Comment faire, grands
dieux, en gardant l’œil frais et le verbe ravi
Pour vous dire
crûment que franchement aujourd’hui, j’ai pas envie
Sans que cette
brutale annonce, qui n’est pas l’annonce faite à Marie
Vous plonge dans le
marasme, la tristesse et vous laisse tout marris.
Comprenez mon émoi,
pardonnez ma flemme, excusez mon désintérêt
Face à ces fausses
nouvelles éculées dont on nous beurre la raie
Se trouver face à
l’écran et chaque jour retrouver les mêmes âneries
Il est des plus
difficile à la fin d’en faire quotidiennement l’allégorie.
Je vous prends à
partie et à témoin, n’êtes-vous pas finalement éreintés
De sans cesse lire,
relire et re-relire à l’infini toujours les mêmes insanités
De la mémé qu’on
dépouille à l’artiste qu’on encense pour une bouse
En passant par ces
petits écoliers à qui l’édile gentiment offre une blouse ?
La guéguerre
politique est sans fin, sans issue et nettement sans saveur
On flatte les
pauvres, on pompe les riches et on tape sur les beurs
Depuis notre père
Adam, rien n’a vraiment radicalement changé
Et l’on serait
surpris de voir les grands partis enfin se bouger.
Amidonnés dans leurs
principes, statufiés dans leurs rances positions
Ils se montrent
gauches à droite et tentent de rester droits à gauche
Ils enfument le monde,
flattent l’électeur, vrais faux-culs par définition
Et ne pensent qu’à
leur petit confort, et ça, c’est vraiment moche.
Du côté de nos
pipoles, n’espérez rien, ce n’est guère plus brillant,
De la cagole se
prenant pour Garbo dans un rôle des plus affligeants
A la connasse à
nichons plastique qui passe son temps à poignarder
Ce ne sont, hélas,
vraiment pas des programmes à regarder.
Et dire que ces
piètres et lamentables exemples de la vacuité humaine
Qu’on nous vend à
longueur d’émissions chaque jour de la semaine
Deviennent des icônes
pour une large frange de la population
On se demande ce
qu’on a fait pour mériter pareille punition.
Je ne résiste
cependant pas au plaisir de vous indiquer brièvement
Que le Sinistre de
l’Intérieur, dans un geste apparemment dément
Vient d’interdire
définitivement l’usage des grenades défensives
Pauvres gendarmes,
que d’un joujou bien amusant, on prive.
Et désormais, dans
les manifestations, face à des casseurs armés
Avec la puissance de
feu d’un croiseur et des flingues de concours
Les bleus n’auront
pour riposter que quelques jarretelles de mémé
Deux pistolets à eau
et une fronde à boules de gommes, ça fait court.
Que faire alors pour
arriver à s’émerveiller ne serait-ce qu’un tantinet
Délaissant les
fâcheux, les cuistres et les bécasses au cortex mort-né ?
Levons les yeux,
scrutons l’horizon, les yeux dans l’infini qu’on se mette
Pour applaudir comme
il se doit Philae qui enfin a marché sur la comète.
La conquête spatiale
grâce à la sonde Rosetta fait un pas de géant
Progressant sans
relâche depuis près de vingt ans dans le néant
Les jeunes s’en
fichent, ça ne les passionne pas, la vérité est là
Ils ne rêvent en
secret que de poser le pied sur la lune de Nabila.
Et dire qu’hier
encore, on était espanté du premier pas sur la Lune,
Des découvertes
médicales, des exploits sportifs et des succès littéraires
De nos jours, on est
admiratifs devant des andouilles prompts à braire
Des théâtreux fats et
pompeux, et des pipoles cons comme la lune…
Triste époque il est
vrai qui n’a plus que faire de la fierté et du courage
Des valeurs morales
qui bétonnaient la société, c’est d’un autre âge
On se complait
désormais dans des océans sans fin de bêtise crasse
Des abîmes de vide
sidéral, qu’importe puisque ça plait à la masse.
Et l’on est saisi
d’effroi à penser que demain tout cela sera encore pire
Qu’un seul iota
d’intelligence déclenchera de la populace la grande ire
Triomphe de la
bêtise, victoire de la vacuité, apogée de la nullité
Je redoute dans vingt
ans de devoir faire la revue de détail de l’actualité.
Contre cet
abêtissement général, unissons-nous et levons fièrement
Nos stylos lettrés et
nos claviers cultivés contre ce nouvel ordre dément
Qui tire
insensiblement l’homme vers le bas, l’idiotie des plus tapageuses
Tout comme l’apnéiste
chevronné entraîné vers le fond par sa gueuse.
Cultivons-nous comme
des bêtes curieuses, lisons, écoutons les érudits
Qui dans leurs
discours offrent leur savoir comme les rupins, des rubis
Refusons les
babillages insipides de nos connasses en short moulant
Offrons-nous
d’intenses shoots d’intelligence plusieurs fois par an !
Ne négligeons pas de
nous aérer l’esprit par tout cela échauffé
En se souvenant que
le 14 novembre 1991 était commercialisé
« Black or
white » de Michael Jackson, chanson autobiographique
« Noir ou
blanc », pour Bambi, la question reste historique.
Et le 14 novembre
1984, « L’événement du jeudi », pour la première fois publié
Crée par
Jean-François Khan, qui aux lobbies de presse espère résister
En défendant
inlassablement l’indispensable liberté de la presse
Qui bien souvent
hélas se complait à publier des histoires de fesse.
Comme le chantait
naguère Thierry Le Luron parodiant Guy Béart :
« La presse fait
dans le spectacle
« Pour ça, y a
pas de miracle
« Les viols ou
bien les meurtres et les enterrements
« Sortis des
oubliettes,
« Ça vous fait
des manchettes
« Que le regard
accrochera
« Grâce aux
caractères gras »…
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