Celui
qui est parti de zéro pour n’arriver à rien n’a de merci à dire à personne…
Je
ne sais pas, chers lecteurs, si vous êtes comme moi, mais je porte généralement
une attention toute particulière à une certaine catégorie d’articles publiés
dans une frange de magazines spécialisés… Vous savez, le genre d’hebdomadaire tapageur
sur papier glacé que l’on lit d’un arrière-train distrait lorsque l’on attend
chez le coiffeur…
Ah,
c’est de la fort belle littérature qui se niche au sein de ces torche-cul du
lundi, et vous auriez tort de vous priver d’une telle bouffée d’oxygène et de
néant en attendant de vous faire tripoter par le figaro… Les longues interviews
de fond des grandes vedettes du tour de chant, surtout… Interviews de fond
parce qu’on ne peut pas aller plus bas dans la complaisance… même en grattant…
De
la fort belle ouvrage, donc, surtout le chapitre des débuts, lorsque la
journaliste complice demande à ces messieurs-dames (soit à ces messieurs ou à
ces dames, le terme de messieurs-dames ne désigne nullement Conchita Wurst)
comment ils ont débuté, et comment leur est venu leur vocation ou de manière
plus modeste le goût du chant…
Alors,
là… on se vautre dans le sensationnel… on rivalise d’ingéniosité et
d’inventivité… Celui-là va vous dire qu’une nuit, il a vu en rêve Saint-Orlando
et Sainte-Mika au pied de son lit, que la paire de saints lui a dit lève toi et
chante, et ce couillon-là l’a fait… Une autre vous confiera in petto qu’elle
s’était présentée aux élections municipales, qu’elle avait obtenu une voix et
comme elle ne savait pas quoi en foutre, elle s’en était servie pour chanter…
Foutaises
et balivernes ! Si ces émouvants souvenirs des débuts peuvent berner sur,
le long terme le pékin moyen au QI de moule pas fraîche qui achète Minute, vote
Mélenchon et se fait reluire la coquillette devant un portrait de Marine Le Pen
en costume traditionnel autrichien, ils ne doivent pas vous enduire d’erreur…
Sauf si vous comptez réaliser des actions intrusives que la morale réprouve
mais que le méat anal approuve avec une courgette ou un concombre enduit
d’erreur, ce gel lubrifiant précédemment appelé Lubricatus, le velours de
l’anus…
Oui,
foutaises et balivernes, je vous dois en fait la vérité… La vérité est à la
fois plus simple et plus grandiose… La vérité, c’est que ces bêleuses et ces
gueulards se sont aperçus de leurs capacités vocales tout simplement parce que
comme vous et moi, ils chantaient le matin dans leur salle de bain en faisant
leur toilette… Eh oui… Il y a en France à l’heure matutinale de la toilette des
bataillons entiers de talents méconnus et de chanteurs de salle de bains qui,
la pomme de douche dans une main et la savonnette dans l’autre, s’appliquent
consciencieusement à martyriser le répertoire français et international dans la
clameur aquatique des baignoires qui se vident, des bidets qui se remplissent
et des lavabos qui se vidangent…
La
vérité, c’est que la chanson française passée et actuelle doit énormément à
l’industrie du sanitaire… Mais oui !!!
Quand
vous entendez par exemple Christophe Willem, dont les borborygmes rappellent
fort bien les bêlements d’effroi d’une chèvre à rollers lancée à 80 à l’heure
sur les pavés du Nord un jour de fort verglas, l’explication de ce trémolo
horripilant est sanitaire… C’est en exprimant sa surprise et son mécontentement
face à une eau décidément trop chaude qui se déversait en cataracte sous sa
douche sur son spaghetti à poils que le grand échalas a acquis cette voix
éthérée qui ferait passer celle de Josiane Saucisse pour une basse qui aurait
trop fumé de Gitanes sans filtre…
Et
Zaz… Ha ben voui, quand on la voit aussi craspec, on se dit que c’est pas
possible, que ce n’est pas une histoire de salle de bain… Si !! Comme elle
en avait ras la touffe qu’on la traite de belle plante, elle a un jour décidé
de ne plus se laver (puisque les plantes, on les arrose…)… Et comme elle ne
peut plus se sentir, elle chante en se pinçant les narines…
Et
la mère Mika… vous savez, le maamoul maboul qui adore se faire récurer la salle
de jeux arrière avec un pied de micro… Lui qui n’a jamais caché la modestie de
ses débuts et qui désormais expose ses vestes à faire hurler un daltonien
aveugle à la télé, n’est jamais avare d’un bon conseil, toujours prêt à rendre
service à vous confiant un bon tuyau, la robinetterie complète, le siphon… et
si vous insistez un peu, il vous filera le plombier en prime… Eh oui, s’il
remplit les baignoires en se produisant des théâtres à l’ancienne, c’est grâce
à son petit robinet…
Quant
à Christophe Maé, le zébulon nain avec cette merveilleuse voix d’ancien élève
de l’école nasale qui est un cas pratiquement désespéré… Idem !!! C’est en
posant un matin son panard sur une savonnette imprudemment oubliée sur le
carrelage et en imitant par la suite Candeloro dans ses morceaux de bravoure sur
glace avant d’aller s’emplafonner contre le mur de la salle de bain que le nain
le plus vocalement horripilant de la chanson française a découvert cette
chorégraphie si subtile qui tient à la fois du réveil musculaire et de Trabadja
la Mouquère ainsi que les secrets des douteuses lignes de l’harmonie qui anime
son corps durant le pénible exercice de son art…
Ah
oui, que de beaux moments inoubliables à lire ces lignes impérissables…
Et
la presse people n’est pas en reste, bien au contraire… Pensez-vous qu’on
puisse être réellement heureux et satisfaits lorsque l’on lit que Mireille
Mathieu, la perruque chantante du paysage auditif français, a déclaré avec son
accent chantant que « la France est le pays le plus meilleur des beaux et
que les étrangers voudraient bien être français… Mais que s’ils étaient
français, ils seraient plus étrangers ; alors ce serait le pastis pour pas
dire le bordel »…
Et
ne sentez-vous point poindre l’orgasme et la DME (demi-molle exploitable)
lorsque vous découvrez effarés que Vincent Niclo, une sorte de sous-Mariano
pour demi-vierges folles et tantes en mal de mâle, confie que face à son
succès, il est contraint de mettre sa « vie privée entre
parenthèses »… Alors que l’on s’imagine en le voyant que c’est ce
mystérieux Parenthèses qui se met en lui…
Pour
compléter le menu de ces roboratives nunucheries pipolesques, vous reprendrez
bien un peu de boutin aux pommes… La gazée à distance qui se fait tirer par son
cousin multiplie les déclarations fracassantes de bêtise crasse sur Conchita
Wurst… Titine risque d’avoir un choc lors des prochaines vêpres, lorsqu’elle
s’apercevra que l’acrobate sur sa croix ressemble furieusement à la Farida
Merguez…
Enfin,
pour terminer sur une note souriante, notons le mouchage en règle opéré par
Aurélie Filipetti, la Ministre de la Culture, sur le blair graisseux de Gilbert
Collard, le dépité gardois qui s’outrait de ce que le Théâtre Napoléon III du
Château de Fontainebleau tombe aux mains « d'un mécène Saoudien,
originaire d'un pays où l'homosexualité est réprimée, où l'État d'Israël est
condamné, où l'antisémitisme est récurent »… « Abu Dhabi n'est pas en
Arabie Saoudite. Abu-Dhabi fait partie des Émirats-Arabes-Unis » rétorqua
la Ministre sous les rires des autres dépités… Visiblement, la géographie n’est
pas le fort du bouillonnant avocat…
Et
le 15 mai 1902, Georges Méliès présente « Le Voyage dans la Lune ».
Il s'agit du premier film de fiction avec trucages. Sept ans après l'invention
du cinéma, le 7e Art naît véritablement ce jour-là. Un septième Art que l’on
célèbre aujourd’hui dans des libations dantesques lors du Festival de Connes…
Méliès n’a pas fini de faire des loopings dans sa tombe…

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