« Ici
Pierre Tchernia… »
Combien de
fois avons-nous entendu ce bonsoir particulier résonner sur les lucarnes
grisonnantes du 819 lignes parental qui trônait tel une pièce de choix dans le
salon, entre le buffet en formica luisant et le canapé de chintz beige sur
lequel s’alanguissait un plaid en patchwork multicolore tricoté main ?
Une voix
charmante, bien timbrée, chaleureuse mais rigoureuse, amicale mais très « ORTF »…
Une voix qui invitait à s’installer bien confortablement sur le cosy et à se
laisser bercer par les histoires qu’il vous racontait…
Une voix qui
curieusement détonnait de la haute stature du bonhomme, de sa carrure massive
qui en imposait et qui le distinguait immédiatement dans la foule…
Une haute
stature qui pourtant invitait à la confiance, à la sympathie et à la confidence…
Une voix
comme on n’en fait plus, hélas, aujourd’hui et qui ne résonnera plus dans nos
oreilles que par le truchement idoine des archives de l’INA…
Pierre
Tchernia s’en est allé au paradis des animateurs, à l’âge de 88 ans, par un
froid samedi… Pierre Tchernia, qui avait tout fait à la télévision, et savait
tout faire.
On l’avait
croisé aux prémices ultimes du Journal télévisé en 1949, on l’a suivi au fond
de la mine à l’époque des premiers grands directs qui passionnaient les
téléspectateurs, on l’a aimé animateur des émissions consacrées à Disney, on s’est
pris au jeu de son immortel Monsieur Cinéma…
Et on l’a
aussi entendu tant et tant de fois (treize au total) commenter pour les
téléspectateurs français (et parfois aussi luxembourgeois et monégasques) le
Concours Eurovision de la Chanson… Ça n’était pas évident d’être aussi gentil,
aussi prévenant, aussi précis et bienveillant face à des bêleuses qui auraient
fendu un plat à gratin en Pyrex ou des invertis pur sucre qui bâclaient leur
scie soporifique avant d’aller turluter du loufiat dans les coulisses…
Au revoir,
Monsieur Tchernia, vous qui avez su nous faire rire mais jamais de manière bête
ou gratuite dans vos trop peu nombreux films, dont le génialissime « Viager »
et son gimmick alimentaire du boudin blanc.
Good bye, Magic
Tchernia qui fut remis de manière si méritée par Arthur (vraisemblablement une
de ses seules actions positives en vingt-cinq ans de télé), pour distiller tant
de granulés effervescents de culture et d’histoire télévisuelle…
Arrivederci,
Pierre Tchernia, ami public n°1, Monsieur Cinéma, et tant d’autres casquettes…
Il est de bon ton de trouver toutes les qualités au macchabée encore fumant
dans la bière… Le concert de louanges, s’il est dans la bouche de certains
aussi peu naturel qu’un vît fièrement engorgé dans la bouche de Christine
Boutin, est mérité pour ce pilier de la RTF, de l’ORTF et d’Antenne 2 ; un
pilier dont la disparition vient un peu plus fragiliser notre mémoire
collective, et volatiliser notre enfance à jamais révolue…
Pierre
Tchernia… nous étions les enfants de sa télé…
Et dans le même
temps, Cyril Hanouna pète la forme à s’en carboniser le slip… Et prépare à
investir encore plus, si tant est que cela était encore possible, l’antenne de
C8, proposant aux téléspectateurs lobotomisés sa soupe putassière pendant au
bas mot douze heures quotidiennes…
Choix
cornélien qui est désormais le nôtre… Soit on passe plus de la moitié de la
journée à se fader la tronche de couscoussière tombée du camion à pleine
vitesse débiter des âneries connes à bouffer de la bite par paquets de douze et
déverser des nouilles gluantes dans le slip de Matthieu Delormeau (qui risque
de se choper une demi-molle exploitable)… Soit on se bousille ce qui nous reste
de moral avec le quarteron de chaînes infos en goguette qui canardent leurs
faits divers déprimants…
L’agression
des policiers aux cocktails Molotov relève d’une volonté claire de se payer du
flic, avec une cruauté glaçante… Et avec pour seule réponse officielle le « oh !
vilains, panpan cucul » déphasé des guignolos du Pépère’s Lonely Socialo
Branquignols Band… Vous voulez que l’autorité de l’Etat soit respectée avec de
tels mous du genou ? bon, d’un autre côté, c’est toujours sympa de se
faire un petit barbeuc en plein air et de s’y faire un poulet grillé…
Dans le
département politique, ça vire carrément au règlement de comptes façon Audiard,
avec les flingues de concours qui crachent leurs bastos avec des bruits de
chewing-gum et petites phares assassines pas toujours empreintes de la plus
élémentaire galanterie…
Ne causez pas
galanterie à Donald Trump qui a été limite ordurier lors du second débat avec
Hilary, la confrontation virant très vite à l’affrontementpersonnel… Et je
connais certains chroniqueurs politiques qui sont prêts à se flinguer un
slibard pour voir les candidats se livrer à un combat de catch dans la boue… C’est
tellement valorisant la politique…
Eux non plus,
ils ne passeront pas les vacances ensemble… La Grande Jajat et la Wauquiez nous
rejouent la grande scène de l’acte II sur les réseaux sociaux, se balançant à
la gueule des amabilités vachardes et des remarques amères. A moins que cela ne
cache des nuits d’amour effrénées à décrocher le papier-peint du plafond à
grand renfort de parties de jambes en l’air… Avec sa trogne de travelo mal
maquillée, la Grand Jajat a tout pour plaire à Wauquiez…
Et pour finir
d’une manière peut-être plus souriante, une remise au goût du jour d’une
ancienne expression… A Rennes, hier, des enfants qui baladaient mamie sur son
fauteuil roulant ont perdu le contrôle du bolide qui a fini sa course dans l’Ille…
Avec une belle frayeur pour la vioque… Après « Poussez pas mémé dans les
bégonias », voici venir « Laissez rouler mémé dans la rivière »…
Mais après
tout, tout cela ne sont que des mots, rien que des mots, toujours les mêmes
mots… Qui forment des paroles, paroles, paroles, avec la sortie le 10 octobre
1972 de la chanson « Paroles, paroles », interprétée par la
grand’mère de Toutankhamon en duo avec le vieil oncle un peu gâteux de
Jean-Marine Le Pen… Dalida et Alain Delon (déjà bien ramolli du cervelet
puisqu’il en était déjà à déclarer sa flamme à la momie égyptienne) roucoulent
ensemble une mièvrerie sucrée qui n’arrangera pas l’image vieillotte de
Mademoiselle Bambino… Même avec toute la bienveillance de Pierre Tchernia… A
vous les studios, coupure définitive d’image et de son sur le réseau
Tcherniakoff…
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