« Il y a eu tout ça
« Et puis malgré tout
ça
« Quand je t'ai
rencontrée
« Il y a eu autre chose
« Et tu as peint pour
moi
« Cette année tout en
rose
« Toi, oui, toi
« Mon p’tit raton
laveur… »
Non, monsieur le moustachu d’Antraygues,
le poète n’a pas toujours raison, et l’inventaire d’il y a cinquante ans que
nous dressait Michel Delpech est bien dérisoire et intransposable de nos jours…
L’année qui vient de s’achever
n’a pas été peinte de rose, mais bien plutôt de rouge et de noir… Le rouge du
sang des victimes des attentats de janvier et novembre… Le noir du moral sous
les godasses des français qui en ont par-dessus le béret basque de la soupe à l’impôt
toujours plus relevée et du marasme ambiant qui ne laisse présager rien de bon…
Et les quatre premiers des
trois cent soixante six jours ne nous ont pas précisément donné une banane
prodigieuse, une pêche délirante et une envie démentielle de croquer dans la
pomme de l’avenir…
Déjà, les vœux de notre
Président, « toujours le même président » de l’Inventaire 66 susdit,
au seuil du réveillon, vous donnaient envie de filer incontinent sous la
couette avec une bouillotte bouillante, un abri antiatomique portable, deux
pots de Nutella et le Petit Guide du suicide amusant en dix leçons…
D’accord, la tâche n’était
pas aisée pour notre culbuto à cravate de traviole, mais remuer la couteau dans
la plaie et ensuite jouer un air de pipeau sur le thème inextinguible de l’inversion
de la courbe du chômage, ça n’incitait pas franchement à l’état d’esprit
guilleret du mec qui va finir l’année aux urgences pour s’être tailladé les
mains jusqu’aux tendons à tenter d’ouvrir ces deux bourriches de putains d’huitres
…
Vous rajoutez par-dessus un
zeste d’Arthur qui en guise d’émission de gala du réveillon de la Saint
Sylvestre nous a servi les mêmes zakouskis avariés, les sempiternelles dindes
réchauffées et les tapettes de concours chobouillantes que dans sa pénible
émission hebdomadaire, mais avec des cotillons en plateau et une guirlande de noël
entre les fesses…
Si vous êtes accro à la
douleur au point de vous faire saigner les esgourdes en achetant le dernier
disque de Louane (en priant que ce soit effectivement le dernier), vous pouviez
zapper sur les antédiluviens numéro de cirque de Patrick Sébastien… L’inévitable
dresseur de caniches qui se croit encore en 1960, les antipodistes chinoises
avec leur sourire laqué façon canard, les gymnastes bulgares en justaucorps
blanc option poutre apparente et publicité clandestine pour les crèmes
dépilatoires sous les bras, les clowns tellement pas drôles qu’on croirait
presque un spectacle de Kev Adams…
Dieu merci, on nous a laissé
passer le 1er janvier à peu près tranquilles, à cuver les excès de l’année
dernière, oscillant entre les libations laudatives à Bacchus et l’engloutissage
façon aspirateur des petits-fours du buffet, avec en musique de fond l’indémodable
concert du Nouvel An, une indéboulonnable transmission en Eurovision depuis Vienne
qui permet d’être fatigué de la musique classique pour l’année…
Et puis dès le 2 janvier…
Vlan ! Ça a déquillé comme à Gravelottes ! On avait à peine digéré le
civet de biche aux airelles sauvages et aux chanterelles mal décongelées baignant
dans deux litres de sauce vaguement crémeuse hésitant entre l’eau de vaisselle
et le résultat d’une branlette énergique, et le décès de Natalie Cole, la fille
de son père, qu’on nous en resservait une part !
Michel Delpech venait de
plier son parapluie à soixante neuf ans… D’aucuns auraient pu faire de
graveleux sous-entendus sur ce dangereux tête-à-queue définitif mais Monsieur « Pour
un flirt » faisait trop partie de notre histoire à tous que, ce soir-là,
ma pauvre Cécile, nous nous sentîmes soudain bien seuls Chez Laurette…
Heureusement le dimanche,
nous avons pu tirer les Rois et fourrer les reines à notre guise, avec l’épiphanie
(le troisième volet de la trilogie marseillaise de Pagnol avec Marius, César,
Epiphanie…) qui allait laisser outre un goût vaguement écœurant de frangipane
trop pâteuse et de pâte feuilletée pas assez cuite, quelques rondeurs
complémentaires pas forcément désirées suite aux agapes des fêtes…
Heureusement encore que nous
pûmes nous délecter de la soixante-quatorzième rediffusion de « La Folie
des Grandeurs », monument cinématographique qu’on regarde chaque fois avec
le même plaisir coupable… Tout en répondant aux quatre-vingt-trois textos
arrivés en retard et vous souhaitant la bonne année…
Moi, j’aurais tendance à
souhaiter tout plein de choses pour 2016 à Claude Guéant, au Nain à
talonnettes, aux Blakany, les Thénardier du 9-3… Et surtout la Santé… avec une
majuscule, oui, oui…
Et la majuscule, on pouvait
la mettre ce matin au gigantesque saladier de pâté dans lequel se démenaient
les pauvres bougres qui reprenaient le collier… Vous parlez d’une sinécure,
lorsque vous voyez Raticha Dati, teint de cire façon Musée Grévin et deux
litres de botox dans chaque joue, asséner de son ton condescendant son mépris
du numéro vert « Alerte radicalisation »… Sur le principe, elle n’a
pourtant pas tort, la pompeuse de santé… Le futur djihadiste à qui l’on
téléphone en lui proposant un stage de déradicalisation… Y avait que les
socialos pour oser un tel truc !
De telles absurdités, il en
avait tourné, pour manger, mais il avait aussi fait des chefs d’œuvres,
populaires ou plus graves… L’adjudant Gerber a retrouvé le Maréchal des
Logis-Chef Cruchot, le César du Meilleur rôle 1977 du « Juge et l’Assassin »
est parti aujourd’hui à l’âge de 93 ans, avec un palmarès cinématographique
impressionnant, mélangeant grands rôles et des nanards innommables comme "Le
facteur s'en va-t-en guerre", "Poussez pas grand-père dans les
cactus", "La dernière bourrée à Paris", ou "Le plumard en
folie"… Au revoir, Michel Galabru, votre faconde nous manque déjà…
Et le 4 janvier 1900, l’immatriculation
des automobiles devient obligatoire. Délivrées par le service des Mines, les
plaques d’immatriculation prendront vite le nom de plaques minéralogiques. Chaque
véhicule à moteur devait comporter une plaque métallique comportant un numéro
d’autorisation. L’année suivante, la plaque d’immatriculation fut généralisée
dans l’ensemble du territoire français. Une façon comme une autre de faire l’inventaire,
qu’il soit du millésime 66 ou pas…

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire