« Oui t'exagèr's, tu l'sais maint'nant
« Parfois je voudrais t'étrangler
« Dieu que t'as changer en cinq ans
« Tu t'laisses aller, tu t'laisses aller… »
Emergeant avec la grâce naturelle d’un trente-huit tonnes se
dépatouillant d’une flaque de mélasse d’un mètre cinquante de profondeur des
bras de Morphée et barbotant encore dans la piscine olympique de pâté surfin
qui avait remplacé mon esprit, j’arrivais tout de même à former cette réflexion
largement si ce n’est intégralement inspirée par la chanson désabusée du
chanteur à la voix voilée, Charles Aznavour, « Tu t’laisses aller ».
Franchement, tu t’laisses aller… Tu t’laisses aller à la
facilité, si ce n’est à une certaine propension au cirage de pompes, léchage de
bottes ; autant d’activités qui provoqueraient un priapisme aigu chez un
fétichiste du panard…
Oui, tu t’laisses aller, France Inter… Depuis toujours ma
radio réveille-matin, la station de la maison ronde n’avait pourtant jamais
caché sa propension à pencher vers la senestre en matière de ligne éditoriale
qui du brique-tatanes d’Ivan Levaï à la voix de gros fumeur de Nicolas Demorand
vouait un culte immodéré aux éléphants de la Rue Solférino…
Est-ce l’effet Patrick Cohen qui craint pour ses miches à la
rentrée, ou simplement parce que le Bruce Lee de l’interview matinale fendille
l’émail du lavabo avec une érection matinale provoquée par un poster en
position gynécologique du Tout Mou élyséen, toujours est-il que nous nous
tartinons depuis un petit moment une gauchisation de la matinale…
A moins de nous faire gueuler l’internationale en guise de
générique, on sent nettement la complaisance appuyée de la rédaction vis-à-vis
des guignolos gouvernementaux… Certes, il ne faut pas tirer sur les ambulances
(ni se faire tirer dedans même si l’on peut y trouver de grosses seringues),
mais là, le cirage de croquenots quadruple épaisseur que même Aquilino Morelle
il n’aurait pas trouvé mieux, ça fait un poil too much…
Surtout quand Patoune reçoit dans les pattes Marifolle
Touteraide offrant un festival d’approximations fumeuses et de déviationnisme
de questions qui ferait hurler le moindre stagiaire pigiste…
Tu t’laisses aller… Voila un leitmotiv qui convient de mieux
en mieux à notre société décadente, à nos contemporains déprimés, à nos
vedettes déprimantes, à nos politocards déliquescents…
Tu t’laisses aller, Marion Maréchal-Nouvoila-Le Pen… Déjà qu’il
ne faut pas beaucoup te pousser pour que ton côté obscur apparaisse en pleine
lumière, si au surplus, tu nous fais le coup de te lâcher en interview, faudra
lire les newsmagazines avec des masques à gaz (mais c’est un détail…). Te voila
donc saoulée des valeurs de la
République, petite peste blonde ? Tu ne comprends pas
cette obsession pour la
République ? Evidemment, avec une tradition familiale encensant
les dictateurs, forcément, la
République, ça fait bizarre, comme une mini-jupe sur Valérie
Damidot…
Tu t’laisses aller, Maïtena Biraben… Déjà que ton émission
sur Canal + comptait à peu près autant de téléspectateurs que d’adhérents à l’UDI
et de membres au fan-club de Lilian Renaud (une douzaine), si en plus, tu nous
fais le coup de la grosse migraine pour éviter de présenter des chroniqueurs
relous avec des traces de chnouf sur le pif, des chanteuses évanescentes dont
on préfère encore quand elle ont la bouche pleine du paf du producteur, et des
théâtreux tellement torturés qu’on en vient à considérer Lucchini comme le ravi
de la crèche… Vrai malaise, ou envie irrépressible de quitter le navire avant
le naufrage définitif ?
Tu t’laisses aller, mon cher Confrère du barreau bruxellois
(ce qui ne veut pas dire qu’il a une frite démentielle, hein !), Sven Mary…
Je conçois la chasse à la caméra, l’attrait du projecteur, le désir du micro
tout fièrement tendu devant sa bouche, le frisson bandant du direct antenne…
Mais est-ce vraiment dans l’intérêt de la défense de ton client que de déclarer
Salah Abdeslam doté d’une intelligence de cendrier vide ? Tu aurais dit de
starlette téléréalitesque, tendance les Marseillais chez Nabila, ok… L’utilité
d’un cendrier vide est qu’on peut le remplir... La starlette aussi, me
direz-vous…
Tu t’laisses aller, mon Père… La chair est faible, je sais,
et il est des soirs au presbytère où l’on sent monter une puberté de printemps
qui risque de tremper les draps… Je sais, Sœur Marie-Protule de la Pénétration n’est pas
toujours partante pour enfourner le petit jésus dans la crèche… Je sais,
parfois, les messieurs sont plus intéressés par les formes généreuses d’un
moulebite honteusement déformé que par les anfractuosités humides d’un string
aux relents de vasier… Mais bordel de pompe à cul ! Faites-vous traire la
mitre par une petite sœur des pauvres, par la bonne du curé, par une spécialiste
du Boulevard de Clichy, ou par un gogo-dancer de la boîte à Steevy, mais ne
mettez pas la main sur des gosses, et encore moins votre zgeg dans leur
corridor à Mars !
Tu t’laisses aller, l’Eglise française ! On espérait
que le nid lyonnais de pédophiles amateurs de Jésus (et pas uniquement celui
accroché aux clous) était un foyer de salopards isolés… Mais non ! Voila que
ce cancer métastase à Bayonne, patrie du jambon… On reste toujours dans le
domaine de la charcuterie… voire des cochonneries…
Tu t’laisses aller, peuple de France… Ce n’est pas parce qu’on
t’encule sans lubrifiant, et avec du gravier à béton du premier janvier au
trente-et-un décembre qu’il faut nécessairement faire dégénérer les
manifestations inutiles contre des projets de loi tout aussi inutiles et
inapplicables… Surtout pour laisser un homme en urgence absolue à l’hôpital…
Mais certains décérébrés diront que c’est un flic… Certes, mais Renaud embrasse
des flics, alors…
Tu t’laisses aller, ma bonne vieille Terre… Evidemment, avec
plus de sept milliards de gens sur ta croute, parmi lesquels on compte hélas
pas mal de connards intégraux, tu ressens souvent le désir de te gratter… Mais
est-ce nécessaire de nous faire un séisme de magnitude cinq entre La Rochelle et Rochefort ?
A moins que ce ne soient Loana et Valérie Damidot qui faisant de la trampoline
ont loupé le bazar et se sont maravé la gueule par terre…
Tu t’laisses aller, ma pauvre télé… Déjà qu’on t’a sucré la
plupart des programmes intéressants ou intellectuels pour les remplacer par des
reportages suce-boules de la mère Beaugrand (qui elle ne suce pas que les
boules), des émissions de téléréalité connes à bouffer des containers de bites
par paquets de douze, et des télécrochets où les plus chanceux finiront dans l’anonymat
et les moins chanceux finiront à l’Eurovision… Il fallait qu’en plus, le virus
qui rend con, le Hanouna Débilitus Integralis, veuille faire une émission en
direct de vingt-quatre heures, le premier septembre prochain. Désolé, mais ça,
Maurice Biraud l’avait déjà fait sur les ondes d’Europe 1 le 21 juin 1967…
Et le 28 avril 1985, après l'enregistrement de l'émission
Champs-Élysées, l’actrice Chantal Nobel est victime d'un grave accident de
voiture à bord de la Porsche
924 Carrera GT conduite par le chanteur Sacha Distel, lors de la traversée du
village de Maltaverne, petit village près de Tracy-sur-Loire. Après quarante
jours passés dans le coma, grièvement blessée au visage et handicapée à vie,
elle se retire de la vie publique dans le sud de la France, mettant fin du même
coup à la série à succès Châteauvallon. Comme quoi il n’est pas toujours bon de
se laisser aller…
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