« Des sapins
dans les vitrines,
« De la
neige sur les collines,
« C’est
le temps des Visiteurs de Noël… »
Comme ce
doucereux générique tout embué du souvenir ému des vacances de Noyel assis en
tailleur devant le Philips couleurs qui trônait en maître au salon, une tasse
de chocolat chaud dans les pognes et une tartine beurrée saupoudrée de Benco
posée sur la table basse, peut paraître cucul-la praline, mièvrement concon et exponentiellement
brise-balloches !
En
comparaison, vous trouveriez des allures de polar hitchcockien à la pire
panouille de Delly, et vous seriez prêts à porter aux nues avec des vivats
laudatifs le dernier dégueulis de tripes auditif de l’orignal canadien désormais
veuve de son mari R’né.
Et dire que
nous fûmes à même d’humidifier nos slips Petit Bateau en entendant cet
indicatif musical ! Et dire qu’il nous donne une irrépressible nausée au
moins égale à celle ressentie après la réalisation d’une recette siglée Cyril
Lignac ! A l’identique avec une chanson de Vianney ou une gorge profonde
garnie : on trouve pas si dégueulasse la première fois, et l’on remplit un
sac à vomi les fois suivantes…
Vu les
réjouissances qui nous attendent durant les prochaines semaines, mieux vaut
avoir l’estomac rivé avec des tirefonds de 48 si l’on ne veut pas qu’il effectue
un triple lutz piqué avec quadruple salchow renversé dès les premières heures
de ces putains de fêtes de Noël…
Avant de se
bourrer la huche, de se suicider le cimetière à poulets, de se flinguer la
boîte à ragout, de s’empiffrer à s’en faire péter le réservoir avec des
victuailles encore plus grasses qu’une box de chez KFC (Kaka frit et
croustillant) qui vous donnera l’impression d’avoir la glotte qui flotte dans
une vieille friteuse ; avant de se gorgeonner le tarbouif au kir
mirabelle-litchi, de se biturer le quart de brie au faux champagne (mais au
vrai alcool à brûler), de se ramasser une vestouze au Malibu-ananas
honteusement tassé, de se ramasser une pistache avec la prune…
Avant de se
tartiner les cousins pisse-froids, les neveux chiants et morveux par-dessus le
marché, les oncles un peu tantes, les tantes un poil dépressives et tout le
reste d’une parentèle que vous auriez aimé voir périr à Auschwitz sans que ce
soit un détail qui sente le gaz…
Avant de vous
geler les noix façon cryogénisation à l’azote liquide dans cette église
décrépie sentant le renfermé, l’encens froid et la purée d’enfant de chœur desséchée,
pour avoir voulu respecter la tradition de Noël en assistant à la Messe de
minuit avec un prête aux boulons qui se dessoudent et à la mitre qui s’effrite…
Avant de vous
forcer au-delà du raisonnable à sourire à l’hideux cache-col tricoté avec amour
par Tante Marthe qui devient décidément de plus en plus daltonienne et malvoyante,
à s’enthousiasmer avec l’entrain d’un électeur socialiste au dix-huitième stylo
à bille reçu en dix-huit ans de votre cousin Anet-Hilarion (parce qu’on en a
toujours nécessité…), à se retenir de chialer devant le quatrième exemplaire de
« La culture de la papaye naine chez les Aztèques subsahariens de 1875 à
1925 » reçu de votre marraine Euphrasie-Cunégonde dont l’Alzheimer
galopant ne s’arrange pas…
Avant tout
cela, un conseil… Bourrez-vous la gueule à l’alcool fort, à la piquette de
troquet de bourgade lozérienne, à la huile de vidange déjà utilisée, à la
Solexine…
Ou alors,
vous êtes des surhommes pour affronter cette mer de bons sentiments, ce tsunami
de gentillesse soudaine, cette cataracte d’optimisme forcé…
Je vous l’avoue
tout de go, j'en ai intégralement marre de cette bonté feinte dans ces sourires
Noëlesques qui ressemblent à des trous-du-cul prêts à déféquer une diarrhée
irrépressible…
J’en ai soupé
de ce soudain regard de benoîterie béate, de cet enthousiasme de façade au
moins aussi retapée que Catherine Deneuve…
Comme si tout
était devenu miraculeusement super dans notre vie, comme si tout s’était
transformé en une nuit en Royaume de Barbie, en Neverland avec Peter pan et son
moulebite vert qui minaude façon blondasse télévisée tendance Cyril Féraud, en
univers des bisounours avec l’autre con en peluche qui vient te rouler des
pelles sous prétexte que toi aussi, faut que tu sois un Bisounours…
Les téléfilms
de série B, américanisés à souhait, puant le McDo jusqu’à la moindre chaussette
à l’écran, où la magie de Noël, l’éblouissement du sapin débordant de
guirlandes moches et m’as-tu-vues, les cadeaux aux papiers à faire caner un
caméléon dans l’instant dégueulent de l’écran en imposant d’incontournables happy
ends depuis plus d'un mois... Les catalogues de jouets inutiles, abêtissants et
hors de prix dans les boîtes aux lettres depuis septembre... Les menus de fêtes
variés, avariés et tellement caloriques qu’ils feraient péter tous les
instruments de mesure de graisses ajoutées dans tous les supermarchés.... Les
décorations de Noël tellement ringardes dans nos rues, depuis la mi-novembre et
qui resteront jusqu'à fin janvier tant les employés municipaux sont cossards…
J’exècre, je
conchie, je dégueule, j’abhorre ce Noël mercantiliste et surmédiatisé qu’on
veut nous fourguer… Bien sur, je fêterai le réveillon et le vingt-cinq par un
bon repas… Mais j’aurai dans l’esprit ce petit coin d’étable où naquit un petit
mec au prénom de carreleur portugais et qui finira, comme son cousin de Lyon,
accroché au clou…
Et j’essaierai
d’oublier les monstruosités d’Alep, dont tout le monde se bat les flancs avec
un détachement qui frise l’indécence intégrale… Et je tenterai d’oublier
Caze-vieille et ses déclarations tellement vides qu’on aurait dit la boîte crânienne
d’une candidate à l’élection de dindes en maillot de bain de samedi prochain… Et
je ferai en sorte de ne plus penser à l’insignifiante insolence de Cristiano
Ronaldo et son quatrième Ballon d’Or qui lui fait encore plus des couilles en
or et de la purée en paillettes (c’est son mec qui doit être content, il se
prend pour la banque de France et plus la Banque du Sperme)… Et je tenterai de
me consoler de voir les Feux de l’Amour désormais diffusés en matinée (vu que j’ignorais
qu’ils étaient encore diffusés…)… Et je prierai pour que le choc dans les maisons
de retraite (suppression de la diffusion postprandiale de cette bouse ricaine,
éviction de Lepers, nouvelle coloration de la moumoutte à la Féraud) soit moins
sismique que la dernière tentative de trampoline par Valérie Damidot…
Et j’en
profiterai pour me vider l’esprit de me refaire quelques épisodes de Magnum, la
fameuse série américaine diffusée pour la première fois le 13 décembre 1981 sur
Antenne 2, avec la plus belle paire de bacchantes assortie à la plus moche
chemise hawaïenne sur la personne de Tom Selleck, et de son haussement de
sourcils topique…

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