jeudi 12 mai 2016

Brèves du 12 Mai 2016

Effectivement, mon cher Joseph Pasteur, je me trouve actuellement devant les fameuses marches du Palais des Festivals, à Cannes, où le soleil nous honore de sa présence en dardant ses rayons acérés sur les moelleux capitons du tapis rouge qui coule en flots majestueux sur plus de cent vingt-six mètres et une poignée de centimètres, comme vous le montrent les caméras de Jean-Pierre Spiero.

Et je vous confie in petto et in ze poste que depuis l’ouverture officielle, hier soir, au cours d’une cérémonie des plus brillantes où se pressaient des convives presque aussi brillantes, et ce n’est pas à cause de l’oubli de leur fond de teint, de ce 69ème Festival de Connes ; les starlettes à moitié dévetues telles des hétaîres de la Belle Epoque ont les genoux qui luisent et les lèvres affreusement déformées en d’effrayants rictus ovales, tant les allers-retours sur les moquettes synthétiques des suites du Martinez furent frénétiques et les calibres à ingérer monstrueusement dotés.

Mesdames et messieurs, bonsoir, ici l’équivalent des onze souverains européens régnants, puisque je vous rappelle qu’il est indépendant de ma volonté si les onze y trônent, qui vous parle en direct et en Eurovision depuis la métropole incontestée et très contestable des pique-assiettes professionnels et des actrices sur le retour qui en tentent un énième avant de finir à Pont Aux Dames.

Pendant dix jours et autant de nuits nous aurons le plaisir chers amis téléspéctateurs de vibrer à l’unisson de ce ramassis de pétasses emperlousées comme des sapins de Noël, de mémères qui sentent le sapin et la couche culotte remplie, de metteurs en scène moldo-slovaques qui puent de la bouche à un point tel qu’on se demande s’ils n’ont pas confondu les toasts de caviar sevruga de Pétrossian avec la litière du chat, et des bataillons d’acteurs en devenir qui pencheront soit pour être des has-been sans avoir pris le temps d’en être, soit pour terminer dans des cabines de doublages louches sentant le renfermé, le fromage rassis et le sperme figé.

Cannes, mirador de l’actualité du film chiant, du court-métrage vomitif et du documentaire branlatoire ; Cannes, mausolée des toilettes à vingt-six boules la demi-robe de soirée, des cocktails onéreux où l’on croisera forcément Jack Lang, Jeanne Moreau et Catherine Deneuve, l’éternelle rénovation en cours du cinéma français ; Cannes, catalogue vivant des chirurgiens esthétiques européens, où les lèvres en formes de butoirs de pare-chocs côtoient les paires de nibards siliconées, les liftings surtendus qui vous repositionnent le tablier de sapeur en barbe à la Léon Gambetta, et les vulves réchappées pour faire passer les pires marie-salopes de la profession pour des saintes-nitouches à peine déniaisées…

Il m’a été confié, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, à l’oreille par le truchement de la bouche de mon interlocuteur, que cette 69ème édition ne devrait normalement pas se terminer sur un monstrueux tête-à-queue, ce qui, avouons-le, peut s’avérer plutôt gênant, l’un dans l’autre…

Qu’importe, chers amis téléspectateurs, puisque nous sommes ici pour assister à la belle fête du cinéma, un cinéma aux films flamboyants qui, s’ils ont l’insolente chance de toucher un jour les salles obscures hexagonales, quitteront l’affiche avant même que la colle n’ait commencé à sécher. Et je prends la peine de vous préciser en toute confidence que la vie, elle aussi, c’est souvent du cinéma.

