« Al fin del camino
« En ti llevarás la fe y la
ilusión de vivir
« Tus sueños de siempre se
harán realidad
« En un mundo nuevo y feliz »
Sur
une base mélodique inlassablement reprise sur différents tons, Karina, sorte de
Sheila ibérique qui représentait l’Espagne au Grand Prix Eurovision 1971, nous
propose avec « En un mundo nuevo » une interprétation très
convaincante d’un texte relativement répétitif sur les bonheurs de fin de vie,
voire de l’au-delà. Et malgré les quarante-quatre années nous séparant de la
création de la chanson, elle nous apparaît d’une actualité cruelle en ce mardi.
C’est
généralement le genre de nouvelles que vous n’avez aucune envie d’entendre ni à
la radio, ni à la télé, ni ailleurs d’ailleurs ; ça fait partie de la
catégorie d’informations que vous prenez dans la trombine comme une baffe
vigoureuse et qui vous laisse parfaitement incrédule.
Si,
au surplus, vous en prenez connaissance dans un demi-sommeil, l’œil empâté d’une
nuit agitée par une crève qui c’est évident vous achèvera (en langage masculin,
ça s’appelle un bon rhume…), ça vous plombe la journée comme les godasses en
ciment garanti prise rapide que les demi-sels de bas-quartier étrennent pour
aller faire trempette dans le Vieux-Port à l’invitation pressante des cadors
marseillais…
Punaise,
on ne dira jamais assez les dangers de la téléréalité, de ses dérives abêtissantes
qui vous lessivent le cerveau comme un lavement de cinq litres… On ne dénoncera
jamais suffisamment les risques pris par ces personnes de l’ombre, ces
techniciens qui payent parfois de leur vie leur dévouement et leur
professionnalisme afin d’offrir quelques minutes de détente à des téléspectateurs
avachis sur des canapés fatigués et délavés, l’œil vide et le cerveau en vrille
de l’aficionado de TF1…
On
ne pointera jamais assez du doigt les galères dans lesquelles vont se fourrer
des pipole, des anciennes gloires, des has-been ou des has-never-been pour
espérer retrouver un quart d’heure de pseudo-célébrité, dix minutes de
sunlights, et de quoi faire bouillir la marmite quelque temps…
Et
cette course effrénée et infinie vers le sensationnel, vers le « vous ne l’avez
jamais vu, et bien nous on va vous le montrer », aux fins de sacrifier au
Dieu Audimat sur l’autel de la grande prêtresse Médiamétrie, a couté la vie à
dix personnes hier soir…
Dix
personnes qui ne reviendront pas d’Argentine suite à cet effroyable accident d’hélicoptère,
dix maris, épouses, pères ou mères dont les épouses, époux, fils ou filles
attendront en vain tout en redoutant la glaçante solitude de la pierre tombale
et l’inhumanité désintégrante de la chambre funéraire où des hordes de connards
qui n’en ont rien à secouer viennent vous raconter des fadaises dans le seul
but de vérifier si vous êtes réellement peinés et que vous avez les yeux bien
rougis par les larmes…
Il
faut se résoudre à dire adieu à la petite fiancée de l’Atlantique, Florence
Arthaud qui avait survécu à un grave accident de la route, une chute dans l’océan
en pleine nuit et même à une chanson de Pierre Bachelet, c’est vous dire si
elle était blindée la file… Adieu aussi à Camille Muffat, sirène chlorée des
piscines, toute jeune retraitée de 25 ans qui n’aura hélas pas le loisir de
savoir ce qu’elle fera du reste de sa vie… Auf wiederseh’n également à Alexis Vastine,
boxeur maudit des jeux olympiques, recalé par deux fois et dont les larmes
avaient ému les téléspectateurs, et qui ne pourra jamais prendre sa revanche…
Ciao
également aux sept autres personnes qui ont péri dans le crash, et dont le seul
tort était d’être bien moins connus que les autres…
Et
tout ça pour quoi ? Pour épater le badaud ? Pour faire mouiller la
ménagère de moins de cinquante balais et la garçon-coiffeur de la place des Vosges ?
Pour faire de l’audience à grands coups de rebondissements bidons et de
situation prétendument critiques avec le staff médical de dix-huit personnes à
vingt mètres ?
Il
est désolant de constater qu’après le coup de semonce de Koh Lantah où la crise
cardiaque d’un candidat avait par la suite précipité le suicide du toubib de l’émission,
TF1 n’a tiré aucune conséquence de cette course sans limite au sensationnalisme…
Sensationnalisme
également avec cette interview qui part en sucette (pour rester correct) entre
Thierry Ardisson et Frédéric Mitterrand, qui encore une fois n’a pas la langue
dans sa poche et la queue dans son slip pour évoquer sa fascination pour les
boxeurs thaïlandais de moins de quarante ans. Frédo la pelloche nous a fait
part de ses rêves érotiques avec Manuel Valls au pieu… Limite il nous chantait « je
l’ai rêvé si fort que les draps s’en souviennent »… Et une housse de
couette salopée, une !
Salopée
également, la belle réputation de « tête haute mains propres » du
Front Nazi-on-heil de Marine… Le Parlement européen enquête sur vingt assistants
parlementaires FN qui bénéficieraient d’emplois fictifs, tout en se faisant
grassement rétribuer… Évidemment, Marine a eu la formule qu’il fallait, puisqu’elle
a reconnu qu’ils ne travaillaient pas pour l’Europe, mais contre elle…
Impayable, la blonde…
Impayables
aussi, nos parlementaires qui décident de discutailler sur la fin de vie
justement à compter d’aujourd’hui… Sédation, pas sédation, aide passive ou
activer à passer à l’éternité… M’est avis que ça va enculer les mouches pendant
quinze jours… La solution ? Un petit tour d’hélico en Argentine, et le
tour est joué !
Le
tour est joué également pour Aquilino Morelle, le cireur compulsif de godasses
de l’Elysée, qui se voit blanchi dans cette affaire de cireur convié à au
palais présidentiel… Y a pas à dire, il est verni ce mec… comme ses pompes !
Vernis,
je ne sais pas si les téléspectateurs de la première chaîne de l’ORTF l’étaient
ce 10 mars 1970 en assistant au premier épisode de « Sébastien et la
Mary-Morgane », troisième séquelle de la série de Cécile Aubry mettant en
scène son gamin, Mehdi, et le gros clebs blanc… Treize épisodes de vingt-six
minutes pour délayer une histoire parfaitement oubliable… Si on y rajoute la
chanson du générique, « La sirène aux longs cheveux », couinée par
Harry Trowbridge qui plus tard sera un des chanteurs du groupe Les Poppys,
vous avez tous les éléments pour passer une soirée lugubre… Un petit Nothomb et
vous touchez le Nirvana…
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