« Mais le dimanche
« Je ne fais rien, je
me dis
« Que c'est dimanche
« Et qu'attendra bien
lundi… »
En êtes-vous ? Enfin,
dussé-je dire plus précisément avant de m’enfoncer irrémédiablement dans la
fange de l’incertitude et du tête à queue qui risque fort de finir en couille,
en faites-vous partie ?
Je ne saurais sérieusement évoquer
ici aujourd’hui certains penchants affectifs plus ou moins naturels qui vous
font préférer les films de gladiateurs avec des bogoss huilés et bodybuildés
habillés de rideaux toujours entrebâillés aux endroits stratégiques qui fouraillent
en de mâles étreintes leur arme bien dure fermement tenue d’une main vigoureuse…
Je ne voudrais pas heurter des sensibilités exacerbées et quelque peu
chochottes en vous posant la question à mille francs avec la voix melliflue mais
rocailleuse et sentant bon la vaseline parfumée : « avez-vous déjà
visité une prison turque ? »… Loin de moi l’idée de vous accuser d’aimer
à élargir le cercle de vos relations en leur permettant, l’expérience aidant,
de s’asseoir sur un petit-suisse sans l’écraser…
Que vous aimiez vous faire
lustrer le bigoudi à béchamel par un vigoureux bûcheron canadien qui sent bon
le suif sous les bras et le sirop d’érable, par un otoko geisha pensionnaire d’un
ochaya réputé ou par une geiko de Kyoto à poil roux ; vous ressentez je n’en
doute point une certaine appétence à vous prélasser le dimanche, dédaignant les
rituels quotidiens de la semaine, vous contentant d’errer de la chambre au
salon en chaussettes et jogging débraillé, le cheveu en bataille, la joue râpeuse
et l’halitose à portée de glotte…
Et pourtant, au risque de fâcher
les fervents admirateurs de Rika Zaraï qui en 1972 chantait haut et fort son
statut de feignasse dominicale, il ne fallait pas rester inactif ce dimanche…
Prenant son courage à deux mains et ouvrant la porte de l’autre (cherchez l’astuce),
vous vous deviez de partir d’un pas assuré et le regard fier vers votre bureau
de vote pour accomplir votre devoir citoyen, et trouver une certaine
satisfaction à urner dans l’isoloir…
Bon, au vu des résultats, on
se dit qu’on aurait peut-être mieux fait de rester couchés… On attendait une
déroute à gauche, une montée en puissance à l’extrême de la droite… Sur ce
point, on n’a pas été déçus ! Ce n’est pas simplement une veste qu’a pris
la majorité, mais une canadienne fourrée et doublée Gore-Tex… Quant à l’indéniable
poussée des aficionados du bouldogue blond… faut relativiser ! Certes, c’est
l’un des trois marronniers que doivent connaître par cœur tous les journalistes
et autres pisseurs de copie (avec « l’été il fait chaud » et « l’eau
ça mouille »), mais faudrait quand même voir à s’arrêter de se palucher à
s’en faire péter les tendons sur au mieux six villes FN sur 600 listes
présentées sur 36.000 communes…
Effectivement, on peut
parler d’une très grosse victoire du FN, qui sera présent au second tour dans
0,33 % des villes…
Bon, un peu moins dans les
extrêmes de l’échiquier politique, ce n’est pas plus brillant… Des politiciens
particulièrement irréprochables sont élus, ou récoltent des scores tout à fait
honorables… Et après, aller expliquer à vos moutards que ce n’est pas bien de
chouraver des biscuits dans la boite en fer chez mémé…
Allez aussi expliquer à vos
électeurs, enfin, à ce qu’il en reste moins de deux ans après votre érection
triomphale, qu’en dépit de vos grands discours sur les vertus de la SNCF, vous
dépensiez 9.200 € pour faire un aller-retour en Corrèze pour déposer votre
papelard dans l’urne… Quand on se gargarise de belles paroles sur les économies
de moyens pour le fonctionnement de l'État, on évite de faire voler le Falcon
présidentiel pour aller faire mumuse…
Surtout qu’en ce moment, c’est
pas très prudent de faire voler des gros navions dans tous les azimuts… Et plus
spécialement les Boeings 777 qui semble-t-il ont une fâcheuse tendance à piquer
du nez dans l’océan… Et l’on vous annonce ça avec une finesse et une
délicatesse sans nom… Par sms ma bonne dame ! Vous imaginez, le chirurgien
qui écrit à Raymonde : « Bonjour, le Docteur Duscalpel a raté votre
mari, le bistouri a rayé la table ; il est mort. Bonne fin de journée »…
Et le 24 mars 1965, sort sur
les écrans le nouveau film de Gérard Oury, « Le Corniaud » avec la
rencontre au sommet entre deux monstres sacrés du rire, Bourvil et De Funès… Le
scénario est assez oubliable, avec son gros diamant, le fameux Youkounkoun, et
la scène mémorable est l’explosion de la pauvre 2cv de Bourvil et l’échange savoureux
qui s’ensuit… Le genre de film parfait pour les dimanches pluvieux et flemmards…
Comme quoi, le dimanche, on peut faire quelque chose, n’en déplaise à Rika…
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