- Ben alors Monsieur le Groniqueur, on s’adonne à la
lecture de magazines avec des couvertures remplies de mâles dénudés et des
titres dont on se demande s’ils ne seraient pas promus par les instances
gays ?
-
Ben, elle est forte celle-là !
-
Vous dites ?
-
Gnéééééééé ?
-
Qu’est-ce que vous avez dit ?
-
Béééééééééé…
-
Vous avez dit : « elle est forte, celle-là »… Soyez
correct !
-
Oui, ma mère… Mais M’âme Jeanssen, je ne comprends pas votre remarque… Je n’ai
guère d’appétence pour ce genre de publication qu’on lit d’une main avec le
rouleau de sopalin à proximité…
-
C’est ça, prenez-moi pour une bécasse à vos moments perdus ! Vous me ferez
pas croire qu’un magazine qui s’appelle GQ c’est pas une publication
licencieuse qui veut dire « j’ai des culs à l’intérieur »…
-
Vous lisez bien Femme Actuelle, et à vous voir, c’est de la publicité
mensongère… Détrompez-vous, en tous cas, GQ est une feuille honnête, qui traite
de la mode masculine et du style de vie actuel… Rien de vraiment excitant pour
les amateurs d’éphèbes dénudés qui exposent leur viande épilée en brandissant
leur sceptre turgescent dans planches hors-sexe…
-
Non, hors-texte…
-
Je maintiens, « hors-sexe », parce que sinon, on ne pourrait pas
refermer le bouquin…
-
Et vous trouvez sain pour vos neurones de lire des articles documentés sur le
port de la moustache tombante, sur la mode de la barbe à la Conchita Würst, ou
sur le moyen infaillible d’avoir les abdos de Renaud Lavillenie quand on se
présente aux essais avec la bedaine de Périco Legasse ?
-
C’est certainement moins nocif pour mes synapses que de m’envoyer l’intégrale
des Concons à Cancun et autre bouse de téléréalité… Croyez-moi, c’est à la fois
instructif et relaxant…
-
Vous m’en direz tant… Ben, puisque vous y êtes, étayez vos affirmations
supputatoires de faits tangibles et journalistiquement prouvés…
-
Qu’à cela ne tienne… Voyons… Ah ! Page 26 : Le dernier film de Gérard
Depardieu fait un bide aussi au moins important que celui de l’acteur…
« Viking », la dernière bouse sur pellicule du menhir de la Place
Rouge, uniquement sorti sur la côte est des Etats-Unis, n’a récolté que 623
dollars de recettes… soit 77 entrées…
-
Vous imaginez le score si Depardieu jouait dans un film de BHL ? Ça
quitterait l’affiche avant même que la colle ne soit sèche…
-
Et après, on se gaussera de la mauvaise santé du cinéma hexagonal… Il ne reste
plus qu’à tourner une comédie musicale avec Christophe Maé et Zaz, sur des
textes de Pascal Obispo et une musique de Lionel Florence, et on inaugurera
peut-être le premier box-office négatif…
-
Ne dites pas du mal du zébulon à ressorts, j’ai acheté son dernier disque…
-
Ah, c’est donc vous ! Mais pourquoi avoir claqué 20 € pour un ramassis de
couinements enroués ? Vous voulez martyriser auditivement la Lopez du
cinquième ?
-
Non, même pas, pur ça, j’ai le 33-tours de Linda de Suza… Figurez-vous que Maé
est diablement efficace pour éloigner les pigeons de mon balcon… Plus un
volatile dans tout le quartier dès la première chanson…
-
Si vous faites œuvre de salut public, alors, je m’incline…
-
Inclinez-vous plutôt à trouver autre chose comme preuve, parce que là, c’est
plutôt faiblard…
-
Vos désirs sont des ordres… Alors, page 85, indiscrétions de la
télévision : Moundir, le rebeu mononeuronal de la téléréalité, est pressenti
pour doubler la voix d’un personnage de la série « The walking
dead »… Pourquoi pas… A la condition expresse qu’il n’y ait pas beaucoup
de texte… Ca devra se limiter à un « beuuaaaaaaaaarrrgh » de temps à
autre…
-
Ah, non, permettez, « beuuaaaaaaaaarrrgh », c’est le texte de la
dernière chanson de Garou… Ça schlingue le plagiat à plein nez, c’te histoire…
-
Sinon, page 66, à la rubrique « fraude fiscale et pipoles », le
Conseil d'Etat a confirmé mercredi un redressement fiscal contre Johnny
Hallyday et son épouse, au titre de la discothèque l'Amnesia du Cap d'Agde,
gérée par le père de Laeticia.
-
De quoi qu’elle se plaint, la dinde à l’idole des jeunes ? Pour une fois
qu’il y aura quelque chose qui se redresse chez Johnny, elle devrait être
contente…
-
Celle-là, elle est raide, M’âme Jeanssen… Sans transition, page 114, la liste
des 41 mesures de simplification arrêtée par le Conseil des Ministres, avec en
cadeau gratuit les modalités d’application desdites mesures…
-
Vous pouvez me les montrer ? Il faut que je demande le renouvellement de
ma carte de charbon, je me suis aperçue qu’elle était périmée depuis juillet
’47…
-
Impossible, je l’ai laissée à la maison… 12 volumes de 800 pages imprimées en
police de caractère 6 sur papier bible, c’est pas facilement transportable…
-
Pas grave, de toute façon je suis chauffée à l’électricité depuis 1965…
-
Ah ? Et qui est-ce qui pédale ?
-
Vous, trouvez-moi un article intéressant avant de vous prendre un coup de sac à
main dans les rotules…
-
Voilà, voilà, c’est comme si vous l’aviez… page 53, rubrique « faits
divers en automne » : Un juge d'instruction va enquêter sur des
soupçons de viol dont aurait été victime une jeune fille dans les toilettes
d'un train dimanche entre Caen (Calvados) et Mantes-la-Jolie (Yvelines)… C’est
pas crédible ce truc… Quand on connaît l’état de propreté agressivement
dégueulasse des WC du TGV, ça ne donne pas envie de jouer un solo de flûte à
moustaches…
-
Bah, encore une chaudasse qui cherchait de nouvelles têtes dans le wagon de
queue, à moins qu’elle n’ait été dans le wagon de tête chercher de nouvelles…
Enfin, j’me comprends !
-
Oui, elle a voulu aller jusqu’au fond des choses et se montrer fidèle à cette
ancienne accroche publicitaire de la SNCF « Laissez-vous prendre par le train »…
-
Oui, l’un dans l’autre, vous avez raison… Sinon, quoi d’autre dans votre
magazine ?
-
Bah, plus grand chose, si ce n’est page 143 à la rubrique « fourre-tout et
autres nouvelles dont on se tamponne violemment le coquillard », la CFDT a
revendiqué à l’occasion de ses cinquante ans un "syndicalisme utile",
source de "progrès" et de "transformation sociale"…
-
Mouais, de toute façon, le syndicalisme, CGT l’argent par les fenêtres comme
disait mon pauv’ Raymond…
-
Dites, je viens de voir à la page musicale que le 6 novembre 1971, Sly &
the Family Stone publiaient « Family Affair »…
-
Une affaire de famille ? Bah, encore une chanson bien craspouille sur
l’inceste… Pas de quoi fouetter un chat…
-
Mais pourquoi dites-vous cela ?
-
Ben, parce que l’inceste, tant que ça reste dans la famille, c’est pas gênant…
Faut bien aimer ses père et mère alors…
-
Voilà une pensée qui aurait ravi François Mauriac, qui le 6 novembre 1952 se
voit couronné du Prix Nobel de Littérature. Le révérend père Paillard de Jardin
(ou Teilhard de Chardin, c’est selon les croyances), fervent catholique qui se
gargarisait avec des oursins vu sa voix, reconnaît que la plupart de ses romans
sont marqués, avec une intensité tragique, par le conflit entre la foi et la
chair. Car son œuvre est celle d'un artiste déchiré entre ses considérations
religieuses et ses envies instinctives d'homme…
-
Oué, encore un qui devait se titiller la pointe bic devant un poster façon
gynécologue de Simone de Beauvoir…
-
Oh, M’âme Jeanssen, elle est forte celle-là…
-
Ah, soyez correct hein ! SOYEZ CORRECT !
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