mercredi 19 mars 2014

Brèves du 19 mars 2014

« If you wanna sing a song, though your voice is goin' wrong
« Never mind about the tune and sing along
« It's play-back, it's play-back, it's play-back »

 Il fallait un certain culot, et dans le même temps, une bonne dose d’autodérision, pour présenter au Concours Eurovision de la Chanson, temple de l’interprétation en direct live intégral, une chanson intitulée « Playback ». Carlos Paião le fit, néanmoins, lorsqu’il fut choisi pour représenter le Portugal en 1981, avec cette chansonnette qui finit avant-dernière ex-aequo avec 9 points (huit de l’Allemagne et un de la Grèce).

Le play-back, c’est chanter sur une musique et une voix préenregistrées, juste en remuant les lèvres en rythme… Mais quel rapport avec la choucroute bien garnie de l’actualité du jour ? Eh bien, c’est un peu comme parler en expert de ce qu’on a pas vu, lu ou entendu…Le play-back, c’est un peu comme la critique littéraire, artistique ou musicale… On cause, on palabre, on assassine bien souvent sans avoir lu, vu, écouté…

Vous vous souvenez très certainement de cet hebdomadaire paraissant le mercredi et qui, à l’origine en 1947, s’appelait Témoignage chrétien, et tentait d’organiser mieux les loisirs de ses lecteurs… Son nom choisi en 1960 ? Télérama… Qui va devenir d’une certaine manière le maître à penser d’une certaine catégorie de personnes qui pensent…. Qui ont du neurone dans la boîte crânienne et qui ne subissent pas inéluctablement les âneries télévisées qui vont dégouliner de l’ORTF dans les années 60 et 70.

Au fil des années, Télérama va se transformer en une sorte de gourou de l’élite intellectuelle, et ses critiques radio-télé seront de plus en plus féroces sur les programmes qu’ils ont dans le pif… Autant vous dire tout de suite que le Concours Eurovision fait partie des têtes de turc favorites, et les descentes en flèches du Concours ne se comptent plus…

Et tout cela, écrit avec l’assurance de personnes qui affirment maîtriser leur sujet sans jamais en avoir jamais regardé une édition… C’est ça qui est apprécié, causer de ce qu’on ne connaît que de ouï-dire mais qu’on déteste déjà parce que populaire…

Le Concours Eurovision… ce concours qu’on aime détester mais qu’on déteste aimer… Et à Télérama, tout y passe…. Y a pas de jaloux… la radio, le cinéma, le théâtre… un vrai carnage !

Faut bien avouer que de temps à autre, les films critiqués prêtent nettement le flanc à la critique, puisque leurs qualités intrinsèques outre le fait qu’ils accélèrent nettement le transit intestinal, leur ont fait quitter l’affiche avant même que la colle ne soit sèche.

C’est surtout la concision des critiques qui fait leur qualité…

Tenez, pour causer des bouquins qui inondent le marché littéraire à la rentrée, les critiques littéraires se réfèreront toujours aux fiches rédigées par leur attachée de presse, ce qui leur permet de briller lorsqu’ils viennent exhiber leurs phalanges au Cercle de Minuit, alors que l’on distingue nettement à côté d’eux le bouquin qu’ils sont en train d’assassiner qui est resté en pavé compact, preuve irréfutable qu’ils ne l’ont même pas ouvert…

Pour le cinéma, c’est pareil… Tenez, prenons comme exemple le film « Thor » et sa navrante suite… Si vous n’êtes pas amateur de films de gladiateurs, et si la plastique parfaitement huilée d’un bellâtre blond comme les blés qui joue des muscles saillants ne vous fait pas flaquer, vous pouvez aisément le résumer à un film où l’on voit un blond manier une épée…

On m’a récemment très vivement encouragé à aller voir le film « 300 : la naissance d’un empire », car Printemps du Cinéma aidant, on a plus facilement 3,50 € à gaspiller…

Que vous en dire ? Une jolie succession de scènes de guerre hémoglobinisantes à souhait, malheureusement entrecoupés de dialogues si plats qu’on n’hésiterait pas en comparaison à publier le scénario de ce monument qu’est « Hélène et les garçons » dans la Pléiade… Sullivan Stapleton campe un Themistocles incolore et fade, ne possédant ni le charisme ni le coffre de son prédécesseur Gerard Butler, qui incarnait Léonidas (l’inventeur des chocolats belges).

Rajoutez-y Eva Green (la fille de Marlène Jobert) dans le rôle casse-gueule d’Artémise qui multiplie les poses iconiques (ah, ça, c’est une vraie i-conne), des scènes d’action bourrins mais efficaces et de l’émotion aux abonnés absents… Le résultat ? Ce n’est plus « Hélène et les garçons » mais « Hellène et ses boys »…

Et je vous en parle d’autant plus en connaissance de cause que je ne l’ai pas vu !

Tout comme on n’est pas prêt de revoir le Boeing de la Malaysia Airlines… D’autant plus que des experts français ont été dépêchés sur place pour les recherches en mer… Quand on sait qu’on est infoutus de retrouver l’enculeur de chèvres et flingueur de préfet sur une île de 8.680 km², que voulez-vous qu’on retrouve sur un champ de recherches grand comme le Portugal ?

Du côté des futilités politiciennes, Mediapart publie des passages des écoutes de Nicolas Sarkozy démontrant que le magistrat Gilbert Azibert est bien intervenu auprès de trois conseillers de la Cour de cassation…On attend avec impatience la retranscription des répétitions de Carla… ça nous reposera les tympans…

Une belle boulette de l’AFP dans ses dépêches, qui titre que le footballeur Gomis a été blanchi des accusations de viol qui pesaient sur lui... Quand on sait qu'il est à peine moins noir que Léopold Sedar-Senghor, on imagine qu’il a dû entrer dans une colère noire en lisant cela…

Une colère bien fraîche, presque la colère saine de la dingo du Poitou, que celle qui secoue le concert des nations suite à l’annexion de la Crimée par la Russie… Les sanctions internationales contre Poutine sont hilarantes et la condamnation solennelle d’Obama et de son toutou, Flamby 1er, ont dû faire pisser de rire le désopilant Président russe…

Et le 19 mars 1955, le film « Graine de violence » (Blackboard Jungle en VO), réalisé par Richard Brooks, et basé sur le roman de Evan Hunte, sort sur les écrans français. Ce film présente les rapports difficiles entre un professeur débutant (Glenn Ford)et ses élèves dans un lycée professionnel. La chanson phare du film est « Rock Around The Clock », de Bill Haley, un des classiques les plus emblématiques du mouvement rock ‘n’ roll, qui pour le coup n’est pas un play-back portugais !

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