lundi 21 décembre 2015

Brèves du 21 Décembre 2015

« Ich weiß, ich weiß, er kommt heut Abend, kommt zu mir heut Abend
« Und alles wird wie früher sein
« Ja, ja, ich weiß, er kommt heut Abend, kommt zu mir heut Abend
« Und lässt mich niemals mehr allein… »

Je suis positivement frappé par la régularité têtue avec laquelle les artistes eurovisuels s’opiniâtrent à enregistrer leurs gargouillis vocaux présentés au Grand Prix Eurovision dans la langue de Goethe, Thomas Mann et Hitler…

Dans le meilleur des cas, le résultat est très approchant d’un dégueulis de tripes façon Régine sous acide sur un vieux 78-tours rayé ; mais ressemble généralement à la retranscription musicale de l’écorchage à vif d’un cochon douillet…

En un mot comme en cent, les versions teutonnes des contributions eurovisuelles sont auditivement douloureuses, même si les textes restent dans le domaine de l’acceptable et ne versent pas irrémédiablement dans le loufoque, le mauvais, ou carrément le Pascal Obispo… Mis à part évidemment le légendaire « rosaroter lampion » de France Gall en 1965…

En 1966, alors que Michèle Torr qui succède à France Gall sous les couleurs luxembourgeoises avec un « Ce soir je t’attendais » enlevé mais interprété de manière trop crispée le soir de la grande sauterie, les saloupiauds de chez Fontana décident de lui faire enregistrer une version allemande, qui sent bon le lavandin de Provence et l’accent chantant de la demoiselle de Courthézon : « Er kommt heut’ Abend ».

Et pour celles et ceux qui ne se sont pas farci les déclinaisons schleues ni les versions des textes des discours de Goebels, le texte dit à peu près ceci : « Je sais, je sais, il vient ce soir, il vient à moi ce soir ; Et tout sera comme avant, Et il ne me quittera plus jamais… »

Guimauve au goût de schnaps plein pot, donc, mais en ces périodes de fêtes, il est bon d’introduire un peu de doucereux, de mièvre, de fadement sucré dans nos quotidiens fatigués par les violences incessantes des media…

Et ça ne loupe pas, depuis l’invention de la télévision, ou presque, on nous bombarde de navets cuculapralinesques durant les fêtes de fin d’année, ce qui n’est pas toujours pour déplaire, il faut hélas le reconnaître… Mais se farcir Sissi (cinématographiquement parlant) tous les 24 décembre, se tartiner les jérémiades de Mayerling à tous les coups, ça finit par peser au moins autant que la buche au marrons et à la confiture de rollmops et de groseille à maquereaux de la tante Marthe…

Heureusement, on nous débarrasse depuis quelques années de tout cela, avec les même émissions qu’à l’habitude, mais enregistrées fin octobre avec de la fausse neige sur le plateau, des bonnets de Noël et des costumes… Quel bonheur de se fader Jean-Luc Reichmann avec une tâche de plus, Arthur avec un bonnet idiot qui lui va aussi bien qu’une guêpière mauve fluo à Christine Boutin, Cyril Féraud qui passe son temps à tripoter les boules…

L’époque est apparemment propice aux retours, fussent-ils en grâce ou plus certainement en grasse vu les agapes qui nous tendent les bras, et nous eûmes ce week-end la surprise d’avoir quelques retours aussi sympathiques qu’un retour d’âge, ou de manivelle dans la tronche…

Le retour d’âge, ce n’est pas encore leur tasse de botox, à la basse-cour de TF1 qui est venue samedi soir ébrouer ses plumes de dinde devant la moumoutte recolorée de Jean-Pierre Foucault en vue de se faire élire Princesse des bécasses à grand coup de SMS surtaxés et de considérations oiseuses d’un jury qui n’avait strictement rien à foutre des impétrantes incapables de parler naturellement et qui débitaient en apnée le texte de quatre lignes consciencieusement appris depuis six mois…

