mercredi 5 octobre 2016

Brèves du 05 Octobre 2016

Si ce n’est pas trop vous demander, vous seriez bien aimables de faire un peu moins de bruit, de minorer votre joie de vivre, de rabaisser votre caquet joyeux… Et pendant qu’on y est, n’oubliez pas de baisser les stores, et d’arrêter la pendule avant de partir…

Mon costume noir est déjà prêt, étendu sur le lit, la cravate assortie est tombée négligemment à côté… Eh oui, je suis en deuil…

Rassurez-vous, le deuil ne nécessitera pas la tenue dite de grand deuil avec les voilettes, les lunettes d’hypocrite et les sanglots savamment retenus aux moments cruciaux… La perte n’est pas des plus cruelle… même si elle va bouleverser mon quotidien… Et celui de pas mal de personnes…

Ah oui, le deuil est collectif… Ce n’est pas qu’il soit ainsi moins lourd à porter, mais l’on se sentirait presque moins triste à l’idée de savoir d’autres personnes plongées dans l’affliction et la douleur de la perte…

La perte est soudaine… Même s’il faut bien avouer qu’on s’y attendait… On avait senti planer la menace depuis quelque temps déjà, et les derniers mois ont été fatals : on a connu l’issue ultime avec stupéfaction, et ce n’était depuis lors qu’attente angoissée, essayant vainement de tromper l’attente d’ores et déjà vaincue par des dérivatifs et palliatifs : clopes avec ou sans filtres, qui font rire ou pas, cafés honteusement tassés, perfusions de Gurosan ou de Tranxène hyper concentré, lecture des œuvres complètes de Ménie Grégoire, visionnage de l’intégrale Dolph Lundgren… C’est vous dire s’il fallait s’abrutir… Certains ont même essayé de travailler…

Mais là, ça y est… Le décès est officiel, la mort est on ne peut plus effective… Plus décédé que ça, il n’y aura guère que les audiences du Grand Journal ou l’électroencéphalogramme de Nabilla…

C’est avec regret, et une pointe de trémolo dans la voix (façon Véronique Sanson sobre), que je vous annonce de la manière la plus officielle et cérémonieuse qui soit la mort de l’article 1382…

Comment ça, vous vous en contrecognez le coquillard avec une prothèse de patte avant de tripotanus enfarinée à la polenta vierge ? Si vous continuez à me causer vilain, j’en connais qui vont finir leur semaine à faire de l’apnée par dix mètres de fond dans le canal du midi avec des godasses sponsorisées par les ciments Lafarge…

Je vous parle de la disparition d’un article du Code Civil au moins aussi connu que la chatte de Bardot ou la moumoutte de Georges Jouvin, et vous, vous me vouez mon 1382 aux gémonies avec un billet aller et un billet de quai ?

Mais bande de mécréants apophtègmatiques fanatisés que vous êtes ! L’article 1382 pour les juristes, c’est comme le vinaigre dans la sauce salade, le ketchup dans le steak-frites, la mayonnaise dans la merguez qui tambourine la couscoussière… C’est indissociable l’un de l’autre, c’est la clé de voûte de la culture juridique, la pierre angulaire du droit civil, la sous-couche de la peinture judiciaire avant marouflage et application du vernis ciré en camaïeu de prune chocolatée !

Tous les avocats, conseils juridiques, juristes, et plus généralement tous ceux qui ont tâté de la fac de droit connaissent l’article 1382 qui énonce que… que…

‘Tendez deux secondes que je le reprenne in extenso dans le texte…

« Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer. » Voila, voila l’article 1382 en vigueur entre le 19 février 1804 et le premier octobre 2016 ; la phrase qui a fait mouiller le string de plus d’un avocat, THE article sur la responsabilité délictuelle, qui a fait couler plus de pages que le saucissonnage de la Karda-chiante…

D’un trait de plume, ces messieurs qui n’ont peut-être jamais vu de Code Civil autrement que dans le bureau du Juge qui les mettait en examen pour des magouilles politiciennes, nous ont sapé nos repères ; notre 1382 devenant un 1240 qui relevait auparavant du paiement… Bref, un joyeux merdier en perspective…

Le merdier, on l’a déjà avec les enturbannés qui semblent être partout, à tout instant… L’agression de deux policiers à Bruxelles serait un possible attentat terroriste selon les autorités belges… Attention de ne pas trop crier au loup…

Le merdier, c’est aussi la réforme que Pépère a tenu à faire passer concernant les privilèges réservés aux anciens Présidents de la République, rabotant leurs prébendes et minimisant leurs avantages… Curieux tout de même, alors que le Tout Mou va gicler dans moins d’un an… Ce mec aura définitivement toujours tout fait à l’envers !

Le merdier, il est pour les Balkany, les Thénardier du 9-3, dont Mediapart, le « Je suis partout » moderne, publie des photos du manoir, estimé à trois millions et demi d’euros… Seulement trois millions et demi ? Clochards, va !

Le merdier, quasiment au sens propre, ce sera peut-être cette piscine parisienne chauffée grâce à l’eau des égouts… C’est la lumineuse idée de Notre Drame de Paris, qui n’a pas son pareil pour pondre des décisions abracadabrantesques…

Le merdier, c’est la vieille poudrée à catogan qui le met dans le gros boul de la Karda-chiante en lui décochant un scud bien senti : « On ne peut pas étaler sa richesse et ensuite être surpris que des gens veuillent la partager »… Toujours aussi fielleuse, la Lagerfeld…

Le merdier, c’est sans doute celui que vous ferez dans votre froc quand vous aurez vu la dernière nouveauté de la maison Magia2000, spécialisée dans les poupées à l’effigie de célébrités, qui nous a pondu une réplique de l’orignal chantant, Céline Dion… Déjà que l’original n’est pas jojo tant elle a été replâtrée au bistouri, mais le modèle réduit est à hurler de terreur façon l’exorciste… Tiens, c’est d’ailleurs un peu l’impression que ça donne en la regardant… D’ailleurs, je ne sais pas ce qu’elle peut faire en Enfer, la Céline…

Le merdier, c’est en ce vénérable 5 octobre 1969, les intenables Graham Chapman, John Cleese, Terry Gilliam, Eric Idle, Terry Jones, et Michael Palin qui le mirent sur les antennes de la respectable BBC avec la première diffusion de leur inclassable « Monthy Python’s Flying Circus », série mythique regroupant une anthologie de sketches, de parodies d'émissions télévisées et de reportages improbables, dénonçant les travers de la société britannique et s'attaquant avec un humour non-sens au monde politique, au sexe, à la religion, à l'armée, aux fonctionnaires... Ou comme la renomma la RTBF lors de la diffusion à la fin des années 70 « Absurde, n’est-il pas ? » So british, darling !

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