« Les cloches sonnent
« Tout carillonne
« Le plus beau jour de ma vie
« Aujourd'hui je me marie
« Ding dong, ding dong »
Je ne sais pas si, parmi
vous certains se sont déjà fait enfiler, mais ce doit être quand même une
sensation particulièrement agréable… Je précise afin qu’il n’y ait pas de
quiproquo ni de tête-à-queue dommageable et physiquement dangereux (surtout si
l’on oublie de retirer le dentier), lorsque je parle d’enfilage, c’est bien
évidemment d’enfilage de bague au doigt, bande de petits pervers dépravés et
assoiffés de stupre gratuit et de luxure frelatée…
Ou alors, comme le chantait
Mony Marc de sa voix aigrelette pour le compte de la Belgique au Concours
Eurovision 1956 : « le plus beau jour de ma vie »… Et ce plus
beau jour, c’est le mariage… Voila une institution qui a tendance à se perdre
dans les méandres du conformisme à tout-crin et d’un traditionalisme de bon-ton
que certains conchient définitivement jusqu’à l’encombrement total de la fosse
septique… Et pourtant, le mariage, fière institution qui défie les modes, les
époques, les temps et l’étang, Pilier inébranlable (à la différence de
monsieur) de notre société, bien agréable voyage qui permet de fonder un foyer
chrétien basé sur le respect mutuel, la fidélité et le culte des valeurs de
notre République, et je n’ai pas honte de le dire, en ce jour béni de la
célébration de votre union…
Ah mince ! Voila que je
me prends pour le maire, maintenant… Regrettable mimétisme qui me fait
m’assimiler au premier édile de la ville (le premier édicule, c’est les
vespasiennes en face de la garde, à côté de la mercerie de M'âme Proquin, qui
fait des invendus invendables, et qui récupère les sous de la coupelle de la
dame pipi pour s’acheter des caramels en douce… )… Regrettable, mais
compréhensible… Nous avons tous, au moins une fois dans notre vie terrestre
assisté à un mariage…
Et je suppute (gratuitement,
ce qui est rare…) que vous aurez constaté que si les futurs époux (et surtout
la mariée qui est en clair le matin et enfoncée le soir) s’échinent jusqu’au
burn-out conjugal pour faire de cette mémorable journée un instant unique, on
retrouve assez souvent les mêmes éléments, poncifs et incontournables dans un
mariage…
Mais si !!! Prenez les
mariés et les parents des futurs (qui généralement se regardent en chiens de
faïence toute la journée, parce ils sont en train de se voler mutuellement
leurs enfants, et aussi surtout parce qu’ils pensent à ce que ça va leur couter
cette sauterie)… Tous différents, mais tous pareils. Le père qui sous des airs
bourrus (et parfois un peu bourré) cache un cœur prêt à s’émietter parce que
c’est un moment émouvant et qui enchaine les plaisanteries grivoises histoire
de ne pas trop avoir la lèvre qui tremble d’émotion… La mère qui a écumé toutes
les boutiques de mode de la région pour trouver LA robe qui au final la fera
ressembler à une meringue mal cuite ou à une fraise tagada géante, robe qu’on
assortira d’un chapeau hors de prix hésitant entre la corbeille de fruits
picorée par un piou-piou et le dégueulis de fanfreluches qui lui barreront la
vue…
La sœur qui veut péter au
niveau du brushing (qu’elle rate malgré la tonne de laque et les deux douzaines
de bigoudis portés depuis la veille et qui lui donne l’air d’un vieil abat-jour
défraichi) et va balancer un grand coup de tatane dans l’armoire pour y dégoter
une tenue à peine moins vulgaire que les tenues de scène de Lady Gaga… Le frère
totalement détaché de la chose et qui va acheter un costume par correspondance
en se plantant dans les tailles et qui va finir la soirée en apnée à cause de
son veston taille 36 (alors qu’il fait du 42) ou en train de nager d’un bord à
l’autre de son col tellement c’est grand…
La mariés aussi se fourvoient
souvent dans le convenu et le stéréotype malgré leurs efforts pour se
distinguer… Le futur qui va trouver superclasse le costume ivoire crème qui a
