Que Calliope
en son sein nourricier veuille bien m’accueillir quelques instants, et qu’après
en avoir goulument extirpé le substantifique nanan, elle me permette devant vos
yeux ébaubis et vos esgourdes frétillantes comme un éperlan à la criée du Vieux
Port de ressusciter Anne-Marie Carrière, plantureuse chansonnière oubliée qui
écrabouillait la suprématie masculine à grands coups alexandrins, pas toujours
réguliers, il faut bien l’avouer.
La vie c’est
toujours la même chanson, confessait-elle dans son sketch « Le disque sur
mesure », où elle prenait un plaisir manifeste à rapprocher les menus
évènements de la vie quotidienne des chansons à la mode de l’époque…
L’époque a
bien évolué ; nous podcastons le dernier buzz du net d’un inverti pur
sucre récemment marié à son producteur au lieu de mettre sur le Teppaz du salon
le tout nouveau EP d’un célibataire endurci. Mais le leitomtiv d’Anne-Marie
Carrière est on ne peut plus vivide : il existe pour chaque situation une
chanson qui lui sied comme un gant à un pis de vache.
Alors,
dégainez le vieil électrophone de Tante Marthe, chargez sur le changeur
automatique de disque la pile de vinyles usagés ou encore pimpants qui vous est
livré avec ces lignes, et en voiture Simone !
En ouverture,
tel le célébrissime « Te Deum » de Charpentier inaugurait dans la
pompe cuivrée les transmissions en Eurovision, je verrais assez une reprise
colorée de la chanson des Sept Nains « Heigh ho, heigh, oh, on a fait not’
boulot », en hommage aux sept spécimens de politocards qui se sont
joyeusement étripé durant la Primaire de la Droite…
Oui, ils ont
fait leur boulot, et pour certains d’entre eux, ils vont d’ores et déjà
retourner au charbon dans la mine. Tandis que d’autres vont lâcher le frein du
wagonnet et attendre de se retrouver au fond de la grotte…
La soirée des
résultats du premier tour fut une véritable comédie musicale avec toute une
gamme de morceaux aussi variés que les impétrants étaient avariés.
Dès les
premières tendances, Fillon et Juppé entonnèrent en cœur « I shot the
sheriff » en hommage au grand petit homme qui devait quitter
précipitamment l’aventure…
Evidemment,
la troisième place de l’échantillon ex-élyséen peut surprendre, alors que l’on
entend l’inoubliable « Bye, bye » de Line Renaud sur la platine… Le
petit Nicolas est enfin en parfaite osmose avec Carlita : il manque de
voix…
Qu’il a
cependant partiellement retrouvé pour annoncer une nouvelle fois son retrait de
la vie politique, sur les motifs de « Ce n’est qu’un au-revoir mes frères »…
Alors que les français lui ont clairement signifié « Non, à jamais sans
toi », comme la chanson suisse de l’Eurovision 1965.
Sarko, c’est
l’éternel départ qui précède l’éternel retour ; il nous a déjà fait le
coup en 2012, il nous le refera bien dans quelques mois, quand la France sera
dans le ruisseau ou la mouise, se fera charmeur et nous susurrera façon Gilbert
Bécaud « Je reviens te chercher »…
Si l’on se
braque sur les ténors de cette primaire, il ne faut évidemment pas oublier de
saluer la mémoire politique des petits candidats, les plantes vertes qui ont
permis de donner un vernis démocratique.
Sur les
motifs de « Pull Marine », accueillons Jean-François « Chocolatine »
Copé, qui a touché le fond de la piscine avec ses 0,3 % dignes d’un candidat de
parti néo-libertaire cryptoécologiste et anarchicomarxiste. Le Meldois (bien
profond) a réussi l’exploit de récolter plus de cinq fois moins de voix que
Jean-Frédéric Poisson le « Qui c’est celui-là » du scrutin. Cinq fois
moins que Poisson, c’est plus de la friture, c’est carrément du plancton.
Avant le
procès Bygmalion, Jeff pourra toujours écumer les bals de province avec son
imitation de Joe Dassin dans « Le petit pain au chocolat » à quinze
centimes…
Mais je vois
que déjà, le prochain disque est prêt, et vu que c’est un 30 centimètres, on va
le sentir passer… Oui, laissez passer le grand vainqueur, le triomphateur du
vote, le Jules César de la Primaire : François Fillon, le pot de rillettes
mormones, l’opéré du sourire, le dépressif 24/7, la promesse d’une France en
noir et blanc en 625 lignes…
Si Oldelaf
nous régalait sur les ondes d’Europe n° 1 de ses « Tristitudes » à
hurler de rire, il va bientôt falloir écrire les Fillonites…
Voter Fillon,
c’est vouloir regarder l’ORTF en noir et blanc,
C’est rouler
en Fuego diesel pendant cinq ans,
C’est vouloir
boire du Tang à tous les repas,
Et ça fait
mal
Voter Fillon,
c’est écouter Jean-Pierre François dans son walkman,
C’est perdre
son Bibop au Prisunic,
C’est prendre
son pied avec son Minitel
Et ça fait
mal
Voter Fillon,
c’est réclamer le retour de Denise Fabre
C’est
regarder Midi-Première avec Danièle Gilbert
C’est acheter
un 33-tours de Clayderman
Et ça fait
mal
Voter Fillon,
c’est baiser le samedi soir en fixe-chaussettes
C’est prier
Sainte Thérèse pendant le coït
Et ne pas
avaler quand on va communier,
Et ça gicle
bien
Voter Fillon,
c’est le retour des pédés au pilori,
C’est un bond
de cinquante années dans le passé,
C’est le
retour de la censure à la télé
Et ça fait
chier…
Et puisque c’est
le disque du générique d’Astralement vôtre qui joue, si je vous faisais
quelques prévisions ? Oh, je n’ai pas le talent de Pépère qui avait assuré
que le mormon sarthois n’avait absolument aucune chance, mais je me dit qu’avec
le soutien de Sarko, de Raticha Dati et d’autres pourris, il se peut que le
second tour réserve des surprises… En tous cas, si le pot de rillettes avarié
part au casse-pipe, préparez-vous à bouffer de la rose bleue…
Et si le goût
vous en est amer en arrière-bouche, n’hésitez pas, et faites comme Vernon Sullivan,
ainsi qu’il le publia le 21 novembre 1946, et allez lâcher un mollard sur les
pierres mortuaires. C’est à cette cdate que Boris VBian, sous pseudonyme,
publia ce roman cru et violent « J’irai cracher sur vos tombes ».Et
dimanche prochain, j’irai cracher dans vos urnes ?
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