lundi 14 mars 2016

Brèves du 14 Mars 2016

« C’était le temps des fleurs,
« On ignorait la peur,
« Les lendemains avaient un goût de miel… »

De toutes les versions connues de « Those were the days », la bluette nostalgique qui lança la carrière de la petite protégée des Beatles, Mary Hopkin, en 1968, c’est sans doute celle de Dalida, la chanteuse louche au frère presse-bites, qui apparaît la plus décalée…

Aux vagues réminiscences ouraliennes de la mélodie soutenues par un genre de balalaïka, on fait vocaliser à la chanteuse à l’accent plus italien qu’une meule de parmeggiano raggiano un texte mélancolique sur des avant-hier évaporés dans la fumée de tavernes du vieux Londres…

Vous me direz que question mélange international, on ne fait jamais aussi fort qu’au Grand Prix Eurovision de la Chanson où les nationalités se mélangent presque aussi facilement que les salives et les fluides des fans dans les coulisses de ce grand baisodrome européen…

Quand on se permet d’envoyer au casse-pipe un duo de chanteuses espagnoles faisant carrière en Allemagne produites par un parolier d’origine israélienne pour tenter de chanter en français pour le Luxembourg sur la scène du Concours Eurovision de Paris en 1978…

En parlant d’Eurovision, je sais qu’il vous sera parfaitement indifférent d’apprendre que les sélections se sont officiellement terminées samedi soir par la finale du Melodifestivalen suédois et que nous connaissons d’ores et déjà la quarantaine d’alcoolats musicaux plus ou moins écoutables qui feront le Concours 2016. Espérons quelques pépites, pas trop de bouses imbitables, et le maximum de chansons qui ne vous feront pas saigner les tympans comme le derniers albums de duos chantés en yiddish et en moldo-slovaque par Zaz et Christophe Maé…

En France, après les fuites irrépressibles des hystériques du falbalas de la chose eurovisuelle (faut dire que sans couches ou un sacré bouchon, y a comme qui dirait des béances au niveau de la porte arrière chez certains), Amir présentait la version raccourcie de « J’ai cherché » samedi soir dernier chez Véronique Dicaire… Ce n’est pas aussi mauvais qu’on pouvait légitimement le redouter ; mais ce n’est pas aussi bon qu’on pouvait, par miracle lourdesque, oser l’espérer…

Toujours cette pâteuse sensation d’interminable répétition du motif du refrain, sans un quelconque changement, et ce ne sont pas les quelques percussions rajoutées ça et là qui vont nous distraire, pas plus que les vocalises quasi-finales de Mimir mini-prix… Bref, ça laisse comme un goût d’inachevé et d’ennuyeux en bouche…

Par contre, si l‘on pouvait éviter de lui flanquer la quarteron de gourdasses dans les pattes à Stockholm, avec leur tambourin à rubans, leur tutu et leur chemise en jean délavé totalement démodée ; on se fera  suffisamment allumer comme ça sans avoir besoin d’en rajouter une bonne louche niveau du ridicule kitsch…

Bah, question kitsch, il suffit de se laisser bercer par le vinyle grésillant de la momie du Caire, Yolanda Gigliotti, qui roucoulait un temps des fleurs évoquant sa jeunesse, du temps de l’érection des pyramides…

C’était le temps des fleurs… Et l’on ignorait la peur de se faire mitrailler par des illuminés du bulbe, ou de se faire sauter par des enturbannés enrhumés du cortex. Quand on partait hier ou avant-hier en club de vacances en Côte d’Ivoire c’était pour tirer (et à tant que faire pas comme des lapins) et sauter des bombes à tour de bras, à couilles rabattues… Pas pour se faire tirer comme des lapins et sauter sur des bombes…

C’était le temps des fleurs… Un temps où il importait peu de manger équilibré, sain ou diététique, et où l’on se pourléchait les babines de plats mijotés, de cassoulets roboratifs, de viandes en sauces, de fromages crémeux, de biscuits tout sauf allégés et de sirops pur sucre… Quoiqu’aujourd’hui, au royaume du light, de l’allégé, du -45% de matières grasses englouties par des pétasses à mois de 45 % de matière grise, le plat vedette préféré des français n’est pas réputé pour ses qualités diététiques…

Non, ce n’est pas la tranche de merde huileuse entre deux éponges dont Ronald Mc Donald c’est fait une spécialité… Mais bel et bien la pizza, dont il s’est mangé 819 millions d’exemplaires l’année dernière aux quatre coins de l’hexagone… On attend encore la pizza bien française, la « steak-frites-camembert-baguette gauloise bleue »…

C’était le temps des fleurs… Des fleurs bleues et des romances prénuptiales qui parfois viraient à un irrémédiable Hôtel des Culs tournés après quelques années de mariage… Aujourd’hui aussi, et lorsque la dispute vire véritablement au vinaigre balsamique (l’histoire se passe au Val d’Aoste), on abandonne madame sur le bord de l’autoroute qui, après une vingtaine de kilomètres de marche, se fait faucher par une voiture… Le veuf a été mis en examen pour complicité d’homicide involontaire… Alors que ce n’est qu’un acte citoyen…

C’était le temps des fleurs, de l’insouciance légère et des baguenauderies dans les jardins de Monte-Carlo… L’époque où l’on pouvait mener grand jeu au casino de Monaco, flamber des millions en une seule soirée en siphonnant des caisses de Dom Pérignon millésimé, et rentrer en caleçon au petit matin à l’hôtel… Le temps où l’on prenait comme un haut fait de guerre de se faire interdire de jeux par la Société des Bains de Mer… Aujourd’hui, à l’instar de cette conductrice bourrée furax d’être interdite, on fonce en bagnole dans le casino par dépit… Et même pas une berline de luxe… O tempora…

C’était le temps des fleurs… Où les politocards en avaient dans le falzar, et à défaut de le mettre sur la table, savaient manier leur langue autre part que dans la boîte à ouvrage de madame ou sur le sceptre à béchamel de leur copain… Aujourd’hui, il suffit de deux moustachus syndicalistes à haleine à relever une momie pour que le Pepère’s Lonely Socialo Branquignols Band recule à vitesse supersonique, lâche du lest et présente quinze jours plus tard une version édulcorée qui risque fort de finir roulée en cornet et profondément dans le derche du Pétillant, selon le souhait majoritaire…

C’était le temps des fleurs, le temps où l’on regardait Catherine Langeais en noir et blanc à la télé, où l’on fumait sans filtres et sans complexes, où l’on roulait sans limitation et sans ceintures au travers des vingt-et-une régions françaises nouvellement créées… Aujourd’hui, on se vautre dans le ridicule des noms des nouvelles treize régions… Si le Nord avec ses « Hauts-de France » ne s’en sort pas trop mal (je suppose que le Sud va hériter de « Bas-de-France »…), l’Est se tâte le bretzel avec des propositions curieuses et grotesques comme « Nouvelle Austrasie » ou Acalie… Alors que l’élégant « Rhin et Champagne » serait doucereux comme un bon Gewurtz…

Et le 14 mars 1970 s’ouvre l’Exposition Universelle d’Osaka, qui durera jusqu’au 13 septembre, appelée là-bas « Nihon bankoku hakuran-kai » et qui a pour thème « Progrès et harmonie pour l'humanité ». Soixante-dix-sept pays y participent, et plus de 64 millions de personnes la visiteront. C’était le temps des fleurs… des fleurs de cerisiers japonais… 

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