mercredi 2 septembre 2015

Brèves du 02 Septembre 2015

- Ça par exemple ! Mais ne serait-ce point ?.... Voûûûûûûûûs !

Cette si reconnaissable voix embourgeoisée et haut perchée à la diction très seizième (arrondissement, pas siècle) tendance Marie-Chantal, qui ce matin me cloua sur les clous, c’était celle de Marie-Bérangère Mouillay-Delatouf, bourgeoise grand teint, invariablement fagotée en bleu marine, et dotée d’un quotient d’éducation sexuelle qui culminait dans les sommets himalayens aux environs immédiats des dix-sept, résultat qui s’intercalait péniblement entre le limaçon et le canard de Barbarie, et qui était à peine plus élevé que celui d’un oursin, irremplaçable pièce unique dans son inénarrable catalogue de chaisières usagées jusqu’à la corde, élevées au tailleur Chanel et dopées au carré Hermès.

Fournissant des efforts surhumains pour grimacer un sourire cachant à grands renforts de gesticulations devant paraître amicales et accueillantes le profond emmerdement de devoir me farcir cette charrette de première pression, je grinçais un :
- Ah ! Très chère Marie-Bérangère ! Mais quel plaisir de vous rencontrer là ! Mais comment se fait-il que vous soyez en ville à cette heure matutinale ?
- Ne m’en parlez pas ! Ils vont tous me tuer ! C’était la rentrée des enfants Marie-Eucharistie, ce matin… Je n’ai eu de cesse de courir telle une damnée ou une favinette de Christophe Maé le jour de la sortie de sa dernière bouse sur disque… Entre le collège de La Sainte Trinité des Saints des Derniers Jours pour Louis-Tancrède et Tanguy-Maximilien, l’Institution Sainte Incarnation de la Pénétration pour Marie-Crucifix, l’école élémentaire Saintes Marie-Madeleine des Mobylettes et Sainte Colique de la Constipation pour Marie-Eucharistie, j’ai juste eu le temps de coller une rustine à mes escarpins Isotoner avant de flanquer Hégésippe-Pacôme et Marie-Assomption à la crèche Emile Louis…
- Eh oui, eh oui… c’est le souci de se faire mitrailler le moule à mille-feuilles sans capotes, on pond des enfants tous les neuf mois…
- Ah, mon cher, nous ne reprendrons pas ce débat… Aucun condom ne franchira mon seuil intime ! Cette viande sous plastique, c’est d’un vulgaire, c’est d’un commun… Ça fait Prisunic !
- Ne nous pétez pas un burn-out pour cette journée… Dès demain, la nounou Maria Conchita del Pilar reprendra le flambeau…
- Vade retro Satanas et Daibolo ! Cette satanée espingouine me rend son tablier ! En trois mois, c’est la trentième à s’en aller ! Croyez-moi zou non, mais il est tombé plus d’espagnoles chez moi qu’à la Guerre Civile…
- Et Pierre-Amaury n’aurait pu vous remplacer pour cet harrassant labeur qui vous vaudra à coup sûr la médaille des familles ?
- Pierre-A ? Mais vous plaisantez ! Il n’y entend que pouic aux gosses ! Pour les faire, ça oui, il a l’andouillette qui coulisse parfaitement dans le moule à moutards, mais pour s’en occuper… On voit bien que vous le connaissez pas !

Et c’est vrai ! De Pierre-Amaury De Remémoizan Ungrancoût, je ne savais en définitive pas grand-chose ; n’ayant pas reçu, à la différence de certains chroniqueurs mondains des perfusions ininterrompues de « Who’s who » à hautes doses dans les veines. Issu d’une grande famille d’aristocrates français qui s’étaient tous plus abîmés les mains à compter les billets de banque qu’à manier pelle et pioche dans les mines de bauxite, Pierre-Amaury, que Marie-B surnommait P.-A. ou Pierre-A, c’était selon l’humeur du moment et la couleur, douteuse, de ses chaussettes, était un des meilleurs représentants de ce que l’on appelait assez trivialement un glandeur de première, un fils à papa si l’on voulait causer en bon français et respecter la rigoureuse étiquette en vigueur chez ces gens-là.

