- La Mèche Folle, artistes capillaires et autres
frivolités, bonjour ! Jean-Kévin à votre écoute…
-
M’âme Jeanssen, franchement, je n’arrive pas à comprendre pourquoi vous avez
tenu à prendre rendez-vous dans ce salon de coiffure d’un goût douteux…
-
Douteux, douteux, vous en avez de bonnes vous ! D’accord, y a un peu trop
de rose à mon avis…
-
Un peu trop ? Vous rigolez, on dirait le cercueil d’Orlando…
-
Mauvaise langue ! Non mais dites, c’est quand même pas ma faute si le
salon de M’âme Lauret a flambé à cause de la permanente un peu trop serrée de
M’âme Badrignand… Ah vous l’auriez vue, on aurait dit un demi-poulet grillé…
-
Pour la moitié d’un policier en retraite, ça fait ton sur ton…
-
N’empêche que je suis bien obligée de me faire faire mes racines de temps à
autre, alors j’ai pris mon annuaire et paf ! j’y suis allée au petit
bonheur la chance…
-
Et dégoter un salon à l’autre bout de la ville… Heureusement que je pouvais
vous y emmener…
-
Ben, manquerait plus que j’y aille en bus… Et pis, ça vous donne l’occasion de
vous faire couper les tifs vous aussi… Enfin, ce qui vous reste…
-
N’imaginez même pas que je me fasse tripoter le cuir chevelu par ces tapettes
de concours… Je me sens comme un morceau de viande sur l’étal du boucher…
-
Eh ben ne leur montrez pas votre andouillette et le tour est joué…
-
Madame Jeanssen ? C’est à vous !
-
Ah, alors je vous préviens mademoiselle, enfin, non, monsieur… Oué, non, plutôt
Conchita, je veux un décollement des racines avec un carré flou dégradé dans le
sens de la largeur avec un raccourcissement des pointes en gardant toute la
largeur…
-
Vous préfèreriez pas qu’on essaie de vous coiffer, tout simplement ?
-
Dites, le client est roi, ou bien ?
-
Oh mon Dieu ! Par Sainte Mylène et Sainte Dalida, va y avoir du
boulot…Attendez, je vais voir à la cave si je peux trouver des instruments
assez anciens pour vous réaliser un truc pareil… Juste par curiosité, vous avez
essayé une coiffure à la Libération, et vous n’en avez jamais changé…
-
Vous, si vous continuez à me causer vilain, vous allez changer d’octave pour
couiner comme une porte mal graissée…
Une
vingtaine de minutes plus tard, alors que la folle hystérique s’arrache les
cheveux sur ceux de M’âme Jeanssen, celle-ci tente de faire diversion en
causant pluie-beau temps-petits tracas de la vie…
-
Dites vous avez vu que le Président a réussi des miracles à l’occasion du 11
novembre ?
-
Voui, c’est ce que Patounet m’a dit ce matin au saut du lit… Il est quand même
fortiche, notre Flotte Mec… Pas une goutte d’eau pendant les
célébrations ! Vous voyez, il fallait lui laisser le temps de s’installer
dans la fonction présidentielle…
-
Mouais, en tous cas, pas de risque d’éjaculation politique précoce avec lui, il
prend son temps… En plus, ça a du le motiver, de grappiller un point de
popularité…
-
Non ? ! Il remonte dans les sondages ?
-
Ben, dans le même temps, vu que sa côte de popularité était mesurée récemment
par Morgan Bourc’his, vous savez, le plongeur en eaux profondes avec sa combi
moulebite, il ne pouvait guère aller encore plus bas…
-
En plus, il a drôlement bien causé hier dans le poste… Avec son appel aux
français à se mobiliser pour affronter l’avenir…
-
Forcément, on va se le farcir encore deux ans et demi, alors, faut faire montre
d’un certain courage…
-
Cépafo, mais vous savez, à droite, ça ne vaut pas mieux non plus… La guéguerre
Fillion-Jouyet, façon crêpage de chignon de mémères à l’ouverture des soldes,
ça ne motive pas vraiment pour voter Sarko…
-
Mais non ! Tout va mieux depuis que l’on sait qu’il y avait un troisième
homme à ce déjeuner…
-
Un troisième homme ? C’est plus un déjeuner, c’est une partouze…
-
Rengainez votre sulfateuse à béchamel dans votre string fluo, mon vieux !
Ce troisième homme providentiel sert à dédouaner Fillion…
-
Ouais, évidemment, c’est un peu comme dans l’affaire Nabila, s’il y avait un
troisième bonhomme pour dédouaner la téléphoniste à nichons…
-
Oh, il y a tout plein de gens qui prennent sa défense en disant, avec le plein
aval du Bescherelle, que c’est pas si grave de poignarder quelqu’un et que
c’est pas normal qu’elle soit en prison…Je veux pas dire du mal de vos
clientes, mais elles feraient mieux de louer un cerveau avant de causer… et
arrêter de penser avec leur chatte…
-
Bah, je ne sais pas si Nabila a déjà fait des étincelles avec sa chatte, mais
depuis qu’elle est incarcérée, elle a joué à l’alchimiste…
-
Comment ça ?
-
Ben, avant elle était en plastique, maintenant elle est en taule…
-
Comme c’est spirituel, vous savez que ça ferait hurler de rire mon Patounet ça…
-
Vous, vous allez hurler comme Zaz sur son dernier album si vous me loupez ma
couleur… Rappelez-vous, hein ! Quelque chose de soyeux et sensuel, à
mi-chemin entre le brou de noix façon Hollande et la teinte carotte râpée de la
Vilaine Fermière…
-
Un vrai défi pour les coloristes…
-
Un vrai défi comme l’interview que donne à Aftonbladet Zlatan Ibrahimovic…
-
Oh, c’est mon préféré parmi les footballeuses…
-
Cessez de vous belliner la nouille, ça va faire tourner ma couleur… Zlatan
attaque les sujets profonds… il confie son attachement à la Suède (forcément,
c’est un journal suédois), confesse son amour pour la chasse et les femmes… Pas
un mot sur le foot… Il a dû oublier à quoi ressemble un ballon, l’imbuvable
connasse en short…
-
Je le boirai bien pourtant…
-
Dites, si vous continuez, vous allez flaquer, et j’ai horreur de l’humidité…
-
Euh, oui… Dites, vous avez vu le résultat du référendum sur l’indépendance de
la Catalogne ? Avec un nom comme le votre, ça doit vous interpeller…
-
A peu près autant qu’un kilo de caramels mous périmés sur le zinc du buffet de
la gare de Romorantin… N’empêche qu’avec la fin de non-recevoir du gouvernement
espagnol, les catalans peuvent se la mettre sous le bras… C’est marrant, on
croirait presque que le gouvernement de Madrid prend exemple sur Hollandouille
question écoute du peuple…
Je
n’ai pu entendre la suite de la conversation, le figaro des mises en plis ayant
branché son séchoir… J’ai préféré célébrer l’anniversaire musical du jour en
écoutant du jazz sur mon téléphone, puisque le 12 novembre 1958, Billie Holiday
donnait un mémorable concert à l’Olympia…
Et
le 12 novembre 1989 décède de pneumonie à Madrid Dolores Ibarruri, premier
secrétaire du Parti Communiste Espagnol entre 1942 et 1960, et présidente de ce
parti entre 1960 et 1989. Icône ibère plus connue sous le nom de La Pasionaria,
exilée en URSS jusqu’à la mort de Franco, on se souvient surtout de son
« no pasaran » en défense de la République, mais aussi de cette
superbe maxime « mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux »…
Zahia, elle, préfère vivre à genoux…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire