mercredi 23 avril 2014

Brèves du 23 avril 2014

« Jag känner mig inte riktigt bra
« Ingenting vill fungera som det ska
« Fast jag försöker lura mig
« Så vet jag vad det är »

Dans la palette large et colorée des langues exotiques que l‘on a pu entendre au Concours Eurovision, je ne sais si je vous avais déjà fait le coup du suédois… Non, je vous rassure, ce n’est pas une cochonnerie à base de saumon, qui d’ailleurs est norvégien, de harengs marinés et de disques d’ABBA…

Le coup du suédois, ce n’est pas non plus une allusion non voilée aux performances sur le sommier d’un Johan, Micke, Björn ou Svante aux cheveux blonds comme des Krisprolls et au teint si particulier d’un bidet fraîchement repeint en blanc…

Le coup du suédois, c’est simplement de vous introduire la chronique (avec ou sans vaseline, c’est selon les goûts et le possibilités physiques de chacun) avec une citation dans la langue chantante de Hjalmar Söderberg ou de Stieg Larsson…

Et ce sont les paroles de « L, som i älskar dig » (L, comme je t’aime) candidat malheureux au Melodifestivalen 1969 par la voix de Britt Bergström qui y remédieront, et qui traduisent mon état d’esprit de la journée (« Je ne me sens pas vraiment bien rien ne fonctionne comme il se doit si j'essaie de me tromper donc je sais ce que c'est »).

Ah oui, il y a des jours comme ça où vous planez et où votre fauteuil de bureau n’accueille que très provisoirement votre meilleur profil… Audiences à l’extérieur, et à domicile, dossiers évidemment urgents à traiter à la chaîne, vous vous rêvez affalé sur votre canapé les orteils en éventail dans la position du flan vanille démoulé…

D’autant plus que l’actualité n’est pas du genre à vous filer une gaule monumentale…

Entre les petits arrangements entre amis de Pépère qui case à tour de bras ses amis, connaissances et relations, le Pétillant qui se dépatouille avec ses propres alliés pour imposer son plan d’austérité et d’économies, les incertitudes sur le sort d’un des otages français…

Et dire que dans moins de deux semaines, nous pourrons nous adonner sans retenue et sans complexes au péché mignon de la gourmandise musicale… Eh oui, le Concours Eurovision 2014 pointe son nez et ce sont trois soirées remplies d’ersatz musicaux rances, de bluettes mièvres, de couineuses à nichons, de tapettes pur sucre, de chorégraphies osées et de performances vocales qui doivent plus à l’orgasme puissance sept et au décollage d’un Airbus A 380 qu’à la roucoulance murmurée d’un enroué chronique…

Le Concours se déroulera cette année au Danemark, cinquante ans pile après la victoire de Gigliola Cinquetti au Danemark, déjà… Un joli anniversaire, qu’on ne pourra fêter en diffusant des images d’époque puisque le Concours 1964 n’existerait pas en vidéo…

Cela fait partie des grands mystères de l’Eurovision… Alors que les Concours précédents existent sous formes d’archives vidéo, l’édition 1964 n’aurait pas été conservée… Et l’on avance des hypothèses aussi variées que possibles : destruction de la bande dans l’incendie des archives de la télévision danoise, effacement de la dite bande par souci d’économie (les bandes magnétiques coûtaient à l’époque un bras), volonté de ne pas se remémorer l’incident qui eut lieu en direct…

Ah oui, vous l’ignorez probablement, mais il y eut un incident inédit en 1964… A la fin de la chanson belge (une guimauve causant d’un type près de sa rivière, une future ode au petit Grégory vraisemblablement), un type grimpa sur scène en dépliant une banderole appelant à boycotter les dictatures portugaise et espagnole…

Ça faisait désordre évidemment, surtout dans un événement musical qui n’avait rien à voir avec la politique… Il en reste quelques photos de qualité médiocre, et quelques extraits du Concours, précieux aux yeux des eurofans…

Les eurofans, qui commencent à cartonner leurs strings à l’idée de s’envoyer près d’une quarantaine de chansons inédites dont la médiocrité le discute au prétendu bon goût qui est censé en émaner… Va y avoir de la plume dans le cul, des mouillages de string et des cris de pucelle en chaleur dans la semaine du 5 mai…

Et puisque nous sommes dans la mouvance eurovisuelle, je vous rappellerai que le 23 avril 1983, l’interminable Concours Eurovision en direct depuis Munich couronnait le Luxembourg pour la cinquième et dernière fois en date. Et deux pays finissaient en queue de peloton avec un infamant score vierge. La Turquie, avec son inécoutable maelström musical impudemment intitulé « Opéra » ; et l’Espagne, avec une chanson ethnique sans concessions, « Quien maneja mi barca ». Voulant imiter Sandie Shaw, Remedios Amaya chanta pieds nus un titre à consonances flamenco pur jus, sans doute trop en avance sur son temps pour plaire au plus grand nombre… « Qui dirige ma barque » se demandait Remedios… C’est ce que je me demande aussi parfois…

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