mercredi 2 novembre 2016

Brèves du 02 Novembre 2016

Ma chère tati,

Je sais que tu n’es pas très branchée nouveaux modes de communications, j’ai encore le souvenir que la tablette que t’avait offert le cousin Pacôme à Noël dernier avait connu une fin tragique sous forme de planche à découper, alors je préfère t’écrire cette petite bafouille plutôt que de t’envoyer un message sur le téléphone portable, qui n’est pas le gros combine d’ébonite noir qui certes est portable.

Chère tati, je tenais à te remercier de ton accueil pendant ces quelques jours, dans ton petit chez-toi douillet, coquet et propret. C’est toujours un émerveillement de sentir à pleines narines ces senteurs quasi-oubliées de naphtaline concentrée, de grésil dans les commodités et de lessive de soude dans la cuisine…

Merci également de m’avoir égalé de tes petits plats insurpassables, et inracontables, dont toi seule à le secret, heureusement d’ailleurs… Comment oublier ton inénarrable choucroute de pois-chiches aux filets de stockfish sauce aux fraises rissolées à la mayonnaise de régime ? Comment arriver à se priver de ton inestimable cassoulet de corned-beef aux sardines sauce ananas-raifort ? Je t’avoue qu’on s’en relevait la nuit… mais pas pour en reprendre…

Ah, ma tati ! Que n’aurais-je donné, outre ma collection complète de 78-tours de Mireille Mathieu chantant du folklore polynésien en russe et de posters des premiers adieux de Line Renaud (des fac-similés des peintures rupestres de la Grotte Calvet, en fait), pour pouvoir slurper avec un air de contentement ultime et des bruits de tuyauterie à envoyer au nirvana tout plombier normalement constitué et par trop sensible du robinet, tes nouilles à la margarine et au gruyère de régime trop cuites !

Ne t’offense pas, ma tati ! Aspirer bruyamment les nouilles, avec ces bruits d’égout que Tonton Raymond réussissait à merveille quand il siphonnait le réservoir de la Frégate du voisin parce qu’il avait oublié de faire le plein de la Dauphine (jusqu’à ce qu’il avale une bonne rasade de super), c’est considéré comme très poli, et même recommandé au Japon. Oui, tu me diras avec raison que la tambouille chez les bridés, c’est nippon ni mauvais…

Je dois également te remercier de m’avoir préserver une année encore des manifestations idiotes et citrouillardes de Halloween. Je sais que ton portail électrifié sur du 380 vient à bout de tous les démarcheurs récalcitrants, et si ce n’étaient les hurlements de douleurs des moutards qui jouaient à Claude François, la soirée de lundi fut radieuse. J’ai juste remarqué qu’un Plan Vigimineurs avait été mis en place rue de la Pompe avec douze cars de CRS pour empêcher le passage des garçons un peu trop appétissants jusqu’aux grilles du pavillon de Jean-Marc Morandini… Tu comprendras qu’il faut bien en laisser pour Monsieur le Curé…

Tu sais, ma tati, séjourner chez toi est une sinécure, si l’on ne prête pas trop attention aux boules de neige publicitaires sur le téléviseur du salon et à la toile de Jouy orange sur fond vert-crème de poireau. On peut oublier les trépidations de l’actualité moderne, vu que tu ne reçois encore que les trois chaînes de l’ORTF avec les infos de Zitrone revues et corrigées par Peyrefitte…

Plus besoin de choisir entre Hanouna et Morandini, entre la tante berbère et la couscoussière sous pression, ou comme le dit Dave, l’ami d’Edam, entre la peste et le choléra. Il va finir par nous décrocher le Prix Nobel, la meule de gouda…

