Si je n’étais
pas naturellement doté d’une courtoisie inextinguible, d’une distinction
naturelle et d’un raffinement qui ferait passer le plus prout-prout des
délicats pour un immonde salingue tendance Morandini le casteur ; je
serais assez tenté de vous confier in petto et à demi-voix que je me fais chier
la bite à cent sous de l’heure !
Non mais
sérieux ! A part un sadique ou un amateur de séries déprimantes façon
Walking Dead ou l’incontournable « Game of Thrones » (littéralement,
le jeu du trône, un titre à chier, véritablement), je ne vois pas qui pourrait
sensément me refiler une audience à neuf heures du matin avec la mission
impossible d’assister une dérangée de la cafetière qui n’a pas refermé une
seule seconde son robinet à conneries pendant les quarante-cinq minutes d’attente
au Juge des Tutelles…
Ah si, je
sais ! Mon associé…
Et qui qui c’est
qui se coltine l’audience de l’après-midi, où les horaires postprandiaux sont
nettement plus propices à somnoler en ronflotant les lippes entr’ouvertes avec
un léger filet de bave dégoulinant sur votre col de chemise qu’à plaider
violemment contre une antédiluvienne gorgone du barreau botoxée à l’excès qui
lâche une caisse à chaque fois qu’elle plisse trop violemment les yeux ?
Devinez…
Heureusement
que pour tromper l’ennui, j’ai dans ma poche, non pas les extraits du Reader’s
Digest (je préfère nettement plus le Raider digeste), mais un magazine
cancanier appartenant au microcosme des torche-cul du lundi sur papier glacé et
qu’une consoeur compatissante sur mon heure et demie d’attente attendue m’avait
gentiment abandonné (pisque de toute façon, y avait pas de photos de Kit
Harington à poil…).
C’est
positivement effarant ce qu’on peut exhumer comme informations rigoureusement
inutiles et comme scoops parfaitement éventés et intégralement inventés, de la
grossesse de Line Renaud à la nouvelle fiancée de Cyril Féraud ! On y
rajouterait un zeste de lyrisme et quelques fautes de prononciation qu’on
croirait entendre un discours de campagne électorale…
Je dois des
excuses à la consoeur m’ayant cédé le magazine, une évocation moderne des héroïnes
des fils d’Eddie Constantine, qui doit bouillir : c’est plus la môme
vert-de-gris, c’est la môme vert de rage… Son torche-cul qui fait flaquer les
mamies à cheveux bleus et mouiller les garçon-coiffeurs à décoloration ratée, n’est
pas aussi affligeant que la couverture affichant Kendji Girac, la gitane sans
filtre, et une vulgaire dinde recrutée sur casting pour combler son mal de mâle.
Je dois avouer avoir pris un certain plaisir à feuilleter d’une fesse discrète
les pages informations générales…
Oui, je sais,
j’aime me faire mal, mais que voulez-vous, certaines nouvelles sont tellement
croustillantes… Et arrivent parfois à point nommé pour illuminer une journée
trop grise…
Comme cette
ménagère d’Echirolles qui trouve dans ses patates une grenade de la première
guerre mondiale… Si elle voulait faire des pommes de terre sautées, c’était
presque gagné. Surtout si elles étaient de la variété grenaille…
Toujours dans
les pages cuisine de cet immarcescible torche-cul, entre un conseil pour faire
réchauffer votre poisson à la bordelaise surgelé et une recette de sandwich au
pain, une astuce mexicaine pour accommoder les restes. Ce restaurateur du cru
qui avait zigouillé son épouse l’a hachée menu et à servi les restes de son
corps dans ses plats… Avouez que l’on dégustera la prochaine enchilada avec
comme un arrière-goût dans la gorge…
A moins que
vous ne préfériez la dinde fourrée… Sans parler des performances sexuelles des
candidates à Miss France, le volatile rempli de farce est un classique de la
cuisine américaine. Et australienne visiblement puisqu’un wallaby de 27 ans s’est
fait choper après avoir violé ses deux filles de trois et neuf ans (jusque là,
rien que de très normal), son chien (là, on commence à se vautrer dans le bon
goût) et tenté de sodomiser plusieurs poulets (comment croyiez-vous qu’ils
étaient préparés, les volatiles de Thanksgiving ?). L’expert-psychiatre a
indiqué qu’il était « détraqué sexuel »… Ben heureusement…
Ah tiens !
En parlant de détraqué et de maboules, voici les pages politique… Ah ! Manuel
Valls ouvre la rubrique… Evidemment, avec ses airs de petit sous-préfet vicieux
et pervers, ça excite la ménagère qui tâte le poireau aux Halles… Et le
Pétillant matignonnesque cultive l’équivoque sur une éventuelle candidature
élyséenne : s’il se présentait, Manu estime que Flamby lui collerait
Ségolène dans les pattes… Mais pourquoi faire ? Une levrette en
porte-cochère pour gagner deux centimètres ? Une gâterie bucco-pharyngée
avec final en crème mousseline sous pression sur les amygdales ?
Encore
faudrait-il que Manu soit sévèrement burné, comme l’illustre Nanard Tapie, que
l’on ressort du saloir pour faire bicher les vieilles fumelles de la paroisse…
Nanard balance sur Manu Macaron, le désosseur de vieux tableaux façon Amanda
Lear revisitée par la seringue à botox de Sheila : un type qui écrit de
très bons livres de cuisine mais qui ne fait pas encore la bouffe. En gros, qui
n’a pas mis le doigt, ni le reste, dedans… Avec Brigitte faut vraiment avoir
envie, ou aimer les chefs d’œuvre en péril…
En péril
également la popularité de notre Président Normal, qui réduit comme peau de
chagrin congelée au chaud cagnard aoutien… D’après le Cavipof, seuls quatre
pour cent des français seraient satisfaits de Pépère, dont un pour cent « très
satisfaits ». On a d’ores et déjà une évaluation des fous à lier… Pour ce qui
est des compatriotes à entuber, ils sont soixante et quelques millions auxquels
on prépare consciencieusement le trou de balle, en affirmant que le chômage
baisse, ce qui permettra la représentation du culbuto à cravate de traviole…
Les choses
sont décidément rudement bien faites, non ? Le Tout Mou national joue les
Pierre Frolla sondagiers, et on sort du chapeau une providentielle baisse du chômage…
Pensent-ils les français aussi cons ? Ben oui…
Ah, et pour
finir, avant de tirer la chasse, un rapide coup d’œil sur la page « confessions
intimes », le fourre-tout inutile et bien voyeur. Avec cette semaine ce qu’on
fait de moins viril au FN, loin derrière Marinette et Marion Maréchal-Nouvoila-Le
Pen ; Mademoiselle Philipopo, qui la joue cash à propos de ses penchants
pour les films de gladiateurs et les grosses lances (à eau) des pompiers ;
assurant que son homosexualité n’est pas un problème… Pour lui peut-être… Pour
les caciques de parti, ben si, quand même un peu…
Et le 25
octobre 1931 naissait à Paris Annie Girardot, actrice française que l‘on ne
présente plus au plus de vingt ans car elle fut l’une des actrices françaises
les plus populaires au cours des années soixante et soixante-dix, alternant rôles
sérieux (Mourir d’aimer) ou drôles (Tendre poulet). Et la nouvelle génération
la connaît surtout comme une vieille dame décatie, le visage mouillé de larmes,
se demandant un soir de Césars si elle avait manqué au cinéma français qui lui
avait manqué à elle follement... éperdument... douloureusement. Non, madame,
vous n’êtes pas encore tout à fait morte dans la mémoire collective…Heureusement.
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