lundi 10 octobre 2016

Brèves du 10 Octobre 2016

« Ici Pierre Tchernia… »

Combien de fois avons-nous entendu ce bonsoir particulier résonner sur les lucarnes grisonnantes du 819 lignes parental qui trônait tel une pièce de choix dans le salon, entre le buffet en formica luisant et le canapé de chintz beige sur lequel s’alanguissait un plaid en patchwork multicolore tricoté main ?

Une voix charmante, bien timbrée, chaleureuse mais rigoureuse, amicale mais très « ORTF »… Une voix qui invitait à s’installer bien confortablement sur le cosy et à se laisser bercer par les histoires qu’il vous racontait…

Une voix qui curieusement détonnait de la haute stature du bonhomme, de sa carrure massive qui en imposait et qui le distinguait immédiatement dans la foule…

Une haute stature qui pourtant invitait à la confiance, à la sympathie et à la confidence…

Une voix comme on n’en fait plus, hélas, aujourd’hui et qui ne résonnera plus dans nos oreilles que par le truchement idoine des archives de l’INA…

Pierre Tchernia s’en est allé au paradis des animateurs, à l’âge de 88 ans, par un froid samedi… Pierre Tchernia, qui avait tout fait à la télévision, et savait tout faire.

On l’avait croisé aux prémices ultimes du Journal télévisé en 1949, on l’a suivi au fond de la mine à l’époque des premiers grands directs qui passionnaient les téléspectateurs, on l’a aimé animateur des émissions consacrées à Disney, on s’est pris au jeu de son immortel Monsieur Cinéma…

Et on l’a aussi entendu tant et tant de fois (treize au total) commenter pour les téléspectateurs français (et parfois aussi luxembourgeois et monégasques) le Concours Eurovision de la Chanson… Ça n’était pas évident d’être aussi gentil, aussi prévenant, aussi précis et bienveillant face à des bêleuses qui auraient fendu un plat à gratin en Pyrex ou des invertis pur sucre qui bâclaient leur scie soporifique avant d’aller turluter du loufiat dans les coulisses…

Au revoir, Monsieur Tchernia, vous qui avez su nous faire rire mais jamais de manière bête ou gratuite dans vos trop peu nombreux films, dont le génialissime « Viager » et son gimmick alimentaire du boudin blanc.

Good bye, Magic Tchernia qui fut remis de manière si méritée par Arthur (vraisemblablement une de ses seules actions positives en vingt-cinq ans de télé), pour distiller tant de granulés effervescents de culture et d’histoire télévisuelle…

Arrivederci, Pierre Tchernia, ami public n°1, Monsieur Cinéma, et tant d’autres casquettes… Il est de bon ton de trouver toutes les qualités au macchabée encore fumant dans la bière… Le concert de louanges, s’il est dans la bouche de certains aussi peu naturel qu’un vît fièrement engorgé dans la bouche de Christine Boutin, est mérité pour ce pilier de la RTF, de l’ORTF et d’Antenne 2 ; un pilier dont la disparition vient un peu plus fragiliser notre mémoire collective, et volatiliser notre enfance à jamais révolue…

Pierre Tchernia… nous étions les enfants de sa télé…

Et dans le même temps, Cyril Hanouna pète la forme à s’en carboniser le slip… Et prépare à investir encore plus, si tant est que cela était encore possible, l’antenne de C8, proposant aux téléspectateurs lobotomisés sa soupe putassière pendant au bas mot douze heures quotidiennes…

Choix cornélien qui est désormais le nôtre… Soit on passe plus de la moitié de la journée à se fader la tronche de couscoussière tombée du camion à pleine vitesse débiter des âneries connes à bouffer de la bite par paquets de douze et déverser des nouilles gluantes dans le slip de Matthieu Delormeau (qui risque de se choper une demi-molle exploitable)… Soit on se bousille ce qui nous reste de moral avec le quarteron de chaînes infos en goguette qui canardent leurs faits divers déprimants…

L’agression des policiers aux cocktails Molotov relève d’une volonté claire de se payer du flic, avec une cruauté glaçante… Et avec pour seule réponse officielle le « oh ! vilains, panpan cucul » déphasé des guignolos du Pépère’s Lonely Socialo Branquignols Band… Vous voulez que l’autorité de l’Etat soit respectée avec de tels mous du genou ? bon, d’un autre côté, c’est toujours sympa de se faire un petit barbeuc en plein air et de s’y faire un poulet grillé…

Dans le département politique, ça vire carrément au règlement de comptes façon Audiard, avec les flingues de concours qui crachent leurs bastos avec des bruits de chewing-gum et petites phares assassines pas toujours empreintes de la plus élémentaire galanterie…

Ne causez pas galanterie à Donald Trump qui a été limite ordurier lors du second débat avec Hilary, la confrontation virant très vite à l’affrontementpersonnel… Et je connais certains chroniqueurs politiques qui sont prêts à se flinguer un slibard pour voir les candidats se livrer à un combat de catch dans la boue… C’est tellement valorisant la politique…

Eux non plus, ils ne passeront pas les vacances ensemble… La Grande Jajat et la Wauquiez nous rejouent la grande scène de l’acte II sur les réseaux sociaux, se balançant à la gueule des amabilités vachardes et des remarques amères. A moins que cela ne cache des nuits d’amour effrénées à décrocher le papier-peint du plafond à grand renfort de parties de jambes en l’air… Avec sa trogne de travelo mal maquillée, la Grand Jajat a tout pour plaire à Wauquiez…

Et pour finir d’une manière peut-être plus souriante, une remise au goût du jour d’une ancienne expression… A Rennes, hier, des enfants qui baladaient mamie sur son fauteuil roulant ont perdu le contrôle du bolide qui a fini sa course dans l’Ille… Avec une belle frayeur pour la vioque… Après « Poussez pas mémé dans les bégonias », voici venir « Laissez rouler mémé dans la rivière »…

Mais après tout, tout cela ne sont que des mots, rien que des mots, toujours les mêmes mots… Qui forment des paroles, paroles, paroles, avec la sortie le 10 octobre 1972 de la chanson « Paroles, paroles », interprétée par la grand’mère de Toutankhamon en duo avec le vieil oncle un peu gâteux de Jean-Marine Le Pen… Dalida et Alain Delon (déjà bien ramolli du cervelet puisqu’il en était déjà à déclarer sa flamme à la momie égyptienne) roucoulent ensemble une mièvrerie sucrée qui n’arrangera pas l’image vieillotte de Mademoiselle Bambino… Même avec toute la bienveillance de Pierre Tchernia… A vous les studios, coupure définitive d’image et de son sur le réseau Tcherniakoff… 

 

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