lundi 12 septembre 2016

Brèves du 12 Septembre 2016

Les flonflons aigres de l’orgue limonaire Gavili du Lekkerkerker égrènent les notes langoureuses de la valse « Amour et printemps » tandis que sur l’écran 625 lignes couleur défilent des images antédiluviennes des stars passées du grand écran, plongeant dans l’asthénie totale les téléspectateurs en proposant la vision d’un film de 1928, dans sa version d’origine…

Combien de vendredis soir prometteurs d’un weekend ensoleillé furent soudain assombris par ce lancinant et immuable rituel du Ciné-club, à une époque où la télévision ne cherchait pas l’audience à tout prix en enfermant des abrutis mononeuronaux dans un studio où ils seraient filmés sous toutes les coutures et dans toutes les positions possibles ?

Combien de fins de semaine furent endeuillées par des pelloches oubliées pour le bien-être national, exhumées par la main vicieuse d’une paire de cinéphiles sadiques, persuadés d’œuvrer pour l’érudition hexagonale ?

Combien de fois ai-je redouté ce générique suicidogène en me demandant quelle vieillerie serait à l’écran, après la présentation atone ? Dans mes souvenirs, le mélange s’était fait avec le Cinéma de Minuit, sur la troisième chaîne, avec la voix maniérée, savant mélange de Jacques Chazot mâtiné de Droopy pour le côté apathique, de Patrick Brion, un genre de Frédéric Mitterrand sous perfusion de tranxène concentré, fait partie de la mémoire collective, néanmoins, au même titre que les bêtasses hésitations auvergnates de Danielle Gilbert, les roucoulantes présentations de Catherine Langeais et les rocailleux « Bonjour » d’Yves Mourousi.

Infatigable enthousiaste du cinéma classique, celui qui ne cherchait pas la facilité, Claude-Jean Philippe s’est éteint à l’âge de 83 ans, et c’est avec lui une nouvelle mémoire du cinéma qui s’évapore…

Entre 1971 et 1994, il avait invariablement présenté des films exigeants, éloignés du bling-bling actuel, le dimanche soir jusqu’en 1975 puis le vendredi soir, après le tout aussi mythique Apostrophes de Bernard Pivot… De nos jours, après un énième zapping présenté par une potiche façon Anne Gaëlle Ricco ou Mathieu Delormeau, on se voit proposer la soixante-douzième diffusion de « On se calme et on boit frais à Saint Tropez »…

Chaque époque à les Socrate qu’elle mérite… A l’époque, on flaquait devant Nabokov et le Docteur Mabuse. Aujourd’hui, on est au nirvana avec les dernières bouses de Christophe Maé et les gugusseries d’Arthur…

Il faut pourtant trouver du divertissement là où il est censé se trouver. A l’époque, on n’avait guère que l’augmentation du prix de l’essence, la croissance du chômage et les bruits de bottes soviétiques en Afghanistan pour se torturer le cortex. Aujourd’hui, les enturbannés de Daesh sans bouillir nous donnent du mouron à foison…

Le premier coup d’essai transformé à grande échelle des illuminés du Coran, s’il avait marqué les mémoires, n’avait pas pour autant crée de climat d’inquiétude. Le strike des deux gros navions dans les tours jumelles, c’était il y a quinze ans… Déjà ! Cela semble si loin et pourtant chacun de nous se souvient précisément de l’endroit où il se trouvait quand il apprit la nouvelle…

Aujourd’hui, on ne prend même plus la peine de se souvenir, vu que les annonces se succèdent… En parallèle avec les pêches miraculeuses de dangereux terroristes qu’on arrête au bord de la perpétration de leurs méfaits : bombonnes de gaz à Notre Dame, prévision d’attentats à la Tour Eiffel… Y a pas à dire, ça vous file le moral et une patate d’enfer avant d’attaquer une nouvelle semaine !

Surtout que les apprentis-terroristes se recrutent presque dès le berceau ! On a arrêté samedi à Paris un mineur de quinze ans tout prêt à « tuer des gens » selon ses déclarations… Continuez à jouer la benoîte indifférence et à prôner le « tout va très bien Madame la Marquise », messieurs de l’exécutif ! A croire qu’il vous faut encore des Nice, des Magnanville et des Bataclan pour vous sortir enfin les doigts du derche…

Pendant ce temps, on vous dore la pilule, on vous fait miroiter des baisses d’impôts tombant à point pour permettre au culbuto élyséen de se représenter, on annonce avec tambours, trompettes, et l’orchestre symphonique de Radio France, l’augmentation du budget de la culture d’environ cinq pour cent… Jack Lang, reviens, ils sont devenus fous !

Fous, ou complètement cons, comme la nouvelle Miss Météo de Canal +, qui amoncelle les boulettes depuis le début du Grand Journal, l’émission sponsorisée par les apnéistes profonds tant elle flirte avec une audience nulle… Ornella Fleury a réussi à balancer des blagues homophobes sur Brigitte Boréale, une présentatrice transgenre dont on ne peut pas a priori louer la féminité triomphante, et à créer le malaise autour de l’acteur américain Jonah Hill, un ourson dodu, énumérant ses pires nanards et se gaussant de son physique de représentant de chez Olida.

Quand on se remémore les années dorées de Canal avec le duo De Caunes Gildas, on a envie d’ouvrir le gaz de la gazinière électrique…

Pas tout de suite… Il faut bien profiter des gesticulations du Pépère’s Lonely Mou-du-genou Fumiste Band qui veut maintenir l’activité d’Alstom à Belfort. Quand on voit le succès remporté dans le dossier Arcelor…

Vous reprendrez bien une tranche de pompier volontaire pyromane qui s’est fait heureusement gauler à Milhaud après avoir allumé plus d’une quarantaine de départs de feu dans l’été… A part avoir le feu quelque part, je ne vois pas…

Et on n’aurait pas pu se passer de ce délicieux quiproquo, à l’occasion de la sortie de l’iPhone 7, annoncé partout avec la légende « This is 7 ». Le souci est qu’en cantonais, sept se dit « tsat », ce qui est l’argot pour pénis… La pomme n’avait certainement pas prévu cette couille…

Et le 12 septembre 1963, Porsche présente au salon automobile de Francfort un modèle qui deviendra un mythe : le modèle 901… Qui sera renommé pour la commercialisation en 1964 911, Peugeot ayant l’exclusivité des numéros avec un zéro central. A quoi tiennent les mythes… 

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