Si ce n’est
pas trop vous demander, vous seriez bien aimables de faire un peu moins de
bruit, de minorer votre joie de vivre, de rabaisser votre caquet joyeux… Et
pendant qu’on y est, n’oubliez pas de baisser les stores, et d’arrêter la
pendule avant de partir…
Mon costume
noir est déjà prêt, étendu sur le lit, la cravate assortie est tombée
négligemment à côté… Eh oui, je suis en deuil…
Rassurez-vous,
le deuil ne nécessitera pas la tenue dite de grand deuil avec les voilettes,
les lunettes d’hypocrite et les sanglots savamment retenus aux moments cruciaux…
La perte n’est pas des plus cruelle… même si elle va bouleverser mon quotidien…
Et celui de pas mal de personnes…
Ah oui, le
deuil est collectif… Ce n’est pas qu’il soit ainsi moins lourd à porter, mais l’on
se sentirait presque moins triste à l’idée de savoir d’autres personnes
plongées dans l’affliction et la douleur de la perte…
La perte est
soudaine… Même s’il faut bien avouer qu’on s’y attendait… On avait senti planer
la menace depuis quelque temps déjà, et les derniers mois ont été fatals :
on a connu l’issue ultime avec stupéfaction, et ce n’était depuis lors qu’attente
angoissée, essayant vainement de tromper l’attente d’ores et déjà vaincue par
des dérivatifs et palliatifs : clopes avec ou sans filtres, qui font rire
ou pas, cafés honteusement tassés, perfusions de Gurosan ou de Tranxène hyper
concentré, lecture des œuvres complètes de Ménie Grégoire, visionnage de l’intégrale
Dolph Lundgren… C’est vous dire s’il fallait s’abrutir… Certains ont même
essayé de travailler…
Mais là, ça y
est… Le décès est officiel, la mort est on ne peut plus effective… Plus décédé
que ça, il n’y aura guère que les audiences du Grand Journal ou l’électroencéphalogramme
de Nabilla…
C’est avec
regret, et une pointe de trémolo dans la voix (façon Véronique Sanson sobre),
que je vous annonce de la manière la plus officielle et cérémonieuse qui soit
la mort de l’article 1382…
Comment ça,
vous vous en contrecognez le coquillard avec une prothèse de patte avant de
tripotanus enfarinée à la polenta vierge ? Si vous continuez à me causer
vilain, j’en connais qui vont finir leur semaine à faire de l’apnée par dix
mètres de fond dans le canal du midi avec des godasses sponsorisées par les
ciments Lafarge…
Je vous parle
de la disparition d’un article du Code Civil au moins aussi connu que la chatte
de Bardot ou la moumoutte de Georges Jouvin, et vous, vous me vouez mon 1382
aux gémonies avec un billet aller et un billet de quai ?
Mais bande de
mécréants apophtègmatiques fanatisés que vous êtes ! L’article 1382 pour
les juristes, c’est comme le vinaigre dans la sauce salade, le ketchup dans le
steak-frites, la mayonnaise dans la merguez qui tambourine la couscoussière… C’est
indissociable l’un de l’autre, c’est la clé de voûte de la culture juridique,
la pierre angulaire du droit civil, la sous-couche de la peinture judiciaire
avant marouflage et application du vernis ciré en camaïeu de prune chocolatée !
Tous les
avocats, conseils juridiques, juristes, et plus généralement tous ceux qui ont
tâté de la fac de droit connaissent l’article 1382 qui énonce que… que…
‘Tendez deux
secondes que je le reprenne in extenso dans le texte…
« Tout
fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la
faute duquel il est arrivé à le réparer. » Voila, voila l’article 1382 en
vigueur entre le 19 février 1804 et le premier octobre 2016 ; la phrase
qui a fait mouiller le string de plus d’un avocat, THE article sur la
responsabilité délictuelle, qui a fait couler plus de pages que le saucissonnage
de la Karda-chiante…
D’un trait de
plume, ces messieurs qui n’ont peut-être jamais vu de Code Civil autrement que
dans le bureau du Juge qui les mettait en examen pour des magouilles
politiciennes, nous ont sapé nos repères ; notre 1382 devenant un 1240 qui
relevait auparavant du paiement… Bref, un joyeux merdier en perspective…
Le merdier,
on l’a déjà avec les enturbannés qui semblent être partout, à tout instant… L’agression
de deux policiers à Bruxelles serait un possible attentat terroriste selon les
autorités belges… Attention de ne pas trop crier au loup…
Le merdier, c’est
aussi la réforme que Pépère a tenu à faire passer concernant les privilèges
réservés aux anciens Présidents de la République, rabotant leurs prébendes et
minimisant leurs avantages… Curieux tout de même, alors que le Tout Mou va
gicler dans moins d’un an… Ce mec aura définitivement toujours tout fait à l’envers !
Le merdier,
il est pour les Balkany, les Thénardier du 9-3, dont Mediapart, le « Je
suis partout » moderne, publie des photos du manoir, estimé à trois millions
et demi d’euros… Seulement trois millions et demi ? Clochards, va !
Le merdier,
quasiment au sens propre, ce sera peut-être cette piscine parisienne chauffée
grâce à l’eau des égouts… C’est la lumineuse idée de Notre Drame de Paris, qui
n’a pas son pareil pour pondre des décisions abracadabrantesques…
Le merdier, c’est
la vieille poudrée à catogan qui le met dans le gros boul de la Karda-chiante en
lui décochant un scud bien senti : « On ne peut pas étaler sa
richesse et ensuite être surpris que des gens veuillent la partager »…
Toujours aussi fielleuse, la Lagerfeld…
Le merdier, c’est
sans doute celui que vous ferez dans votre froc quand vous aurez vu la dernière
nouveauté de la maison Magia2000, spécialisée dans les poupées à l’effigie de
célébrités, qui nous a pondu une réplique de l’orignal chantant, Céline Dion…
Déjà que l’original n’est pas jojo tant elle a été replâtrée au bistouri, mais
le modèle réduit est à hurler de terreur façon l’exorciste… Tiens, c’est d’ailleurs
un peu l’impression que ça donne en la regardant… D’ailleurs, je ne sais pas ce
qu’elle peut faire en Enfer, la Céline…
Le merdier, c’est
en ce vénérable 5 octobre 1969, les intenables Graham Chapman, John Cleese, Terry
Gilliam, Eric Idle, Terry Jones, et Michael Palin qui le mirent sur les
antennes de la respectable BBC avec la première diffusion de leur inclassable « Monthy
Python’s Flying Circus », série mythique regroupant une anthologie de
sketches, de parodies d'émissions télévisées et de reportages improbables, dénonçant
les travers de la société britannique et s'attaquant avec un humour non-sens au
monde politique, au sexe, à la religion, à l'armée, aux fonctionnaires... Ou
comme la renomma la RTBF lors de la diffusion à la fin des années 70 « Absurde,
n’est-il pas ? » So british, darling !
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