lundi 15 septembre 2014

Brèves du 15 septembre 2014

« Les cloches sonnent
« Tout carillonne
« Le plus beau jour de ma vie
« Aujourd'hui je me marie
« Ding dong, ding dong »

Je ne sais pas si, parmi vous certains se sont déjà fait enfiler, mais ce doit être quand même une sensation particulièrement agréable… Je précise afin qu’il n’y ait pas de quiproquo ni de tête-à-queue dommageable et physiquement dangereux (surtout si l’on oublie de retirer le dentier), lorsque je parle d’enfilage, c’est bien évidemment d’enfilage de bague au doigt, bande de petits pervers dépravés et assoiffés de stupre gratuit et de luxure frelatée…

Ou alors, comme le chantait Mony Marc de sa voix aigrelette pour le compte de la Belgique au Concours Eurovision 1956 : « le plus beau jour de ma vie »… Et ce plus beau jour, c’est le mariage… Voila une institution qui a tendance à se perdre dans les méandres du conformisme à tout-crin et d’un traditionalisme de bon-ton que certains conchient définitivement jusqu’à l’encombrement total de la fosse septique… Et pourtant, le mariage, fière institution qui défie les modes, les époques, les temps et l’étang, Pilier inébranlable (à la différence de monsieur) de notre société, bien agréable voyage qui permet de fonder un foyer chrétien basé sur le respect mutuel, la fidélité et le culte des valeurs de notre République, et je n’ai pas honte de le dire, en ce jour béni de la célébration de votre union…

Ah mince ! Voila que je me prends pour le maire, maintenant… Regrettable mimétisme qui me fait m’assimiler au premier édile de la ville (le premier édicule, c’est les vespasiennes en face de la garde, à côté de la mercerie de M'âme Proquin, qui fait des invendus invendables, et qui récupère les sous de la coupelle de la dame pipi pour s’acheter des caramels en douce… )… Regrettable, mais compréhensible… Nous avons tous, au moins une fois dans notre vie terrestre assisté à un mariage…

Et je suppute (gratuitement, ce qui est rare…) que vous aurez constaté que si les futurs époux (et surtout la mariée qui est en clair le matin et enfoncée le soir) s’échinent jusqu’au burn-out conjugal pour faire de cette mémorable journée un instant unique, on retrouve assez souvent les mêmes éléments, poncifs et incontournables dans un mariage…

Mais si !!! Prenez les mariés et les parents des futurs (qui généralement se regardent en chiens de faïence toute la journée, parce ils sont en train de se voler mutuellement leurs enfants, et aussi surtout parce qu’ils pensent à ce que ça va leur couter cette sauterie)… Tous différents, mais tous pareils. Le père qui sous des airs bourrus (et parfois un peu bourré) cache un cœur prêt à s’émietter parce que c’est un moment émouvant et qui enchaine les plaisanteries grivoises histoire de ne pas trop avoir la lèvre qui tremble d’émotion… La mère qui a écumé toutes les boutiques de mode de la région pour trouver LA robe qui au final la fera ressembler à une meringue mal cuite ou à une fraise tagada géante, robe qu’on assortira d’un chapeau hors de prix hésitant entre la corbeille de fruits picorée par un piou-piou et le dégueulis de fanfreluches qui lui barreront la vue…

La sœur qui veut péter au niveau du brushing (qu’elle rate malgré la tonne de laque et les deux douzaines de bigoudis portés depuis la veille et qui lui donne l’air d’un vieil abat-jour défraichi) et va balancer un grand coup de tatane dans l’armoire pour y dégoter une tenue à peine moins vulgaire que les tenues de scène de Lady Gaga… Le frère totalement détaché de la chose et qui va acheter un costume par correspondance en se plantant dans les tailles et qui va finir la soirée en apnée à cause de son veston taille 36 (alors qu’il fait du 42) ou en train de nager d’un bord à l’autre de son col tellement c’est grand…

La mariés aussi se fourvoient souvent dans le convenu et le stéréotype malgré leurs efforts pour se distinguer… Le futur qui va trouver superclasse le costume ivoire crème qui a tourné brillant et moiré porté avec une chemise framboise écrasée et qui ressemblera sur la photo de mariage à une seiche au ketchup… La mariée et sa splendide robe à dix boules avec traine intégrée qui fait voiture-balai et récolte toute les crottes de chien du quartier… La décoration de la salle patiemment mise au point, à base de taffetas blanc et de tulle rose fluo, déversés à la tonne un peu partout, ce qui donnera l’impression aux invités d’entrer au mieux dans un bar gay, ou au pire dans le cercueil d’Orlando, le frère presse-bite de Dalida…

Ah, les invités… Là aussi, si vous en êtes (enfin, si vous en êtes… pas la peine d’en être tout retourné, c’est juste une expression), au nombre des invités, vous serez d’accord avec moi pour reconnaître qu’on retrouve invariablement les mêmes catégories de convives…

L’oncle de province boute-en-train qui assure l’ambiance, surtout après un pichet de rosé bien frais qui transforme son appendice nasal en balise argos, et rameute du monde sur la piste de danse… Le vieux garçon qui mesdames vous colle tellement pendant la série de tangos que vous vous demandez s’il est content de vous voir ou si c’est le trousseau de clés de Fort Boyard qu’il a dans la poche… Les insupportables gamins qui courent dans tous les sens, chipotent leur assiette parce que ce n’est pas les invariables frites-poisson carré avec œil dans le coin de maman, brament comme des sirènes d’alerte nucléaire à la moindre remontrance et choisissent de ne pas refermer un seul instant leur claquemerde à l’église…

Les invités glaçons qui n’en décrochent pas une de la soirée, tirent des tronches d’enterrement et repartiront comme des voleurs après le gâteau sans un seul mot (d’ailleurs, avaient-ils été réellement invités ?)… Votre voisin de table qui persiste à vous causer à dix centimètres du visage malgré son halitose à décoller le papier-peint de la pièce d’à-côté (et vous vous mordez les doigts au sang de lui avoir conseillé de reprendre trois fois de l’aïoli avec les escargots à la fraise)… Le boit-sans-soif qui confond dégustation œnologique et vidange des cuves de Bacchus qui va finir par vomir la choucroute au roll-mops dans le corsage de la grand-tante qui en représailles va lui en tirer une dans le service trois-pièces…

Vous aurez aussi croisé la morue de concours de classe internationale, avec ses talons de peripatéti-pute, sa robe en bouillonnant noir au ras du bonbon à un point tel qu’on aurait presque pu voir dépasser la ficelle du tampon… L’inverti pur sucre avec sa tenue méga-hipster qui aura passé son temps à turluter les loufiats dans un buisson proche et refusera la crème pâtissière du gâteau parce qu’il aura déjà pris le stock dans la gorge… La mamie sourde comme un pot qui ne comprend pas un traitre mot qui demande avec insistance à quel moment c’est qu’on va enfin avoir le concert de Franck Michael… Le couple de m’as-tu-vus sapés de pied en cap de vêtements griffés et qui soulent leur table à parler de jet-ski à Saint-Barth, de caviar aux Seychelles et de Masérati à Monaco… alors que dans leur quotidien, c’est pédalo de location à Gujan-Mestras, pâtes à l’eau à Argenteuil et Renault 5 pourrie à Cuges-les-Pins…

L’aurez-vous compris, mais je suis allé à un mariage ce weekend… Quant à savoir si j’y ai croisé les spécimens mentionnés supra… Parfois, la réalité dépasse la fiction, elle s’y mélange, elle s’en retire (et quand on se retire ça fait bruit de bouchon si l’on serre trop les fesses), elle s’y dilue… Mais il ne faut pas se fier aux apparences et aux stéréotypes… surtout venant d’un mec qui met une robe pour mentir aussi bien que les femmes…

Loin de l’imparfait de leur passé, un très joli jour présent pour conjuguer leur futur au plus-que-parfait… Longue route ensemble C & N… et chaque jour… Redites oui !!

 

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