Que l’on ne se méprenne pas sur mes propose ; je ne nie en aucune manière qu’il peut être particulièrement douloureux de se la coincer dans la fermeture éclair du jean poutre apparente que vous remontez avec votre vigueur habituelle, ou de s’apercevoir rendus à la frontière basque, au poste de péage de Saint-Imanol-de-L’Izzara-Zou, que vous avez oublié votre belle-mère et la remorque du break 404 à l’aire de repos de Phalempin-Est, aux environs de Lille…

Je puis ainsi vous proposer un remake assez osé, mais ô combien fidèle du fameux « Dernier Tango à Paris » et de la non moins fameuse scène du beurre Charente-Poitou (ça rentre partout, me demande de préciser Marc-Olivier Fogiel) avec le « Dernier 49-3 à Manu » figurant un plan-séquence de sodomie à grande échelle où le Premier Sinistre décapsule la rondelle aux Français dans leur ensemble…

Ou bien, si vous aimez les films de Charles Chaplin, ne ratez pas la projection privée du « Dictateur » en version modernisée, avec en vedette Manuel Valls, qui envoie des SMS en direct aux journalistes de BFMTV pour exprimer son mécontentement… Ah ! mécherzamis, cela me rappelle le temps béni de l’ORTF où Monsieur Alain Peyrefitte et ses méga-esgourdes s’invitaient au journal pour nous expliquer comment l’information devait être présentée, selon l’évangile selon Saint-Charles de Gaulle…

Si vous avez la fibre cinéphile, je vous conseille par ailleurs l’excellent long-métrage « La Zizanie », orchestré de main de maître par Manu Macaron, le tambourineur de vieux pots cabossés, dont les canines présidentielles sont désormais clairement visibles, et qui fait grincer les dentiers des pachydermes de la rue Soléfrino.

Si vous aimâtes l’évocation historique du masque de fer, avec dans le rôle principal Mademoiselle Jean Marais, vous goûterez à vous en détremper la culotte la suite de la série « Le masque de fer et l’ouvre-boîte », passionnant thriller historique où l’on découvre après une évocation de trois heures cinquante psalmodiée en islandais gothique par Franck Ferrand que l’homme masqué était en fait un valet de Mazarin. Comme aurait Shakespeare écoutant le dernier album de Louane, beaucoup de bruit pour rien…

Par contre, si vos goûts artistiques, que l’on pourra à l’envi et au choix, estimer discutables vous portent vers le documentaire glauque, vous choisirez évidemment ce splendide reportage filmé caméra au poing dans les conditions du direct sur Périscope par une jeune essonnienne sur un suicide par jet sous le métro. Il est dommage cependant que la jeune réalisatrice prometteuse ait également été le sujet du reportage…

Enfin, puisqu’il faut bien rire un peu, je vous propose la nouvelle version du Cornaud avec Brice Hortefeux, qui, contrôlé à 170 km/h au lieu des 110 autorisés par un douanier qui croyait à un go-fast sur l’A 75, a furieusement engueulé le gabelou qui le contrôlait, et s’est barré sans retrait de point ni amende. C’est vrai quoi, si la Police fait son boulot, ou va-t-on… Comme le disait fort justement Jean de la Fontaine, selon que vous serez puissant ou misérable…

Avant que de vous rendre l’antenne, et les petits fours avariés que l’on m’a servi au buffet de Canal +, je vous signale cette saynète burlesque « Graham flingue l’Eurovision ». Le commentateur anglais du Concours, un genre de Terry Wogan gay, a estimé stupide la participation australienne. Définitivement, les anglais, au surplus lorsqu’ils aiment à élargir le cercle de leurs relations, ne sont pas une nationalité, ils sont un cas…

Avant de vous quitter tout à fait, je vous rappelle ce soir la diffusion en grande pompe sur France 4 et la présentation par la grande pompée Jarry de la seconde demi-finale du Concours Eurovision 2016. Et je rafraichis votre mémoire en vous indiquant que le 12 mai 2001, au sein de l’immense Parken de Copenhague, le Concours Eurovision couronnait l’Estonie avec une pochade bien oubliable « Everybody », interprétée par Tanel Padar, Dave Benton et le groupe 2XL. « Everybody », ce qui veut dire tout le monde… Il est lumineux que tout le monde votât pour eux…

A vous les studios, à vous Cognacq Jay !

 

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