« Ich weiß, ich weiß,
er kommt heut Abend, kommt zu mir heut Abend
« Und alles wird wie
früher sein
« Ja, ja, ich weiß, er
kommt heut Abend, kommt zu mir heut Abend
« Und lässt mich
niemals mehr allein… »
Je suis positivement frappé
par la régularité têtue avec laquelle les artistes eurovisuels s’opiniâtrent à
enregistrer leurs gargouillis vocaux présentés au Grand Prix Eurovision dans la
langue de Goethe, Thomas Mann et Hitler…
Dans le meilleur des cas, le
résultat est très approchant d’un dégueulis de tripes façon Régine sous acide
sur un vieux 78-tours rayé ; mais ressemble généralement à la retranscription
musicale de l’écorchage à vif d’un cochon douillet…
En un mot comme en cent, les
versions teutonnes des contributions eurovisuelles sont auditivement
douloureuses, même si les textes restent dans le domaine de l’acceptable et ne
versent pas irrémédiablement dans le loufoque, le mauvais, ou carrément le
Pascal Obispo… Mis à part évidemment le légendaire « rosaroter lampion »
de France Gall en 1965…
En 1966, alors que Michèle
Torr qui succède à France Gall sous les couleurs luxembourgeoises avec un « Ce
soir je t’attendais » enlevé mais interprété de manière trop crispée le
soir de la grande sauterie, les saloupiauds de chez Fontana décident de lui
faire enregistrer une version allemande, qui sent bon le lavandin de Provence
et l’accent chantant de la demoiselle de Courthézon : « Er kommt heut’
Abend ».
Et pour celles et ceux qui
ne se sont pas farci les déclinaisons schleues ni les versions des textes des
discours de Goebels, le texte dit à peu près ceci : « Je sais, je
sais, il vient ce soir, il vient à moi ce soir ; Et tout sera comme avant,
Et il ne me quittera plus jamais… »
Guimauve au goût de schnaps
plein pot, donc, mais en ces périodes de fêtes, il est bon d’introduire un peu
de doucereux, de mièvre, de fadement sucré dans nos quotidiens fatigués par les
violences incessantes des media…
Et ça ne loupe pas, depuis l’invention
de la télévision, ou presque, on nous bombarde de navets cuculapralinesques
durant les fêtes de fin d’année, ce qui n’est pas toujours pour déplaire, il
faut hélas le reconnaître… Mais se farcir Sissi (cinématographiquement parlant)
tous les 24 décembre, se tartiner les jérémiades de Mayerling à tous les coups,
ça finit par peser au moins autant que la buche au marrons et à la confiture de
rollmops et de groseille à maquereaux de la tante Marthe…
Heureusement, on nous
débarrasse depuis quelques années de tout cela, avec les même émissions qu’à l’habitude,
mais enregistrées fin octobre avec de la fausse neige sur le plateau, des
bonnets de Noël et des costumes… Quel bonheur de se fader Jean-Luc Reichmann
avec une tâche de plus, Arthur avec un bonnet idiot qui lui va aussi bien qu’une
guêpière mauve fluo à Christine Boutin, Cyril Féraud qui passe son temps à
tripoter les boules…
L’époque est apparemment
propice aux retours, fussent-ils en grâce ou plus certainement en grasse vu les
agapes qui nous tendent les bras, et nous eûmes ce week-end la surprise d’avoir
quelques retours aussi sympathiques qu’un retour d’âge, ou de manivelle dans la
tronche…
Le retour d’âge, ce n’est
pas encore leur tasse de botox, à la basse-cour de TF1 qui est venue samedi soir
ébrouer ses plumes de dinde devant la moumoutte recolorée de Jean-Pierre
Foucault en vue de se faire élire Princesse des bécasses à grand coup de SMS
surtaxés et de considérations oiseuses d’un jury qui n’avait strictement rien à
foutre des impétrantes incapables de parler naturellement et qui débitaient en
apnée le texte de quatre lignes consciencieusement appris depuis six mois…
Président du jury, Jean-Paul
