« La terre perd la boule
« Et fait sauter ses foules
« Voici finalement
« Le grand le grand
« Voici finalement
« Le grand chambardement… »
On pourra dire ce que l’on veut de Guy Béart, ce très cher
disparu (enfin très cher surtout parce qu’il doit encore deux milles balles à
une connaissance), on pourra railler à satiété ses interminables complaintes de
huit minutes quarante-cinq pour vous narrer les déboires de la presse à
scandale, le plaisir de l’hétérosexualité, le cholestérol ou le concile œcuménique,
on pourra se foutre allègrement de ses émissions télé soporifiques où avec ses
futals mouleburnes en chachelick mercerisé gris vomi et ses cols-roulés
acryliques pur jus, il recevait toute une frange de la chanson française qui
pense et qui réfléchit, tout un panel qui n’eurent que rarement les honneurs de
Guy Lux…
On pourra se gausser du fait qu’il soit mort en allant chez
son coiffeur, alors que vu l’aspect de sa moumoutte les dernières années,
c’était plutôt son coloriste qui méritait la mort, le goudron et les plumes… On
pourra lui reprocher d’avoir recycler sans aucune honte les vieux classiques de
la chanson française pour publier des albums qui firent des cartons…
d’invendus. Mais on ne pourra pas lui enlever qu’il savait taper du poing sur
la table, et enfoncer des portes le plus souvent largement ouvertes…
Déjà en 1967, il prophétisait le mouvement de mai 1968 avec
ce « Grand chambardement » aux torrentielles paroles toutes
béartiennes… Visionnaire, le Guitou ? Voire ! Il aurait peut-être
fallu l’appeler à Matignon, voir encore plus haut, puisqu’il avait la vision
globale (mais l’euro-vision, beaucoup moins)…
Quoi qu’il en soit, rien n’a vraiment changé depuis ce
temps-là, et nous sommes toujours à une époque où la Terre perd la boule, et ou
l’on fait sauter les foules (et pas toujours grâce à des films de boules ou des
trampolines)…
Sauter les foules, fauter les boules… ou foutre les boules…
Certains s’en font une spécialité, et si je glisserai rapidement sur les
déplorables rigolos qui nous servent de gouvernants et cherchent par tous les
moyens à nous faire prendre des vessies pour des lanternes, je ne pourrai pas
hélas échapper à l’évocation de ces pénibles professionnels qui viennent étaler
leur culture étriquée, leur pédantisme maladif ou leurs prises de positions
définitives mais évolutives en fonction du vent…
Il convient de distinguer le pénible viscéral, le mec qui
est né pour emmerder ses semblables et qui s’y emploie consciencieusement
chaque jour que Dieu fait… Dans le lot, vous trouverez pêle-mêle Marc Lévy,
Chantal Ackermann, Jean-Luc Godard, Alain Finkielkrault ou encore BHL,
visiblement entré en hibernation prolongée depuis les dernières révélations sur
ses trucages photographiques tendant à démontrer son prétendu courage de lavette…
Et j’allais oublier Francis Lalanne, dites donc… Comment
peut-on oublier le brameur à catogan de conneries indélébiles, tant ses
chansons vous collent à l’oreille comme l’étron poisseux se colle à vos
fesses ? Embêté de ne plus être sur le devant de la scène depuis au bas
mot plus de vingt-cinq ans, Francis nous a pondu (même si à l’écoute on serait
tenté de dire « chié » tant c’est de la merde en boite) une chanson
sur les migrants, avec l’habituelle dose de compassion hypocrite et d’indignation
retenue…
Las, la chanson est diffusée sur les réseaux sociaux via un
clip qui ferait passer un téléfilm de la télévision albanaise de 1960 pour le
summum de la technologie audiovisuelle… Du coup, tout le monde se paie la
tronche de Lalanne… Vous me direz, vu sa côté au hit-parade, ça ne vous coutera pas très cher…
Aux côtés du pénible viscéral, vous trouverez le pénible
occasionnel ou involontaire, le mec qui va faire déféquer de rage toute une
assemblée sans vraiment le faire exprès… Et question de faire chier, on peut
évidemment compter sur Enrico Machiasse, qui n’a rien trouvé de mieux, dès
