« Laissez parler les
petits papiers
« A l'occasion, papier
chiffon
« Puissent-ils un soir,
papier buvard
« Vous consoler
« Laissez brûler les
petits papiers
« Papier de riz ou
d'Arménie
« Qu'un soir ils
puissent, papier maïs
« Vous réchauffer… »
Ce n’est pas que je sois un
fan transi et indéboulonnable de sa voix éraillée tuyautée à l’alcool fort et à
l’enfumage de ses boîtes de nuit, de sa diction gouailleuse qui donnerait
presque de la classe aux poissardes du Sébasto, et de sa justesse de chant
toute relative qui fait passer les pires enroués des auditions à l’aveugle de
The Voice pour des ersatz de La Callas ; mais j’avoue que les premières
chansons gloussées par Régine possèdent un charme certain dû à la plume de
Gainsbourg, qui lui cisela quelques petits joyaux tantôt citrines grossières tantôt
perlouzes fines…
Laisser parler les petits
papiers, ça peut être dangereux, surtout lorsque ces petits papiers sont
introduits dans des urnes qui conduisent à un dépouillement et à une danse de
la pluie par le candidat élu, qui était pour changement irrévocable et qui va
se lover avec la vitesse de l’éclair dans les pantoufles de son prédécesseur…
Certes, voter à droite, à
gauche ou dans tous les azimuts ne change strictement rien, sinon cela serait
interdit depuis belle lurette !
Laisser parler les petits
papiers, ce peut être particulièrement incommodant pour certains qui à défaut d’avoir
le cul entre deux chaises ne l’ont pas forcément d’une netteté hurlante d’hygiène…
Laisser parler les petits
papiers, ce peut être le début d’un scandale intergalactique qui risque fort de
faire trembler quelques socles fermement arrimés, et tirebouchonner les
chaussettes de certaines sommités en vue….
Laissons parler les petits
papiers panaméens, ou pour causationner dans un françouze qu’il est des plus
corrects que si c’était un acacadémichien qui le spique, les « Panama
papers » qui sont en train de se transformer en un tsunami médiatique qui
risque de laisser des séquelles.
Ce n’est pour le moment qu’un
risque, car la chose peut faire des vagues genre clapotis dans un dé à coudre
et puis disparaître des radars de l’actualité… Pensez donc ! Des
révélations fracassantes sur l’évasion fiscale organisée et généralisée,
touchant toutes les strates des célébrités, de Platoche (qui s’en serait bien
passé vu les merdes de la FIFA encore accrochées à ses crampons) à Poutine en
passant par Xi Jingping, qui a dû rire jaune sur le coupe…
Ben quoi ? L’opinion
publique va s’offusquer bien légitimement, vitupérant sur ces pourritures qui
nous gouvernent sur le zinc d’un bistrot de banlieue, s’étranglant autour d’un
tosat veggie dans un brunch tendance sur la dérive droitière de la société, se
désolant de ces relents de fosse septique que l’illusion du pouvoir et de la
puissance confère…
On va certainement créer des
pages Facebook pour dénoncer ces pratiques innommables, on risque de voir
circuler des pétitions pour que « plus jamais ça » n’arrive, on va se
fader des spams pour nous embobiner…
Et puis dans quinze jours,
trois semaines maxi, les choses vont se tasser, on passera à autre chose, on
causera de l’eurovision, du foutebale ou du prochain attentant, et l’évasion
fiscale continuera comme si de rien n’était…
On enterrera la chose, et l‘on
n’en parlera peut-être que dans vingt-cinq ou trente siècles, à l’instar des
fouilles menées sur la pyramide de Toutankhamon, qui recèlerait peut-être
également la tombe de la fameuse Nefertiti (et Grosminet)… Garnie des trésors
disposés au moment du grand voyage : les affiches du premier spectacle de
Line Renaud, les premiers disques en pierre de Mireille Mathieu, les adieux sur
papyrus de Régine, et tout plein d’affaires louches, comme aurait dit Dalida,
déjà âgée à l’époque…
Laissons parler les petits
papiers… une chose peu courante aujourd’hui où l’on préfère l’instantanéité du
média cathodique et l’ambiance anxiogène des chaînes d’infos continues. Comme
si l’on ne se faisait pas suffisamment dans nos frocs à chaque alerte info, on
aura droit demain à une nouvelle chaîne, LCL, désormais visible par tout le
monde. Tu parles d’un cadeau, pour répéter les mêmes inepties que les autres,
mais avec des décors repêchés dans les rebuts des années 90 de TF1…
Laisser parler les petits
papiers… Comme jadis les Petits Papiers de Noël que diffusait FR3 à la place
des Jeux de Vingt-Heures pendant les fêtes de fin d’année, nous offrant des
play-backs d’anthologie depuis la place Stanislas de Nancy, grâce aux caméras
de FR3 Lorraine… Ah, encore une scorie du langage qu’il faudra balayer, puisque
c’est fait, désormais l’ACAL (Alsace Champagne-Ardennes Lorraine) est
rebaptisée « Grand Est ». Bon ça donne pas plus envie que « Rhin-Champagne »
ou les autres propositions fantasques…
Ça non plus, ça ne donne pas
envie, enfin, ça dépend de vos préférences affectives… Ça donne pas envie de
voir Cristiano Ronaldo se pavaner en moulebite avec l’équipe de connasses en
short pour fêter la victoire du Real, dans une pose absolument aussi naturelle
que le poirier asymétrique en combinaison de plongée en équilibre sur le poteau
du remonte-pente d’Avoriaz par moins douze…
Ça ne donne pas envie de se
remettre au sport, pour suer sang et eau et cracher ses poumons, quand on
entend qu’un médecin britannique aurait prescrit des médicaments dopants à plus
de cent cinquante sportifs de haut niveau. Certainement à l’insu de leur plein
gré, évidemment…
Ça donne pas envie d’être
dans les petits papiers de l’insupportable animateur Cyril Hanouna, dont la
dernière frasque a été d’aller se marier pour de faux à Las Vegas avec Camille
Combal, son chroniqueur… Hanouna en robe blanche à dentelles, c’est aussi sexy
qu’un étron sur un lit de salade dans un buffet campagnard au Train Bleu…
Sans doute feront-ils leur
voyage de noces à Kawasaki (au Japon) qui célèbre la fertilité en accueillant
en ce moment le Festival du pénis d’acier, joyeux moment de convivialité où l’on
voit défiler à longueur de journée les bites géantes dans les rues… Y en a qui
ont dû se ruiner plus d’un tatami d’envies inassouvies…
Laissons parler les petits
papiers des archives eurovisuelles pour rendre un dernier hommage à Lola
Novakovic, 80 balais aux bananes flambées nouvelles, décédée hier et qui avait
représenté la Yougoslavie à l’Eurovision 1962 avec « Ne pali svetlo u
sumrak », qui s’était classé quatrième ex-æquo. Vieillot, cette prière de
ne pas allumer les lumières au crépuscule pour regarder la danse amoureuse de
la fumée de deux cigarettes ? Toujours plus solidement construit que certaines
médiocrités actuelles qu’on porte bien trop vite au pinacle…
Et le 4 avril 1946 tombait
le verdict dans le sensationnel procès du Docteur Petiot, genre de siphonné psychopathe
surnommé par la presse « Docteur Satan », jugé parla Cour d’Assises
de la Seine qui, malgré les six heures de plaidoirie de son avocat Maître
Floriot, condamne Marcel Petiot à mort. Laissez parler les petits papiers
conduisant à la guillotine…

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire