jeudi 6 avril 2017

Brèves du 06 Avril 2017

Bref, j’ai plaidé…

Et non pas j’ai plaidé bref… Enfin, plaidé… J’ai essayé, j’ai tenté, j’ai eu l’intention, la grosse envie, l’irrépressible désir et l’incoercible besoin…

Mais j’ai attendu, j’ai poireauté, j’ai mariné, j’ai fait banquette, j’ai patienté, j’ai croqué le marmot, j’ai compté les mouches au plafond tout fraîchement brut de décoffrage du Palais de Justice, j’ai pu détailler avec des plaisirs coupables de fin gourmet et d’enculeurs de diptères les veines du bois verni du bureau mastoc digne du mobilier est-allemand des années cinquante devant moi…

J’ai eu l’insigne honneur d’entendre plaider avec brio et leur langue certains de mes confrères, j’ai eu le redoutable honneur d’en entendre bavasser longuement, très longuement, trop longuement, certains autres, j’ai failli saigner des tympans en entendant les déclarations embarrassées d’un pervers pépé parfait dans son rôle de vieux cochon salingue avec son gilet vert bouteille tricoté main en 1961 et sa cravate serviette vert pétard à la dernière mode des Deschiens…

Et enfin, après plusieurs dossiers éclusés, et de balivernes plaidées par mes confères et consoeurs qui voyaient l’heure tourner et leurs estomacs crier famine, ma Cliente est arrivée, et j’ai plaidé…

Oh, ce n’est pas que je plaide mieux ou pire qu’avant, et je me garderai de vous dégainer le fameux « cétémieuavan » pour regretter les salles crasseuses de l’ancien Tribunal et les geôles délabrées où s’entretenir avec son client relevait de l’exploit qu’on accomplissait en apnée ou avec le nez bouché, spécialement en été…

Ce n’est pas non plus que les salles clonées de ce palais qui tarde à se déglinguer définitivment, soient à ce point déshumanisées, aseptisées et vides émotionnellement parlant qu’on aurait envie de se balancer par les meurtrières servant de fenêtres (manque de bol, il n’y en a aucune)…

Bref, j’ai plaidé, avec la conviction qui sied et les intonations qui vont bien, mais au final je me suis mangé les réquisitions du Parquet. Et à l’instar de la tristitude oldelafienne, … mmmm, et ça fait mal !

Bref, j’ai plaidé… Et je ne sais pas si j’aurais le courage, et surtout le culot, la suprême audace ou l’intégrale inconscience de plaider pour certains des acteurs principaux des futilités du jour…

Je plaiderai certainement pour ce jeune strasbourgeois qui a pris pour cible François Fi(ll)on, vous savez, le Saint Sébastien de la Présidentielle, à son arrivé à un meeting et l’a copieusement enfariné.  Mais messieurs les jurés, ce jeune qui, disons-le à une sacrée knacki de Starsbourg dans le moulebite pour s’attaquer ainsi à un présidentiable, a fait œuvre de salut public ! Grâce à lui, Toutansourcil pourra enfin se prétendre blanchi !

Par contre, n’attendez pas que je revête la robe pour défendre une autre robe qui aurait eu des comportements déplacés à l’égard de jeunes catholiques, et qui l’ont conduit à la démission de ses fonctions. L’actuel évêque de Dax, de Micheline Dax, n’ayons pas peur des mots, avait déjà été inquiété en 2011 pour des faits similaires lors d’une sortie VTT. Si en plus il avait poussé les jeunes à faire du vélo sans selle…

Peut-être me laisserais-je tenter d’enfiler la robe pour plaider la cause de Mehmet Ali Agça, cet illuminé turc qui s’était illustré en 1981 par son ball-trap Place Saint-Pierre, et qui désormais profère des menaces à l’encontre de la tante de la Peste blonde. S’il vise aussi bien que sur le pape, aucun mouron à se faire pour la mère supérieure de la tante Florian…

Hors de question que je plaide pour Toutansourcil, c’est le genre de client irrécupérable, que vous briefez pendant deux plombes avant l’audience sur la conduite à avoir, sur les déclarations à faire, et qui vous pète dans les mains telle une grenade dégoupillée à éjaculation précoce à la première question du Tribunal. Invité « grande pompe » d’Inter ce matin, le mormon sarthois s’est ingénié à se flinguer méthodiquement dans son grand numéro de victime du système médiatico-politico-journalistico-rococo-mégalo-franc-maçonnique.

Réaffirmant avec une obstination qui frise la connerie intégrale l’existence du cabinet noir élyséen, il a confirmé avoir tous les détails et les éléments qui lui permettront de poursuivre tous ceux qui sont à l’origine de ses ennuis. Ben, il ne va quand même pas se poursuivre lui-même Fanfan la Déprime ?

Je ne plaiderai pas non plus pour Moule-à-Gaufres… Je veux bien me peler la couenne pour défendre des causes perdues, et pour limiter les tirs sur les ambulances ; mais là, faut quand même pas déconner… Là, c’est les Aventuriers du Socialisme Perdu, et l’ambulance se transforme en vitesse grand V en corbillard de première classe. L’Orgue-Hamon(nd) du Requiem retentit à chaque meeting…

Et il faut un courage surhumain (ou une dose irraisonnée d’inconscience) à Michou Sapin (le Sinistre de Nos Sous) pour apporter son soutien au condidat socialiste… Plus par fidélité à sa famille politique que par conviction envers Moule-à-Gaufres qui reconnait que c’est mieux que rien, et qui double donc ses soutiens en arrivant à deux…

Et sans doute aurais-je plaidé pour Barry Manilow, l’interprète au brushing péroxydé de l’incontournable « Copacabana », incontournablement massacré en français par Line Renaud. Le crooner américain de 73 ans a révélé son homosexualité, justifiant son mutisme de plus de quatre décennies par la peur de décevoir ses fans. Plus de risque aujourd’hui, elles sont toutes mortes… Et pourquoi aurais-je plaidé ? Ben, parce qu’on est jamais trop plaidé, comme disait en forme de chœur antique Fogiel, Dave et Féraud…

Et le 6 avril 1968, au Royal Albert Hall de Londres, lors de la finale du Concours Eurovision de la Chanson, il y avait eu beaucoup de bruit autour de « La, la, la », la chanson espagnole, un titre prometteur d’une chanson à texte mêlant le pop et le langoureux. D’abord, le retrait forcé de l’interprète original, Joan-Manuel Serrat, qui voulait chanter la moitié du texte en catalan ; ce qui, à l’époque, était très mal vu par le régime franquiste. Puis, son remplacement de dernière minute par la jeune Massiel, dix-neuf ans, craquante à souhait dans sa robe fleurie, griffée Courrèges, que les téléspectateurs purent voir en couleurs pour la première fois. Et ensuite, au bout d’une prestation tonique, enlevée et à pleine voix, soutenue par une orchestration survitaminée, la première victoire ibérique, d’un point sur les anglais, devenue absolument cultissime au-delà des Pyrenées. Bref, j’ai chanté… 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire