« Ô temps ! Suspends
ton vol, et vous, heures propices !
« Suspendez votre cours
:
« Laissez-nous savourer
les rapides délices
« Des plus beaux de nos
jours ! »
Dussé-je me transmuter un
instant en Phophonse de Latitine, j’adhèrerai immédiatement au parti, comme un
morpion de la rime, de suspendre le vol du temps, et du taon aussi parce que ça
fait un boucan pas possible c’te bestiole-là, surtout à l’heure de la sieste…
Quant aux heures pro-pisse… j’avoue que je n’ai pas encore de soucis
prostatiques et ne suis pas mécontent d’éviter le toucher rectal…
Cependant, mon devoir est de
vous avertir incontinent (après le toucher rectal, on a toujours envie, ai-je
appris par joui-dire) qu’aujourd’hui, je n’ai strictement, mais alors,
strictement aucune idée de ce que je vais bien pouvoir vous raconter…
Ben voui, ça arrive, la
panne sèche… Autant chez les vieilles deuches pourraves que chez les étalons
raidis des chambres de bonnes ou les taureaux mous de suites de Sofitel… Autant
au niveau du carburant que du lubrifiant, autant en terme de puissance fiscale
qu’en terme d’impuissance slipale…
Le cauchemar de la page
blanche ? Je n’ai pas la prétention, contrairement à Marc Lévy et à Eric
Zemmour, de me prétendre écrivain, ou même écrivaillon de seconde zone. Donc,
privé de panne d’inspiration, sevré de l’absence d’idée, en manque de l’obsédante
pensée « chais pas quoi écrire ! »…
Ne me confondez cependant
pas avec le Professeur Rollin… Oui, celui de Palace, celui qui avait toujours
quelque chose à dire, et qui le disait avec les formes, les mots, et un flegme
qui masquaient parfaitement l’intégrale inanité de ses propos…
Ne vous risquez pas non plus
à faire l’amalgame avec les scénaristes de films cochons, où quelques rares
lignes de texte viennent servir de bouche-trou entre des scènes où l’on se fait
souvent boucher le trou… Vu qu’ils n’ont rien d’intéressant à dire, eh bien ils
le répètent… Eh oui, vu qu’ils n’ont rien d’intéressant à dire, ils le répètent…
Mais s’ils le répètent, ils
le font dire deux fois, et s’ils le disent deux fois, ce n’est plus rien… S’ils
triplaient, ce serait alors trois fois rien, et trois fois rien, ce n’est pas
beaucoup plus que pas grand-chose, et fort peu éloigné de quasiment nib…
J’ai un caractère de cochon,
mais grâce à Dieu, je ne fais pas de films du même nom… Peut-être s’ils étaient
sponsorisés par Olida, et encore… Bon, d’accord, il m’arrive parfois d’enculer
les mouches, mais je fais ça avec courtoisie, le petit doigt en l’air et avec
un préservatif, alors…
Toujours est-il que je n’ai
toujours pas la moindre idée de quoi c’est que je pourrais bien vous causer… C’est
embêtant comprenez-vous… On passe la journée à travailler, bêtement… histoire
de se flinguer la santé et de verser un peu plus de pognons pour les œuvres sociales
de la CAF, de l’URSSAF et autres joyeusetés qui vous pompent avec encore plus d’ardeur
qu’un hardeur… Et puis il arrive le soir, et on se trouve là, sans la moindre
piste sur laquelle lancer sa logorrhée… Pas de futilités croustillantes, pas d’informations
sensationnelles, pas de brékingue niouze…
C’est qu’on ne peut pas se
mettre tous les jours sous les quenottes des entremets exquis aux doux relents
de scandale conjugal à base de minou de vedette sulfaté par la mitraillette à
yaourt d’un demi-sel de bas-quartier… Difficile de dégoter quotidiennement une
sortie de placard de nageuse anglophone à moulebite tellement moulant, trempé
et garni qu’on lui voit le sexe, la religion, et les traces de smegma restantes…
Si je vous servais les
quelques futilités que j’ai pu récolter, miraculeusement rescapé d’une journée
de dossiers, et de rendez-vous avec des cas soc caramels comme c’est pas permis
et que même ça devrait être interdit par la sécurité sociale parce que
franchement ya plus de justice et on n’est plus chez soi nulle part que même
que hier soir ils ont bien dit à la tévé que la totalité des aides sociales
étaient distribuées à ceux qui en étaient bénéficiaires et que de toute façon,
ya plus de vrais hommes dans ce pays comme me disait Jean-Kévin mon coiffeur
que je soupçonnerai presque d’être membre de la confrérie de la jaquette
flottante…
Si j’agissais ainsi, vous crieriez
à l’imposture, à la goujaterie, au remplissage par des billevesées sans queue
ni tête… Alors que vous êtes habitués à une certaine hauteur d’écriture…
Sans queue ni tête… voila
quelque chose qui déplairait fortement aux protagonistes du procès Carlton… Déjà
que Sodo la Soudure jouit largement du liquide versé par ces messieurs dans ces
dames avec ses nombreux établissements qui ne sont finalement pas si éloignées
des boxons d’antan… Et DSK qui fait nettement la gueule, parce qu’il a appris
qu’il n’y aurait pas de reconstitutions corps présent à l’audience…
Sans queue ni tête… Comme la
conférence de presse de Pépère, durant laquelle il a bien pris garde à éviter
toute annonce fracassante, se déclarant juste président « depuis le début »…
Ah ben pour le coup, en voila une, de déclaration détonante !
Détonant comme un pétard
mouillé dans une chambre insonorisée, le nouveau rejet de la demande de titre
de séjour des parents de Léonarda, par la Cour Administrative d’Appel de Nancy,
ce qui devrait, espérons-le, mettre un terme à ce feuilleton pénible où la
principale héroïne faisait immanquablement imploser les postes de télévision
dès qu’elle s’y apparaissait, tant elle irradiait de beauté…
Et c’est le 5 février 1964
que sort sur les écrans français « L’Homme de Rio », un virevoltant
film de Philippe de Broca où jouent le non moins virevoltant Jean-Paul « et
hop » Belmondo qui se démène pour retrouver sa fiancée captive, Françoise Dorléac.
Nettement inspiré par les aventures de Tintin, le film est une réjouissante succession de combats,
poursuites et cascades époustouflante qui a enthousiasmé un public nombreux ! L'Homme
de Rio fera près de 4,8 millions d'entrées, et se placera au quatrième rang
du box-office de l'année.
Comme quoi, beaucoup de
mouvement et peu de paroles peuvent séduire…Sans pour cela que le temps
suspende son viol, ou son vol…
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