« Tais-toi
quand tu parles ! »
Ce n’est ni
une imprécation vengeresse et quelque peu imbibée à un orateur par trop disert,
ni une supplique à un interlocuteur qui donnerait soif à une bassine de flotte
tant il manie l’art de la logorrhée avec une habitude coupable.
C’est encore
moins une invitation plus ou moins amène à sa belledoche qui vient de vous les brouter
menu durant tout le repas dominical, de l’apéro anisé honteusement tassé à la
petite prune digestive pour faire descendre le litre de gros rouge, les trois
verres de blanc et le trou normand à la fine de champagne, histoire de montrer
à cette mijaurée coincée du slip qu’on sait vivre.
« Tais-toi
quand tu parles », c’est tout simplement la première collaboration cinématographique
entre Aldo Maccionne et Philippe Clair, qui a réussi tout au long de sa
carrière, à ne tourner que des nanards à la limite de l’indigence intégrale et
qui font passer les plus mauvais « Gendarmes » pour des Himalayas de
la pellicule…
« Tais-toi
quand tu parles » fait partie de ces films qui usurpent le titre d’enfant
du septième art tant le plus distingué gastronome a des envies de McDo arrosées
au Coca rouge dès les premières images, l’œnologue réputé tuerait sa mère pour un
litron de Gévéor avarié, et le serial emballeur ferait vœu de chasteté dans une
cellule miteuse d’un couvent bulgare…
« Tais-toi
quand tu parles », le parangon typiquement topique du film de merde qui
vous fait regretter de ne pas avoir plongé sous le plaid du canapé avec un bon
bouquin, fût-ce un Marc Lévy ou un Katherine Pancol…
Tais-toi
quand tu parles, une absurdité qu’on pourrait néanmoins lancer à tant de nos
contemporains, et pas seulement temporains, car ces derniers jours, c’est à
croire qu’ils se sont tous donné le mot pour rivaliser dans la course à l’échalote
de la vacuité verbale…
Tais-toi
quand tu parles, Miss France… Certes, il faut toujours garder une arrivée d’air
quelconque pour aérer le neurone et éviter la surchauffe, mais ce n’est pas
forcément recommandé que les dindes en maillot moulenibards et talons hauts
(apparemment le dernier chic, la classe ultime à la française) parlent dans un
micro, et au surplus s’aventurent à former des phrases…
Comme à l’époque
sur les poupées où l’on introduisait un mini disque dans le dos pour qu’elle
anone des phrases préenregistrées, l’impétrante à représenter le prestige
hexagonal en bikini façon pute, quillée sur des échasses de péripatéticienne,
maquillée par Ripolin Opérations Industrielles et coiffée par un diadème de
pacotille en strass véritable, va débiter avec la conviction d’un débutant dans
une troupe de théâtre amateur les grands incontournables de la compétition.
Toutes, elles
veulent toutes travailler dans l’humanitaire, ont toutes fait des études de
relations humaines (non, non, ça n’est pas le nom moderne de la prostitution en
plein air), adorent les chiots surtout quand ils sont femelles, détestent la
guerre et espèrent que demain sera moins pire que hier et au moins aussi bien
qu’aujourd’hui…
Le tout sous
le regard de vieux vicelard empommadé et aspergé de Tarracota de Jean-Pierre
Foucault et son inséparable ventilateur qui lui fait voleter la moumoutte, et d’un
jury d’incapables et d’opportunistes présidé par Arielle Dombasle, toujours
aussi brindille éthérée sans cervelle, au sein duquel on retrouve Aminimir,
décidément introduit dans tous les milieux (y compris le sien depuis l’Eurovision).
Tais-toi
quand tu parles, Claude Bartolone ! Dans ton grand numéro de cirage de
pompes quadruple épaisseur avec finition manuelle au Manuel, tu étais plus
risible et limite pathétique que carrément convaincant. Entre nous soit dit, le
Chorizo incandescent s’en bat carrément les steaks de ton soutien, Cloclo…
Tais-toi
quand tu parles, Manu el Chorizo ! Toi, le détrempeur de limaces, le
mouilleur de chemises en moins de temps qu’il n’en faut à DSK pour trousser de
la soubrette sofitelienne et tâcher la moquette d’une giclée d’ADN liquide, toi
qui te dit socialiste jusqu’à la pointe des ongles, fraîchement manucurées,
jusqu’à la pointe des tifs, brushés par un expert onéreux de la mise en plis
pour cuirs chevelus friqués, ne viens pas te la jouer « l’école de la vie,
Evry et Argenteuil » devant un passant qui raillait qu’il soit un « vrai
politique »… L’école de la vie, j’en doute ; l’école de l’esbroufe,
au contraire…
Tais-toi
quand tu parles ! Les moyens d’y parvenir sont divers variés et parfois
carrément définitifs. Godasses de ciment pour aller tester son temps d’apnée
dans le Vieux Port, sachet de strychnine suractivée dans le double scotch du
soir, bastos dans le buffet en visitant une exposition d’art à l’instar de l’ambassadeur
russe à Ankara, Andrei Karlov, qui a fini de se plaindre des chiottes à la
turque…
Le genre de
trucs qui risquent de faire avaler Poutine de traviole… D’ici à ce qu’il aille
nous foutre le bousin en Turquie…
Tais-toi
quand tu parles, Zlatan ! Déjà qu’un serbe qui gagne du pognon en Suède s’exprimant
en anglais, c’est à peu près aussi compréhensible qu’un duo d’espagnoles
eurovisuelles produites par un allemand et chantant en français pour le Luxembourg…
Alors imaginez la Joconde des pelouses se comparer à du pinard, estimant que
plus il vieillit, meilleur il est, comme le vin rouge… Oui, enfin, on arrive
aussi à faire d’excellents vinaigres…
Tais-toi
quand tu parles… Pour ces deux dames, c’est définitif, hélas. Zsa-Zsa Gabor, 99
ans aux prunes, une sorte de Gloria Lasso blonde et américaine, grande
consommatrice de maris et pondeuse de films oubliables… Et Léo Marjane, la
doyenne de la chanson française, 104 ans aux 78-tours rayés, victime d’une
crise cardiaque après avoir fendu tant de cœurs avec son intemporel « Je
suis seule ce soir » en 1941…
Et pour finir
d’un ton allègre, le verdict de l’arbitrage Tapie, où Titine Lagarde reconnue
coupable d’avoir sucré 400 millions au contribuable est dispensée de peine, là
où le miséreux qui chourave un paquet de nouilles se prend deux mois fermes… Ce
n’est plus une justice à deux vitesses, c’est une boite auto !
Et pour
véritablement se terminer, la découverte à Mexico d’un temple circulaire vieux
de plus de 650 ans dédié à Ehécatl, le dieu du vent aztèque lors de fouilles sous
un supermarché. Avant, bien avant les pastèques, les aztèques…
Et pour
changer des pastèques, mais sans toujours éviter les pépins, l’avant-première
américaine, le 19 décembre 1971, du film « Orange Mécanique » de
Stanley Kubrick, avec la bouille inoubliable de Malcolm McDowell dans un film d’anticipation
dérangeant, mais pour le coup inoubliable. Et pourtant, c’est un film, au même
titre que « Tais-toi quand tu parles »…
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