Particulièrement doué pour les bitures généreusement carabinées au gin-coca, P.-A. avait péniblement planté cinq fois sa première année de droit, avant que ses parents n’interviennent et ne fassent finalement caser leur rejeton dans une des boîtes d’un vague oncle de la jambe du milieu, où il occupait actuellement un poste aussi prestigieux qu’inutile, dont la qualification oscillait entre directeur technique de l’inspection spécialisée des placards à portes coulissantes en quinconce, et responsable général de la coordination globale et unifiée de l’usage concerté des ressources hydriques et consommables des automatismes manuellement commandés de l’entreprise (bref, le mec qui s’occupe des niveaux d’eau et de kawa dans les machines à café de la boite).

Comme les fins de mois étaient horriblement difficiles ; à moins de 10.000 Euros mensuels, il pensait sombrer dans la misère la plus totale et se sentait obligé d’aller acheter son caviar en importation au Shopi de la rue des Martyrs, se sentant humilié dans ses derniers retranchements lorsqu’il entendait madame Petrossian mère, en personne, lui faire remarquer en catimini que sa consommation avait baissé d’un kilo et demi cette semaine et qu’elle espérait grandement que cela était bêtement dû à une indisposition passagère ; Pierre-A s’était courageusement résolu au bénévolat, mais attention, pas du bénévolat gratuit, on n’était tout de même pas des nègres, que diable !

On lui avait alors déniché un bon vieux bénévolat rémunéré, sacerdoce inappréciable que Pierre-Amaury exécutait depuis lors avec une foi inébranlable (bien que du côté de Marie-B, ce fut un niet prénuptial ; le réduisant en personne, et méprisant les risques d’ampoules sur ses mimines n’ayant jamais approché à moins de dix mètres la moindre poudre à laver débordante de tensioactifs si vénéneux pour la délicate peau des aristos ou la plus ridicule crème à récurer regorgeant de substances chimiques particulièrement irritantes, à ce labeur mono-manuel bi-quotidien dans les tinettes étriquées et à l’hygiène toute relative de son humble appartement, tinettes qui avaient au bas mot la superficie de deux chambres de cité-U) dans un club dont les principales activités se résumaient à organiser des rallyes, des raouts faussement impromptus entre aristos et autres pique-niques champêtres où l’on pouvait à loisir voir un aréopage de pétasses emperlouzées et de bourgeoises coincées se faire allègrement décoincer dans les fourrés par de jeunes éphèbes sauvagement calibrés par Mère Nature, éphèbes largement déniaisés qui changeaient d’habitude le week-end en se farcissant de la dinde, pas toujours de première fraîcheur au demeurant. Pierre-Amaury, fournisseur officiel et international de farce pour dinde aristocratique de haute volée et de fraîcheur variable, partait d’ailleurs chaque année à Gstaad, où même les après-skis sont fourrés, c’est vous dire la frénésie sexuelle qui règne là-bas, début janvier pour tirer les rois et, accessoirement, quelques reines plus ou moins décaties qui, à l’instar des auvergnates, aimaient bien la bourrée ; à moins qu’elles ne préfèrent être bourrées, dans tous les sens du terme.

A chaque fois qu’il annonçait de sa pédante voix suffisante et veule un pompeux « Dimanche dernier, nous avons organisé une sortie au bois » (pas au bois de Boulogne, non, ils ne sont quand même pas tarés au point de se faire bouffer le boulot par la concurrence déloyale de toutes les brésiliens) ; je ne pouvais m’empêcher de me représenter Pierre-Amaury s’activer du bas-ventre, nu et dans les positions les plus rocambolesques, son corps d’athlète russe sortant de trente ans de goulag répandu sur ce corps offert et offrant d’une vieille rombière en bout de course qui ne pensait plus que l’on eût pu s’intéresser à son intimité depuis ce terrible jour d’août 1966 où son légitime époux lui fit, au péril de ses coronaires et de son assurance-vie, découvrir les raffinements de l’estocade normande à la crème fleurette sur la banquette avant de la respectable 403 familiale sagement garée dans un bucolique sentier campagnard ombragé des regards, les six enfants en uniforme bleu marine et socquettes blanches benoîtement occupés à cueillir des mûres dans un roncier en contrebas.

Pendant que Marie-B enfilait des perles en collier pour les vieilles du quartier, Pierre-Amaury enfilait les vieilles du quartier en colliers de perles. Ce qui semblait revenir au même, mais dans le désordre.

Vous en voulez encore ? La suite au prochain numéro !

Et le 2 septembre 1980, Barbra Stressante… euh, Streisand, nous gratifie de son organe avec la chanson « Woman in love », qui sera reprise à pleins poumons et moumoutte au vent par Mireille Mathieu sous le titre « Une femme amoureuse »… Encore un rôle de composition pour Mireille de Saint-Bénézet…

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