jeudi 3 septembre 2015

Brèves du 03 Septembre 2015

« Un jour se lèvera,
« Sur trois branches de lilas,
« Qu’un enfant regardera
« Comme un livre d’images… »

Oui, je sais que le Concours Eurovision de la Chanson est un intarrissable réservoir à cucuteries mièvres et lénitives sur les plaisirs ou les déceptions de l’amour, la beauté des jonquilles, des flocons de neige et de toutes ces petites choses qui font la joie de nos jours et le soleil nocturnes des satisfactions de la vie…

Non, non, les auteurs-compositeurs eurovisuels ne se droguent pas, ne fument pas des cigarettes roulées à la main et qui font rire bêtement dès qu’on a tiré une ou deux taffes… Enfin, pas plus que les autres…

Oui, les paroles certes imaginatives de « Un jour, un enfant » qui permit de faire triompher la France au Grand Prix 1969 par la voix de Frida Boccara étaient déjà démodées à l’époque…

Alors, imaginez aujourd’hui ce que ça donnerait…

« Un jour se lèvera
« Sur trois barques de migrants
« Et un enfant, Aylan, noyé,
« Comme terrible image… »

Dussé-je attenter à l’innocence volée de ce petit syrien dont les journaux regorgent aujourd’hui des photos, mais bon sang de bonsoir, qu’est-ce que çà arrange bien les bidons de nos politocards, de nos journaleux, de nos scribouilleurs et de nos penseurs-philosophes à barbes à cache-sexe et brushings BHLiens sponsorisés par Cadonett…

Ah ! ils vont pouvoir s’en donner à cœur joie, tous ces faux-culs insincères, ces faux décoincés du derche pontifiants… Ces politocards prompts à plus sentir le vent des urnes que l’odeur dégueulasse de la compassion frelatée… Ces journaleux qui généralement mettent à côté de la plaque (genre « Cette année, on gagne l’eurovision »…) et n’ont pas mis à la une cette immonde photo… Ces scribouilleurs de tous poils qui ne vont pas manquer d’aller exhiber leurs chemises froissées, leurs trombines de déterrés et leur haleine à décoller le papier-peint pour s’outrer du sort fait aux migrants avant de rentrer dans leur confortable loft dans un quartier privilégié… Ces penseurs-philosophes, ou auto-proclamés tels, qui investiront dès demain les plateaux télé (parce qu’ils servent du café chaud et des viennoiseries) pour appeler à la trente-quinzième croisade contre l’injustice humaine et la discrimination de tous poils…

C’est d’autant plus vomitif de constater qu’il a fallu cette dérangeante photo de ce petit corps de chiffon inerte pour que l’indignation gagne le monde…

On a consacré des reportages entiers à l’insondable détresse de ces populations jetées à la mer comme des sous-merdes, à leurs conditions de survie proprement inhumaines… On en a tartiné des plages d’information à ces drames de l’immigration à base de bateaux qui coulent, ou qui chavirent, et de camions qui congèlent les candidats à un monde un peu moins pourri…

Rien, pas une vaguelette d’indignation, pas un prout de BHL ou de Finkielkrault sur BFM, pas le début d’un iota de pétition indignée façon « manif pour tous », rien !

Et là, il suffit d’une photo pour mettre le feu aux poudres d’un pétard… mouillé, vraisemblablement, puisque c’est la mer qui a rejeté le gamin… Et demain, on s’indignera pour quoi ? On publiera une interview de Nabila pour se jurer d’agir contre la lobotomie ? Une photo récente de Catherine Deneuve provoquera-t-elle l’interdiction du botox ? L’écoute du dernier disque de Christophe Maé convaincra-t-elle de couper les couilles et la voix à tous les bêleurs de conneries ?

Indignation vaine et stérile… Haut-le-cœur parfois sincère mais oublieux dès qu’on ouvrira le courrier et qu’on trouvera son avis d’imposition… Coup d’épée dans l’eau, brassage de vent façon ventilo…

Il n’y a hélas pas que dans ce domaine que nos politocards la connaissent dans le coin… Regardez notre Premier Sinistre, qui mouille sa chemise dans tous les sens du terme… A l’université d’été des socialos, on aurait cru Johnny après deux heures de concert, ou Fogiel dans un sauna tant il était trempé…

Il a suffi que mois de mille cinq cents tracteurs déboulent à Paris pour que Manu le Pétillant se lance dans sa valse de la séduction, claquettes d’illusionniste aux pieds et regard de Kaa du Livre de la Jungle, en annonçant des aides aux agriculteurs, sans les convaincre…

Une annonce de mouvement de grève dans l’enseignement ? Ben quoi ? Huit jours après la rentrée, faut bien qu’ils se reposent, ces profs harassés de boulot… Soyez certains que la Grande Jajat va voler à leur écoute et leur promettre monts, merveilles, beurre, argent du beurre, crèmerie et champ avec les vaches laitières…

J’arrête, parce que sinon, je vais finir par être vulgaire, et traiter les ministres d’enculés, ce n’est plus une insulte, mais assurément une constatation, voir une invitation pour certains d’entre eux…

Je préfère me finir en vous racontant comment Marie-B a rencontré son époux, Pierre-Amaury, de deux ans son aîné, lorsque, à dix-huit ans, elle fut conviée à participer au très connu Bal des Débutantes, baisodrome mondain où les meilleurs partis actuels faisaient virevolter pendant un quart d’heure du boudin de marque en ensachage de luxe au rythme de sempiternelles valses inusables (à bannir toutefois « El gato montes » et autres « Dénicheur », même joués d’accordéon de maître par V.G.E., la Vévette Horner de l’Elysée) avant d’aller se faire allègrement emmancher profondément entre cousins, relations et connaissances monstrueusement montées dans les toilettes pour hommes afin de pouvoir, l’expérience aidant, s’asseoir sur un petit-suisse sans l’écraser.

Pendant que ces messieurs, pudiquement estampillés comme « célibataires endurcis » pour ne pas avoir à écrire « grosses folles tordues » dans les tabloïds, tiraient des plans sur la comète, prenaient des mesures et jouaient à savoir qui avait la plus grosse pour s’en faire mettre un bon coup dans les miches, histoire d’élargir le cercle de leurs relations ; ces demoiselles, les andouillettes labellisées et ensachées en papillotes griffées des plus grands noms de la fringue de haut vol en question, faisaient banquette, tapisserie ou office d’aimable plante verte aux abords de la piste de danse où valsicotait à s’en étourdir après deux rails de coke, un joint de pure afghane et un Vichy-fraise (faut tout de même rester raisonnable) toute la relève de l’aristocratie monarchiste française, un lieu de prédilection de tout premier choix pour un attentat républicain.

Certes, la soirée avançant en heure, et la chaleur montant proportionnellement au degré d’alcoolémie ambiant, certaines de ces demoiselles prenaient bien un petit coup de giclant entre les jambes ; mais le responsable de la giclette jouissive était en général parfaitement beurré, et par-là même foncièrement inconscient de ses actes, et ce n’était finalement pas pour elles d’une extrême nouveauté.

Et la nouveauté du jour, c’est le 3 septembre 1979, la sortie du nouveau single du groupe The Police, « Message in the bottle »… Parler de bouteille à la mer avec le drame des migrants, c’est d’un goût, vraiment… Plutôt qu’un message dans une bouteille, fallait le filer dans un jerrycan le gamin, et hop ! ça flottait… 

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