Bref, j’ai
plaidé…
Et non pas
j’ai plaidé bref… Enfin, plaidé… J’ai essayé, j’ai tenté, j’ai eu l’intention,
la grosse envie, l’irrépressible désir et l’incoercible besoin…
Mais j’ai
attendu, j’ai poireauté, j’ai mariné, j’ai fait banquette, j’ai patienté, j’ai
croqué le marmot, j’ai compté les mouches au plafond tout fraîchement brut de
décoffrage du Palais de Justice, j’ai pu détailler avec des plaisirs coupables
de fin gourmet et d’enculeurs de diptères les veines du bois verni du bureau
mastoc digne du mobilier est-allemand des années cinquante devant moi…
J’ai eu
l’insigne honneur d’entendre plaider avec brio et leur langue certains de mes
confrères, j’ai eu le redoutable honneur d’en entendre bavasser longuement,
très longuement, trop longuement, certains autres, j’ai failli saigner des
tympans en entendant les déclarations embarrassées d’un pervers pépé parfait
dans son rôle de vieux cochon salingue avec son gilet vert bouteille tricoté
main en 1961 et sa cravate serviette vert pétard à la dernière mode des
Deschiens…
Et enfin,
après plusieurs dossiers éclusés, et de balivernes plaidées par mes confères et
consoeurs qui voyaient l’heure tourner et leurs estomacs crier famine, ma
Cliente est arrivée, et j’ai plaidé…
Oh, ce n’est
pas que je plaide mieux ou pire qu’avant, et je me garderai de vous dégainer le
fameux « cétémieuavan » pour regretter les salles crasseuses de
l’ancien Tribunal et les geôles délabrées où s’entretenir avec son client
relevait de l’exploit qu’on accomplissait en apnée ou avec le nez bouché,
spécialement en été…
Ce n’est pas
non plus que les salles clonées de ce palais qui tarde à se déglinguer
définitivment, soient à ce point déshumanisées, aseptisées et vides
émotionnellement parlant qu’on aurait envie de se balancer par les meurtrières
servant de fenêtres (manque de bol, il n’y en a aucune)…
Bref, j’ai
plaidé, avec la conviction qui sied et les intonations qui vont bien, mais au
final je me suis mangé les réquisitions du Parquet. Et à l’instar de la
tristitude oldelafienne, … mmmm, et ça fait mal !
Bref, j’ai
plaidé… Et je ne sais pas si j’aurais le courage, et surtout le culot, la
suprême audace ou l’intégrale inconscience de plaider pour certains des acteurs
principaux des futilités du jour…
Je plaiderai
certainement pour ce jeune strasbourgeois qui a pris pour cible François
Fi(ll)on, vous savez, le Saint Sébastien de la Présidentielle, à son arrivé à
un meeting et l’a copieusement enfariné.
Mais messieurs les jurés, ce jeune qui, disons-le à une sacrée knacki de
Starsbourg dans le moulebite pour s’attaquer ainsi à un présidentiable, a fait œuvre
de salut public ! Grâce à lui, Toutansourcil pourra enfin se prétendre
blanchi !
Par contre, n’attendez
pas que je revête la robe pour défendre une autre robe qui aurait eu des
comportements déplacés à l’égard de jeunes catholiques, et qui l’ont conduit à
la démission de ses fonctions. L’actuel évêque de Dax, de Micheline Dax, n’ayons
pas peur des mots, avait déjà été inquiété en 2011 pour des faits similaires
lors d’une sortie VTT. Si en plus il avait poussé les jeunes à faire du vélo
sans selle…
Peut-être me
laisserais-je tenter d’enfiler la robe pour plaider la cause de Mehmet Ali
Agça, cet illuminé turc qui s’était illustré en 1981 par son ball-trap Place
Saint-Pierre, et qui désormais profère des menaces à l’encontre de la tante de
la Peste blonde. S’il vise aussi bien que sur le pape, aucun mouron à se faire
pour la mère supérieure de la tante Florian…
Hors de
question que je plaide pour Toutansourcil, c’est le genre de client
irrécupérable, que vous briefez pendant deux plombes avant l’audience sur la
conduite à avoir, sur les déclarations à faire, et qui vous pète dans les mains
telle une grenade dégoupillée à éjaculation précoce à la première question du
Tribunal. Invité « grande pompe » d’Inter ce matin, le mormon
sarthois s’est ingénié à se flinguer méthodiquement dans son grand numéro de
victime du système médiatico-politico-journalistico-rococo-mégalo-franc-maçonnique.
Réaffirmant
avec une obstination qui frise la connerie intégrale l’existence du cabinet
noir élyséen, il a confirmé avoir tous les détails et les éléments qui lui
permettront de poursuivre tous ceux qui sont à l’origine de ses ennuis. Ben, il
ne va quand même pas se poursuivre lui-même Fanfan la Déprime ?
Je ne
plaiderai pas non plus pour Moule-à-Gaufres… Je veux bien me peler la couenne
pour défendre des causes perdues, et pour limiter les tirs sur les ambulances ;
mais là, faut quand même pas déconner… Là, c’est les Aventuriers du Socialisme
Perdu, et l’ambulance se transforme en vitesse grand V en corbillard de
première classe. L’Orgue-Hamon(nd) du Requiem retentit à chaque meeting…
Et il faut un
courage surhumain (ou une dose irraisonnée d’inconscience) à Michou Sapin (le
Sinistre de Nos Sous) pour apporter son soutien au condidat socialiste… Plus
par fidélité à sa famille politique que par conviction envers Moule-à-Gaufres qui
reconnait que c’est mieux que rien, et qui double donc ses soutiens en arrivant
à deux…
Et sans doute
aurais-je plaidé pour Barry Manilow, l’interprète au brushing péroxydé de l’incontournable
« Copacabana », incontournablement massacré en français par Line
Renaud. Le crooner américain de 73 ans a révélé son homosexualité, justifiant
son mutisme de plus de quatre décennies par la peur de décevoir ses fans. Plus
de risque aujourd’hui, elles sont toutes mortes… Et pourquoi aurais-je plaidé ?
Ben, parce qu’on est jamais trop plaidé, comme disait en forme de chœur antique
Fogiel, Dave et Féraud…
Et le 6 avril
1968, au Royal Albert Hall de Londres, lors de la finale du Concours Eurovision
de la Chanson, il y avait eu beaucoup de bruit autour de « La, la,
la », la chanson espagnole, un titre prometteur d’une chanson à texte
mêlant le pop et le langoureux. D’abord, le retrait forcé de l’interprète
original, Joan-Manuel Serrat, qui voulait chanter la moitié du texte en catalan ;
ce qui, à l’époque, était très mal vu par le régime franquiste. Puis, son
remplacement de dernière minute par la jeune Massiel, dix-neuf ans, craquante à
souhait dans sa robe fleurie, griffée Courrèges, que les téléspectateurs purent
voir en couleurs pour la première fois. Et ensuite, au bout d’une prestation
tonique, enlevée et à pleine voix, soutenue par une orchestration survitaminée,
la première victoire ibérique, d’un point sur les anglais, devenue absolument
cultissime au-delà des Pyrenées. Bref, j’ai chanté…
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