Gaultier, aussi coutumier des gourdases que peut l’être un végétalien à l’égard
des steaks tartares ; assisté par Laetitia Milot, une plante verte made in
TF1 qu’on a mis là pour faire joli et compléter le jury ; Kendji Girac, la
Gitane sans filtre qui avec sa veste à faire hurler de douleur Mika nous a fait
comprendre qu’il préférait le cigare à la moule ; Patrick Fiori, qui en goût
de gonzesses est un gros beauf puisqu’il a tambouriné Lara Fabian, la corne de
brume avec son regard de vache de l’Aubrac ; Anggun, qui question
classement est disqualifiée, vu sa 22ème place à l’Eurovision ;
et enfin Frédérick Michalak, rugbyman dont on voyait clairement qu’il n’avait
pas la lumière à tous les étages depuis la dernière séance de tombé de savonnette
dans les douches…
Pour le reste, ce fut comme
chaque année un concentré de sourires forcés et de nichons refaits, un défilé de
porte-manteaux au QI de calamars agonisants mais qui poursuivent tous des
études supérieures…
Le retour de manivelle dans
la tronche, c’est celui de Nanard le Sévèrement burné en politique… Franchement,
à l’instar d’une Régine dont on se demande bien ce qu’elle revient faire sur
scène avec ses quinze liftings, sa hanche en plastique, ses moumouttes qui
collent mal et sa voix de cancéreuse de la gorge, que vient chercher Nanard dans
le ring politique ? Ça ne lui apportera rien : il a déjà fait de la
prison, et tout le monde le tient pour un escroc… Mis à part du pognon…
Du pognon, le survolté
préféré des mamies aux cheveux bleus risque d’en croquer un paquet également
lorsque son remerciement sera effectif… Julien Lepers sera en effet viré de la
Trois en février prochain, et l’on entend déjà de là gronder les déambulateurs,
claquer les dentiers dans les verres débordants de Stéradent, vrombir les anus artificiels
en réaction à cette éviction clairement jeuniste…
Retour façon aigreur d’estomac
consécutive à une orgie alimentaire avec des nouvelles du feuilleton
Platini-Blatter, avec le verdict de huit ans de suspension rendu par le Comité
d’Ethique de la FIFA (rien que le nom est cocasse) ; un verdict qui signe
la mort des ambitions de Platoche et sa mise à la retraite définitive…
Et pourtant, la retraite n’a
pas que du bon, quand on voit que le suspect qui aurait déposé une fausse bombe
dans le vol d’Air France est un policier en retraite… Quand on dit que les
cordonniers sont les plus mal chaussés…
A déconner, autant le faire
sur un grand pied, aussi en Nouvelle-Zélande a-t-on autorisé l’Eglise du
Monstre de Spaghettis volant à marier ses fidèles… Faute de spaghettis volants,
on a juste en France le Culbuto à croissants en scooter… Il est moins rigolo,
mais tout aussi ridicule…
Et si, aujourd’hui,
vingt-et-un décembre, vous entendez toute la journée des hurlements un peu
partout sur votre passage, ce n’est ni une épidémie de doigts qu’on coince dans
une porte, ni la conséquence de votre goût vestimentaire discutable, c’est tout
simplement la journée mondiale de l’orgasme… Le genre de journée dont tout le
monde se branle…
Et le 21 décembre 1972,
séance branlette intellectuelle de haut vol sur la deuxième chaîne de l’ORTF,
avec le premier épisode de la mini-série historique qui va illuminer les fêtes
de fin d’année, « Les Rois Maudits », où Maurice Druon raconte
l’histoire de la monarchie française depuis Philippe IV le Bel jusqu’à la
guerre de Cent Ans. La sobriété des décors fut pour beaucoup dans le succès
immédiat, mais la mise en scène remarquable et le jeu des comédiens , toute la
fine fleur de l’époque, n’y sont pas étrangers non plus… Comme un goût de
retour du classicisme…
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