tourné brillant et moiré porté avec une chemise framboise écrasée et qui
ressemblera sur la photo de mariage à une seiche au ketchup… La mariée et sa
splendide robe à dix boules avec traine intégrée qui fait voiture-balai et
récolte toute les crottes de chien du quartier… La décoration de la salle
patiemment mise au point, à base de taffetas blanc et de tulle rose fluo,
déversés à la tonne un peu partout, ce qui donnera l’impression aux invités
d’entrer au mieux dans un bar gay, ou au pire dans le cercueil d’Orlando, le
frère presse-bite de Dalida…
Ah, les invités… Là aussi,
si vous en êtes (enfin, si vous en êtes… pas la peine d’en être tout retourné,
c’est juste une expression), au nombre des invités, vous serez d’accord avec
moi pour reconnaître qu’on retrouve invariablement les mêmes catégories de
convives…
L’oncle de province
boute-en-train qui assure l’ambiance, surtout après un pichet de rosé bien
frais qui transforme son appendice nasal en balise argos, et rameute du monde
sur la piste de danse… Le vieux garçon qui mesdames vous colle tellement
pendant la série de tangos que vous vous demandez s’il est content de vous voir
ou si c’est le trousseau de clés de Fort Boyard qu’il a dans la poche… Les
insupportables gamins qui courent dans tous les sens, chipotent leur assiette
parce que ce n’est pas les invariables frites-poisson carré avec œil dans le coin
de maman, brament comme des sirènes d’alerte nucléaire à la moindre remontrance
et choisissent de ne pas refermer un seul instant leur claquemerde à l’église…
Les invités glaçons qui n’en
décrochent pas une de la soirée, tirent des tronches d’enterrement et
repartiront comme des voleurs après le gâteau sans un seul mot (d’ailleurs,
avaient-ils été réellement invités ?)… Votre voisin de table qui persiste
à vous causer à dix centimètres du visage malgré son halitose à décoller le
papier-peint de la pièce d’à-côté (et vous vous mordez les doigts au sang de
lui avoir conseillé de reprendre trois fois de l’aïoli avec les escargots à la
fraise)… Le boit-sans-soif qui confond dégustation œnologique et vidange des
cuves de Bacchus qui va finir par vomir la choucroute au roll-mops dans le
corsage de la grand-tante qui en représailles va lui en tirer une dans le
service trois-pièces…
Vous aurez aussi croisé la
morue de concours de classe internationale, avec ses talons de peripatéti-pute,
sa robe en bouillonnant noir au ras du bonbon à un point tel qu’on aurait
presque pu voir dépasser la ficelle du tampon… L’inverti pur sucre avec sa
tenue méga-hipster qui aura passé son temps à turluter les loufiats dans un
buisson proche et refusera la crème pâtissière du gâteau parce qu’il aura déjà
pris le stock dans la gorge… La mamie sourde comme un pot qui ne comprend pas
un traitre mot qui demande avec insistance à quel moment c’est qu’on va enfin
avoir le concert de Franck Michael… Le couple de m’as-tu-vus sapés de pied en
cap de vêtements griffés et qui soulent leur table à parler de jet-ski à
Saint-Barth, de caviar aux Seychelles et de Masérati à Monaco… alors que dans
leur quotidien, c’est pédalo de location à Gujan-Mestras, pâtes à l’eau à
Argenteuil et Renault 5 pourrie à Cuges-les-Pins…
L’aurez-vous compris, mais
je suis allé à un mariage ce weekend… Quant à savoir si j’y ai croisé les
spécimens mentionnés supra… Parfois, la réalité dépasse la fiction, elle s’y
mélange, elle s’en retire (et quand on se retire ça fait bruit de bouchon si
l’on serre trop les fesses), elle s’y dilue… Mais il ne faut pas se fier aux
apparences et aux stéréotypes… surtout venant d’un mec qui met une robe pour
mentir aussi bien que les femmes…
Loin de l’imparfait de leur
passé, un très joli jour présent pour conjuguer leur futur au plus-que-parfait…
Longue route ensemble C & N… et chaque jour… Redites oui !!

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