potron-minet, de nous vocaliser du Béart en guise d’hommage sur une radio
nationale… « L’eau vive » version tchoutchouka ou « Bal chez
Temporel » senteur merguez-cardamome, ça doit donner des envies de looping
dans le cercueil…
D’accord, ça partait d’un bon sentiment, ou d’une peine
sincère… mais vous ne pouvez pas vous imaginer le nombre de peines sincères et
de bons sentiments qui écorchent nos oreilles et font saigner nos tympans au
delà du raisonnable… Je connais même certains artistes qui ont une discographie
intégralement faites de bons sentiments et de peines sincères…
Ne vous réjouissez pas trop vite, si vous n’écoutez pas de
musique, et si vous ne lisez rien d‘autre que les conseils de réchauffage sur
les barquettes de tortis bolognaise Auchan, vous n’êtes pas à l’abri des
pénibles… Vous risquez même de les rencontrer dans la rue… Eh oui ! A
peine trois semaines de cours, et les enseignants sont déjà en grève ! Ça
nous manquait, les manifs de profs qui gueulent contre leurs conditions de
travail, la surcharge de boulot ou les réformes innommables…
Ce qui m’embête le plus, ce n’est pas de me retrouver bloqué
dans les manifs, parce que quand je sors du boulot, y a bien longtemps que nos
chers profs sont déjà en RTT, ou ont fini journée… Ce qui me chagrine un max,
c’est que Claire Chazal ne pourra plus enfiler des « euuuuh… »
vaguement érotiques ce weekend en faisant le bilan des manifestations… Ah !
Claire Chazal ! L’i-conne de Frigidaire qui présentait les infos l’œil
impavide rivé sur le prompteur, en se tordant de plus en plus le cou pour
éviter de montrer son tendon de la vache qui la ferait passer pour la vioque
décrépie qu’elle est une fois le plâtrage du maquillage dégagé au Karcher…
Claire Chazal humiliée ! Claire Chazal outragée !
Claire Chazal licenciée ! Mais Claire Chazal libérée ! On sentait
presque les accents gaulliens dans l’intonation de PPDA, un de ses anciens
manches à couilles, au cours de l’interview au terme de laquelle il conclut
superbe que Claire a été humiliée gratuitement par TF1… Un million d’euros
l’humiliation gratuite… Moi j’me fais humilier gratuitement quand ils veulent
pour un million !
En politique, aussi, les pénibles sont rois… et si au
surplus les pénibles retournent leur veste comme d’autres les pancakes ou leur
petit copain, ils deviennent des empereurs pénibles… Valls envisage le retour
des contrôles aux frontières… C’est curieux, ces voltes-faces incessants au PS…
On dirait que c’est Jack Lang de retour d’un séjour à Mykonos qui a lancé la
mode…
Et l’impératrice pénible politocarde ? Mais c’est
Marifolle Touteraide, qui tousse comme après trois paquets de Gitanes sans
filtres (c’est-à-dire Kedji Girac qui se fait sucer sans capote), suite au
rejet sénatorial du projet du paquet neutre… Marifolle a récupéré un peu de
souffle pour affirmer qu’elle ne souhaitait pas réduire le déficit de la Sécu
sur le dos des français… Ah bon ? Plutôt en leur mettant dans le bas du
dos ?
Allez, pour la route, un dernier pénible, qui pourtant
s’était fait discret ces derniers temps… Michel Polnareff, vous savez, le vieux
qui imite le mec de la pub Cofidis, a été pris à parti par des chauffeurs de
taxi belges qui avaient pris son véhicule pour un Uber… Déjà que les taxiteurs
français ne sont pas des lumières fulgurantes, alors, imaginez des taxiteurs
belges…
Et le 17
septembre 1978, Antenne 2 diffuse le premier épisode d’une série américaine qui
fit un bide si monumental que les derniers épisodes ne furent diffusés qu’en
Europe et ne bénéficia d’aucune réédition avant 2012 : « L’âge de
cristal »… Il faut dire que la série, dérivée d’un film à succès, est
bétasse, que les acteurs sont aussi convaincants qu’un sandwich rosette-cornichons
sur le buffet de la gare de Romorantin et que les intrigues sont aussi évoluées
que le vocabulaire de Nabila… Autant dire que ce n’est pas avec ça qu’arrivera
le grand chambardement télévisé…
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