jeudi 19 décembre 2013

Brèves du 19 décembre 2013



Quelle jolie mode que celle des acronymes ! Dans un monde où tout va sans cesse plus vite (sauf l’augmentation du pouvoir d’achat qui elle lambine à un train de sénateur), où l’instantanéité est devenu le maître mot et où une file d’attente devient positivement insupportable, on se devait d’accélérer aussi notre langage en réduisant autant qu’il était possible les noms et les mots, et en leur substituant leurs simples initiales, ou leurs éléments initiaux.

Nous voila désormais submergés de sigles ou noms bizarres, dont les plus connus ne choqueront pas vos oreilles chastes, à l’image des « RTT », « URSS », « Benelux »… D’autres avancent plus incognitos (qui aurait pu penser que « radar » ou « laser » étaient des acronymes ?), et certains sont positivement imprononçables, tel ce « Niiomtplaboparmbetzhelbetrabsbomonimonkonotdtekhstromont » russe (à vos souhaits !, et à déconseiller aux asthmatiques gros fumeurs…), qui signifie « Laboratoire pour des opérations de couverture, de renfort, de béton et de béton armé pour les constructions composites-monolithiques et monolithiques du Département de la technologie des opérations du bâtiment assemblé de l'Institut de recherche scientifique de l'Organisation pour la mécanisation de bâtiment et l'aide technique de l'Académie du bâtiment et de l'architecture de l'Union des républiques socialistes soviétiques »… Et après, on s’étonne que l’Union Soviétique se soit cassé la gueule…

D’autres vous seront inconnus, tels le « PPH » (passera pas l’hiver), « PCA » (plus côté à l’Argus, qu’on a failli remplacer par « Line Renaud »), « MVD » (moins de vingt dents, très recherché pour les plaisirs buccaux sans risques d’éraflures)…

Je vous en propose un autre : « BGV »… Qu’es-aco ? Non, ce n’est pas une branlette en gants de velours, ni une bouche gourmande et volontaire, pas plus qu’une bimbo à gros volumes, et encore moins une brioche gonflée et voluptueuse… A l’instar de notre TGV, vous allez découvrir le plaisir d’être transportés par les Brèves à Grande Vitesse.

Grande Vitesse parce que je n’ai positivement pas le temps de tout faire… Et à moins de disposer de journées de 48 heures (la durée de travail mensuelle d’un prof), de quatre paires de bras (à la manière des divinités contraires de l’Inde, Brahma la Guerre et Vishnou la Paix), ou de deux cerveaux survitaminés (déjà un en état de fonctionnement, on se pose la question…), je ne peux que consacrer un temps restreint à ces quelques lignes, puisque les fêtes de fin d’année s’approchent à grands pas, et qu’il faut bien évacuer les dossiers, vider les étagères (et aussi les cendriers parce que les mégots qui dégueulent de partout en répandant une odeur émétique qui ressemble à s’y méprendre à votre halitose au réveil, merci bien !), essayer de partir dégagé des contraintes bassement matérielles du boulot…

Complice, l’actualité aujourd’hui n’offre guère de futilités remarquables, signe que la trêve des confiseurs se profile au bout de l’horizon et que l’on ne va pas tarder à s’offrir des marrons glacés là où hier encore on se les balançait dans la tronche à s’en faire sauter les molaires, se passer de la pommade là où hier on se vaselinait abondamment, s’échanger des bons vœux et des sourires de circonstance là où hier on échangeait noms d’oiseaux, injures salées et insultes à base d’introduction anale de votre génitrice…

Bah, on essaie bien d’attirer notre attention sur ce qui va changer au niveau fiscal en 2014, mais comme c’est invariablement à base de sacrifices des ménages et des entreprises, on va éviter de jeter de l’huile sur le feu, comme lors du réveillon ’79 où Tante Marthe avait malencontreusement (et quelque peu volontairement) renversé la saucière de sauce Grand Veneur sur le chemisier en soie immaculée de la cousine Arlette parce qu’elle soupçonnait cette grande sauterelle échaudée de la gaine Sloggi de turlutter sans relâche son Edmond…

Encore un camouflet pour les entreprises françaises, avec la commande ratée de Rafales de chez Dassault… Pour une fois qu’on ne nous prend pas nos avions d’assaut… En fait, le Brésil samba les couilles (surtout celles des créatures du Bois de Boulogne)…

Et le Sinistre de la Défense de sortir les avirons pour jouer à D’Aboville en affirmant que le Brésil n’était pas une cible « prioritaire »… Comme c’est pratique ! D’autant plus que notre Ministre prévoit des « résultats » en Inde et dans le Golfe… S’ils sont aussi concluants qu’à Rio…

Un résultat concluant, c’est celui qu’ont obtenu les socialistes en enrôlant Edouard Martin pour les Européennes. Hier encore farouchement opposé au Gouvernement comme le porte-drapeau des sidérurgistes lorrains de Florange, Eddie taclait quotidiennement Pépère et ses sbires… Mais ça, c’était avant, et aujourd’hui, il porte les couleurs socialistes en étant tête de liste aux Européennes… Enfin, plus tête de nœud que tête de liste…

Et en tête de gondole sur les linéaires de notre mémoire en ce 19 décembre ? En 1947, scission à la CGT qui donnera naissance à Force Ouvrière ; en 1961 naît le CNES, dont le passe-temps favori sera d’envoyer les gens en l’air ; en 1965, Tonton se fait battre à plate couture par le Général qui reste Président ; en 1977, TF1 offre pour les fêtes un feuilleton de prestige signé Jean D’Ormesson « Au plaisir de Dieu » ; et en 1979, Chantal Goya fascine les enfants à l’Olympia avec son spectacle « La Forêt magique ».

Et le 19 décembre 1964, a eu lieu, dans un froid glacial, la cérémonie de panthéonisation du héros de la Résistance Jean Moulin, en présence du général de Gaulle, du Premier Ministre Georges Pompidou, de nombreux autres dignitaires, de représentants de la Résistance et d'une foule innombrable. Dans un climat d'intense ferveur, André Malraux a prononcé un discours aussi bouleversant que mémorable invitant Jean Moulin à entrer dans le temple de la République française… « Entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège »… Dédé lui, n’avait pas cédé à la tentation des acronymes…

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