« Eh bien ma chère
Sophie, le temps que vous preniez votre pied… votre pied de micro, bien entendu !
Je vous annonce cherzami téléspectateurs que vous allez pouvoir écouter dans
quelques instants avec le Grand Orchestre de Raymond Lefèvre la dernière
chanson de Jacques Sablon… Hein, quoi ? Ah, eh bien on me souffle Jean en
coulisses ; donc le dernier succès de Jean-Jacques Sablon, qui vous
permettra si vous remettez le tiercé du palmarès de la semaine dernière dans l’ordre
inverse de celui initialement annoncé de gagner un compte à la Caisse d’Epargne
généreusement garni de trente nouveaux francs, à condition toutefois que vous
ayez joint à votre envoi sur carte postale les trois preuves d’achats de notre
partenaire Télé 7 Poches…
« Donc, avant le
dernier succès qui est sur toutes les lèvres puisqu’il n’est pas encore sorti,
de Jean-Jacques Sablon, nous avons l’obligation de vous infliger la dernière
bouse musicale des Poppys… poppys pas contre le mur… Que je suis content qu’ils
soient là, puisque effectivement, c’est à vous Raymond Lefèvre ! »
Je suis absolument certain que
vous avez encore des souvenirs très précis de ces soirées dominicales passées
devant le tube cathodique en 625 lignes couleurs d’Antenne 2, à regarder les
interchangeables émissions de Guy Lux… avec un nom différent chaque année, mais
invariablement basées sur un classement de chansons, des départage effectué par
des fiches perforées, de Grand Orchestre de Raymond Lefèvre qui mouline parfois
grave pour rattraper les approximations d’apprenties vedettes en direct
intégral…
Et vous avez encore en
persistance rétinienne le mauvais caractère éhonté, la moumoutte pure
acrylique, le micro carré gris et blanc à fil de l’inénarrable Minux… enfin,
Guy Lux, le pape incontesté des variétés des années 70 à la télévision
française… Et plus encore que ses co-présentatrices à mi-chemin entre la
potiche et la plante verte, qui ne souvient des réflexions aigre-douces
balancées à Sophie Darel ou à Anne-Marie Peysson, ce sont ses fameuses petites fiches
qui restent en mémoire…
Ah ! les fameuses
petites fiches de Guy Lux ! Quasiment aussi célèbres que la pendule
escargot de l‘ORTF, le petit train rébus, les « ahadoudoudoudou » des
publicités d’Antenne 2, et le rocailleux « bonjour » de Mourousi…
On se demandait d’ailleurs
bien pourquoi il se baladait continuellement sur les plateaux, du 102 de la
Maison de la Radio au 17 des Buttes Chaumont, avec des rectangles de bristol
puisque de toutes manières, il ne les consultait pour ainsi dire jamais… Et en
conséquence se plantait invariablement de nom, de chanson, estropiait le titre
du dernier dégueulis musical de François Valéry, ne se souvenait pas de la
règle de son dernier jeu…
Et derrière son mètre douze
moumoutte décollé comprise, la pauvre Sophie Darel qui souriait bécassement, en
se demandant sur quel radeau de la Méduse elle s’était embarquée, en direct,
évidemment…
Les petites fiches de Guy
Lux… Absolument irréprochables pour les menus accessoires, automatiquement
inopérantes pour le principal…
Eh bien, le programme du
Front National, c’est exactement l’inverse… Imbattable pour le général, le
vague, le flou et le fumeux… Immatérialisable dès qu’on veut entrer dans le
détail…
La démonstration, déjà
débutée de haute lutte voici quelques années par Anne-Sophie Lapix qui, n’étant
nullement gougnotte, s’est pourtant farci Marine qui en écumait de rage, en a
été poursuivie ce matin même sur Inter où Patrick Cohen, qu’on devinait facilement
en train de se beliner le Waterman quatre couleurs à encre blanche sous le
bureau tant on ressentait de la gourmandise dans ses question, recevait le
Président d’horreur du Fion Nzi-on-heil, Nonœil de Montretout.
On sentait qu’il perdait ses
boulons le Jean-Marie, après avoir paumé une mirette… S’il continue, ses gardes
du corps vont venir le rechercher avec un seau et des éponges, il est quasiment
liquide maintenant… Pour tout vous dire, on avait presque l’impression de
recevoir les postillons dans le radioréveil…
Rassurez-vous, ce n’est
peut-être que la colle à dentier qui avait mal adhéré… Parce que pépé a encore
du répondant, j’aurais presque dit « en a encore sous la pédale »,
mais je ne voudrais pas faire de peine à Florian Philippot, et reste égal à
lui-même dans son grand numéro de prophète damné et bafoué, de messie mécompris…
Comme ces vieux cabotins qui
ne veulent pas dételer même après quarante-cinq ans de tours de piste avec un
numéro qui ne fait plus rire personne, Papy Le Pen nous resservait son baratin
de politicien qu’on ostracise de la radiotélévision, ce dont il se plaint à
chaque fois qu’on l’y invite…
Pour tout vous dire, je n’ai
pas forcément tout écouté… Vous savez ce que c’est, les vieux refrains éculés,
quand on les a eu des milliers de fois dans l’oreille, on les entend mais on ne
les écoute pas…
Mais ce qui était
remarquable, c’est que pas une seule fois le vioque ne s’est aventuré dans le
détail… Il a brassé du vent avec les généralités rebattues de ses convictions moisies,
mais il n’a pas dit un mot de politique concrète, en cas de victoire de son
parti aux départementales… C’en était tellement grandiose, et flagrant, qu’on
aurait cru un discours de Flamby…
C’est bien le souci… c’est
que le FN a le chic pour ouvrir sa gueule pour rassembler les mécontents de
tous bords (et Dieu sait qu’avec la calamité gouvernementale actuelle, ça
afflue pire que la flotte en pleine mousson), mais qu’il est dérouté quand par
miracle, il se retrouve aux commandes… Et commet les mêmes bourdes…
Et Papy Nonœil nous en a
encore une fois fait la démonstration, ce parti d’extrême n’est en définitive
qu’une jolie coquille bien vide d’idées profondes, si ce ne sont celles de
haine et de revanche…
Et le 17 mars 1915, au début
de la Première Guerre mondiale, le gouvernement français interdit la production
et la consommation des liqueurs anisées extraites de l'absinthe, une plante
aromatique à la saveur amère, surnommée par Oscar Wilde la «fée verte», qui possède une
substance toxique, la thuyone, attaquant
le système nerveux des consommateurs abusifs. Devenue à la fin du XIXe siècle
synonyme de la dégradation de la condition ouvrière, l’absinthe inspirera
pourtant de nombreux artistes et les poètes comme Degas, Toulouse-Lautrec,
Baudelaire, ou encore Verlaine. A se demander si Le Pen n’en aurait pas abusé…
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