Ich bin Berliner, weil der Schmerz ohne Grenzen ist…
Ich bin
Berliner, parce que la souffrance est sans frontières…
Bin ich
Berliner ? Ja, leider…
Suis-je
berlinois ? Oui, hélas…
Ich bin
Berliner, parce que chaque homme, chaque femme, chaque enfant qui tombe victime
de la barbarie indicible, aveugle et indicible, est un peu mon frère, ma sœur,
mon gosse…
Ich bin
Berliner, parce que la vie a une valeur qui ne peut être estimée que lorsque l’on
voit d’autres la perdre près de nous ; parce que la vie est aussi fragile
qu’un bretzel…
Ich bin
Berliner, parce que la ronde infernale des attaques lâches reprend à une
période où l’on est plus enclin à célébrer le retour du Christ, de la foule
dans les magasins, des mises à mort des cartes bancaires surchauffées, et des
cubitainers de vin chaud empestant la cannelle et les égouts…
Ich bin
Berliner, parce que c’est inadmissible de voir de telles scènes à notre époque…
à notre époque si délurée et pourtant si prude, si choquée… à notre époque qui
finalement n’a peut-être pas tant changé…
Ich bin
Berliner, parce que ces enturbannés vont encore nous pourrir la vie en l’éclaboussant
du sang des innocents pour des mois, des années…
Ich bin
Berliner, parce que l’on prend désormais dramatiquement conscience de la
fugacité de la vie, qui peut s’arrêter à tout instant, sans plus de raison qu’elle
n’en avait eu à commencer…
Ich bin
Berliner, parce que l’on se prend à sentir la goutelette de sueur froide qui
dégouline dans le dos jusqu’à la gouttière de votre sillon interfessier à l’idée
que ça aurait pu se produire à Strasbourg, à Quimper, à Bormes-les Mimosas, à Château-Gaillard,
à Bourg-Madame…
Ich bin
Berliner, parce que le pire est hélas devant nous, parce que ne croyez pas que
ça s’arrêtera là, que l’on s’en tiendra à ce bilan lourd mais heureusement
assez limité vu la foule présente…
Ich bin
Berliner, parce que les mangeurs de saucisses se demandent, un peu trop
brutalement, s’ils ont finalement bien fait d’ouvrir aussi grand leurs portes
aux demandeurs d’asile et aux migrants, et si, dans la majorité de véritables
malheureux, il ne se seraient pas glissés quelques poignées de pourritures
promptes à se faire sauter en public…
Ich bin
Berliner, parce que les berlinois n’en ont au final rien à secouer de notre
soutien de circonstance, de notre empathie réactionnelle, de nos soutiens
faux-cul par le truchement des réseaux sociaux…
Ich bin
Berliner, parce que j’en ai ras le bock vom Bier de voir la Fesse-de-Bouc
dégueuler de « Ich bin ein Berliner » avec les incontournables
chatons qui pleurent, le grumpy cat qui ressemble à la Lopez du cinquième sans
maquillage, les statuts larmoyants alors qu’on est en train de se fendre la
pêche avec une clope qui fait marrer et un bon DVD de boules…
Ich bin
Berliner, parce que ça me démoule le cake en accéléré de lire ces « ich bin
ein Berliner » grammaticalement inexacts. ou alors, les réseaux sociaux
sont la plus grande pâtisserie du monde, le Berliner étant un beignet de pâte
levée frite dans de la graisse ou de l'huile, fourrée à la marmelade, à la
confiture, au custard ou à la crème pâtissière, et recouverte de sucre,
généralement glacé ou impalpable…
Ich bin Berliner, aber bin ich auch ein Türke, bin ich
auch ein Russen im dein Türkei… La
Punaise aurait pu le chanter sur les motifs de son tube : I’m a Russian man in
Turkey… A dead man, même… incroyable vidéo, incroyables images d’un flingage en
direct, d’une mise à mort en live… Les chaînes infos en revaient, la Turquie vous
l’a offert : l’exécution de l’ambassadeur russe à Ankara lors d’un
vernissage quelconque…
Ich bine in Türke,
aber bin ich auch verlegen, je suis perplexe… Oui, perplexe… En dautres jours
plus primesautiers, j’aurais volontiers que le doute m’habite… Mais il n’empêche
que je trouve ça louche (comme dirait Christophe Lambert), que je m’interroge,
je me questionne et qu’au final, je doute… Cette vidéo, ces photos… Ces
photographie nettes, impeccables, bien cadrées… Trop nettes, trop bien cadrées,
limite posées… Ça fait déguisé, ça fait bidonné… Le flou et le cadrage de
Zapruder à Dallas, la qualité neigeuse des vidéos d’époque et la confusion
place Saint Pierre en 1981…
Mais là, là c’est
de la HD, de la couleur et limite de la mondovision… Limite s’ils n’ont pas
diffusé les photos de la répétition générale…
Ich bin
traurig, oui, vachement triste… La plus belle paire de mirettes du cinoche
français s’est définitivement close, à l’âge de 96 ans. Michèle Morgan est
partie retrouver son Gabin qui n’en pouvait plus d’attendre pour lui dire à
nouveau « T’as d’beaux yeux tu sais »… Oui, et les nôtres essuieront
une larme…
Et nous
essuierons également, mais là, une goutte de sueur d’effroi rétrospectif, en
apprenant que Sylvester Stallone à refusé un poste dans l’Administration Trump,
à la culture… On se demande d’ailleurs pourquoi Nabilla n’a pas été nommée en remplacement
d’Audrey Machin-chose, trop cérébrale… D’ailleurs Donald pense à recruter Kim
Karda-chiante pour le poste…
Ich bin
crevé, lessivé, éreinté, laminé comme Cyril Féraud après une partouze chez
Magloire et Valérie Damidot… Quel lundi pourri ! Un diplomate russe tué à
Ankara, trois blessés après des coups de feu dans un centre de prière musulman
à Zurich, neuf morts sur un marché de Noël à Berlin et Trump élu officiellement
Président des USA. Le pire lundi de l'Histoire… Et encore, Kendji Girac n’a pas
chanté du Louane façon Gipsy Kings…
Ich bin der
Getäuschte, je suis le mépris… Le Mépris, ce roman d’Alberto Moravia adapté au
cinéma par Jean-Luc Godard, promesse d’un film chiant, avec Michel Piccoli et
Brigitte Bardot, dans un flim sorti en France le 20 décembre 1963. Une des
rares occasions de voir la passionaria de la Madrague avec une perruque brune…
Godard avait peut-être raison…La meilleure façon de traiter les connards qui
nous poussent à dire qu’on est tous « ich bin Berliner », c’est au
final… Der Getäuschte… Le Mépris…
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