vendredi 23 janvier 2015

Brèves du 23 janvier 2015

Oh purée !…

Je préviens tout de suite les pisse-froids, lecteurs monomaniaques de Télérama, rats de bibliothèque section littérature islandaise du dix-neuvième siècle, amateurs d’art contemporain, électeurs de Christine Boutin et autres aficonados de la strictitude morale que je ne suis pas du tout d’humeur à me laisser déféquer dans les bottes avec un plaisir non dissimulé…

Déjà que le manque de sommeil quasi-chronique me confère l’humeur d’un bulldog affamé, des contrariétés autres, et que je ne vais pas perdre du temps à vous exposer ici ont fait que je suis assez remonté et que la moindre idée du commencement d'un iota de goutte d’eau suffirait à faire déborder le vase déjà largement comble de mon irritabilité...

En plus, cela semble fait exprès, mais aujourd’hui, ce fut réellement la journée des winners… Une bordée incroyable, comme même la plus trash des émissions de téléréalité n’oserait décemment pas vous proposer de peur d’être taxé de voyeurisme éhonté…

Winner, le roi Abdallah d’Arabie Saoudite qui à environ quatre-vingt-dix balais a refermé son parapluie, victime d’une pneumonie… C’est le Prince Salmane, 79 printemps aux cornes de gazelle nouvelles qui lui succède… Fidèle à sa tradition de gaffeur invétéré, Pépère s’est fendu de condoléances laudatives sur le grand homme d’état… Ah oui, au niveau des droits de l’homme, il est parfait ! Quand on est capable de punir de mille coups de fouets un bloggeur, on est quasiment éligible au Prix Nobel de la Paix…

Winner, Roger Federer, sorti dès les éliminatoires du tournoi de tennis de Melbourne… Le frétillant suisse a été laminé par un joueur des plus modestes… Roger serait-il en train de se franciser, et prendre le chemin de nos glorieux tennismen francophones qui quittent la compétition avant même que leurs raquettes ne soient chaudes ?

Winners, les routiers qui choisissent toujours le meilleur moment pour emmerder une majorité de français avec leurs grèves… Après un départ en fanfare en début de semaine, les opérations escargots ont marqué le pas… Rassurez-vous, la reprise de la mobilisation est attendue pour ce week-end… Ils n’allaient pas nous laisser couler des jours tranquilles sur les routes…

Winner également, Christine Boutin… La madone gazée des gaziers de la Manif pour tous peut s’enorgueillir d’au moins un titre de gloire… Auteur en 2010 d’un bouquin sobrement intitulé « Qu’est-ce que le Parti Chrétien Démocrate », Titine a remporté le Prix du plus beau flop historique pour un livre politique. Depuis sa sortie, l’affolée du lutrin et du missel traditionnel version Monseigneur Lefebvre a vendu en tout et pour tout 38 exemplaires…

Ce n’est pas tellement le fait de savoir que Boutin a décimé trois hectares de forêt amazonienne pour écrire sa somme assommante, qui doit être écrite dans un style au moins aussi vomitif que ses interventions télévisées… C’est de savoir que des bouses imbitables telles que les mémoires de Nabila (avec les dessins à colorier), les pamphlets rancis à odeur de vert-de-gris et les diarrhées pseudo-littéraires de Marc Lévy se sont forcément plus vendues ! Pauvre France !

Winner, Dieudonné qui s’est fendu d’un long article où il justifie le « Je suis Charlie Coulibaly » qui lui vaut, entre parenthèses, une convocation devant un Tribunal Correctionnel pour propagande terroriste… L’ex-mari d’Elie Semoun justifie cette malheureuse vanne pourrie de « petite saillie drolatique » qui ne serait en fait une formule de paix ayant déclenché un malentendu énorme… Les dix-sept victimes des frères Kouachi et de Coulibaly doivent certainement être mortes de rire en entendant ça… Ça tombe bien, elles le sont déjà…

Winner, France 2 ? La réponse vous sera connue le 23 mai au soir… C’est en effet à cette date que sera connu le vainqueur de la 60ème édition du Concours Eurovision de la Chanson, qui se déroule à Vienne, haut lieu de la viennoiserie, du chocolat du même nom et des saucisses, surtout depuis l’explosion médiatique de Conchita Wurst.

Récupérant la diffusion du Concours à France 3, qui grâce à sa diffusion massive en maisons de retraite obtenait un taux d’endormissement exceptionnel dès 21 heures quinze, France 2 a rendu ce matin publique le choix français pour aller se casser la gueule face à vingt-cinq autres alcoolats musicaux pas toujours très digestibles.

C’est Lisa Angell, 46 ans aux prunes, que revient le redoutable honneur d’être le porte-drapeau français à l’Eurovision 2015. Elle interprètera à Vienne « N’oubliez pas », une ballade eurovisuelle française traditionnelle, un poil démodée, et due à la plume de Robert Goldman (le frère de…), déjà responsable de « Je n’ai que mon âme », quatrième Grand Prix Eurovision 2001 par la voix de Natasha St-Pier.

Evidemment, les commentaires vont bon train parmi les eurofans, chacun d’entre-eux étant intimement convaincu de détenir la réponse absolue pour remédier aux médiocres classements hexagonaux… Avant que de définitivement vouer Lisa aux Gémonies de la canzonetta paneuropéenne, ou de la porter aux nues du triomphe eurovisuel, laissons le temps faire son affaire, et écoutons attentivement la chanson, ode aux victimes de la guerre de 14-18, et voyons surtout ce que ça donne en live.

Tant de chansons qui ont concouru au Prix Eurovision depuis 1956 étaient promises, à l’écoute de leur version studio, aux plus grandes félicités eurovisuelles, et se sont retrouvées échouées comme des Laurence Boccolini en costume d’orque sur les plages de la déchéance suite à leur prestation en direct… Et méfions-nous des avis forcément biaisés des fans, pas toujours au fait du goût musical européen…

Elan de sympathie suite aux derniers tragiques évènements en France, ou réaction habituelle, le vote européen du 23 mai est pour le moment des plus nébuleux, la concurrence que devra affronter la française n’étant que très partiellement connue…

Pour le moment, contentons-nous de se souvenir que le 23 janvier 1978, le film « Daibolo-Menthe » de Diane Kurys obtient le Prix Louis Delluc, l’équivalent du Goncourt pour les cinéastes. Grandement inspiré de la propre adolescence de la réalisatrice, le film connaît un grand succès public, notamment grâce à la chanson homonyme interprétée par Yves Simon. Et proposer un diabolo menthe à l’heure de la tisane, fallait le faire… Oh purée !…


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire