Effectivement, mon cher Joseph Pasteur, je me trouve
actuellement devant les fameuses marches du Palais des Festivals, à Cannes, où
le soleil nous honore de sa présence en dardant ses rayons acérés sur les
moelleux capitons du tapis rouge qui coule en flots majestueux sur plus de cent
vingt-six mètres et une poignée de centimètres, comme vous le montrent les
caméras de Jean-Pierre Spiero.
Et je vous confie in
petto et in ze poste que depuis l’ouverture officielle, hier soir, au cours
d’une cérémonie des plus brillantes où se pressaient des convives presque aussi
brillantes, et ce n’est pas à cause de l’oubli de leur fond de teint, de ce 69ème
Festival de Connes ; les starlettes à moitié dévetues telles des hétaîres
de la Belle Epoque
ont les genoux qui luisent et les lèvres affreusement déformées en d’effrayants
rictus ovales, tant les allers-retours sur les moquettes synthétiques des
suites du Martinez furent frénétiques et les calibres à ingérer monstrueusement
dotés.
Mesdames et messieurs, bonsoir, ici l’équivalent des onze
souverains européens régnants, puisque je vous rappelle qu’il est indépendant
de ma volonté si les onze y trônent, qui vous parle en direct et en Eurovision
depuis la métropole incontestée et très contestable des pique-assiettes professionnels
et des actrices sur le retour qui en tentent un énième avant de finir à Pont
Aux Dames.
Pendant dix jours et autant de nuits nous aurons le plaisir
chers amis téléspéctateurs de vibrer à l’unisson de ce ramassis de pétasses
emperlousées comme des sapins de Noël, de mémères qui sentent le sapin et la
couche culotte remplie, de metteurs en scène moldo-slovaques qui puent de la
bouche à un point tel qu’on se demande s’ils n’ont pas confondu les toasts de
caviar sevruga de Pétrossian avec la litière du chat, et des bataillons
d’acteurs en devenir qui pencheront soit pour être des has-been sans avoir pris
le temps d’en être, soit pour terminer dans des cabines de doublages louches
sentant le renfermé, le fromage rassis et le sperme figé.
Cannes, mirador de l’actualité du film chiant, du
court-métrage vomitif et du documentaire branlatoire ; Cannes, mausolée
des toilettes à vingt-six boules la demi-robe de soirée, des cocktails onéreux
où l’on croisera forcément Jack Lang, Jeanne Moreau et Catherine Deneuve,
l’éternelle rénovation en cours du cinéma français ; Cannes, catalogue
vivant des chirurgiens esthétiques européens, où les lèvres en formes de
butoirs de pare-chocs côtoient les paires de nibards siliconées, les liftings
surtendus qui vous repositionnent le tablier de sapeur en barbe à la Léon Gambetta, et les vulves réchappées
pour faire passer les pires marie-salopes de la profession pour des
saintes-nitouches à peine déniaisées…
Il m’a été confié, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, à
l’oreille par le truchement de la bouche de mon interlocuteur, que cette 69ème
édition ne devrait normalement pas se terminer sur un monstrueux tête-à-queue,
ce qui, avouons-le, peut s’avérer plutôt gênant, l’un dans l’autre…
Qu’importe, chers amis téléspectateurs, puisque nous sommes
ici pour assister à la belle fête du cinéma, un cinéma aux films flamboyants
qui, s’ils ont l’insolente chance de toucher un jour les salles obscures
hexagonales, quitteront l’affiche avant même que la colle n’ait commencé à
sécher. Et je prends la peine de vous préciser en toute confidence que la vie,
elle aussi, c’est souvent du cinéma.
Que l’on ne se méprenne pas sur mes propose ; je ne nie
en aucune manière qu’il peut être particulièrement douloureux de se la coincer
dans la fermeture éclair du jean poutre apparente que vous remontez avec votre
vigueur habituelle, ou de s’apercevoir rendus à la frontière basque, au poste
de péage de Saint-Imanol-de-L’Izzara-Zou, que vous avez oublié votre belle-mère
et la remorque du break 404 à l’aire de repos de Phalempin-Est, aux environs de
Lille…
Je puis ainsi vous proposer un remake assez osé, mais ô
combien fidèle du fameux « Dernier Tango à Paris » et de la non moins
fameuse scène du beurre Charente-Poitou (ça rentre partout, me demande de
préciser Marc-Olivier Fogiel) avec le « Dernier 49-3 à Manu »
figurant un plan-séquence de sodomie à grande échelle où le Premier Sinistre
décapsule la rondelle aux Français dans leur ensemble…
Ou bien, si vous aimez les films de Charles Chaplin, ne ratez
pas la projection privée du « Dictateur » en version modernisée, avec
en vedette Manuel Valls, qui envoie des SMS en direct aux journalistes de BFMTV
pour exprimer son mécontentement… Ah ! mécherzamis, cela me rappelle le
temps béni de l’ORTF où Monsieur Alain Peyrefitte et ses méga-esgourdes
s’invitaient au journal pour nous expliquer comment l’information devait être
présentée, selon l’évangile selon Saint-Charles de Gaulle…
Si vous avez la fibre cinéphile, je vous conseille par
ailleurs l’excellent long-métrage « La Zizanie », orchestré de main de maître par
Manu Macaron, le tambourineur de vieux pots cabossés, dont les canines
présidentielles sont désormais clairement visibles, et qui fait grincer les
dentiers des pachydermes de la rue Soléfrino.
Si vous aimâtes l’évocation historique du masque de fer,
avec dans le rôle principal Mademoiselle Jean Marais, vous goûterez à vous en
détremper la culotte la suite de la série « Le masque de fer et
l’ouvre-boîte », passionnant thriller historique où l’on découvre après
une évocation de trois heures cinquante psalmodiée en islandais gothique par
Franck Ferrand que l’homme masqué était en fait un valet de Mazarin. Comme
aurait Shakespeare écoutant le dernier album de Louane, beaucoup de bruit pour
rien…
Par contre, si vos goûts artistiques, que l’on pourra à
l’envi et au choix, estimer discutables vous portent vers le documentaire
glauque, vous choisirez évidemment ce splendide reportage filmé caméra au poing
dans les conditions du direct sur Périscope par une jeune essonnienne sur un
suicide par jet sous le métro. Il est dommage cependant que la jeune
réalisatrice prometteuse ait également été le sujet du reportage…
Enfin, puisqu’il faut bien rire un peu, je vous propose la
nouvelle version du Cornaud avec Brice Hortefeux, qui, contrôlé à 170 km/h au
lieu des 110 autorisés par un douanier qui croyait à un go-fast sur l’A 75, a
furieusement engueulé le gabelou qui le contrôlait, et s’est barré sans retrait
de point ni amende. C’est vrai quoi, si la Police fait son boulot, ou va-t-on…
Comme le disait fort justement Jean de la Fontaine, selon que vous serez
puissant ou misérable…
Avant que de vous rendre l’antenne, et les petits fours
avariés que l’on m’a servi au buffet de Canal +, je vous signale cette saynète
burlesque « Graham flingue l’Eurovision ». Le commentateur anglais du
Concours, un genre de Terry Wogan gay, a estimé stupide la participation
australienne. Définitivement, les anglais, au surplus lorsqu’ils aiment à
élargir le cercle de leurs relations, ne sont pas une nationalité, ils sont un
cas…
Avant de vous quitter tout à fait, je vous rappelle ce soir
la diffusion en grande pompe sur France 4 et la présentation par la grande
pompée Jarry de la seconde demi-finale du Concours Eurovision 2016. Et je
rafraichis votre mémoire en vous indiquant que le 12 mai 2001, au sein de
l’immense Parken de Copenhague, le Concours Eurovision couronnait l’Estonie avec
une pochade bien oubliable « Everybody », interprétée par Tanel
Padar, Dave Benton et le groupe 2XL. « Everybody », ce qui veut dire
tout le monde… Il est lumineux que tout le monde votât pour eux…
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