Président du jury, Jean-Paul Gaultier, aussi coutumier des gourdases que peut l’être un végétalien à l’égard des steaks tartares ; assisté par Laetitia Milot, une plante verte made in TF1 qu’on a mis là pour faire joli et compléter le jury ; Kendji Girac, la Gitane sans filtre qui avec sa veste à faire hurler de douleur Mika nous a fait comprendre qu’il préférait le cigare à la moule ; Patrick Fiori, qui en goût de gonzesses est un gros beauf puisqu’il a tambouriné Lara Fabian, la corne de brume avec son regard de vache de l’Aubrac ; Anggun, qui question classement est disqualifiée, vu sa 22ème place à l’Eurovision ; et enfin Frédérick Michalak, rugbyman dont on voyait clairement qu’il n’avait pas la lumière à tous les étages depuis la dernière séance de tombé de savonnette dans les douches…

Pour le reste, ce fut comme chaque année un concentré de sourires forcés et de nichons refaits, un défilé de porte-manteaux au QI de calamars agonisants mais qui poursuivent tous des études supérieures…

Le retour de manivelle dans la tronche, c’est celui de Nanard le Sévèrement burné en politique… Franchement, à l’instar d’une Régine dont on se demande bien ce qu’elle revient faire sur scène avec ses quinze liftings, sa hanche en plastique, ses moumouttes qui collent mal et sa voix de cancéreuse de la gorge, que vient chercher Nanard dans le ring politique ? Ça ne lui apportera rien : il a déjà fait de la prison, et tout le monde le tient pour un escroc… Mis à part du pognon…

Du pognon, le survolté préféré des mamies aux cheveux bleus risque d’en croquer un paquet également lorsque son remerciement sera effectif… Julien Lepers sera en effet viré de la Trois en février prochain, et l’on entend déjà de là gronder les déambulateurs, claquer les dentiers dans les verres débordants de Stéradent, vrombir les anus artificiels en réaction à cette éviction clairement jeuniste…

Retour façon aigreur d’estomac consécutive à une orgie alimentaire avec des nouvelles du feuilleton Platini-Blatter, avec le verdict de huit ans de suspension rendu par le Comité d’Ethique de la FIFA (rien que le nom est cocasse) ; un verdict qui signe la mort des ambitions de Platoche et sa mise à la retraite définitive…

Et pourtant, la retraite n’a pas que du bon, quand on voit que le suspect qui aurait déposé une fausse bombe dans le vol d’Air France est un policier en retraite… Quand on dit que les cordonniers sont les plus mal chaussés…

A déconner, autant le faire sur un grand pied, aussi en Nouvelle-Zélande a-t-on autorisé l’Eglise du Monstre de Spaghettis volant à marier ses fidèles… Faute de spaghettis volants, on a juste en France le Culbuto à croissants en scooter… Il est moins rigolo, mais tout aussi ridicule…

Et si, aujourd’hui, vingt-et-un décembre, vous entendez toute la journée des hurlements un peu partout sur votre passage, ce n’est ni une épidémie de doigts qu’on coince dans une porte, ni la conséquence de votre goût vestimentaire discutable, c’est tout simplement la journée mondiale de l’orgasme… Le genre de journée dont tout le monde se branle…

Et le 21 décembre 1972, séance branlette intellectuelle de haut vol sur la deuxième chaîne de l’ORTF, avec le premier épisode de la mini-série historique qui va illuminer les fêtes de fin d’année, « Les Rois Maudits », où Maurice Druon raconte l’histoire de la monarchie française depuis Philippe IV le Bel jusqu’à la guerre de Cent Ans. La sobriété des décors fut pour beaucoup dans le succès immédiat, mais la mise en scène remarquable et le jeu des comédiens , toute la fine fleur de l’époque, n’y sont pas étrangers non plus… Comme un goût de retour du classicisme… 

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