Merci pour ce
moment…
Oui, Monsieur
le Culbuto élyséen à cravate de traviole, merci pour ce moment…
Merci pour ce
moment de grande solitude, d’intense malaise et de télévision qui a fait passer
les actualités régionales de la Télévision Roumaine de 1971 pour des grosses
déconnades façon carnaval de Dunkerque.
Merci pour
cette oraison funèbre avec ce chatoyant camaïeu de noir : costume noir,
cravate anthracite, teinture brou de noix, idées du même tonneau…
Merci pour ce
moment de télévision intensément chiant à une heure de grande écoute, où il
était normalement interdit aux trous du cul de péter.
Merci pour ce
moment où votre posture et votre ton atone nous a intensément rappelé nos
années d’école lorsque, tétanisés par une maîtresse par trop rigide, on n’osait
pas demander à aller aux tinettes et qu’on faisait lamentablement pipi dans notre
Petit Bateau et qu’on se liquéfiait encore plus quand la maîtresse apercevait
la flaque jaunâtre.
Merci pour ce
moment de pur comique politique qui sera quasiment impossible à égaler dans les
années à venir. Soutenir sans rigoler ni afficher de rictus irréfragable que
vous avez bouclé le quinquennat le plus parfait, que le chômage s’est évaporé
comme neige au soleil, que l’économie repart sur les chapeaux de roues, que les
avancées sociales sont telles qu’on se doit de les observer à la longue vue…
Merci pour
cet auto satisfécit que n’auraient même pas songé imaginer vos pasticheurs
préférés. A l’instar de Jacques Chaban-Delmas imitant Thierry Le Luron au
perchoir de l’Assemblée Nationale, vous pourriez imiter Nicolas Canteloup au
micro d’Europe n°1, on n’y verrait que du feu.
Merci pour ce
moment qui sans nul doute restera comme votre morceau de bravoure durant ce
lustre élyséen déjà estampillé comme le pire qu’on ait jamais connu. Envolées
les tonnes de flotte que vous vous êtes récolté sur le paletot à chaque
célébration en extérieur… Oubliées, les envolées lyriques de votre « Moi
président » qui avait fait bander les socialos purs et durs… Volatilisées,
vos promesses de campagne qui n’engagent que ceux qui y croient… Effacées, vos
gaffes verbales, vos hésitations bêtasses, vos tons insipides et vos mines de
merlan frit…
Merci de ne
plus exister désormais que pour cet instant où vous avez annoncé que vous ne
brigueriez pas un second tour de manège, que vous renonciez à trempouiller du
croissant au tréfond d’actrices de seconde zone à cheveux gras et sourire niais
sous les ors de la République et aux frais de la princesse, que vous ne vouliez
pas vous crucifier davantage à chaque confrontation avec Encula Merkel, que vous
en aviez ras la teinture des colères du chorizo caractériel et matignonnesque.
Merci, Monsieur
le Porcinet sudoripare, de renoncer à vous faire atomiser dès les primaires
comme un vulgaire Sarkozy, à vous faire laminer par les sondages
pré-présidentiels, à vous faire maraver la face de poisson-lune sous aicde dans
les urnes au premier tour.
Merci pour ce
moment de télévision historique, qui restera dans les annales (mais plutôt anal
pour les socialos qui croyaient encore en vous ; deux douzaines de gauchos
enculés, c’est pas la fin du monde) comme une première dans la Cinquième
République…
Merci pour
laisser une autoroute des primaires pour le joueur de castagnettes de la rue de
Varennes, qui ne se sent plus pisser dans ses espadrilles tant il s’est chopé
une gaule priapique depuis hier soir vingt heures…
Merci de nous
offrir inconsciemment un futur sketch interminable pour la primaire à gauche. Certes,
la farce dont nous sommes les dindons n’aura pas le même goût ni la même saveur
sans votre triple menton à la Balladur, mais nul doute que le redressé
productif, le Chorizo caractériel, le faux cul ancien ministre de l’Education, l’ancien
inspecteur des impôts éFiloché, et Marie-Noëlle Lienemann, pâle ersatz de la
Dingo du Poitou, vont nous occasionner des trempages de culottes homériques…
Merci,
Monsieur le Tout Mou de nous avoir baladé pendant près de cinq ans avec vos
hésitations, vos décisions irréfléchies, vos coups de Jarnac, vos reculades et
vos rétropédalages qui confirmaient bien que vous n’étiez au mieux qu’un
capitaine de pédalo dans le lac de la forêt de Fontainebleau…
Merci
Monsieur le Président Normal de vous être échiné pour que le rayonnement
intellectuel et politique de la France ne dépasse pas celui du Timor Oriental
et de Boukistan Septentrional, pour que ces enfoirés de grands patrons vendus à
la cause du grand capital apatride levantin se carapatent en quatrième vitesse
surmultipliée dans les paradis fiscaux voisins, pour que la crédibilité
hexagonale à l’international soit en accord avec votre côte de popularité…
Merci pour ce
moment, ce moment irremplaçable de sincérité où pour la première fois en
quasiment cinq ans d’exercice du pouvoir, vous prîtes une décision censée et
salutaire au pays (à moins qu’on ne vous aie forcé la main), ce moment que
quatorze millions d’électeurs ont assisté la bave aux lèvres, la Corona à la
main et les burnes dans le moulechouquettes à votre suicide politique, à votre
perroquet Samos 99… pardon, à votre hara-kiri… Ce moment, le meilleur moment
des cinq années de Présidence Flamby, que j’ai loupé pour de basses raisons
matérielles d’un logiciel de lecture vidéo défaillant… Certainement un modèle
socialiste…
Merci pour ce
moment, Monsieur le Président… Et même s’il me coûte de vous l’avouer, je vous
tire mon chapeau en vous disant « respect, Mister Fraise-Tagada »… Parce
qu’il ne doit pas être simple de décider d’un tel renoncement, de faire aveu de
son impuissance, de laisser les autres se dépatouiller de la merdasse ambiante…
Merci pour ce
moment, Président Hollandouille. Comme les amants consommés et experts
ravageant de la frisée ou de l’usine à prouts, c’est lorsque vous êtes sur le
point de partir que vous êtes le meilleur…
Mais tout lâcher
n’est pas forcément synonyme du meilleur ; c’est parfois l’équivalent du
pire, comme ce 2 décembre 1959, à 21 heures 13, où le barrage du Malpasset a
brusquement lâché, provocant le déferlement quasi instantané d’une cinquantaine
de millions de mètres cubes d'eau de son lac de retenue en crue à cause d'une
période intense de précipitations sur la ville de Fréjus, à dix kilomètres de
là. Une meurtrière trombe liquide et un bilan effroyable, 423 morts, des dégâts
considérables et un traumatisme considérable… Les Fréjussiens ne dirent pas
merci pour ce moment…
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