La voix chevrotante s’amenuisait,
puis elle se brisa, engloutie dans un sanglot trop longtemps réfréné, submergée
par l’émotion, la douleur ravivée de se retrouver en des lieux où il avait
pourtant espérer ne jamais retourner. La force se dérobait de ce corps éprouvé
par les années, et ses jambes fléchirent lentement, alors qu’il s’agrippait au
pupitre… Alors que des personnes l’emmenaient doucement vers son siège, les
caméras fixèrent l’image de cet homme, en costume de toile à matelas, cachant
son visage marquée par la vie et les épreuves, voulant masquer ses lourds
sanglots qui secouaient tout son corps…
Ces images ont fait même pas
trois minutes au Journal du soir de la crasseuse à perruque alors qu’on devrait
les diffuser en boucle, à l’instar des gros navions qui font boum badaboum dans
les grandes tours, ou de la cervelle de Kennedy follement éprise de liberté…
On devrait les diffuser
encore et encore, afin qu’on puisse enfin expliquer calmement ce que certains
hommes sont capables de faire subir à d’autres…
Ce pépé chancelant quasiment
honteux de pleurer en public, vous l’aurez peut-être aperçu d’un œil distrait,
entre la poire et le fromage, pendant le repas du soir, alors que vous vous nourrissez
à parts égales de graisses polyinsaturées et d’images tout aussi insaturées de
sentiments…
Ce pépé, du modèle courant,
comme on peut encore en avoir dans toutes les familles, qui se tient bien en
société, qu’on assoit en bout de table lors du déjeuner dominical et qui mange
assez proprement, ce pourrait être le votre…
Ce vieil homme que la vie n’a
pas épargné, c’est un rescapé d’un camp de déportation de je ne sais quel nom,
et je ne sais où en France… Cela n’a pas d’importance. L’important, c’est l’émotion
toujours intacte, plus de soixante-dix ans après, qu’éprouvent ceux dont la
barbarie nazie n’a pas eu raison, ceux qui sont resté vivants, ou presque, pour
témoigner de l’hallucinante histoire vécue en ces années noires…
Ce vieil homme, il aurait dû
tous vous émouvoir aux larmes, il aurait dû tous vous émouvoir car son désarroi
qui ressurgit tant d’années après, tout ce qui était soigneusement calfeutré qui
transpire, ces bouffées de souvenirs qui fuitent de sa mémoire, tout cela ne
peut laisser indifférent…
Et pourtant… Et pourtant, la
crasseuse de la première a préféré passer dix minutes inutiles a dragouiller
ouvertement le vainqueur de la daube musicale maison « The Voice »… C’est
tellement plus vendeur, tellement plus intéressant les lobotomisés des
pavillons de banlieue, de poser des questions ineptes à un blanc-bec et à son
coach, une Isabelle de Truchis de Varennes toujours aussi suffisante…
Lilian Renaud n’est pas
apparemment parfaitement inintérressant… Belle gueule, le genre à faire flaquer
les pucelles pré-pubères qui se ruinent les slips à baver sur les posters torse
nu de Juste Imbibé et raidir les invertis pur sucre qui se tapent la colonne à
chantilly dans les waters en matant la chronique vidéo de Willy Rovelli,
physique avantageux, d’un commerce plutôt agréable, le lauréat 2015 de la merde
auditive présentée par le grec le moins empapaouté de tout le Péloponèse ne présente
pas a priori le vide sidéral des vainqueurs précédents.
Ancien fromager, Lilian doit
être une bonne pâte pour s’être fadé la Truchie Danlébotte sans avoir eu envie
de la passer à la râpe à fromage dès les éliminatoires. Sans vouloir couler
démesurément sur son cas, ni s’en payer une bonne tranche, je dois revoir mon
jugement sur The Voice, car tout ce que j’ai gruyère n’est plus valable aujourd’hui..Même
si Lilan préfère le rock fort, l ne dédaigne pas le rap, cet infâme bruit de
mots (et non pas Brie de Meaux…).
Je ne vous ferai pas tout le
plateau de fromages, mais même si son sourire ultrabrite énerve déjà, on devine
derrière les canines de Lilian, outre sa langue qu’il a dû aller fourrer je ne
veux pas savoir où vu l’odeur de vieux munster et de vasier à marée basse, une
partie de rêve qui se réalise…
Alors que le petit pépé en
uniforme de toile à matelas a vu beaucoup de rêves brisés par la folie
destructrice de quelques illuminés chapeautés par une autrichienne hystérique à
mèche graisseuse…
Et pourtant on préfère nous
beurrer la raie avec de la marmelade typiquement anglaise, le genre bien péguante,
sur la mise à bas de la salope de Buckingham Palace… Kate doit incessamment
démouler le moutard (pour les affolés de Voila, Voici et autres torche-cul du
lundi, qui étaient au courant que William lui avait bombé la guérite) et le Royaume-Uni
tout entier retient son souffle comme Pierre Frolla au fond de la piscine dans
l’attente du divin gniard gluant…
Non content de nous coller des
sueurs nocturnes à Stéphane Bern qui est à 25 de tension, un brushing frisettes
bousillé et une french manucure complètement ravagée, le couple princier n’a
pas souhaité connaître le sexe du bébé… Pourtant, ils n’avaient que deux choix
possible… Un futur King Size ? Une future Couine ? Quoi qu’il en
soit, le futur braillard nous les brise menu, à longueur de reportage où rien ne
se dit, rien ne se passe et où l’on remplit le vide… Un peu comme dans un
épisode de Plus Belle la Vie ou un film de boules ukraino-moldoslovaque…
Et pourtant, on se focalise
sur les traditionnelles parties de ball-trap marseillais grandeur nature… Le
ball-trap marseillais, il suffit pour y jouer de prendre deux repris de
justice, qui trempent jusqu’à la racine de la chicha dans des affaires pas
claire et parfois même louches comme dirait Dalida, une épicerie de nuit dans les
quartiers Nord, et quelques rafales de kalach’ bien nourries. Vous remuez
amoureusement le tout, vous servez accompagné de petites croutons, un pot d’aïoli
et des images floues et mal cadrées qui feront bondir Pépé Jules qui s’étranglera
sur cette République de rastaquouères…
Mais le Pépé en toile à
matelas, lui, ne s’étranglera pas d’indignation… Lui, il pleurera sa famille
dispersée aux quatre vents des camps d’extermination, de Dachau ou d’ailleurs…
Il n’écoutera pas le discours bien larmoyant de Pépère qui enculera
profondément et sans vaseline tous les poncifs du genre dans son discours,
ressemblant à la marge aux candidates de l’élevage de dindes annuel de TF1, les
postulantes à Miss France qui ânonnent avec tout le courage de leurs 26 de QI
que « la guerre c’est pas bien, et que si j’étais Miss France je ferai
tout pour qu’y ait pus de guerre et que tout soit joli, beau et rose bonbon,
tourne la page connasse, c’est fini de ce côté-ci »…
Et le 27 avril 1912, c’est
le début de la fin pour la Bande à Bonnot, qui avait semé la terreur dans la France
de 1910-1912, avec le siège de la cachette de Jules Bonnot à Choisy-le-Roi…
Pour un anarchiste, Choisy-le-Roi, ça la fout mal…
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