Et maintenant ?
Oui, vous avez bien lu. Et
maintenant ?
Si j’avais une cravate à
pois, je taperai comme un dingue sur un piano bancal, et me demandant ce que je
vais faire de tout ce temps que sera ma vie…
Mais je ne suis pas Bécaud…
Je ne suis qu’un soixante-six-millionième de la France, une petite poussière
dans l’œil de notre cher et vieux pays, une infime partie de cet hexagone qui sait
se mobiliser, parler d’une seule voix, se montrer uni…
Et maintenant ?
Maintenant que la fantastique marche d’hier est passée, et bien passée,
maintenant que les hommes politiques ont fait leur show en montrant leur mine
déconfites, maintenant que nous avons montré aux survivants de Charlie Hebdo que
nous prenions part, forcément part à leur cruel deuil, maintenant que tous les
symboles d’amitié entre les religions, les confessions, les populations ont été
ressassés à longueurs de journaux télévisés et de réseaux sociaux…
Maintenant que le Lonely
Socialo’s Branquignol Pépère Band Club s’est redonné une bonne conscience en
invitant le monde entier et en les rinçant à nos frais, maintenant que le nain
a joué des coudes pour apparaître en première ligne, maintenant que les
ministres à Poutine, le premier ministre israélien (vraiment pas rassuré), et
toute la ribambelle de potentats et autre Présidents à vie guère soucieux des libertés
individuelles ont essayé de redorer leurs blasons à Paris, maintenant que le
monde a sincèrement essuyé une larme à la mémoire des dix-sept victimes de la
monstruosité humaine, maintenant que le pigeon a décoré Hollandouille d’une
jolie médaille en fiente véritable, perpétuant indéniablement l’esprit Charlie…
Maintenant que les trois
satellites de la nébuleuse djihadiste ont été renvoyés ad patres (ou ad
infernum dans leur cas), maintenant que l’on applaudit les CRS en chantant la
Marseillaise, maintenant que le pays retrouve un peu de sérénité avec ce lundi
au soleil…
Que faire ? Quoi faire,
et comment le faire ?
C’est bien joli, c’est fort,
c’est poignant, c’est signifiant, ces rassemblements de masse où tout le monde
est réellement animé d’une ferveur mais le tout est de ne pas regarder
gentiment la pointe de ses godasses en évoquant le devenir d’une telle
mobilisation…
Et maintenant, il s’agit de
ne pas tout faire retomber comme un soufflé trop cuit… il s’agit de ne pas
laisser les anciens clivages réapparaître, la division se faire jour, les
polémiques fleurir, les travers passés bourgeonner à nouveau dans nos esprits…
Jolies paroles, vœux pieux
et délires intellectuels puisque les français, qui sont des veaux, vont se
lasser bien vite de cet amusant joujou qu’est la vague « Je suis Charlie »
en passant à d’autres marottes, la chandeleur, les soldes, le prix du gaz ou la
météo… Certes, la vie doit reprendre ses droits, et il serait évidemment
malsain de ressasser jusqu’à la nausée les tragiques évènements qui ont secoué
la France la semaine dernière…
Et maintenant, c’est à nos
hommes politiques de se sortir les doigts du cul, voire le porte-mine, le
crayon, le drapeau tricolore voire d’autres choses moins avouables, et de
traduire en actes les jolies paroles prononcées depuis mercredi dernier… Et là,
ça risque de faire grincer quelques dentiers mal ajustés…
Certes, le Premier Sinistre
a beau affirmer que la traque continue, il serait évidemment plus opportun de
prendre des mesures effectives… L’opinion ne se satisfera pas de belles
paroles, elle veut des actes ! Des actes forts, signifiants, pour tenter de
gommer que dix-sept personnes se sont faites flinguer plus ou moins à cause d’un
laisser-aller dans le suivi des terroristes…
Si les frères turban et l’autre
illuminé d’Hyper-Casher avaient été efficacement suivis, on n’en serait peut-être
pas arrivés là ! Evidemment, avec des « si », on mettrait Paris
en bouteille… Mais mon rôle n’est pas de donner des leçons, de tirer les
oreilles à celles et ceux qui auraient pu agir différemment ou de pontifier…
Et maintenant, il va falloir
certainement se retrousser les manches pour faire fructifier cet élan de
solidarité, être évidemment prudent pour tenter d’éviter de nouvelles
boucheries, se rappeler que les merguez et les carpes farcies ne sont pas dans
leur immense majorité des frères turban près à se faire sauter pour un Dieu qui
n’a jamais demandé de telles conneries…
Et Dieu dans tout ça ?,
avait l’habitude de demander Jacques Chancel… Il doit en avoir marre qu’on
massacre en son nom, quel qu’il soit, puisque les livres sacrés, quels qu’ils
soient, délivrent des enseignements pacifistes…
Pas si fiste que ça… mais
quelque part un peu fist… Parce que ça fait toujours mal au cul de lire de
telles insanités… Nonœil ne pouvait évidemment pas rester en rade et laisser l’actualité
se faire sans qu’il la pollue d’une des ses fientes verbales habituelles… Et
là, il a fait très fort, le menhir de la Trinité sur Merde… Vendredi, pendant
la prise d’otages, il invite à voter pour sa fille… Samedi, il affirme haut et
fort qu’il n’est pas Charlie, et dimanche, il annonce sa candidature aux
régionales en PACA, tout en traitant les manifestant de charlots… Eh oui, c’est
ça aussi, la liberté d’expression… Et c’est là qu’on se dit que l’euthanasie,
ça a du bon parfois…
Saluons la mémoire d’Anita
Ekberg, d’abord surnommée l’iceberg pour devenir ensuite la bombe suédoise
suite à son inoubliable bain en robe bustier plus qu’ajustée dans la Fontaine
de Trévi dans La Dolce Vita… La sculpturale blonde s’est éteinte oubliée de tous
à l’âge de 83 ans en Italie…
Et le 12 janvier 1972
naissait sur la première chaîne de l’ORTF le Grand Echiquier orchestré par
Jacques Chancel, qui pendant trois heures, en direct et en public, recevait un
invité prestigieux et ne se contentait pas de donner au public ce qu’il aimait, mais
lui faisait découvrir ce qu’il pourrait aimer. C’est ça aussi, l’ouverture d’esprit…
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