Pas de prix Nobel de la courtoisie et de la délicatesse chez nos hommes politiques, ma tati. Je sais que tu t’entêtes à demander avec insistance le retour de Georges Pompidou, ce ne sera pas pour tout de suite, il a encore quelques anthologies poétiques à rédiger… Mais nos guignols politocards écrivent chaque jour l’anthologie de l’indécence exponentielle. Entre Laurent Wauquiez, la honteuse qui fait pédé avec des homosexuels mâles, qui plaisante sur la mort de François Hollande, « qui ne serait pas une mauvaise affaire », et le staff du nain hongrois à talonnettes qui publie sur le blog de l’énervé de l’omoplate la nécro de Juppé à l’occasion de la fête des citrouilles, je t’avoue que ça donne véritablement envie de foutre une bombe à l’Assemblée un jour de séance plénière…

De toute façon, Flamby ne pourra pas descendre plus bas dans les sondages, quoi qu’il en soit capable. Ah oui, c’est vrai que tu n’es pas très familiarisée avec les pourcentages, et que dix pour cent de pénalité aux impôts te paraissent une aubaine. Alors, pour te faire une idée de ce que peuvent bien représenter 4% de français satisfaits, je te dirais que c’est environ 160.000 personnes, soit la taille d’une ville comme Toulon… C’est te dire l’étendue de sa popularité… Je serais Juste Imbibé (le Luis Mariano enroué de nos générations de pisseuses hystériques), je me ferai du souci…

Ma tati, tu connais mes goûts pour les objets inhabituels, insolites voire curieux, et tu t’es étonnée que je loue à grands renforts de superlatifs laudatifs ta collection de sous-bocks en chachlick mercerisé tricoté au point de croix renforcé. Mais je pense avoir dégoté sur ebay, c’est un site internet d’enchères où tu achètes à prix d’or des trucs inutiles et où tu refourgueras dès le 26 décembre tes cadeaux de Noël pourraves, le summum du kitsch : revendu par un dmeandeur d’asile, un bébé de quelques semaines, très peu servi, presque propre malgré une consommation de couches inquiétante, à un prix d’appel de 5.000 euros.

Tu te rends compte du scandale ! 5.000 euros un bébé ! Cinq mille euros un sac à bave, un réservoir de pisse intarissable, une station d’épuration ambulante qui vagit comme trois sirènes d’alerte atomique toutes les nuits ? Y en a qui ont le sado-maso dépensier… Perso, j’achète le dernier album de Louane, je le fais jouer à plein volume, et j’ai le même résultat pour moins de quinze euros…

Ma tati, pardonne-moi mais je t’ai subtilisé ton Ici-Dimanche fauché chez ta coiffeuse : il contenait trois informations qu’il m’a paru essentiel de mettre en lumière façon interrogatoire au 36 Quai des Orfèvres : Tout d’abord le Royaume du Maroc en émoi après la mort tragique d’un vendeur de poisson broyé par une benne. Faut les comprendre, les couscoussières : on se demande si le bâtonnet Findus d’hier soir n’avait pas un arrière-goût de merguez…

Ensuite, le chat offert par Marinette à Bobby Ménard qui saccage l’appartement de l’édile biterrois et terrifie son labrador… Il a été élevé en camp de concentration, ou bien ?

Enfin, l’UNESCO a trouvé l’arme ultime contre Daesh sans bouillir, le fléau intergalactique qui va réduire les enturbannés à néant en moins de temps qu’il ne faut à Kendji, la Gitane sans filtre, pour apprendre à chanter à peu près juste, c’est-à-dire deux ans : ils ont nommé porte-parole contre la radicalisation Céline Dion… On table sur un KO technique à la douzième chanson…

Et le 2 novembre 1979, à quinze heures quinze, c’était le KO terminal Porte de Clignancourt pour l’homme aux mille visages, Jacques Mesrine, qui finit truffé aux pruneaux au volant de sa BMW immatriculée « 83 CSG 75 ». Un gangster qui attache sa ceinture de sécurité et qui roule dans une berline évoquant un futur impôt… Tu diras ce que tu voudras, ma tati, mais y a plus de mitan ! Quelle époque !

Vivement que je revienne faire un tour dans ton espace temps décalé…

Je t’embrasse ma tati.

Ton Groniqueur.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire