Je dis pas que c’est pas injuste…. Je dis que ça soulage…
Pas forcément la plus connue, cette réplique tirée du film
« Les tontons flingueurs » est l’œuvre de Michel Audiard, l’orfèvre
de la langue verte qui a su insuffler à un film pas forcément bien accueilli à
sa sortie en 1963 à cause peut-être de son scénario un peu décousu mais qui a
gagné depuis sa place au Panthéon du cinéma français et que la télévision nous
offrait dimanche soir en guise d’hommage à son réalisateur, Georges Lautner,
disparu vendredi à l’âge de 87 ans.
Cette œuvre en noir et blanc qui met des couleurs au terme
d’un weekend froid et venté, regorge de dialogues et de répliques cultes, servi
par la fine fleur des comédiens de l’époque… Une époque que nombre d’entre-nous
regrette sans parfois l’avoir connue. Une époque où l’on fumait comme des
pompiers (le film est à tous moments une allégorie vivante à la SEITA), où l’on
picolait comme des trous (avec une remarque fort juste sur l’alcoolisme des
jeunes, déjà…), où les femmes étaient considérées comme des quantités
négligeables, et en tous les cas comme de ravissantes idiotes (le rôle de
Patricia en est un paradygme), où les dames (entendre les tenancières de
boxons) étaient des personnes avec un sens moral malgré le caractère répréhensible
de leurs activité (la prestation de Dominique Davray est succulents), où les
gays n’avaient pas encore pris la forme des folles hystériques tendance Cage
aux Folles et se retrouvaient sous les traits de cousins germains coquets (la
réplique de Ventura à ce propos est un régal), où les Simca Versailles, les 2CV
et les 404 pullulaient dans les rues parisiennes dépourvues des couloirs de bus
chers à Notre Dame de Paris, où l’atmosphère était à l’insouciance…
Ce film ne fait pas dans la dentelle dans l’analyse des
personnages, certes, et les bons truands prennent l’avantage sur les mauvais,
forcément un peu demeurés et cruels (les Volfoni, incarnés par Bernard Blier et
Jean Lefèvre, inspirent de la sympathie tant ils sont benêts). Et l’on pourrait
presque le résumer avec la mythique scène de la cuisine où le
« bizarre » va débrider les hommes en offrant un jeu d’acteurs tout
simplement énorme…
Au surplus, les répliques sont imprimées dans la mémoire
collective, et peuvent trouver encore application de nos jours… A une époque où
l’on bannit la clope comme le plus terrible des poisons (mais où le haschisch
et l’alcool font chez les jeunes générations des ravages dont il sera bon de
s’étonner lorsqu’ils seront irréversibles), où l’on ose plus brocarder les « minorités
visibles » sans avoir peur de se voir censurer ou à tout le moins cloué au
pilori (alors que l’on met bien en lumière d’autres minorités comme les dindes
de concours, ou les décérébrés congénitaux dans des émissions aussi plates que
l’électroencéphalogramme d’un calamar congelé) et où l’on privilégie le
paraître à l’être, en imposant des films où les gros bras frappent et flinguent
à longueur de pellicule évitant ainsi aux scénaristes de se creuser le ciboulot
pour pondre des dialogues percutants…
Si vous voulez bien jeter un rapide coup d’œil dans votre
rétroviseur avant de déboîter pour vous introduire dans la file de cette
semaine débutante, vous y verrez quelques futilités bien dérisoires de cette
fin de semaine qu’il convient bien entendu de monter en épingle, vue
l’actualité de ce lundi matin n’est guère portée sur le sensationnel…
Heureusement, les média n’ont pas été trop lourdingues sur
les problèmes de circulation dus aux conditions météorologiques
particulièrement détestables et aux importantes chutes de neige… S’il est
toujours agréable de voir les bambins avec des mirettes écarquillées en
apercevant le manteau immaculé, il est toujours aussi irritant de voir que les
DDE n’apprennent rien des hivers passés et découvrent avec la même candeur
feinte que la neige tombe aussi sur la route, et qu’une action préventive des
engins peuvent limiter les galères…
Sitôt mise au placard la victoire trop parfaite pour être
intégralement due au hasard de nos onze nouilles en short, c’est une nouvelle
raclée pour les bleus… mais pas les footeux, non, les rugbymen, qui se sont
fait laminer en Sudafriquie… Le rugby… un sport de vauriens joué par des
gentlemen… alors que pour le foot, c’est tout le contraire !
On commence à parler du grand défilé de dindes prêtes à
farcir, qui va se dérouler prochainement sur TF1 avec de grands renforts de
plumes dans le derche, de déclarations convenues autant qu’éculées, de mèches
en folie devant des ventilos à plein régime… Eh oui, l’élection de Miss France
pointe le bout de son nez et le bout des seins de nos miss, autant refaits les
uns que les autres… Et l’on apprend que nos miss sont allées se dorer la pilule
au Sri Lanka, histoire de répéter la grande sauterie annuelle… Encore un grand
moment télévisuel en prévision…
Un grand moment aussi, la signature de l’accord sur le
nucléaire iranien, qu’on nous présente comme l’accord qui va normaliser la
situation… A voir, ce n’est pas dit que l’andouille de Téhéran n’ait pas une
idée derrière la tête… Rappelez-vous qu’en 1938, on nous avait présenté
l’accord conclu avec Hitler comme devant nous apporter une paix durable... Les
cons ça ose tout…
On pourra évoquer aussi en mirant son rétroviseur (dont
l’invention remonte à la Grèce antique, où les hommes de l’époque pouvaient
ainsi voir qui venait leur rendre visite…) la victoire d’Alizée à Danse avec
les Stars, grâce à la complicité de Grégoire Lyonnet, une tapette de concours
qui a certainement été profondément affecté par l’autre nouvelle capitale du
weekend.
Cette autre nouvelle, c’est l’incendie qui s’est déclaré
au magasin Abercrombie des Champs-Elysées, apparemment dû à un problème
électrique. Tous les vendeurs ont été mis hors de cause, vu que ce ne sont pas
des lumières. Le principal suspect serait un obèse de taille 38, qui n’aurait
pas supporté la vue de ces tee-shirts pour anorexiques patentés. Déjà qu’ils ne
résistent pas à un lavage à froid, il ne doit pas rester grand-chose dans ce
temple de la maigreur où les clients ont souvent perdu un os dans les cabines d’essayage
(merci à Willy Rovelli pour l’ensemble de ces pensées !).
Puisque l’on est dans les cabines d’essayage, essayons
sans plus attendre les différents anniversaires situés sur l’étagère du 25
novembre, puisqu’en 1959 s’éteint Gérard Philippe, immortel interprète du Cid,
terrassé par une crise cardiaque à seulement 37 ans ; en 1960 naît
John-John Kennedy, un futur pilote d’avion hors pair… ; en 1970 se suicide
par suppuku Yukio Mishima, populaire écrivain japonais, après un coup d’Etat
manqué ; en 1971 déboule « L’avventura » de Stone et Charden,
une scie navrante qui va connaître un énorme succès ; et en 1981 arrive en
France le nouveau dessin animé de Disney, Rox et Rouky.
Et le 25 novembre 1997, on apprenait la mort de Monique
Serf, victime d’une infection pulmonaire foudroyante. Plus connue sous le
pseudonyme de Barbara, la longue dame brune à l’aigle noir volant de Nantes à
Göttingen venait d’achever son voyage, en léguant des chansons à la poésie
engagée, à la beauté mélodique, interprétées d’une voix qui suscitait
l’émotion. Je dis pas que c’est pas injuste… Mais est-ce que ça soulage ?
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