« Où
étions-nous ? (Dans la merde)
« Où
sommes-nous ? (Dans la merde)
« Où
allons-nous ? (Vers la merde)
« Pourquoi
y aller ?(Pour changer de merde)
« (Et
puis merde, merde, merde !)… »
C’est chié comme entame, ne trouvez-vous pas ? Rien
de tel que du Guy Béart le matin dès potron-minet pour vous mettre de bonne
humeur, à l’heure où les salles de bain françaises s’emplissent des bruits des
lavabos qui se vident, des baignoires qui se remplissent et des vocalises plus
ou moins justes de nos concitoyens…
Quoi
de plus normal que de célébrer la matière fécale, dans un pays qui a pour
emblème le coq, le seul animal capable de chanter les pieds dans la
merde ? Quoi de plus logique de glorifier ces résidus puisque nous y
pataugeons depuis un certain temps avec une délectation rare et un enthousiasme
certain ?
Et
quoi de plus évident que de laisser un inamovible troubadour de la chanson
française y présider ? Guy Béart, l’inextinguible guitareux qui vous
assène d’interminables tours de chant de quatre heures trente, rivé par des
tirefonds de 36 à la scène, scotché à sa guitare et englué au micro sans espoir
de le voir se taire avant que la salle n’ait dans un seul mouvement de salut
collectif n’ait dressé un drapeau blanc de capitulation auditive
inconditionnelle… Quand on a osé pondre une version disco de l’intemporel
« Frère Jacques » pour le présenter sous les couleurs
luxembourgeoises à l’Eurovision 1977 par la voix bien faible de sa compagne de
l’époque, on se doute fort qu’il ne va pas se gêner pour faire des sous avec ce
dont nous nous soulageons quotidiennement à grands renforts de ploufs sonores
dans la cuvette…
Car
on patauge dans le caca dans la campagne des municipales où les coups bas
fusent, les allusions dénigrantes sont foisons et toutes manigances sont bonnes
pour se faire élire et réélire… Et pendant ce temps, on vous serine à la radio
des spots qui fleurent bon les temps antédiluviens de l’ORTF pour vous inciter
à aller urner dans les isoloirs…
On
est dans la merde en apprenant que RTL a fini par débaucher Laurent Ruquier
d’Europe n° 1 pour lui confier à partir de septembre les commandes des Grosses
Têtes, Philippe Bouvard étant encore une fois à bout de course… Quand on
connaît les récents succès télévisés de l’animateur, on se dit que Radio Luxembourg
veut offrir un enterrement de luxe à son programme phare… Quand on se prend à
réécouter les podcasts des émissions des années 80, émaillées des réparties
cinglantes, vachardes mais toujours élégantes des Martin, Zitrone, Yanne, Le
Luron, Chazot et autre Carel, on se dit que franchement, le rire francophone
est définitivement mort faute d’avoir trop longtemps séjourné dans le slip…
L’Ukraine
est dans une merde noire avec l’annexion russe de la Crimée, alors que plane
sur ce pays une menace de plus en plus forte d’invasion russe… L’arme de
destruction massive du Kremlin ? La filmographie complète de Depardieu…
Mais que fait l’ONU ? ?
Pendant
ce temps, Kerviel se démerde pas trop mal dans la fosse septique de la Société
Générale, puisque la Cour de Cassation, si elle confirme sa condamnation à
trois ans de prison ferme (pendant lesquelles il aura le plaisir de goûter aux
rencontres masculines rapprochées sous la douche à base de savonnettes qui
chutent à terre), annule les 4,9 milliards d’euro de dommages et intérêts…
La
merde, elle remplit également notre microcosme politique, où désormais l’on
prend un malin plaisir à l’étaler avec un raffinement de fin gourmet, une
régularité de métronome et un acharnement qui forcerait presque le respect dans
l’affaire des écoutes de l’Ex… Avait-on besoin de ces précisions de scatophiles
pour se douter que la politique était à ce point merdeuse ?
Comme
le disait déjà il y a fort longtemps Edouard Herriot, la politique est comme
l’andouillette : ça doit sentir la merde, mais pas trop…. Là, c’est à
croire que les hommes politiques se parfument lourdement à « Fleur
d’anus » de Jean Peste…
Merde
très épaisse dans la disparition du Boeing… Qu’on est pourtant à peu près sur
d’avoir vu un peu partout, maintenant qu’on sait de manière à peu près certaine
qu’il n’a pas été reconverti en pâtée pour requins…Le mystère est pourtant
entier, et l’on imagine les abîmes d’incertitude dans lesquels les familles des
disparus sont plongées… Et même les plongées profondes à couper le souffle des
Morgan Bourc’his, Pierre Frolla et consorts ne pourraient redonner le moindre
petit souffle d’espoir…
Et
je ne vous parle même pas de la merde dans laquelle se débat l’économie
française, ni de la merde gouvernementale où l’immobilisme ambiant suite aux
insistantes rumeurs de remaniement ferait ressembler les statues de cire du
Musée Grévin pour des pantins parkinsonniens animés en mode 78-tours… Je ne
vous en parle pas pour la simple et bonne raison que cette chronique n’est pas
sponsorisée par les sanibroyeurs SFA…
Heureusement
que ça ne sent pas la merde sur les étagères de la mémoire, en ce 20 mars… Ça
ne sent pas la merde mais plutôt le stupre, le slip garni de déjections
spermatiques et de cyprine… En effet, le 20 mars 1974 sort sur les écrans le
film de Bertrand Blier « Les valeuses », qui contre l’errance de deux
marginaux, un peu voyous, très paresseux et fort portés sur le sexe et flanqués
d’une jeune shampouineuse délurée mais frigide. Succès public malgré la crudité
réaliste des situations et dialogues, le film promeut Gérard Depardieu, Patrick
Dewaere et Miou-Miou au rang de vedettes, et permet de goûter l’interprétation
de Jeanne Moreau, de Brigitte Fossey et d’Isabelle Huppert. Remarquez que les
valseuses ne sont pas très éloignées du trou du cul, d’où les odeurs de merde
qui peuvent en émaner…Décidément, Guy Béart avait tout compris !
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