lundi 21 novembre 2016

Brèves du 21 Novembre 2016

Que Calliope en son sein nourricier veuille bien m’accueillir quelques instants, et qu’après en avoir goulument extirpé le substantifique nanan, elle me permette devant vos yeux ébaubis et vos esgourdes frétillantes comme un éperlan à la criée du Vieux Port de ressusciter Anne-Marie Carrière, plantureuse chansonnière oubliée qui écrabouillait la suprématie masculine à grands coups alexandrins, pas toujours réguliers, il faut bien l’avouer.

La vie c’est toujours la même chanson, confessait-elle dans son sketch « Le disque sur mesure », où elle prenait un plaisir manifeste à rapprocher les menus évènements de la vie quotidienne des chansons à la mode de l’époque…

L’époque a bien évolué ; nous podcastons le dernier buzz du net d’un inverti pur sucre récemment marié à son producteur au lieu de mettre sur le Teppaz du salon le tout nouveau EP d’un célibataire endurci. Mais le leitomtiv d’Anne-Marie Carrière est on ne peut plus vivide : il existe pour chaque situation une chanson qui lui sied comme un gant à un pis de vache.

Alors, dégainez le vieil électrophone de Tante Marthe, chargez sur le changeur automatique de disque la pile de vinyles usagés ou encore pimpants qui vous est livré avec ces lignes, et en voiture Simone !

En ouverture, tel le célébrissime « Te Deum » de Charpentier inaugurait dans la pompe cuivrée les transmissions en Eurovision, je verrais assez une reprise colorée de la chanson des Sept Nains « Heigh ho, heigh, oh, on a fait not’ boulot », en hommage aux sept spécimens de politocards qui se sont joyeusement étripé durant la Primaire de la Droite…

Oui, ils ont fait leur boulot, et pour certains d’entre eux, ils vont d’ores et déjà retourner au charbon dans la mine. Tandis que d’autres vont lâcher le frein du wagonnet et attendre de se retrouver au fond de la grotte…

La soirée des résultats du premier tour fut une véritable comédie musicale avec toute une gamme de morceaux aussi variés que les impétrants étaient avariés.

Dès les premières tendances, Fillon et Juppé entonnèrent en cœur « I shot the sheriff » en hommage au grand petit homme qui devait quitter précipitamment l’aventure…

Evidemment, la troisième place de l’échantillon ex-élyséen peut surprendre, alors que l’on entend l’inoubliable « Bye, bye » de Line Renaud sur la platine… Le petit Nicolas est enfin en parfaite osmose avec Carlita : il manque de voix…

Qu’il a cependant partiellement retrouvé pour annoncer une nouvelle fois son retrait de la vie politique, sur les motifs de « Ce n’est qu’un au-revoir mes frères »… Alors que les français lui ont clairement signifié « Non, à jamais sans toi », comme la chanson suisse de l’Eurovision 1965.

Sarko, c’est l’éternel départ qui précède l’éternel retour ; il nous a déjà fait le coup en 2012, il nous le refera bien dans quelques mois, quand la France sera dans le ruisseau ou la mouise, se fera charmeur et nous susurrera façon Gilbert Bécaud « Je reviens te chercher »…

Si l’on se braque sur les ténors de cette primaire, il ne faut évidemment pas oublier de saluer la mémoire politique des petits candidats, les plantes vertes qui ont permis de donner un vernis démocratique.

Sur les motifs de « Pull Marine », accueillons Jean-François « Chocolatine » Copé, qui a touché le fond de la piscine avec ses 0,3 % dignes d’un candidat de parti néo-libertaire cryptoécologiste et anarchicomarxiste. Le Meldois (bien profond) a réussi l’exploit de récolter plus de cinq fois moins de voix que Jean-Frédéric Poisson le « Qui c’est celui-là » du scrutin. Cinq fois moins que Poisson, c’est plus de la friture, c’est carrément du plancton.

Avant le procès Bygmalion, Jeff pourra toujours écumer les bals de province avec son imitation de Joe Dassin dans « Le petit pain au chocolat » à quinze centimes…

Mais je vois que déjà, le prochain disque est prêt, et vu que c’est un 30 centimètres, on va le sentir passer… Oui, laissez passer le grand vainqueur, le triomphateur du vote, le Jules César de la Primaire : François Fillon, le pot de rillettes mormones, l’opéré du sourire, le dépressif 24/7, la promesse d’une France en noir et blanc en 625 lignes…

Si Oldelaf nous régalait sur les ondes d’Europe n° 1 de ses « Tristitudes » à hurler de rire, il va bientôt falloir écrire les Fillonites…

Voter Fillon, c’est vouloir regarder l’ORTF en noir et blanc,
C’est rouler en Fuego diesel pendant cinq ans,
C’est vouloir boire du Tang à tous les repas,
Et ça fait mal
Voter Fillon, c’est écouter Jean-Pierre François dans son walkman,
C’est perdre son Bibop au Prisunic,
C’est prendre son pied avec son Minitel
Et ça fait mal
Voter Fillon, c’est réclamer le retour de Denise Fabre
C’est regarder Midi-Première avec Danièle Gilbert
C’est acheter un 33-tours de Clayderman
Et ça fait mal
Voter Fillon, c’est baiser le samedi soir en fixe-chaussettes
C’est prier Sainte Thérèse pendant le coït
Et ne pas avaler quand on va communier,
Et ça gicle bien
Voter Fillon, c’est le retour des pédés au pilori,
C’est un bond de cinquante années dans le passé,
C’est le retour de la censure à la télé
Et ça fait chier…

Et puisque c’est le disque du générique d’Astralement vôtre qui joue, si je vous faisais quelques prévisions ? Oh, je n’ai pas le talent de Pépère qui avait assuré que le mormon sarthois n’avait absolument aucune chance, mais je me dit qu’avec le soutien de Sarko, de Raticha Dati et d’autres pourris, il se peut que le second tour réserve des surprises… En tous cas, si le pot de rillettes avarié part au casse-pipe, préparez-vous à bouffer de la rose bleue…

Et si le goût vous en est amer en arrière-bouche, n’hésitez pas, et faites comme Vernon Sullivan, ainsi qu’il le publia le 21 novembre 1946, et allez lâcher un mollard sur les pierres mortuaires. C’est à cette cdate que Boris VBian, sous pseudonyme, publia ce roman cru et violent « J’irai cracher sur vos tombes ».Et dimanche prochain, j’irai cracher dans vos urnes ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire