre coté du Rideau de fer, il y avait des auteurs qui ne fumaient pas
que des saucisses de Francfort et du tabac…
Une chanson
peut être un pont ? Ouais, ben comme le chantait Ray Ventura et ses
collégiens à une époque où même Line Renaud était jeune, « ça vaut que d’attraper
la scarlatine, ça vaut mieux que de faire le zouave au pont de l’Alma »…
Pont de l’Alma,
Eurovision, relier deux points, faire une transition… Ne cherchez pas plus
loin, et dites d’ores et déjà un youhouhouhou d’au-revoir à Aminimir qui vient
de perdre sa couronne (non, pas à force de passer sous le bureau d’Edorardo) de
dernier représentant français eurovisuel en date pour la confier à Alma (d’où
le Pont parisien), qui coassera « Requiem » à Kiev.
Ecrit par la
même équipe que la chansonnette sympatoche d’Aminimir, « Requiem »
sent bon la soupe eurovisuelle réchauffée maintes et maintes fois dans la
gamelle de la médiocrité musicale car, même si on nous promet déjà une version
remixée (passer la soupe au mixeur ne la rend pas meilleure, juste un peu moins
grumeleuse), on peut toujours se brosser dans le sens du poil pour améliorer la
gratifiante sixième place de « J’ai cherché ».
Convenu,
déjà-entendu, paroles carton-pâte déjà mille fois remâchées par des goualeuses
oubliées, ça veut faire chic et dans le vent quand des esgourdes parisiennes l’entendent,
ça fait simplement poussiéreux et geignard à l’international…
Et puis, c’est
toujours gai, « Requiem » pour une chanson eurovisuelle. C’est vrai
que la France à l’Eurovision, c’est plutôt gay dans les rangs des hystériques
du falbalas de la chose eurovisuelle qui partent annuellement se ruiner un
string à ululer sous les coups de boutoir du choriste chypriote dans le
gigantesque baisodrome de la Semaine Sainte…
La parenthèse
fraîche, pétillante et au goût du jour de 2016 semble donc refermée avec ce
pavé lourdingue qui se veut classieux, cette gastrauditive flamencocucu-la-praline
qui se réclame du dernier goût du jour, ces bêlements de chèvre en rollers sur
les pavés du Nord un jour de fort verglas qui se veulent variations vocales de
grande classe, et ce clip prétentieux issus des efforts masturbatoires d’un
apprenti étudiant aux éliminatoires des sélections primaires à l’école du
cinoche…
Le Requiem, forme
accusative latine du repos, est une messe catholique précédant un enterrement. Enterrement
des espoirs français de victoire eurovisuelle ?
Et si l‘on
jouait un requiem lors du prochain meeting de campagne de Toutansourcil ? Le
bateau Fillon prend tant et si bien l’eau de toutes parts qu’on se demande si
Frankie et Miss Penny-Money ne devraient pas se reconvertir en Peter et Sloane
de la politique pourrave pour nous refaire le bruyant thème du film sur le gros
bateau qui coule que vagissait avec ses cordes vocales en corne de brume l’orignal
chantant canadien…
Certes, on
pourrait presque regretter l’acharnement médiatique à pousser le monosourcil
sarthois à se jeter du pont (de l’Alma, surtout s’il a entendu « Requiem »)…
Mais quand on s’affirme si intègre, si entier qu’on ne peut s’enfiler un suppo ;
se faire toper pour des valises de biftons aspirés par sa bourgeoise…
Requiem aussi
pour la tranquillité de Saint-Honoré des Vieux Choux-Fleurs et de la Galette
Fourrée ? Ça sent aussi fortement le sapin que le pet foireux dans un
hospice de vieux après une double choucroute pour les amours cachées et
complices du blondinet tambourineur dans le fond des vieilles marmites rétamées
et du brun ténébreux agité du micro. D’un côté Mathieu Gallet fait pression
pour que Closer, le torche-cul sur papier glacé du lundi, retire un article, et
de l’autre, c’est Manu Macaron fourré qui dément sans qu’on le lui ait demandé
toute relation avec le directeur de Radio France…
Requiem également
pour Marinette, dont les magouilles et les arrangements pas toujours très nets
entre les emprunts russes, les emplois bidonnés au parlement et autres
joyeusetés affleurent la surface de la médiatisation comme le crocodile qui
guette sa proie…
Requiem enfin
de l’intégrité anale du pauvre Théo, qui a été accidentellement violé par des
représentants de la Maison Poulaga à Aulnay… Après la fictivité de l’emploi, l’accidentalité
de l’intromission violente d’une matraque dans le virginal trou à pralines d’un
jeune adulte… On attend la définition juridique du viol accidentel… je sens que
Dupond-Moretti, Bibi et les autres corbeaux à bavette vont se marrer deux
minutes…
Ce que ne
firent pas pendant quarante-quatre minutes les spectateurs du Studio des Ursulines
à la première, le 9 Février 1928, du film de Germaine Dulac « La coquille
et le clergyman », d’après un scénario d’Antonin Artaud. Film muet quasi-surréaliste,
et méconnu, ce moyen métrage était-il déjà à l’époque en train de sonner le
glas du film d’auteur et de constituer un requiem sur le pont de l’Alma ?
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