- Oh la la, ben dites donc, M’sieur le Groniqueur, vous en
avez une tête que si elle était télévisée, vous iriez faire coucher les enfants
de bonne heure… Vous savez que ça existe, des lits, et qu’il est recommandé par
une frange importante de médecins d’y passer entre six et huit heures toutes
les nuits…
-
M’âme Jeanssen, si j’avais du temps devant moi, je crois bien que je partirais
d’un grand rire à m’en humecter le slip… Ne croyez pas que c’est de gaieté de
cœur que j’essaie de ressembler au Prince Rainier le lendemain d’un quadruple
pontage coronarien… Vous savez que dans notre profession, les réformes qu’on
tente par tous les moyens de nous imposer vont créer un bon nombre de confrères
traumatisés…
-
Allons bon ! C’est quoi donc encore que cette histoire de
traumatisme ?
-
Ah mais ce n’est pas récent le traumatisme… Figurez-vous que nous sommes une
population de traumatisés… Il y a encore quarante ans, ça n’existait pas tout
cela… Nos grands-parents se sont pris des tonnes de bombes sur la trombine pendant
la dernière guerre, ils ont eu a subir les aléas de la vie, les coups durs et
les grandes peines brutales sans se rendre compte qu’ils étaient traumatisés…
-
La guerre, ça avait au moins le mérite de faire de la place pour se garer,
parce que pardon, pour trouver un emplacement libre le samedi après-midi dans
le centre-ville, c’est encore plus difficile que de déceler un neurone
fonctionnel dans la boite crânienne des candidates de Miss France…
-
Si vous voulez, mais le fait est que l’on se traumatise pour tout et n’importe
quoi : on a le traumatisme du gamin qui s’est pris une paire de mandales,
le père indigne qui a infligé cet aller-retour est traumatisé, le taureau mou
des chambres de bonne est traumatisé parce qu’il n’arrive que rarement à faire coulisser
sa limace tiède dans la frisée d’une connaissance de passage, et on est même
allé jusqu’à parler du traumatisme de l’alcootest, où les contrevenants pleins
comme des outres étaient traumatisés à l’idée de souffler dans le ballon du
gendarme…
-
C’est passionnant…
-
Comme vous dites… Et j’ai même retrouvé dans un vieil exemplaire de France
Soir, le journal de l’élite, qu’à Besse-en-Chandesse, dans l’auvergne profonde,
une vache avait été traumatisée parce qu’on lui avait barboté sa clochette…
Alors vous comprenez que les robes noires sont à classer incontinent dans la
caste des traumatisés, vu les funestes visions d’avenir qu’on leur fait
miroiter grâce à la réforme Macron…
-
Dites donc, vous me donnez une idée… Des fois qu’on irait jusqu’à créer le
traumatisme de la Rottweiler…
-
Je conçois que se prendre une photo de Valoche de plein fouet dans le journal
du matin, ce n’est guère agréable, mais tout de même…
-
Chochotte que vous êtes ! Le traumatisme de la Rottweiler est une
spécialité élyséenne… Pépère ne doit pas en mener large avec les interviews que
donne la First Cocue Lady à la BBC… Ah ça, les anglais vont bien se payer notre
tête…
-
Oh, vous savez, la France en ce moment n’a guère la côte… Regardez les derniers
résultats obtenus au Concours Eurovision et vous constaterez que nous ne sommes
pas loin d’être la risée européenne…
-
Sans parler du tennis…
-
Au moins étions-nous prévenus de la prévisible branlée infligée par l’équipe
suisse… Je ne sais plus quel joueur nous avait déjà préparé en indiquant que la
victoire était à porté de mains avec l’envie… Ouais, en essayant de jouer
convenablement, c’eut été encore plus facile…
-
Ce qui ne va pas être facile, c’est de faire une reprise de volée suite à ce
rapport franco-allemand prônant un gel des salaires et un assouplissement des
35 heures…
-
Oh oui, M’âme Jeanssen, je me marre en imaginant les sueurs froides à l’Elysée
et à Matignon en découvrant ces conclusions… Le Pétillant va bien trouver un
air de pipeau à nous jouer pour faire passer la pilule… Et s’il ne trouve rien
dans la boite à outils de Pépère, il enverra Macron au feu… Avec sa tête de
premier de la classe qui se fait téter le spaghetti à yaourt dans des backrooms
douteuses, il a le profil parfait pour nous l’enfiler sans qu’on ne sente rien…
-
Un qui risque de sentir passer, et pas seulement le vent du boulet, c’est le
Tout-Mou…
-
Oh oui, dans un de ces gestes d’inconscience collective qu’il affectionne tout
particulièrement, le trempeur de croissants retourne à Florange… Certes, l’assassin
revient toujours sur les lieux de son crime, mais avec le doux souvenir qu’il a
laissé là-bas, l’assassin risque de devenir l’assassiné…
-
Remarquez, j’vous ferai dire qu’il n’y a pas qu’à gauche qu’on poignarde à
tout-va avec la frénésie d’un serial-killer sous amphet’…
-
Ah ça, le représentant en talonnettes a bien laissé huer Juppé en plein
meeting… Il n’a pas bougé le moindre sourcil… Même pas un soulèvement compulsif
d’épaule… A croire qu’il a fait venir les fauteurs de trouble tout exprès…
-
Vous croyez qu’il en serait capable ?
-
Mais il est capable de tout ! C’est d’ailleurs à cela qu’on le
reconnait ! Une autre qu’on reconnait à la première parole qu’elle tweete,
c’est notre poissonnière blonde de droite, Didine Morano, qui y est encore une
fois allée de sa connerie vandammesque… Figurez-vous qu’elle estime que Flamby
et la Rottweiler figurent le déshonneur de la France… Elle est trop modeste, Nadine,
elle n’ose pas prendre la première place…
-
Non mais dis donc ! Elle au moins quand c’est qu’elle cause, on comprend
tous les mots qu’elle prononce dans sa bouche… c’est pas comme vos hippies
crades de chanteurs qu’on sait même pas si c’est en français qu’ils parlent
l’étranger, alors…
-
Je vous rassure, Zaz et Julien Doré chantent en français… Certes, on ne
comprend pas toujours très bien ce qu’ils beuglent, mais je vous assure que
c’est bien de l’hexagonal…
-
Mais c’est pas de ces crasseux-là que c’est que je vous cause ! C’est des
Bé-atleux que je vous parle ! vous trouvez que c’est un titre sensé, ça
« Hello Goodbye » ? Non mais franchement… « bonjour
au-revoir »… ça fait limite éjaculateur précoce…
-
Je vois que vous avez pratiqué l’encrémage de la frisée avant le ramonage du
couloir à frissons… Toujours est-il que c’est le 24 novembre 1967 que parait
cette chanson largement, il est vrai, psychédélique…
-
Oué, en tout cas, c’est pas précisément psychédélique, ce qui s’est passé le 24
novembre 1963 à Dallas…
-
Effectivement, coup de théâtre ou, plutôt, coup de feu dans l'affaire de l'assassinat
du Président John Fitzgerald Kennedy. La scène s'est déroulé dans les locaux de
la police de Dallas, lors d'un transfert de Lee Harvey Oswald, assassin présumé
du Président : alors qu'il sortait d'un interrogatoire de plus de douze
heures avec la police, Jack Ruby, un demi-sel guère fréquentable, a tiré sur
Oswald, le blessant mortellement… La légende de l’assassinat de Kennedy se
mettait en place… Et allait donner des insomnies à des générations entières…
Avec au final, des têtes pires que la mienne au réveil, non mais !
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