Quelle jolie mode que celle
des acronymes ! Dans un monde où tout va sans cesse plus vite (sauf
l’augmentation du pouvoir d’achat qui elle lambine à un train de sénateur), où
l’instantanéité est devenu le maître mot et où une file d’attente devient
positivement insupportable, on se devait d’accélérer aussi notre langage en
réduisant autant qu’il était possible les noms et les mots, et en leur
substituant leurs simples initiales, ou leurs éléments initiaux.
Nous voila désormais
submergés de sigles ou noms bizarres, dont les plus connus ne choqueront pas
vos oreilles chastes, à l’image des « RTT », « URSS »,
« Benelux »… D’autres avancent plus incognitos (qui aurait pu penser
que « radar » ou « laser » étaient des acronymes ?),
et certains sont positivement imprononçables, tel ce « Niiomtplaboparmbetzhelbetrabsbomonimonkonotdtekhstromont »
russe (à vos souhaits !, et à déconseiller aux asthmatiques gros
fumeurs…), qui signifie « Laboratoire pour des opérations de couverture,
de renfort, de béton et de béton armé pour les constructions
composites-monolithiques et monolithiques du Département de la technologie des
opérations du bâtiment assemblé de l'Institut de recherche scientifique de
l'Organisation pour la mécanisation de bâtiment et l'aide technique de l'Académie
du bâtiment et de l'architecture de l'Union des républiques socialistes
soviétiques »… Et après, on s’étonne que l’Union Soviétique se soit cassé
la gueule…
D’autres vous seront
inconnus, tels le « PPH » (passera pas l’hiver), « PCA »
(plus côté à l’Argus, qu’on a failli remplacer par « Line Renaud »),
« MVD » (moins de vingt dents, très recherché pour les plaisirs
buccaux sans risques d’éraflures)…
Je vous en propose un
autre : « BGV »… Qu’es-aco ? Non, ce n’est pas une
branlette en gants de velours, ni une bouche gourmande et volontaire, pas plus
qu’une bimbo à gros volumes, et encore moins une brioche gonflée et
voluptueuse… A l’instar de notre TGV, vous allez découvrir le plaisir d’être
transportés par les Brèves à Grande Vitesse.
Grande Vitesse parce que je
n’ai positivement pas le temps de tout faire… Et à moins de disposer de
journées de 48 heures (la durée de travail mensuelle d’un prof), de quatre
paires de bras (à la manière des divinités contraires de l’Inde, Brahma la
Guerre et Vishnou la Paix), ou de deux cerveaux survitaminés (déjà un en état
de fonctionnement, on se pose la question…), je ne peux que consacrer un temps
restreint à ces quelques lignes, puisque les fêtes de fin d’année s’approchent
à grands pas, et qu’il faut bien évacuer les dossiers, vider les étagères (et
aussi les cendriers parce que les mégots qui dégueulent de partout en répandant
une odeur émétique qui ressemble à s’y méprendre à votre halitose au réveil,
merci bien !), essayer de partir dégagé des contraintes bassement
matérielles du boulot…
Complice, l’actualité
aujourd’hui n’offre guère de futilités remarquables, signe que la trêve des
confiseurs se profile au bout de l’horizon et que l’on ne va pas tarder à
s’offrir des marrons glacés là où hier encore on se les balançait dans la
tronche à s’en faire sauter les molaires, se passer de la pommade là où hier on
se vaselinait abondamment, s’échanger des bons vœux et des sourires de
circonstance là où hier on échangeait noms d’oiseaux, injures salées et
insultes à base d’introduction anale de votre génitrice…
Bah, on essaie bien
d’attirer notre attention sur ce qui va changer au niveau fiscal en 2014, mais
comme c’est invariablement à base de sacrifices des ménages et des entreprises,
on va éviter de jeter de l’huile sur le feu, comme lors du réveillon ’79 où
Tante Marthe avait malencontreusement (et quelque peu volontairement) renversé
la saucière de sauce Grand Veneur sur le chemisier en soie immaculée de la
cousine Arlette parce qu’elle soupçonnait cette grande sauterelle échaudée de
la gaine Sloggi de turlutter sans relâche son Edmond…
Encore un camouflet pour les
entreprises françaises, avec la commande ratée de Rafales de chez Dassault…
Pour une fois qu’on ne nous prend pas nos avions d’assaut… En fait, le Brésil
samba les couilles (surtout celles des créatures du Bois de Boulogne)…
Et le Sinistre de la Défense de sortir les
avirons pour jouer à D’Aboville en affirmant que le Brésil n’était pas une
cible « prioritaire »… Comme c’est pratique ! D’autant plus que
notre Ministre prévoit des « résultats » en Inde et dans le Golfe…
S’ils sont aussi concluants qu’à Rio…
Un résultat concluant, c’est
celui qu’ont obtenu les socialistes en enrôlant Edouard Martin pour les
Européennes. Hier encore farouchement opposé au Gouvernement comme le
porte-drapeau des sidérurgistes lorrains de Florange, Eddie taclait
quotidiennement Pépère et ses sbires… Mais ça, c’était avant, et aujourd’hui,
il porte les couleurs socialistes en étant tête de liste aux Européennes…
Enfin, plus tête de nœud que tête de liste…
Et en tête de gondole sur
les linéaires de notre mémoire en ce 19 décembre ? En 1947, scission à la CGT qui donnera naissance à
Force Ouvrière ; en 1961 naît le CNES, dont le passe-temps favori sera
d’envoyer les gens en l’air ; en 1965, Tonton se fait battre à plate
couture par le Général qui reste Président ; en 1977, TF1 offre pour les
fêtes un feuilleton de prestige signé Jean D’Ormesson « Au plaisir de
Dieu » ; et en 1979, Chantal Goya fascine les enfants à l’Olympia avec
son spectacle « La Forêt
magique ».
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